Le
                              Marxiste-Léniniste

Numéro 146 - 4 octobre 2013

Débat général de la 68e Assemblée générale de l'ONU

La nécessité de réformer l'ONU et le Conseil de sécurité est plus urgente que jamais


Débat général de la 68e Assemblée générale de l'ONU
La nécessité de réformer l'ONU et le Conseil de sécurité est plus urgente que jamais
Condamnons le bellicisme du Canada et l'assaut contre la diplomatie à l'ONU 
Le Canada refuse de signer un traité sur les armes tout en signant un accord militaire avec le Japon

Qui a dit quoi
Pressions exercées pour légitimer l'usage de la force dans les relations internationales


Débat général de la 68e Assemblée générale de l'ONU

La nécessité réformer l'ONU et le Conseil de
sécurité est plus urgente que jamais

Du 24 septembre au 1er octobre a eu lieu le débat général de la 68e session de l'Assemblée générale des Nations unies. Quatre-vingt-quatre chefs d'État, 41 dirigeants de gouvernements, 11 vice-premiers ministres et 65 ministres des Affaires étrangères se sont adressés à l'Assemblée sur les problèmes du développement durable, de l'éradication de la pauvreté, des changements climatiques, des droits de la personne et sur un grand nombre de questions liées à la paix et à la sécurité. Fait digne de mention, le président palestinien a pris la parole à l'Assemblée, une première historique. La Palestine y détient un statut d'État non-membre observateur.


Débat à l'Assemblée générale de l'ONU, 24 septembre 2013

Le président de la 68e Assemblée générale est l'ambassadeur de Antigua-et-Barbuda aux Nations Unies, John Ashe, qui a choisi comme thème pour l'année : « Vers un programme de développement pour l'après-2015 ». L'objectif est d'identifier les paramètres du programme de durabilité pour l'après-2015 qui remplaceront les objectifs du Millénaire pour le développement, c'est-à-dire les huit objectifs de lutte contre la pauvreté adoptés à l'Assemblée générale de l'an 2000. L'Assemblée tiendra un sommet en septembre 2015 « afin d'établir de nouveaux objectifs pour le développement durable tout en combattant la pauvreté, donnant ainsi suite aux objectifs du Millénaire ».

Prenant la parole à la première plénière de la 68e Assemblée générale le 17 septembre, le président Ashe a dit vouloir convoquer trois événements de haut niveau et trois débats thématiques en lien avec le thème de cette année. Ces rencontres serviront à assister les États membres dans la préparation de l'étape d'après-2015, selon Ashe. Une de ces rencontres, a-t-il dit, portera sur les besoins des femmes, des jeunes et de la société civile et examinera comment mettre en valeur leurs contributions aux objectifs de développement. Une seconde rencontre va examiner la contribution des droits de la personne et de la primauté du droit dans le contexte de l'après-2015 et travailler à la mise en place d'un cadre approprié qui place les droits de la personne, la primauté de droit et la bonne gouvernance au centre des plates-formes politiques. Le troisième événement va aborder la coopération Sud-Sud et Nord-Sud-Sud et examiner comment la technologie de l'information et des communications pourrait optimiser leur contribution aux objectifs de développement. Selon la Banque mondiale, la coopération triangulaire ou trilatérale implique normalement « un donateur traditionnel issu des rangs du Comité de l'aide au développement (CAD) de l'OCDE, un nouveau donateur du Sud et un pays bénéficiaire du Sud ».

Ashe a aussi dit que les efforts qui sont faits pour réformer et revitaliser l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité sont très importants et qu'il consacrera beaucoup de temps et de ressources à la réalisation de cet objectif. Ne pas prendre en main cette question, a-t-il dit, « porterait lourdement atteinte aux peuples du monde qui comptent sur nous », ajoutant que le Groupe de travail sur la réforme du Conseil de sécurité va reprendre ses travaux à la mi-octobre.

LML tient à souligner que la réforme du Conseil de sécurité dans le cadre de la démocratisation de l'ONU est de toute première importance. Deux principes fondamentaux en matière de relations internationales sont que tous les pays doivent être traités également et que le droit à la souveraineté de toutes les nations doit être défendu. Ces principes durement acquis ont été gagnés par le sang versé de millions de personnes lors de la Deuxième Guerre mondiale et sont diamétralement opposés au diktat impérialiste de la « raison du plus fort ». Tous les pays doivent défendre ces principes afin de faire en sorte qu'une guerre mondiale ne se produise jamais plus. L'ONU a épousé ces principes, mais la composition anachronique du Conseil de sécurité, qui a dans ses mains la question cruciale du maintien de la paix, les contredit. Le Conseil de sécurité continue d'être organisé sur une base anachronique en vertu de laquelle cinq grandes puissances y siègent en tant que membres permanents - la Grande-Bretagne, la Chine, la France, la Russie et les États-Unis. Non seulement cet arrangement ne représente-il en rien la majorité des pays membres de l'ONU aujourd'hui - 198 pays alors qu'il n'y en avait que 50 au moment de la fondation de l'ONU - mais ces grandes puissances ont un droit de veto sur toute question soumise au Conseil de sécurité. Évidemment chacun de ces pays vote selon ses intérêts nationaux et non dans les intérêts des peuples de monde qui sont systématiquement sacrifiés. De cette façon, le Conseil de sécurité usurpe le processus de prise de décisions, ce qui fait que les décisions de l'Assemblée générale restent au point mort. Le renouveau de ces arrangements s'impose pour que l'ONU puisse être cette organisation démocratique et efficace qui maintient la paix mondiale plutôt que de servir de justification à l'intimidation et à l'agression des États-Unis et de leurs alliés et partenaires de l'OTAN qui mettent le monde entier à feu et à sang.

À l'heure actuelle, les impérialistes étasuniens et leurs alliés violent à chaque instant la souveraineté nationale, ont recours à l'humiliation et à l'agression ouverte contre d'autres pays, et refusent de rendre des comptes pour leurs méfaits qui menacent l'humanité entière. Cette situation met en lumière la nécessité de réformer et de renouveler l'ONU. LML réitère qu'il faut s'opposer aux efforts pour rendre caduques les résolutions de l'Assemblée générale, qu'ils viennent d'un seul pays ou d'un groupe de pays. À l'occasion de la 68e Assemblée générale de l'ONU, LML réaffirme combien il est nécessaire que l'ONU et ses instances défendent et enchâssent l'égalité et la souveraineté de toutes les nations et que toutes les nations, grandes ou petites, défendent les normes et les lois régissant les relations internationales afin que la paix mondiale soit garantie.

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Condamnons le bellicisme du Canada et l'assaut contre la diplomatie à l'ONU

Le Canada continue de traiter les Nations unies avec la plus grande arrogance. Cette année, une fois de plus, le premier ministre n'a pas jugé pertinent de prendre lui-même la parole à l'Assemblée générale de l'ONU, confirmant encore une fois que le Canada ne contribue en rien aux grandes questions de la guerre et de la paix ni à l'urgent besoin de réformer l'ONU, en particulier son Conseil de sécurité. En fait, à bien des égards, le Canada a adopté le rôle de grand champion de la guerre et de l'agression comme moyen de traiter des conflits entre pays, tout cela au nom de valeurs canadiennes et d'une « approche de principe » à la politique étrangère qui ne reconnaît aucun principe.

Se faisant le fier porte-parole du bellicisme de la délégation canadienne à l'ONU, le ministre des Affaires étrangères John Baird a prononcé une allocution le 30 septembre dans le cadre du Débat général de l'Assemblée générale. Il a tout fait pour attaquer le fondement même de l'ONU qui est de garantir la paix entre nations et peuples et de promouvoir des relations de bonne entente entre nations et au sein d'une même nation sur la base des principes de l'autodétermination et de l'égalité.

Dans son introduction, il a invoqué la Charte de l'ONU, non pas pour en affirmer la validité ou pour qu'elle serve de guide dans les affaires internationales, mais pour reprendre la position que les impérialistes ont mise de l'avant au moment des bombardements de l'OTAN contre la Yougoslavie en 1999 pour justifier une attaque contre un État membre. Cette position comprend l'utilisation du mot « peuple » qu'on trouve dans la Charte de l'ONU dans le but de prétendre que la souveraineté d'un pays - la base même de l'ordre international - ne saurait empêcher l'impérialisme étasunien d'avoir recours à la force contre les États membres.

« Les premiers mots de la Charte indiquent clairement qu'il s'agit d'une organisation constituée d'êtres humains, créée par des humains et oeuvrant pour les humains. Le préambule de la Charte commence par 'Nous, peuples des Nations unies'. Non pas 'Nous, les pays'. Ou encore 'Nous, les gouvernements'. Pas plus que 'Nous, les dirigeants politiques', 'Nous, peuples' », a dit Baird.

Cette interprétation intéressée est contraire à l'esprit de la Charte de l'ONU et fait fi du fait qu'en se référant aux « peuples » celle-ci fait référence aux nations membres. Ce sont les nations et les peuples qui se sont unis pour combattre l'agression nazie fasciste qui ont fondé l'ONU. L'unité à la défense de la souveraineté et l'opposition à l'agression sont précisément ce pour quoi se battent les peuples du monde et plusieurs pays aujourd'hui quand ils essaient d'empêcher une guerre instiguée par les États-Unis contre la Syrie.

Le 30 septembre, le jour où Baird a pris la parole, était le 75e anniversaire de la signature de l'entente perfide de Munich entre la Grande-Bretagne et la France et Hitler, qui a donné le feu vert aux Nazis pour envahir l'Europe. Baird a invoqué cet anniversaire dans son discours, donnant l'exemple de l'apaisement, pas dans le contexte actuel de la nécessité de prendre position, avant qu'il ne soit trop tard, contre l'agression dirigée par les États-Unis, mais dans l'optique de soutenir la menace des impérialistes étasuniens et leur recours à la force dans les affaires internationales, en particulier contre la Syrie et l'Iran.

« Les partisans de l'apaisement, a-t-il déclaré, clamaient avoir gagné la paix pour leur époque, mais l'abandon de leurs principes allait se révéler une calamité pour le monde entier. » Il a aussi invoqué cet anniversaire pour exprimer une fois de plus l'appui inconditionnel du Canada envers Israël, à son occupation de la Palestine et son droit d'« autodéfense », mais non envers le droit de résister des Palestiniens, déclarant : « Le Canada n'est ni neutre ni silencieux sur les crimes commis contre le peuple syrien, tout comme il n'est pas neutre sur le droit d'Israël d'exister et de se défendre. »

Baird n'a pas mentionné, par contre, que le 2 octobre était l'anniversaire de la fin des procès de Nuremberg, qui ont donné naissance à ce qu'on a appelé les principes de Nuremberg. Ces principes affirment que les chefs d'État et les autres dirigeants politiques et militaires doivent rendre des comptes et être punis pour tout crime d'agression, d'atteinte à la paix et de crimes contre l'humanité. Nuremberg a aussi statué que l'excuse à l'effet qu'il fallait « suivre les ordres » n'était pas acceptable comme défense face à une accusation de crime de guerre.

Au contraire, afin de dissimuler les véritables agresseurs d'aujourd'hui, Baird a cité le récipiendaire du prix Nobel de la Paix, Elie Wiesel, un survivant de l'Holocauste qui avait été emprisonné à Auschwitz, pour tenter de justifier l'agression des États-Unis contre les nations souveraines : « La neutralité aide l'oppresseur, jamais la victime. Le silence encourage le bourreau, jamais l'opprimé. Parfois, il nous incombe d'intervenir. Lorsque des vies humaines sont en danger, que la dignité humaine est menacée, frontières et susceptibilités nationales doivent céder devant l'action. »

De plus, alors qu'en ce moment se développe une situation favorable à la diplomatie entre l'Iran et les États-Unis, voilà que Baird, plutôt que de contribuer à un climat favorisant le recours à la diplomatie, s'est mis à remettre en cause les véritables intentions du gouvernement iranien. Tentant sans vergogne de s'autojustifier, Baird a présenté le Canada comme étant le juge, le jury et le bourreau de l'Iran, de son programme nucléaire civil et de sa reconnaissance des droits de la personne.

Bien sûr, Baird n'a pas soufflé mot des États-Unis et d'Israël et de leur chantage nucléaire, leurs crimes de guerre et leur violation des droits de la personne. Prenant des airs dramatiques, Baird a déclaré :

« Regardons les déclarations récentes du régime en Iran. Certains observateurs y voient des signes encourageants, mais un clip sonore n'élimine pas les menaces à la sécurité mondiale. Des mots doux, des sourires et une offensive de charme ne remplacent pas les mesures concrètes.

« Nous accueillerons et nous reconnaîtrons les réformes si elles se concrétisent — et à ce moment seulement. Voici ce qui nous dira si une véritable réforme a eu lieu : la vie des Iraniens et la sécurité mondiale se sont-elles améliorées de façon concrète et mesurable ? Pas encore!

«Nous jugerons le régime en fonction de ses interventions et des résultats. »

Il a ajouté plus loin:

« L'an prochain, rien ne réjouirait davantage le Canada que de constater des changements sur le plan des ambitions nucléaires de l'Iran, sur son dossier épouvantable au chapitre des droits de la personne. Sans compter la fin de son soutien concret au terrorisme. »

Baird a ensuite réitéré sans sourciller la prise de position antisociale du gouvernement Harper à l'effet que le libre-échange est le fondement de la liberté humaine et de la prospérité, tout en soulignant l'importance de maintenir les sanctions qui empêchent le commerce avec l'Iran et qui affligent directement le peuple iranien.

« À présent, la communauté internationale doit maintenir des sanctions sévères envers l'Iran de façon à ce qu'il emprunte une autre voie en matière nucléaire. Les citoyens iraniens veulent la paix, et ceux-ci souffrent grandement à cause de leur gouvernement. Le Canada désire que la population iranienne puisse avoir accès à une vie libre et prospère. Et en tant que famille humaine, comment faire en sorte d'atteindre la prospérité et de l'entretenir ? Grâce au libre-échange entre sociétés ouvertes, qui fonctionnent avec des règles transparentes, cohérentes et justes. »

Baird a aussi parlé de la récente campagne du Canada visant à dissimuler sa propre violation des droits de ses citoyens et à justifier son ingérence dans les affaires d'autres pays au nom des droits de la personne. Il a expliqué comment le Canada a pris en mains la question des « mariages forcés » des jeunes filles à l'échelle mondiale. Le même gouvernement Harper, qui ne fait rien pour venir en aide aux femmes autochtones disparues et à leurs familles et qui préside à l'incarcération et aux mauvais traitements infligés aux jeunes femmes ayant des problèmes de santé mentale, se prépare une fois de plus à s'ingérer dans les affaires d'autres pays au nom des droits des enfants, des mères ou sous n'importe quel autre prétexte. N'oublions pas que le gouvernement Harper a ignoré les recommandations du Conseil des droits de la personne de l'ONU pour une enquête nationale devant élucider la disparition de femmes autochtones, sans oublier les préoccupations internationales émanant du Comité onusien contre la torture au sujet du Canada et comment ce dernier facilite la torture sur le plan international.

Que ce soit aux Nations unies ou dans tout autre forum international, le gouvernement Harper se sert de son usurpation du pouvoir d'État pour exprimer les inepties les plus arriérées et les plus pro-impérialistes comme si celles-ci exprimaient le sentiment des Canadiens. Rien n'est moins vrai. Les valeurs auxquelles adhère le gouvernement Harper pour justifier l'agression et l'ingérence étrangère dans les affaires internes d'autres pays ne sont pas celles des Canadiens. Ceux-ci veulent que leur pays soit une force véritablement en faveur de la paix dans le monde et non un simple appendice de l'impérialisme étasunien. Le discours de Baird à l'ONU démontre la nécessité pour les Canadiens de lutter pour un gouvernement antiguerre qui s'oppose au bellicisme sur le plan international et qui contribue à la résolution des problèmes sur une base pacifique, plutôt que de constamment chercher à saper la primauté du droit international et toutes les normes diplomatiques.

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Le Canada refuse de signer un traité sur les armes tout en signant un accord militaire avec le Japon

Alors qu'il a refusé de signer le Traité sur le commerce des armes (TCA), le premier ministre Stephen Harper qui était à New York pendant que se tenait l'Assemblée générale de l'ONU, où il refusé de prendre la parole, a accepté de signer une entente de haut niveau permettant aux forces militaires canadiennes et japonaises de mieux travailler ensemble. L'entente prévoit un « hub » faisant en sorte que lorsque deux armées sont actives dans la même région, elles peuvent échanger du matériel et des biens. Ce genre d'entente autorise deux armées de manoeuvrer ensemble dans leurs bases respectives ou dans celles d'autres pays.

Par contre, le Canada a récemment refusé de signer le traité historique sur le commerce des armes (TCA) adopté par l'Assemblée générale des Nations unies le 2 avril. Le TCA, lorsqu'il entrera en vigueur, exigera entre autres choses que les États signataires qui ne l'ont pas déjà fait mettent sur pied un système de contrôle national afin de contrôler l'exportation de certaines catégories d'armes conventionnelles, y compris leurs munitions et composantes, et qu'ils tiennent un registre national d'exportation d'armes et fournissent des rapports annuels de transferts d'armes. Selon les auteurs du traité, le TCA contribuera au maintien de la paix et de la sécurité en mettant fin aux approvisionnements d'armes aux conflits armés et à la déstabilisation qui s'ensuit. Jusqu'ici, 112 des 193 pays membres de l'ONU ont signé le traité.

Le gouvernement Harper prétend qu'il doit examiner si l'entente peut léser les droits des propriétaires d'armes. La vraie raison est probablement que le Canada est un exportateur majeur d'armes d'assaut restreintes vers des pays comme la Colombie où, entre les mains des forces militaires colombiennes, elles pourraient servir à des crimes de guerre ou à d'autres violations des droits de la personne. Le TCA pourrait alors être invoqué pour restreindre la vente de ces armes par le Canada. Le TCA pourrait aussi mettre les bâtons dans les roues de pays impérialistes qui tentent d'inciter des changements de régime en fournissant des armes à de soi-disant rebelles, comme ils l'ont fait en Libye et le font présentement en Syrie.

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Qui a dit quoi?

Pressions exercées pour légitimer l'usage de
la force dans les relations internationales

Une des questions les plus importantes en ce qui concerne les relations internationales aujourd'hui est celle de l'usage de la force et de la menace de la force pour régler les conflits. Cette question a été mise en relief par les interventions au débat général de l'Assemblée générale des Nations unies.

La grande majorité des pays dans le monde considèrent la doctrine de « la loi du plus fort » comme étant dépassée, illégitime, une menace à la souveraineté nationale et la paix, une violation du droit international et quelque chose de contraire à la Charte des Nations unies. Cela concorde avec les exigences mises de l'avant par les peuples du monde, suite à la Deuxième Guerre mondiale, pour des principes qui assurent qu'une autre guerre mondiale ne se produira plus jamais. Les États-Unis et leurs alliés utilisent cependant la situation en Syrie pour faire état de supposées préoccupations pour les droits humains et tenter de légitimer l'usage de la force. Le dernier exemple a été donné par les négociations menant à la résolution sur les armes chimiques en Syrie qui a été adoptée le 27 septembre par le Conseil de sécurité, des négociations qui ont été marquées par les intrigues des États-Unis et de la France pour y inclure des dispositions relatives à l'usage de la force contre la Syrie. Voici un résumé de quelques-unes des interventions des pays membres de l'ONU sur la question de l'usage de la force lors du débat général de l'Assemblée générale.

Le premier jour du débat général, le 24 septembre, le président américain Barack Obama a été le deuxième à intervenir. Il a utilisé son discours pour tenter de justifier le fait que les États-Unis s'appuient sur la force pour régler les différends internationaux. Il a affirmé que c'est seulement à cause de la menace de l'usage de la force par les États-Unis que la paix est possible et a cité l'exemple des récentes négociations sur les armes chimiques en Syrie comme une preuve de cela.

Il a fait valoir la nécessité de violer la souveraineté dans certains cas sur la base de l'exceptionnalisme américain. « Certains peuvent être en désaccord, mais je crois que l'Amérique est exceptionnelle », a-t-il dit. Il a dit qu'il se croit justifié « en partie parce que nous avons montré une volonté, par les sacrifices du sang et de l'argent, de défendre non seulement notre propre intérêt étroit, mais aussi les intérêts de tous ».

Il s'est attardé à la politique de l'impérialisme américain envers le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. Il a dit que les États-Unis sont prêts à « utiliser tous les éléments de notre puissance, y compris la force militaire, pour sécuriser les intérêts fondamentaux en jeu dans la région ». Les États-Unis, a-t-il dit, sont prêts à affronter toute agression extérieure contre leurs alliés et partenaires, comme ils l'ont fait lors de la guerre du Golfe, et à assurer la libre circulation de l'énergie dans le monde à partir de la région. Les États-Unis seraient prêts à démanteler les réseaux terroristes qui menacent le peuple américain et travailleraient avec leurs partenaires pour s'attaquer aux causes profondes de la terreur. Ils mèneraient des « actions directes » pour défendre les États-Unis contre les attaques terroristes. Enfin, ils ne toléreraient pas le développement ou l'usage d'armes de destruction massive et rejetteraient le développement d'armes nucléaires qui pourrait déclencher une course aux armements nucléaires dans la région et saperait le régime de non-prolifération dans le monde.

La légitimation sans scrupules de l'usage de la force est également évidente dans ce qu'Obama n'a pas dit. À aucun moment a-t-il assumé la responsabilité de l'armement des groupes d'opposition en Syrie pour fomenter un conflit militaire, ce qui constitue également un usage de la force. Ces forces d'opposition incluent des organisations que les États-Unis considèrent extrémistes ou terroristes, ce qui contredit ses allégations selon lesquelles les États-Unis veulent démanteler les réseaux terroristes. En outre, ces livraisons d'armes ont certainement augmenté le nombre de victimes civiles, ce qu'Obama prétend vouloir éviter, et elles contribuent à accroître l'instabilité dans la région, ce qui n'est dans l'intérêt de personne, y compris celui des États-Unis.

Le 24 septembre, le président français François Hollande a affirmé dans son intervention que c'est la menace de la force militaire qui a incité la tenue des négociations au Conseil de sécurité sur la vérification et la destruction des armes chimiques. En outre, il a préconisé que la résolution du Conseil de sécurité (qui n'avait pas encore été adoptée quand il a parlé) doit inclure des mesures coercitives (i.e., la force militaire) en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations unies pour répondre à une non-conformité de la part du gouvernement syrien. Il a dit que ces mesures sont une façon de « rendre redevables devant la justice » ceux qui commettent de tels crimes. La France, suivant l'exemple américain, a pris la position qui est sans fondement à l'effet que le gouvernement syrien est responsable des attaques d'armes chimiques qu'il cite pour justifier l'usage de la force.

Le ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, Sergey Lavrov, a souligné que des arguments tels que ceux présentés par les États-Unis, la France et d'autres sont de plus en plus promus, comme si l'usage de la force était la méthode la plus efficace pour résoudre des problèmes comme les problèmes en Syrie. Toutes les interventions de ce genre, a-t-il ajouté, ont démontré qu'elles sont inefficaces, insensées et destructrices. C'est un chemin très dangereux qui va conduire à l'érosion des fondements de l'ordre mondial actuel, a-t-il averti. Les menaces d'usage de la force militaire pour s'assurer de ses propres intérêts au Moyen-Orient sous le prétexte qu'il faut « exercer un leadership » sont inacceptables, a déclaré Lavrov.

L'intervention de la Chine a été présentée par son ministre des Affaires étrangères Wang Yi. Le ministre a dit que les mentalités révolues du temps de la guerre froide n'ont pas leur place dans la nouvelle ère de la mondialisation. Historiquement, le peuple chinois a toujours accueilli favorablement le commerce et les échanges internationaux, pas l'agression et l'expansion étrangère, a-t-il dit, ajoutant que la Chine adhère à la volonté patriotique de défendre sa patrie plutôt qu'à la doctrine colonialiste de s'emparer de nouveaux territoires.

L'intervention du Mali a également ramené à l'avant-scène la question de l'usage de la force. Tôt en 2013, le Mali a été le théâtre d'une intervention militaire étrangère par la France, qui a reçu l'aide du Canada et d'autres pays sous prétexte de protéger la démocratie et les pays voisins des terroristes et des militants extrémistes qui, selon eux, ont occupé le nord du Mali. En ce qui concerne le Canada, son intervention visait à protéger les intérêts des monopoles miniers dans la région. Au cours du débat général, Boubacar Keita, président du Mali, a exprimé ses remerciements pour l'intervention militaire étrangère par l'ancien maître colonial, la France, et par d'autres pays. Keita n'a pas mentionné que ce problème au Mali est dû à l'énorme déstabilisation en Afrique du Nord causée par l'usage de la force par les impérialistes pour effectuer un changement de régime en Libye. En d'autres termes, le recours à la force en Libye a seulement créé plus de problèmes et le prétexte pour un nouvel usage de la force.

Le ministre cubain des Affaires étrangères Bruno Rodriguez Parilla a parlé au nom de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), qui comprend tous les pays des Amériques, à l'exception des États-Unis et du Canada. Il a réaffirmé l'engagement de la CELAC à la paix et la sécurité internationales, et au renforcement du climat de paix qui règne en Amérique latine et dans les Caraïbes. À l'opposé de la position de ceux qui prônent « l'usage de la force » dans la diplomatie, Rodriguez a précisé que la CELAC est déterminée à consolider une zone de paix dans toute la région pour s'assurer que les différends entre les nations soient résolus pacifiquement, par le dialogue et la négociation, en conformité avec le droit international.

Le premier ministre japonais Shinzo Abe a déclaré que le Japon a promu activement le concept de « sécurité humaine » dans les mesures de sécurité collective de l'ONU. Fait à noter, le programme de « sécurité humaine » a longtemps été promu par l'OTAN et d'autres pour justifier une agression militaire contre des pays souverains, avec des euphémismes comme « intervention humanitaire ». S'exprimant sur la question de « l'usage de la force », Abe a déclaré que puisque les intérêts nationaux du Japon sont « fermement lies à la stabilité des mers ouvertes, les changements à l'ordre maritime par l'usage de la force ou de la coercition ne peuvent être tolérés en aucune circonstance ». La préservation des espaces publics allant de l'espace sidéral au cyberespace, jusqu'aux cieux et aux mers en tant que patrimoine mondial régi par des règles et des lois est impérative pour le Japon, a-t-il dit. En ce qui concerne le fait que l'usage de la force en général viole la primauté du droit international et que le Japon devrait s'y opposer en toutes circonstances, Abe n'a émis aucun commentaire.

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