Quel est le problème en Alberta?

Pensons-y. Cela fait des décennies que l'Alberta a un problème de dépendance aux ressources et l'élite dirigeante n'a aucune alternative viable. Pourquoi est-ce le cas ?

Il a des gens comme Justin Trudeau et d'autres qui disent Oui à la taxe sur le carbone, Non aux pétroliers au large de la côte nord mais Oui aux oléoducs, Oui aux oléoducs sur la côte sud et Oui à l'exploitation des sables bitumineux, et d'autres encore qui disent Oui à tout ce qui précède et Non à la taxe sur le carbone, ou Non à tout ce qui précède.

En général, la capacité des êtres humains à résoudre les problèmes est présentée comme étant très restreinte. La notion est mise de l'avant que les humains ont des bras, mais pas de cerveaux, ou qu'ils sont bons pour certaines choses, mais incapables de faire quoi que ce soit dans d'autres domaines. On dit par exemple que les humains ont développé les combustibles nucléaires comme source d'énergie, mais qu'ils ne savent pas quoi faire avec les déchets nucléaires. Le mobile pour la production des combustibles nucléaires par contre est l'économie de guerre. Ce mobile disparaît quand il est question de traiter les déchets nucléaires. Le développement de l'industrie pétrolière a lui-même été lié de façon étroite à l'économie de guerre et tient au fait que l'économie de l'Alberta est étroitement associée à la machine de guerre américaine. Cette industrie n'a pas de réponse aux problèmes qu'elle cause en fait de détérioration de l'environnement avec les plateformes pétrolières et les puits abandonnés et le grand problème des changements climatiques. Résoudre ces problèmes ne fait pas partie de ce mobile de la production.

Le problème est la classe sociale qui contrôle la production et son mobile, et non pas la capacité humaine. L'objectif de s'enrichir et de mener la guerre impérialiste est trop étroit et destructeur pour traiter des complexités de l'économie moderne. Prenons l'exemple des carburants à teneur en carbone. Il faut que le mobile soit de faire une transition par rapport à l'énergie émettrice de carbone pour que cela devienne une alternative sérieuse non seulement aux émissions de gaz à effet de serre, mais à l'économie de guerre, à la culture de l'automobile et au contrôle des oligarques mondiaux sur la vie, l'économie et les affaires politiques du peuple.

L'alternative « oui » ou « non »

Pendant les élections, le peuple se voit offrir un choix entre dire oui et dire non : oui ou non aux oléoducs, oui ou non au transport du pétrole vers les océans, oui ou non au carburant émetteur de carbone, oui ou non aux taxes sur le carbone, oui ou non au transport du pétrole par train ; l'Alberta aime le pétrole tandis que d'autres le détestent ; oui à la consultation avec les nations autochtones, mais non à leur veto et à leur entière participation à la planification et au développement de leurs territoires en utilisant les ressources qui s'y trouvent ou l'infrastructure qui les traverse.

Cette oscillation fermée entre le oui et le non étouffe toute discussion collective au sujet d'une direction et d'un ordre du jour alternatifs pour une économie prosociale à aspects multiples qui est indépendante des demandes des impérialistes américains, de leur économie de guerre et des barons mondiaux du pétrole. Les réclamations du peuple à la société disparaissent et, malgré ses efforts pour les défendre, elles ne voient jamais le jour parce que ceux qui sont en position d'autorité et qui contrôlent les médias utilisent tout leur pouvoir, y compris les pouvoirs de police, pour bloquer le développement d'une alternative et de la discussion collective nécessaire pour la réaliser.

Dans la situation actuelle, les élections sont utilisées pour faire en sorte que tout ce qui est connecté à l'économie devienne un choix pragmatique pour favoriser ceux qui sont en position de contrôle. Cela signifie que l'élite dirigeante maintient la discussion, l'ordre du jour ou la direction possible dans les strictes limites de son enrichissement et de l'enrichissement de ses empires et elle étend sa domination par la guerre. En conséquence, la seule direction qui soit possible ou digne de débats est celle par laquelle les oligarques peuvent faire des tonnes d'argent et étendre leur contrôle sur tous les aspects de la vie. À l'intérieur de cette contrainte, le pragmatisme règne en maître. La fin la plus étroite et intéressée justifie les moyens. Les principes, si des principes sont invoqués, doivent servir l'objectif de s'enrichir et de resserrer le contrôle des oligarques, ce qui n'est pas vraiment un principe.

Les seules choses qui sont possibles et indiquées sont celles qui favorisent l'oligarchie financière. En est exclue toute discussion sur les principes d'une économie moderne qui s'oppose au système impérialiste d'États et qui affirme la nécessité que le peuple exerce son contrôle sur sa vie, une économie qui a comme principe directeur de garantir la sécurité et le bien-être du peuple et d'humaniser l'environnement social et naturel.

Le développement des sables bitumineux et d'un oléoduc se rendant à Vancouver est possible et désirable parce que les impérialistes américains veulent du pétrole pour leur économie de guerre et leurs forces armées et l'Alberta possède du pétrole lourd. Le pétrole est là, il existe, alors il faut l'exploiter pour enrichir les oligarques et étendre leur contrôle, leur empire et leurs objectifs de guerre. On ne permet pas de discussion sur le but que la société doit se donner et sur les moyens de l'atteindre. La discussion sur un but qui permet le développement des sables bitumineux d'une manière humanisée et planifiée est considérée comme marginale.

Ceux qui sont en position de contrôle parlent beaucoup de mettre fin à la dépendance vis-à-vis le marché américain et des prix dictés par les oligarques. Mais leurs actes disent : pourquoi s'en faire avec notre dépendance de l'économie de guerre américaine et des marchés mondiaux et avec les crises économiques qui reviennent avec régularité ? Ceux qui sont en position de contrôle disent dans les faits que tout le monde veut que les gouvernements multiplient les programmes pour payer les riches au nom de la réduction des émissions de carbone, pourvu que l'argent leur revienne, et pour ce qui est de doubler la production de pétrole des sables bitumineux, profitons-en parce que dans l'immédiat il y a des oligarques qui vont s'enrichir encore plus, et tant pis s'ils cherchent à dominer le monde par la guerre et le pillage puisque la prospérité de l'Alberta dépend d'eux.

Objectivement, les Albertains sont perplexes face à ces « choix » : une option qui n'en est pas une à une autre option qui n'en est pas une, et ils sont poussés à voter pour qu'on puisse dire que tel ou tel parti a leur consentement pour gouverner.

Tout ceci vise à nous empêcher de reconnaître que l'alternative à l'état de choses actuel existe déjà sous la forme de tous ceux qui parlent en leur propre nom et formulent leurs réclamations à la société, comme cela se produit déjà de multiples façons chaque jour. Cette affirmation du facteur humain/conscience sociale dissipe tout sentiment de désespoir, d'impuissance et d'humiliation qui est inhérent à la préoccupation morbide de la classe dirigeante hantée par la défaite et la mort, laquelle repose sur le non-sens que l'économie albertaine va s'effondrer si les riches ne sont pas payés ; que les Albertains sont voués à l'échec si les taxes sur le carbone sont imposées et d'autres propagandes intéressées qui visent à désinformer le mouvement pour investir le peuple de pouvoir.

Un projet d'édification nationale digne de ce nom inscrit sur sa bannière la revendication du peuple d'une économie prosociale qui arrête de payer les riches et augmente les investissements dans les programmes sociaux. Pour que les problèmes qui rongent l'Alberta puissent être résolus, il faut assurer le bien-être du peuple en humanisant l'environnement social et naturel.


Cet article est paru dans

Volume 49 Numéro 11 - 23 mars 2019

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