Le Marxiste-Léniniste

Numéro 9 - 3 février 2016

25e anniversaire de l'éclatement de la guerre des États-Unis
dans le Golfe persique

Remarques du camarade Hardial Bains à
l'organisation de base du Parti à Hamilton

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Manifestations à Toronto (gauche) et Halifax contre la Guerre du Golfe en 1991.

Il y a 25 ans, une coalition dirigée par les États-Unis, qui comprenait la Grande-Bretagne, la France, le Canada, l'Arabie saoudite et la Syrie, a attaqué l'Irak les 16 et 17 janvier 1991, lançant la Première Guerre du Golfe persique. Le 17 janvier 1991, le camarade Hardial Bains s'adressait à l'organisation de base du Parti à Hamilton. Le Marxiste-Léniniste reproduit ses remarques ci-dessous.

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Il faut immédiatement informer toutes les forces démocratiques et les larges masses du peuple que le Parti condamne résolument l'attaque américaine contre l'Irak déclenchée la nuit dernière. Les motifs de cette attaque sont tout autres que ceux avancés par les Américains, à savoir de mettre un terme à l'agression de l'Irak contre le Koweit. Le véritable motif est que dans leur soi-disant nouvel ordre mondial, les États-Unis d'Amérique se veulent le gendarme du monde entier. Ils comptent faire la loi à leur guise. Les États-Unis auront recours à la violence contre quiconque refuse de leur obéir alors qu'ils protégeront les pays qui, comme Israël, se soumettent à eux et deviennent leur pion et leur instrument.

Il ne s'agit donc pas vraiment d'un nouvel ordre mondial où toutes les nations et tous les peuples, grands et petits, ont le droit d'exister et de régler leurs affaires suivant les conditions prévalant dans leur pays et leur région, et suivant les exigences de leurs rapports avec leurs voisins. Il faut dire aux gens que notre Parti condamne résolument toute définition d'un nouvel ordre mondial dans lequel une ou plusieurs grandes puissances peuvent de concert imposer au monde leur diktat. Cela n'a rien à voir avec un nouvel ordre mondial, mais tout à voir avec le renforcement de l'ancien ordre mondial.

Notre Parti condamne fermement non seulement l'attaque contre l'Irak, mais toute forme d'ingérence dans la péninsule arabe ou dans tout le Moyen-Orient. Notre Parti considère que l'ingérence étrangère est la cause de tous les problèmes de cette région -- depuis la période coloniale des Britanniques, des Français et d'autres, en passant par les années 50 alors que les États-Unis ont commencé à essayer d'établir leur hégémonie dans la région, et jusqu'à ce jour. Le Moyen-Orient ne connaîtra la paix que si on met fin à toute intervention et ingérence étrangères, à toute aide militaire et à toute vente d'équipement militaire de l'étranger.

Il faut aussi expliquer aux gens que nous nous opposons fermement au gouvernement de Brian Mulroney pour sa propagande trompeuse à l'effet que les États-Unis sont en faveur d'un nouvel ordre mondial, de même que pour sa propre collaboration aux efforts pour renforcer l'ancien ordre mondial. On doit indiquer que cela revient non seulement à de l'apaisement, mais à se ranger du côté de l'agresseur pour renforcer l'ancien ordre mondial, avec au premier plan la diplomatie des canonnières. Comme tout autre pays, les États-Unis ont le droit d'exprimer leur opinion que l'Irak devrait quitter le Koweit, mais ils n'ont aucun droit d'organiser une attaque contre l'Irak. Si la paix était leur seul but, plusieurs alternatives s'offraient à eux d'en arriver à une solution pacifique sans déclencher de guerre. Le fait qu'ils cherchaient la guerre depuis le début montre que leur visée était d'établir leur contrôle économique, politique et militaire sur la région afin de satisfaire leurs propres intérêts.

Aussitôt l'attaque déclenchée, les Français se sont joints aux Américains, aux Britanniques et aux autres pour attaquer. Pourquoi ? Parce que le président français voulait sa part du butin. L'Italie et les Pays-Bas se sont ensuite ajoutés. Ils ne voulaient pas être en reste. Il s'agit d'une guerre de pillards. Brian Mulroney ne peut pas convaincre le peuple que cette guerre a pour but d'établir un nouvel ordre mondial. Dans le nouvel ordre mondial, on ne peut accepter l'usage de la force pour régler les affaires entre pays. Le simple fait qu'un pays ait recours à la force ne justifie pas que les autres en fassent autant. Il ne peut en être ainsi. Les peuples poursuivent leurs luttes, bâtissant l'unité politique, mettant de l'avant leurs positions idéologiques, créant ainsi une situation où la paix peut être réalisée sans armes.

Les États-Unis ne parviendront jamais à établir la paix et la stabilité par cette guerre comme ils le prétendent. Ils sèment le germe de conflits encore plus grands qui se poursuivront et dans lesquels les États-Unis, la Grande-Bretagne et d'autres ne cherchent que leurs propres intérêts.

Le chef du Parti libéral, Jean Chrétien, a tort de soutenir que le Canada devrait marcher sous la bannière des Nations unies et qu'à cette condition le recours à la force serait justifié. Les Nations unies ne devraient pas recourir à la force pour régler ces problèmes. L'ONU ne devrait pas devenir un instrument des grandes puissances avec à sa disposition de vastes moyens militaires. Cela ne ferait que renforcer l'ancien ordre mondial. Quand le Parti libéral affirme que maintenant que la guerre est déclenchée il faut appuyer le gouvernement, il montre qu'il n'aurait pas agi autrement que les conservateurs s'il avait été au pouvoir. Quant au NPD, le fait qu'il se dise contre un rôle offensif pour les forces canadiennes dans le Golfe, mais sans condamner les États-Unis et sans se joindre à tous les Canadiens pour démettre le gouvernement Mulroney parce qu'il entraîne le Canada dans la guerre, montre qu'il n'est pas sérieux. Cela démontre que le NPD est lui aussi du côté des États-Unis.

Il faut dire clairement que ceux qui manifestent contre la guerre en Irak, surtout les jeunes, expriment les plus purs sentiments du peuple, et qu'il faut appuyer ces jeunes. Ils peuvent être mêlés, ils ne sont peut-être pas au clair en termes idéologiques, ils peuvent être sous l'influence du pacifisme et de l'anarchisme, des provocateurs et des intrigants peuvent essayer de se servir d'eux, mais dans tous les cas, il faut sympathiser avec ces jeunes et travailler avec eux. Ils apprendront de leur propre expérience. Ils apprendront que leur mouvement de protestation est très noble et qu'il exprime les meilleures aspirations et les meilleurs sentiments du peuple contre ces fauteurs de guerre. Ils apprendront en même temps que le mouvement de protestation ne suffit pas. Ils apprendront qu'il faut lutter pour créer la vraie démocratie et de vraies institutions démocratiques dans notre propre pays pour qu'à travers cette lutte, non seulement le peuple puisse destituer et démettre le gouvernement Mulroney pour ses actions, mais qu'il puisse aussi s'assurer qu'à l'avenir il pourra démettre quiconque va à l'encontre de la volonté démocratique du peuple, de son désir de vivre en paix et d'avoir la démocratie véritable.

Cela signifie qu'une lourde responsabilité nous incombe à tous. Il faut apporter aux travailleurs le message qu'ils devraient aider leurs jeunes à envisager un avenir où naîtront un véritable nouvel ordre mondial et une vraie démocratie. Il faut inspirer ces jeunes non seulement à protester, mais aussi à trouver des solutions politiques à ces problèmes. Il faut les éduquer, dans le cours d'actions politiques, à organiser les gens, les candidats, les comités qui protègeront les droits démocratiques du peuple, y compris le droit de vivre en paix, et élimineront les préparatifs de guerre impérialiste qui, comme on peut maintenant tous le voir, n'étaient pas dirigés seulement contre l'Union soviétique, mais contre d'autres. De même, les préparatifs de guerre de l'Union soviétique se sont avérés être contre la Georgie et d'autres. Ces jeunes devraient se bâtir un avenir, un avenir de démocratie réelle, un avenir où on peut aussi protéger l'environnement naturel.

Entre temps, notre Parti s'est déjà fixé des tâches très précises. Il a pris des mesures audacieuses pour se renforcer, pour bâtir les organisations des plus larges sections du peuple, pour bâtir la presse du Parti et la presse sans Parti. Il a son programme. Cette guerre que les Américains ont déclenchée et que Brian Mulroney nous a imposée ne peut nous détourner de ces tâches. Sans organiser la classe ouvrière, sans renforcer le Parti et accomplir les objectifs de la classe, et sans accomplir les tâches que nous nous sommes fixées pour cette période, il serait impossible d'accomplir d'autres tâches. Il serait impossible d'aider les jeunes et d'amener toutes sortes de forces démocratiques dans ce vaste front contre les fauteurs de guerre. A cet égard, une lourde responsabilité nous incombe : Nous devons nous assurer que les questions idéologiques ne deviennent en aucun cas un obstacle à l'unité politique contre les fauteurs de guerre, tout en nous assurant que nos positions idéologiques soient bien connues de tous et que nous menons tous les types de lutte, en particulier la lutte idéologique, contre toutes les formes d'idéologie bourgeoise qui entravent le développement de cette unité politique.

Il est très important de prêter attention au travail parmi les femmes et parmi la jeunesse. Ainsi, on devrait sérieusement songer à ce que les femmes organisent leurs propres manifestations, qu'elles élaborent leur propre programme d'action contre la guerre en Irak, liant cela à la lutte pour la démocratie. Il faut éduquer les jeunes et les mettre en action. Ceux qui sont actifs et qui organisent parmi les jeunes devraient leur expliquer le lien entre la politique de fauteur de guerre que suit le gouvernement Mulroney et les méthodes anti-démocratiques qu'il utilise à chaque occasion, que ce soit pour imposer les essais du missile Cruise (les mêmes missiles Cruise qui sont utilisés dans la péninsule arabe en ce moment) ou la TPS, ou la guerre elle-même, le tout au mépris de l'opposition populaire. Cela signifie que les jeunes devraient participer activement à la réforme du processus électoral. Les jeunes devraient exiger le droit de révoquer ou de destituer les élus qui vont à l'encontre des intérêts du peuple. Ils devraient aussi s'occuper des problèmes constitutionels. Le Canada a besoin d'une nouvelle constitution élaborée par le peuple. Si on ne s'occupe pas de ces problèmes, on se retrouvera toujours dans la situation où le peuple veut une chose et le gouvernement en fait une autre, où les politiciens disent une chose pendant les élections ou lorsqu'ils sont dans l'opposition, et une autre quand ils sont au gouvernement.

Il faut inspirer les jeunes, les travailleurs et les femmes à transformer leur opposition à cette guerre et au gouvernement Mulroney pour avoir impliqué le Canada dans une guerre injuste en une force torrentielle pour bâtir la vraie démocratie. Il faut qu'ils soient imbus de l'esprit d'internationalisme prolétarien. Ils devraient appuyer résolument les luttes pour la réforme démocratique dans tous les pays du monde, y compris en Europe de l'Est, et le droit de toutes les nations à l'autodétermination. Ils devraient appuyer la lutte des peuples dans les pays baltes, en Géorgie et dans les autres républiques soviétiques. Ils devraient appuyer le peuple qui lutte pour mettre fin au racisme en Afrique du Sud, le peuple palestinien qui lutte pour sa patrie, le peuple en Inde qui lutte contre la violence communaliste et la terreur fasciste, et toutes les luttes pour la démocratie réelle à travers le globe.

Toutes les organisations de base du Parti devraient avoir les pieds bien sur terre, ne faire qu'un avec les masses et avoir les liens les plus solides avec elles. Les organisations de base devraient agir de façon mature et réfléchie, avec initiative. Elles pourront ainsi atteindre les résultats que le peuple désire atteindre. Elles pourront bâtir la société vraiment démocratique que les travailleurs et le peuple au Canada veulent bâtir.

Au Canada de nos jours, le pragmatisme est promu en tant qu'idéologie officielle. On utilise toutes sortes de mensonges et de tromperies contre le peuple. Même ceux qui se prétendent les dirigeants de la classe ouvrière travaillent contre les intérêts des travailleurs. Celles qui se prétendent les dirigeantes des femmes travaillent aussi contre les femmes. Ceux qui parlent au nom de la paix agissent contre les intérêts de la paix. On crée une atmosphère d'abstraction où on brandit de grandes idées absolues pour masquer la réalité. Ainsi, que veut dire George Bush quand il affirme qu'en fait il voulait une solution pacifique ? Comment ce désir de paix a-t-il pu se transformer en guerre ? Que veut dire Brain Mulroney quand il affirme qu'il voulait vraiment la paix ? Il s'agit de paroles de paix et d'actes de guerre. Voilà la fausseté, l'écart entre les paroles et les actes, auxquels seuls la nouvelle génération, les travailleurs, les jeunes, les femmes et toutes les forces démocratiques peuvent mettre fin. Ils peuvent créer une nouvelle situation où les paroles et les actes ne feront plus qu'un, dans l'édification d'une société vraiment démocratique. Que tous sachent que voilà la réponse de notre Parti à l'attaque américaine contre l'Irak.

Pour le Parti, il ne s'agit pas d'une question isolée. Elle touche à tous les aspects importants de nos vies. Voilà pourquoi la réponse est si profonde. C'est une réponse qui lie tout dans une grande lutte que l'humanité doit mener pour se libérer de toutes les forces qui la lient à l'ancien ordre mondial. Le nouvel ordre mondial a captivé l'imagination des gens. Qu'ils s'avancent maintenant pour le réaliser en pratique, dans la vie réelle ! Voilà l'appel de notre temps ! Et voilà pourquoi notre réponse ne peut se réduire à un mouvement de protestation, à une action isolée, à n'écrire qu'un ou deux articles, quelques discours et quelques tracts. La situation exige une réponse profonde et la réponse du Parti est juste et importante.

Les organisations de base devraient immédiatement discuter à fond, et sur cette base, les branches devraient présenter à la classe ouvrière et au peuple la position du Parti. Les organes dirigeants du Parti feront bien entendu connaître leurs opinions, mais les organisations de base devraient aussi donner leurs vues. Hissons la bannière de la justice dans chaque ville ! Que les personnes démocratiques et éprises de paix sachent quelle est la position du Parti ! Les gens ont besoin d'une position tranchée, sans équivoque et anti-dogmatique. Nous devons sans tarder satisfaire ce besoin. Nous devrions lancer l'appel aux gens de s'avancer et de s'unir indépendamment de leur idéologie, de leur affiliation politique, de leur région d'origine, etc. Nous devrions lancer l'appel aux travailleurs de constituer le noyau des nouveaux comités pour ces objectifs. Ce sont les forces démocratiques et éprises de paix, les travailleurs, les jeunes et les femmes, ensemble avec nous, qui devraient diriger ces comités et prendre ces initiatives. En tant que dirigeant du Parti, j'ai pleinement confiance en l'habileté de nos camarades et en les possibilités que nos organisations de base ont créées, de même qu'en la classe ouvrière et le peuple. Je suis aussi pleinement confiant que nos pensées sont les mêmes que celles des travailleurs et des larges masses du peuple car nous n'avons pas d'autres buts ni d'autres intérêts que les leurs. Avec cette assurance, organisons pour la victoire !

(LML, Faxogramme quotidien, Vol 21 No. 8, 17 janvier, 1991. Photos: C. McConnell, Envision Productions)

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