Numéro 31 - 8 juillet
2015
L'amortissement
accéléré du gouvernement Harper
Suncor saute sur l'occasion pour
acheter
de l'équipement lourd
• Les camions
sans chauffeur de Suncor
vont-ils
mettre
les camionneurs albertains au chômage?
Le
référendum grec du 5 juillet sur les propositions des
créanciers
• Une bataille épique contre
l'austérité et le pillage impérialistes
• Le contexte de la crise de la dette grecque
• Réquisitoire contre
l'austérité
- K.C. Adams -
L'annexe
secrète sur les services financiers
de l'Accord sur le commerce
des services
• Le Canada participe à des
négociations secrètes qui visent à
déréglementer davantage les marchés des services
financiers mondiaux
Théorie
économique
• Termes, expressions et mots d'économie
politique
• La classe ouvrière et non le capital
est au coeur de l'économie moderne
• Un échange tout à fait
extraordinaire, unique et désuet
• Les travailleurs doivent augmenter la
richesse sociale par le travail pour être
considérés comme étant productifs
• La source de la valeur dans la production
des biens et services
L'amortissement
accéléré du gouvernement Harper
Suncor saute sur l'occasion pour
acheter de
l'équipement lourd
Qui
devrait décider des questions importantes qui
ont de bonnes et mauvaises conséquences
bien au-delà des
intérêts privés des entreprises
concernées ?
Le gouvernement Harper a récemment
annoncé un remboursement d'impôt pour
société qui est l'équivalent d'un cadeau de 1,1
milliard $ aux entreprises ne serait-ce que pour les cinq
premières années. Avec cette manoeuvre pour payer les
riches, des sociétés peuvent déduire 50 % par
année du prix d'achat de nouvelle machinerie
de leurs bénéfices imposables bruts. Cette pratique
comptable qu'on appelle amortissement annuel
accéléré permet aux entreprises de
récupérer presque immédiatement le coût
total
de la machinerie à titre de réclamation à la
valeur ajoutée, plutôt que d'attendre que la valeur
transférée leur revienne graduellement avec la
dépréciation de la machinerie
et la réalisation du produit.
La société
Suncor Energy Inc., la plus
grande pétrolière au Canada, a immédiatement
sauté sur l'occasion et a annoncé la conclusion d'une
entente de cinq ans avec Komatsu Ltd, le fabricant japonais de machines
de terrassement et de construction, pour l'achat de remorques
entièrement automatisées pour ses opérations
minières au nord de Fort
McMurray, en Alberta. La manoeuvre comptable du gouvernement Harper
permettra à Suncor de remplacer sa flotte de camions lourds
opérés par des conducteurs sans investissement
très onéreux puisque chaque camion sera
presque entièrement payé par avantages fiscaux.
On estime que l'entente entre Suncor et Komatsu, qui
prévoit l'achat de 175 camions sans conducteur
téléguidés à partir d'un centre
d'opération à l'aide d'ordinateurs, de GPS et de radars,
éliminera au départ 800 emplois. Ces emplois, temps
supplémentaire compris, sont parmi les emplois les mieux
rémunérés de la classe ouvrière dans le
secteur de l'extraction pétrolière.
L'effet pratique de la manoeuvre du gouvernement Harper
pour payer les riches est d'accélérer
l'élimination d'emplois par une introduction plus rapide de
machinerie et un transfert de la richesse sociale de la classe
ouvrière canadienne à de riches impérialistes,
principalement étrangers. Le gouvernement ne prévoit
aucune mesure pour
compenser la perte d'emplois ni la perte de produit social encourue
quand des fonds publics servent à subventionner l'achat d'une
machinerie dispendieuse qui n'est pas fabriquée au Canada.
Les 1000 opérateurs de camions lourds de Suncor
ont sonné l'alarme, non seulement sur les conséquences
qui les attendent mais aussi à l'importante perte d'emplois que
cet assaut de productivité accélérée et
subventionnée par l'État entraînera dans tout le
secteur.
« C'est très inquiétant pour
nous qui ne savons pas ce que l'avenir nous
réserve », a dit Ken Smith président de la
section 707A d'Unifor, qui représente 3 300 employés de
Suncor. Il prévoit que ce qui se produit à Suncor se
répandra à toute l'industrie minière, où
sont employés des milliers d'opérateurs de remorques de
400
tonnes.
Les camions sans conducteur ne sont pas nouveaux. Les
monopoles miniers Rio Tinto et BHP Billiton s'en servent dans leurs
opérations à différents endroits, notamment en
Australie. Le directeur des finances de Suncor, Alister Cowan, cache
mal son enthousiasme à l'idée d'éliminer des
emplois en profitant de la manoeuvre fiscale du
gouvernement Harper. Selon le Calgary Herald, lors d'une
conférence de la RBC Capital Markets à New York au
début de juin il a dit :
« Ce n'est pas un fantasme, dit-il du plan de
la compagnie de remplacer sa flotte de camions lourds par des
véhicules automatisés. D'ici la fin de la
décennie, le plan éliminera 800 personnes de notre site.
Vous pouvez imaginer les épargnes que nous allons faire du point
de vue opérationnel ! »
Alister Cowan n'a cependant pas mentionné, du
moins pas publiquement, que le nouvel investissement dans les camions
automatisés sera rapidement remboursé non seulement
à titre de valeur transférée mais aussi à
titre de valeur ajoutée réalisée sur le tas
grâce au dégrèvement d'impôt du gouvernement
Harper. Le Calgary Herald
ajoute : « L'utilisation de camions automatisés
ne se limitera sans doute pas à Suncor, bien que les autres
entreprises hésitent encore à confirmer leurs plans. Pius
Rolheiser, porte-parole d'Imperial Oil, n'a pas voulu confirmer
que son entreprise fait l'essai de ces camions à la mine de
sables bitumineux de Kearl, qui prévoit doubler sa
capacité de production à 220 000 barils par jour dans les
semaines qui viennent. 'Bien qu'Imperial ne discute pas publiquement de
ses plans spécifiques, il est une pratique courante pour nous
d'examiner les nouvelles technologies et leur potentiel du point de vue
de l'amélioration de la sécurité et de
l'efficacité de nos opérations', a-t-il dit.
« De même, selon le porte-parole de la
minière des sables bitumineux Shell Canada, 'nous explorons les
possibilités de camionnage automatisé mais n'avons pas
d'échéancier précis pour l'instant'. »
La machinerie mobile automatisée ne se limite pas
au camionnage. Les plus grandes sociétés de forage
pétrolier du Canada, Precision Drilling Corp et Ensign Energy
Services, se servent déjà de plateformes de forage de
haute technologie capables de se déplacer automatiquement d'un
puits à l'autre. La chute du prix mondial du pétrole de
pair avec la manoeuvre fiscale du gouvernement Harper pour payer les
riches et le discours habituel selon lequel il faut le faire puisque
les concurrents le font, vont à coup sûr pousser les
entreprises à se procurer plus de machinerie sans
opérateur.
Au-delà du secteur pétrolier, au Canada
c'est plus de 600 000 travailleurs qui sont employés comme
opérateurs de véhicules motorisés, soit 260 000
conducteurs de camions lourds, 900 conducteurs de camions de livraison
du courrier et 97 000 opérateurs d'autres équipements
lourds. Des milliers d'autres conduisent des autobus, des tramways
et des trains utilisés dans le transport urbain. Il y a
déjà plusieurs trains sans conducteur au Canada, comme le
Sky Train à Vancouver. Beaucoup de postes de conducteurs seront
menacés.
Qui décide et pour qui ?
Les questions entourant le développement des
forces productives sont extrêmement importantes. Elles ne peuvent
être laissées à la discrétion des monopoles
et, comme l'affirme avec une telle arrogance le représentant du
monopole pétrolier, « Imperial Oil ne discute pas
publiquement de ses plans spécifiques ». La classe
ouvrière qui en est directement affectée, ses
alliés partout au pays et le peuple en général ne
peuvent accepter que tout cela soit sujet à des ententes
secrètes ou pas si secrètes. Ils doivent avoir voix au
chapitre, ils doivent pouvoir exercer un contrôle, sinon
l'intérêt public ne sera pas servi et la
responsabilité publique envers l'environnement social et
naturel ne sera pas respectée.
Il n'est pas exagéré
de dire que les
entreprises ont une vision étroite de la problématique
des camions sans conducteur et de l'introduction de technologies
nouvelles et controversées des forces productives.
L'enthousiasme du directeur des finances de Suncor à
« éliminer 800 personnes de notre site »
est caractéristique de la vision
tubulaire de ceux qui possèdent ou contrôlent les
monopoles, sans parler de l'empressement du gouvernement Harper
à servir les riches aux dépens de la classe
ouvrière.
On ne peut pas s'attendre à ce que ceux qui
possèdent et contrôlent les monopoles voient
au-delà de l'intérêt privé et du bilan
trimestriel. Leur objectif est de servir leur empire et sa
rentabilité. Ils ne veulent pas assumer la responsabilité
sociale pour le chômage, les inégalités, la
pollution, l'anarchie de la montée en flèche et de la
chute subite
des prix, de la chute du taux de profit qu'entraîne
l'augmentation de la productivité et l'effet destructeur des
contre-mesures que prennent les monopoles pour se protéger, la
disparition de l'industrie manufacturière au Canada et ainsi de
suite. L'intérêt public n'est pas servi par ces capitaines
mondiaux de l'industrie et leurs décisions et plans secrets
basés sur l'intérêt privé étroit et
à courte vue ni par l'aplaventrisme des élus comme ceux
du gouvernement Harper.
La classe ouvrière doit s'attaquer à ces
problèmes directement. L'économie est présentement
contrôlée par des impérialistes mondiaux qui n'ont
pas à coeur les intérêts des peuples. Les nouveaux
développements dans les forces productives et leurs
conséquences ne sont pas un problème comme tel. Ces
problèmes peuvent être résolus par
l'investigation scientifique et de grandes campagnes de discussion
publique. Les problèmes qui ont à voir avec le
développement des forces productives, y compris la pollution et
les conséquences sociales, concernent d'abord qui
décide : qui décide de ces enjeux et quel est le but
de ceux qui sont en position de contrôle ? Le but est-il
de servir l'intérêt public ou l'intérêt
privé étroit ? La question de qui décide et
contrôle les forces productives et leur utilisation est au coeur
de la problématique à laquelle sont confrontés les
opérateurs de camions lourds de Suncor, voire tous les
travailleurs et toutes les communautés du Canada.
La classe ouvrière doit voir qu'elle seule peut
faire une différence en se plaçant au centre des prises
de décisions concernant le développement des forces
productives et en s'assurant que tous les aspects, bons et mauvais,
soient discutés pleinement et les décisions
appliquées en toute responsabilité sociale. Le
chômage n'est pas quelque chose qui
peut être laissé au hasard ou à la volonté
de ceux dont l'intérêt privé international passe
avant toute chose. La pollution et le changement climatique, le
bien-être de la population en général, le sort de
l'industrie canadienne de fabrication de l'équipement lourd et
la direction générale de l'économie ne peuvent non
plus être laissés à l'abandon.
Les changements dans les forces productives ne se
produisent pas en vase clos. La manoeuvre fiscale du gouvernement
Harper pour payer les riches et la mondialisation impérialiste
créent des problèmes réels pour le peuple. Il ne
s'agit pas de développements inoffensifs sans conséquence
pour le peuple et l'économie. C'est pourquoi la classe
ouvrière doit se placer au centre et exiger que
l'intérêt public soit défendu et non enterré
sous l'euphorie de ceux qui comptent les profits à tirer. Il
faut changer le centre d'attention du débat et le ramener
à l'intérêt fondamental du peuple, au
bien-être de la population et à la nécessité
de changer la direction de l'économie pour servir le bien
public.
Il faut le ramener à notre droit de décider et de
contrôler les développements qui nous affectent.
L'arrivée de camions sans conducteur
facilitée par d'énormes subventions de l'État
montre clairement qui l'économie sert et qui elle devrait
servir. Les conséquences brutales de ces développements,
soit le chômage pour la multitude et le transfert d'une
importante partie de la richesse sociale dans les poches des monopoles
privés Suncor et
Komatsu, ne peuvent être balayées sous le tapis. La
responsabilité sociale dans l'économie doit être
défendue et pour ce faire le peuple doit avoir les moyens de
contrôler le processus décisionnel. La classe
ouvrière ne peut se permettre d'être sentimentale ou
d'être manipulée à ce sujet, elle doit exiger que
l'économie serve l'intérêt public et non
l'intérêt privé étroit des monopoles. Le
fait que la manoeuvre fiscale du gouvernement Harper serve quelques
actionnaires de New York et les propriétaires de Komatsu au
Japon et non les Canadiens doit nous éveiller à la
nécessité de s'opposer à la mondialisation
impérialiste et de nous imposer comme décideurs des
choses qui nous
concernent.
Les camions sans chauffeur de Suncor vont-ils mettre
les camionneurs albertains au chômage?
Voici des extraits d'une
entrevue avec des travailleurs
des sables bitumineux qui a été diffusée le 19
juin à l'émission de radio Day 6 du réseau CBC
animée par Brent Bambury.
***
Au début juin, Suncor Energy Inc. a
confirmé avoir signé un contrat de cinq ans avec le
fabricant japonais Komatsu pour l'achat de véhicules sans
chauffeur.
La compagnie a déjà conclu l'achat de 175
camions sans chauffeur et un porte-parole a dit que l'entreprise
prévoit remplacer toute sa flotte de camions d'ici la fin de la
décennie.
Les membres du syndicat local craignent que cette
technologie ne leur fasse perdre des centaines d'emplois.
Barrie Kirk est le directeur exécutif de la firme
de consultants Centre d'excellence des véhicules
automatisés canadiens (le CAVCOE).
Steve Kelly est le trésorier de la section locale
707A du syndicat Unifor à Fort McMurray. Il est opérateur
d'équipement lourd chez Suncor depuis dix ans.
CBC :
Suncor se prépare
à acheter 175 camions sans chauffeur et veut renouveler toute sa
flotte avec ce type de camions d'ici la fin de la décennie.
Est-ce que la compagnie est en avance sur son temps en faisant appel
à cette technologie ?
Barrie Kirk : Non, c'est la
tendance actuelle. Les camions sans chauffeur sont chose commune dans
les opérations minières en Australie depuis un an ou
deux. Ce que l'industrie est en train de faire dans ce cas-ci c'est de
faire ces changements là où c'est le plus simple. C'est
plus facile de concevoir et de faire
rouler un camion sans chauffeur sur un territoire privé comme
les sables bitumineux que sur une route publique.
Malheureusement, des emplois vont disparaître.
CBC : Ces entreprises
vont-elles perdre de l'argent si elles ne suivent pas le rythme de
l'industrie ?
BK : Elles vont perdre de
l'argent et une partie de leur position concurrentielle. Si elles ne le
font pas, d'autres vont le faire.
Malheureusement, cette technologie va faire perdre
beaucoup d'emplois, pas juste dans l'industrie du camionnage mais dans
le transport en général.
CBC : Le long terme a
vraiment l'air d'un court terme. On parle d'une pleine utilisation de
ces véhicules d'ici la fin de la décennie. Quel va
être le coût en emplois ? Pensez-vous qu'on va
être capable de s'occuper de ceux qui vont perdre leur emploi
à cause des nouveaux camions ?
BK : Au CAVCOE, nous
travaillons avec le Conference Board of Canada et l'Institut Van Home.
Nous avons montré que ces camions automatisés, une fois
pleinement déployés, vont apporter 65 milliards $
par année à l'économie canadienne. Beaucoup
d'emplois vont disparaître. J'espère que les
gouvernements à tous les niveaux vont prendre au sérieux
leur responsabilité d'aider les travailleurs à se
recycler et ainsi adoucir la transition pour ceux qui sont
affectés par les changements.
CBC : Steve, vous
conduisez un de ces camions de chargement lourds. Craignez-vous pour
votre sécurité d'emploi ?
Steve Kelly : C'est
inquiétant. L'idée même d'avoir des camions de
chargement sans chauffeur fait peur. Quand vous pensez aux pertes
d'emploi qui, chez nous, pourraient se chiffrer à 800, c'est
angoissant.
CBC : Si Suncor met
à exécution son plan de remplacer toute sa flotte de
camions d'ici 2020, à combien estimez-vous les pertes d'emplois
que ça va causer ?
SK : Suncor nous a dit
qu'ils en sont à la phase des tests en ce moment, qu'il n'est
pas possible de renouveler toute la flotte d'ici 2020. Cela dit, une
perte d'emploi est une perte d'emploi. Ça ne concerne pas juste
moi et mes collègues. C'est l'avenir qui est en jeu. Qu'on parle
d'un conducteur de camion lourd ou
de 800, c'est nous tous qui en souffrons et il y a un effet domino.
Nous allons sans hésiter protéger un camionneur en chair
et en os qui soutient sa communauté plutôt qu'un
ordinateur.
CBC : D'accord, mais le
secteur pétrolier est mondial et l'industrie
pétrolière canadienne doit être concurrentielle.
Pensez-vous que c'est inévitable que Suncor et les autres
pétrolières prennent ce tournant ?
SK : Je pense que c'est
inévitable qu'ils vont l'expérimenter. Quant à
savoir s'ils vont l'adopter ou non, ce n'est pas certain. L'avenir nous
le dira.
CBC : Mais est-ce qu'ils
ont le choix d'aller de l'avant si ça devient le standard
mondial ?
SK : La question est bien
plus profonde. Il ne s'agit pas seulement de savoir si les camions
automatisés apporteront un avantage financier.
Le référendum grec du
5 juillet sur les propositions des créanciers
Une bataille épique contre
l'austérité
et le pillage impérialistes
Le 5 juillet 2015, le peuple grec a remporté un
succès historique pour lui-même et les peuples du monde en
rejetant par référendum les mesures brutales
d'austérité de la Commission européenne, du Fonds
monétaire international et de la Banque centrale
européenne. Il a résisté à la très
forte pression exercée par les représentants de
l'oligarchie
financière et les médias monopolisés, une pression
qui s'est accentuée à mesure que s'approchait le jour du
référendum, à l'effet qu'il devait voter oui sinon
c'en était fait de la Grèce et le peuple grec serait
privé des produits de première nécessité et
connaîtrait des tragédies encore plus grandes que celles
qui lui ont été imposées jusqu'à
maintenant. Alors
que les médias monopolisés prédisaient un vote
divisé 50-50 ou remporté par une infime majorité,
c'est à 61 % des votes exprimés que le peuple a
voté non. Le premier ministre Alexis Tsipras est maintenant fort
de ce « non » retentissant pour soutenir la
demande du peuple grec d'une entente qui lui permette de vivre dans la
dignité.
Le peuple grec livre une lutte résolue pour la défense de
son droit d'être et sa résistance est devenue une source
d'inspiration pour tous, en particulier les peuples d'Europe. Il s'est
organisé pour résister à l'Union européenne
des monopoles et priver ses institutions de son pouvoir de dicter et de
priver non seulement les Grecs mais tous les peuples et les
nations d'Europe de leur droit démocratique et souverain de se
gouverner et de décider de la direction de leur économie.
Une nouvelle bataille commence. Les Grecs doivent maintenant
défendre leur décision souveraine et intensifier leurs
efforts pour bâtir une alternative prosociale. Le
Marxiste-Léniniste félicite de tout coeur le
peuple grec pour son vote tranchant au référendum et se
tient fermement à ses côtés dans la lutte contre
l'austérité et le pillage impérialistes.
Le référendum sur le programme
d'austérité des monopoles européens
Le dimanche 5 juillet, les Grecs se sont
mobilisés pour participer à un référendum
national qui demandait aux électeurs d'indiquer leur approbation
ou leur rejet d'une proposition faite le 25 juin à la
Grèce par la Commission européenne (CE), le Fonds
monétaire international (FMI) et la Banque centrale
européenne (BCE). La proposition de
la CE, du FMI et de la BCE (« la troïka »)
comportait deux documents, « Réformes pour la
réussite du programme actuel et au-delà », et
« Analyse préliminaire de la soutenabilité de
la dette ». Le référendum a été
organisé par le gouvernement de Syriza, élu le 25 janvier
par un vote du peuple grec contre
l'austérité.
La troïka exigeait
l'imposition de mesures
d'austérité encore plus sévères que ce qui
a été imposé par le précédent
gouvernement grec déchu en échange d'un paiement
« de sauvetage » pour couvrir « les
dettes », en particulier celles imposées depuis la
crise financière de 2008 et la restructuration de l'État
grec par
l'impérialisme. Le gouvernement grec exige une restructuration
de la dette, dont une grande partie a été jugée
illégale et illégitime par une étude
parlementaire. Les plus grands détenteurs de la dette grecque
sont l'Allemagne, suivie de la France, l'Italie, l'Espagne, le FMI et
la BCE.
Le 26 juin, le premier ministre grec Alexis Tsipras a
annoncé la tenue du référendum, après une
réunion du cabinet. Il a déclaré que les
propositions « violent clairement les règles
européennes et les droits fondamentaux au travail, à
l'égalité et la dignité, et révèlent
que l'objectif de certains des partenaires et des institutions n'est
pas une entente
viable pour toutes les parties, mais probablement l'humiliation de tout
un peuple ».
Dans son allocution, Tsipras a dit :
« Je vous demande de décider dignement et
souverainement, comme l'histoire de la Grèce nous enseigne
à le faire, si nous devrions accepter l'ultimatum et le chantage
qui entraîneront une austérité humiliante sans fin,
et la perspective de ne jamais pouvoir nous tenir debout sur nos deux
pieds,
socialement et financièrement.
« Nous devons répondre à
l'autoritarisme et l'austérité draconienne par la
démocratie, calmement et de façon
décisive. »
De grands rassemblements ont eu lieu presque chaque jour
dans la capitale, Athènes, pour dénoncer
l'austérité, rejeter la proposition de la troïka et
défier le diktat de l'UE, le premier a eu lieu tout de suite
après l'annonce de la tenue du référendum. Le plus
grand a été le rassemblement final le 3 juillet en
soirée pour appeler à voter non. La place
Syntagma n'était pas assez grande pour contenir tout le monde.
Selon certains, il s'agissait là d'une des plus grandes
manifestations politiques que la Grèce ait connues depuis la fin
de la dictature en 1974. Le premier ministre Tsipras s'est
adressé à la foule qui scandait
« Non ! » et il a appelé les Grecs
à demeurer unis et à ne pas plier
devant le chantage.
Vue aérienne du
rassemblement du Non ! du 3
juillet à Athènes
Le premier volet de l'ensemble des propositions
soumises
au vote par référendum énonçait une
série de mesures d'austérité draconiennes, qui
devaient être imposées au gouvernement et au peuple grecs,
comprenant « des finances publiques durables qui soutiennent
la croissance et l'emploi »,« la réforme
de la TVA [taxe sur la valeur
ajoutée] », « la réforme des
retraites », « des mesures paramétriques
budgétaires supplémentaires »,
« les réformes dans l'administration
fiscale », « la gestion des finances
publiques », « préserver la
stabilité financière »,« le
marché du travail », « le marché
des
produits »,« la privatisation »,
« l'énergie »,
« l'administration publique », « la
justice », « l'anticorruption » et
« les statistiques ». Le deuxième volet
demandait à la Grèce de ramener à 124 % le
ratio de sa dette par rapport à son PIB d'ici 2020 par des
compressions sévères dans les dépenses publiques.
Bien que compilé par la troïka et servant
ses intérêts de même que ceux des États-Unis,
des monopoles européens et des grandes puissances
européennes comme l'Allemagne, le document sur les
réformes d'austérité était
rédigé comme s'il émanait du gouvernement grec.
Pour dissimuler leur diktat ouvert sur la nation grecque souveraine,
les autorités
de l'UE et du FMI ont insisté pour que la proposition soit
adoptée par le gouvernement grec comme étant la sienne.
Par exemple, on lit dans le document que « les
autorités grecques s'engagent à approuver et à
procéder à un programme ambitieux de
privatisation ».
Dans son allocution du 26 juin aux Grecs, le premier
ministre Alexis Tsipras a déclaré que le gouvernement a
dû « livrer un combat dans des conditions d'asphyxie
financière inouïes pour aboutir à un accord viable
qui mènerait à terme le mandat que nous avons reçu
du peuple. ». Il a souligné que la troïka a
maintes fois fait pression sur
le gouvernement grec pour mettre en oeuvre des politiques que les Grecs
ont rejetées. Les propositions de la CE, du FMI et de la BCE
ciblent « la démocratie grecque et le peuple
grec », a-t-il dit. Il a ajouté que la nouvelle
proposition qui allait être soumise au vote le 5 juillet
« va ajouter un nouveau poids insupportable sur les
épaules
du peuple grec et sape la relance de la société et de
l'économie grecques ». Il a souligné que la
proposition va en outre déréglementer le marché du
travail, réduire les pensions, réduire les salaires du
secteur public et accroître la pression sur les régions et
les produits de première nécessité.
Le chantage et la déstabilisation
impérialistes pour saboter le vote
Rassemblement du
Non ! du 3 juillet à
Athènes
Dès que le référendum a
été appelé, la Commission européenne est
intervenue de façon cynique ; elle s'est opposée
à son échéancier et à ses questions et a
recommandé aux Grecs de voter « Oui » sous
la menace de mesures d'austérité encore plus
sévères. Après que la troïka et les
puissances européennes eurent soulevé
l'hystérie sur les conséquences d'un vote en faveur du
« Non », le gouvernement grec a été
contraint de mettre en place des mesures de contrôle des capitaux
et de fermetures sélectives des banques pour prévenir la
déstabilisation de son économie, laquelle, a dit Tsipras,
est une tentative de chantage sur les Grecs pour leur arracher un
« oui ».
À mesure que la date du référendum
approchait, les puissances européennes et les médias
monopolisés mondiaux ont accru leur pression sur les Grecs afin
qu'ils renoncent à leur position contre
l'austérité.
Les dirigeants de l'UE ont dit qu'un vote en faveur du
« Non » pourrait mettre fin au statut de la
Grèce comme membre de l'UE, laissant entendre que les Grecs
iraient à la catastrophe s'ils exerçaient leur
souveraineté sur leur économie et leur devise. Ils ont
dit que peu importe ce que les Grecs décident, la troïka ne
va pas cesser son
pillage et que le peuple n'a d'autre choix que d'accepter que son
destin va être décidé par les exigences des
monopoles européens. Les journaux européens ont
affiché à grands titres qu'un vote pour le
« Non » exclurait la Grèce de l'Union
européenne, tandis qu'un magazine financier allemand
représentait Alexis Tsipras tenant un fusil sur sa
tempe. Les pages éditoriales des médias
monopolisés étaient remplies d'appels aux Grecs à
demeurer au sein de l'Europe. D'autres ont déclaré que le
« Oui » est la seule option et que bien que
l'austérité ait des conséquences négatives,
la résistance au diktat du capital financier va amener des
souffrances encore plus grandes dans l'avenir. Les
porte-parole des impérialistes n'ont cessé de
répéter que la « vraie » question
du référendum c'est le choix entre l'euro ou le drachme
comme monnaie pour la Grèce.
L'élite dirigeante grecque et ses
représentants, sous le joug de qui les programmes
d'austérité et de restructuration les plus draconiens ont
été mis en oeuvre, ont aussi appelé à voter
« Oui ». À la veille du vote, Nouvelle
Démocratie et PASOK (le parti socialiste panhellénique)
ont tenu à Athènes un rassemblement sous le thème
« Nous restons dans l'Europe ».
La semaine précédant le vote a
été marquée par une campagne
frénétique de rumeurs, avec de nouvelles insinuations
chaque jour à l'effet que le gouvernement grec pourrait annuler
le référendum, accepter la proposition, que
peut-être il était divisé, à la veille de
tomber, que le référendum est peut-être juste une
manoeuvre, et ainsi de suite. Les Grecs
ont affronté des intrigues impérialistes à grande
échelle visant à semer doute et confusion et à
briser l'unité du peuple pour un rejet des propositions
d'austérité.
Les Grecs luttent pour une nouvelle direction qui
défend le droit public
Le peuple grec a appris de sa propre expérience
qu'il est nécessaire de prendre position contre
l'austérité et d'affirmer sa souveraineté, de
renverser l'offensive antisociale néolibérale et de
tracer la voie à une nouvelle direction prosociale. C'est bien
connu que le capital financier allemand et européen et leurs
gouvernements n'ont pas à coeur
les intérêts du peuple grec, et c'est cette
vérité qui frappe aujourd'hui de plein fouet les Grecs
qui en ont subi les affres. En réitérant sa position
contre l'austérité, la Grèce défend les
droits de tous les peuples.
Le coeur des Canadiens ne fait qu'un avec le peuple
grec dans cette bataille épique pour défendre le droit
public contre le droit de monopole. Les peuples ont enclenché
une lutte héroïque contre les forces du capital monopoliste
contrôlé par les grandes puissances d'Europe et de
l'impérialisme américain et contre leurs sinistres
intentions d'imposer
leurs intérêts privés étroits au
détriment de l'intérêt public et du bien commun.
Le peuple grec se bat pour le droit de se gouverner
lui-même, pour une alternative prosociale souveraine et pour une
nouvelle direction à son pays ancien et à son
économie moderne en opposition au diktat et aux catastrophes
qu'ils ont vécus au sein du système impérialiste
d'États.
Le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) lui souhaite plein de succès dans
cette bataille épique contre l'austérité et le
pillage impérialistes.
Le contexte de la crise de la dette grecque
Manifestation du 29 juin
2015 organisée par le
gouvernement grec contre les conditions du plan de sauvetage de l'UE
Extraits d'un article intitulé « Un
guide simple sur le drame financier en cours en
Grèce » de Kavaljit Singh, directeur de Madhyam, un
institut de recherche sur les politiques basé à New
Delhi. Il fut publié dans The Wire le 3 juillet 2015.
***
La saga de la dette grecque se poursuit sans
résolution en vue. Comme prévu, les dirigeants
européens ont rejeté une proposition de dernière
minute d'Alexis Tsipras, premier ministre de la Grèce, demandant
une prolongation du programme de sauvetage qui expirait le 30 juin et
cherchant un nouveau plan de 29,1 milliards d'euros qui aurait pu
couvrir les obligations du pays envers la dette pour les deux
prochaines années.
Ce rejet a mené le pays au défaut de
paiement de son remboursement de 1,6 milliard d'euros au Fonds
monétaire international. La Grèce est le premier pays
développé à faire défaut. Bien que le FMI
n'utilise pas le terme, il classera la Grèce comme étant
« en défaut de paiement » et le pays ne
recevra des fonds à l'avenir que lorsque
les arriérés auront été
réglés. [...]
Aucune discussion sur la crise de la dette grecque ne
serait complète sans analyser comment la dette publique du pays
s'est accumulée au cours des années. En 2004, la dette
publique du pays était de 183,2 milliards d'euros. En 2009, elle
atteignait 299,5 milliards d'euros, ou 127 % du PIB du pays. En ce
moment, la dette publique grecque
s'élève à 323 milliards d'euros, près de
175 % du PIB du pays.
Les détracteurs et partisans du gouvernement grec
admettent qu'un ratio dette/PIB aussi élevé est
insoutenable. Le gouvernement actuel cherche une annulation
substantielle de la dette du pays afin de le remettre dans une
trajectoire de croissance. Tout en cherchant un allègement de la
dette pour la Grèce, plusieurs économistes et experts
juridiques
ont fait référence à l'Entente de Londres en 1953
qui donna à l'Allemagne de l'Ouest un généreux
allègement de la dette en effaçant 50 % de sa dette,
accumulée après les guerres mondiales. Cet
allègement de la dette fut un des facteurs clés qui a
permis la ré-émergence de l'Allemagne en tant que
puissance économique mondiale dans la période
d'après-guerre.
En 2015, le parlement grec a mis sur pied une
Commission pour la Vérité sur la Dette publique pour
enquêter sur comment la dette étrangère du pays
s'est accumulée de 1980 à 2014. La Commission a
récemment publié un rapport préliminaire dans
lequel elle déclare que la dette publique grecque est largement
illégitime et odieuse. Je voudrais
sincèrement inviter les lecteurs à lire ce rapport, car
il remet en question plusieurs mythes populaires associés
à la dette publique grecque. Selon le rapport, l'accroissement
de la dette avant 2010 n'était pas dû à des
dépenses publiques excessives mais plutôt au paiement de
taux d'intérêts extrêmement élevés aux
créanciers et à la perte de revenus d'impôt en
raison de sorties illicites de capitaux. Des dépenses militaires
excessives ont aussi eu lieu avant 2010.
Chose plus importante encore, le rapport
révèle comment
la première entente de prêt de 2010 fut utilisée
pour sauver les banques privées grecques et européennes
(notamment allemandes et françaises). Les ententes de prêt
de 2010 (et 2012) ont aidé les banques privées et les
créanciers à se décharger de leurs obligations
risquées émises par le gouvernement grec. En
d'autres mots, les avoirs risqués des banques privées ont
été transformés en dette du secteur public par
l'entremise des plans de sauvetage. Comme le souligne Tim Jones de la
Jubilee Debt Campaign, ce n'est pas le peuple grec qui a
bénéficié des plans de sauvetage de la troïka
mais les banques européennes et grecques qui ont
prêté de l'argent de manière
imprudente au gouvernement grec en premier lieu. [...]
Qui détient la dette publique grecque ?
Actuellement, près de 80 % de la dette publique grecque est
détenue par des institutions publiques, principalement de
l'Union européenne (États membres de l'UE, Banque
centrale européenne, Fonds européen de stabilité
financière et le FMI). Le reste est détenu par des
créanciers privés. [...]
Réquisitoire contre l'austérité
- K.C. Adams -
Comment
ruiner
une
économie
déjà en
difficulté qui a besoin
d'être aidée au lieu
d'être maltraitée
Autocollants pour
appeler les gens à voter en
masse « non » à l'austérité
lors du référendum du 5 juillet 2015
|
La crise économique mondiale a frappé en
2008. Les grandes puissances, sous la direction de
l'impérialisme américain, ont pris immédiatement
des mesures pour protéger leurs puissants monopoles. En Europe,
les monopoles situés en Allemagne, en Grande-Bretagne et en
France ont commencé à passer les conséquences de
la crise aux peuples et aux
pays plus faibles qu'ils dominaient, notamment la Grèce,
l'Irlande, Chypre, le Portugal et l'Espagne. Les grandes puissances ont
imposé à ces pays des mesures d'austérité
sévères en utilisant leur domination économique,
les armes institutionnelles de l'Union européenne des monopoles
et leurs apologistes politiques régionaux.
De 2010 à 2013, les grandes puissances ont
contraint la Grèce à appliquer sept plans
d'austérité différents pour défendre le
droit de monopole, supplanter le droit public et détourner la
richesse sociale pour payer les riches. Leurs mesures antisociales,
entre autres, ont consisté à couper des investissements
dans les programmes sociaux et les services
publics, à brader les biens publics, à licencier les
travailleurs, à démanteler les régimes de
retraites, à attaquer les plus vulnérables et à
instituer des hausses importantes de l'impôt des particuliers et
de la taxe de vente. Ces attaques du droit de monopole ont
perturbé l'économie de façon importante et
accéléré son déclin provoqué par la
crise économique
mondiale.
L'austérité en Grèce
En Grèce, le taux de chômage a fait un bond
de 6,6 % à 24,8 % de 2008 à en 2014. Parmi
les jeunes de moins de 25 ans, le taux de chômage a grimpé
à un inadmissible 55 %.
À cause des concessions imposées par
l'austérité, les salaires ont chuté à des
niveaux qu'on n'avait pas vus depuis les années 1980. Le nombre
de suicides a augmenté de 40 %.
Le produit intérieur brut a chuté de
26 % de 2008 à 2014. En comparaison, le PIB de l'Allemagne
a augmenté de 14 % durant la même période.
En Grèce, les dépenses publiques pour les
programmes sociaux ont diminué de 28 % de 2008 à
2014,
malgré la demande accrue. Les recettes publiques ont
diminué de 17 %. En Allemagne, les dépenses du
gouvernement ont augmenté de 15 % de 2008 à 2014
tandis que ses revenus ont augmenté de 16 %.
Les grandes puissances ont imposé des mesures
d'austérité malgré les avertissements de leurs
propres économistes concernant les effets négatifs que
cela aurait sur l'économie. Wikipédia souligne que
« dans une étude de 133 programmes
d'austérité du FMI réalisée en 2003, le
Bureau indépendant d'évaluation du FMI a trouvé
que les décideurs
ont sous-estimé constamment les effets désastreux des
compressions rigides des dépenses sur la croissance
économique ».
En février 2012, le journal The Guardian a
réitéré
les
avertissements
antérieurs
du
FMI dans un article : « La semaine dernière, le
parlement grec a adopté son cinquième plan
d'austérité en moins de deux ans.
L'austérité en Grèce est particulièrement
sévère. Bien que la Grèce soit dans la
quatrième année d'une récession
grave marquée par une baisse de la production réelle de
12 % depuis 2007, le déficit budgétaire par rapport
au PIB a été réduit de sept points de pourcentage,
un exploit presque unique dans l'histoire. Mais ces politiques
étaient contre-productives. Le ratio de la dette au PIB a
explosé, les rendements des obligations d'État sont
restés très élevés et les
indicateurs de la confiance des entreprises et des consommateurs sont
en chute libre. Le taux de chômage se situe maintenant à
21 %. Les jeunes sont particulièrement
touchés : le chômage parmi les personnes
âgées de moins de 25 ans, déjà
élevé avant la crise, se situait à 40 % en
2011. Par conséquent, les faillites d'entreprises, les taux
de suicide et de criminalité ont augmenté.
« Fortement
influencée par le
ministère des Finances de l'Allemagne, la solution de la
troïka (la Commission européenne, le FMI et la BCE)
à l'échec de l'austérité est encore plus
d'austérité. Tout comme la Commission européenne
et la BCE, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble,
reste convaincu que l'austérité budgétaire
crée la
confiance, même s'il a déjà été
prouvé que ce n'est pas le cas. Ces convictions sont à la
base de l'ensemble des prévisions de croissance de la
troïka sur lesquelles reposaient les objectifs de réduction
du déficit. Puisqu'il n'y n'avait aucune reprise de la
confiance, la croissance a chuté brusquement et le gouvernement
a raté systématiquement les objectifs
fixés.
« Tout cela était prévisible —
et en fait, prévu. Dans une étude de 133 programmes
d'austérité du FMI réalisée en 2013, le
Bureau indépendant d'évaluation du FMI est arrivé
à la même conclusion : que le régime
d'austérité est voué à l'échec
à cause de la sous-estimation de ses effets désastreux
sur la croissance économique. »
Un communiqué Eurostat 21/2012
indique : « Le pourcentage de la population [grecque]
à risque de pauvreté ou d'exclusion sociale... a
été établi à 27,6 % en 2009 et
à 27,7 % en 2010 (légèrement moins bon que la
moyenne de l'UE des 27 à 23,4 %), mais pour 2011,
l'estimation a fortement augmenté
pour se situer au-dessus de 33 %. »
Reflétant cette réalité, dans un
article de 2012 qui avait pour titre : « J'ai
peur d'une explosion sociale : Les Grecs ne peuvent pas encaisser
plus de sanctions » le Guardian indique :
« La vérité, tout aussi
incompréhensible que cela puisse paraître pour le FMI,
l'Union européenne et la
Banque centrale européenne, la troïka des créanciers
de la Grèce, est que, loin de boucher les trous noirs de son
budget, l'austérité sévère poursuivie dans
l'objectif de réduire le déficit a poussé la
Grèce vers l'effondrement économique et social. Les
impitoyables réductions des salaires et des retraites, les
hausses d'impôt et les coupures budgétaires ont fait
du pays une ombre de lui-même. Dans sa cinquième
année de récession, la Grèce n'est qu'une version
évidée de ce qu'elle était autrefois et se
désintègre un peu plus à chaque jour. Des hommes
et des femmes fouillent des poubelles tard la nuit. Un nombre
grandissant de personnes dorment dans la rue. La semaine
dernière, en même temps qu'Eurostat,
qui produit les statistiques officielles de l'Union européenne,
annonçait que la pauvreté touche plus d'un tiers de la
population du pays, on apprenait que le chômage touchait un
million de personnes et était passé de 19 % à
20,9 % en un mois.
« Rien ne fonctionne. Personne ne paie plus
personne et l'État n'est pas juste en train de s'effondrer, il
est complètement paralysé, dit Giorgos Kyrtsos, un
éminent commentateur politique. « Ces gens, dit-il au
sujet des fonctionnaires de la troïka des agences
européennes responsables de négocier le plan de
sauvetage, devraient vraiment
perdre leur emploi. Ils ont tout mal calculé. Je ne comprends
pas... le syndicat de la police a réclamé leur
arrestation. »
Dès 2011, l'expert indépendant des Nations
unies chargé de la dette extérieure et des droits de
l'homme avait mis en garde : « Les mesures
d'austérité et de réformes structurelles
proposées pour résoudre la crise de la dette de la
Grèce peuvent entraîner des violations des droits humains
fondamentaux de la population... La mise en oeuvre
d'un second paquet d'austérité et de réformes, qui
inclut la privatisation des entreprises et des actifs de l'État,
aura un impact significatif sur les services sociaux de base et, par
conséquent, sur la jouissance des droits de l'homme par le
peuple grec, surtout dans les couches les plus vulnérables de la
population, comme les pauvres, les personnes âgées, les
chômeurs et les personnes ayant une déficience, dit Cephas
Lumina, rapporteur du Conseil de droits de l'homme des Nations unies
à Genève.
Une des nombreuses
manifestations
anti-austérité à Athènes, le 20 octobre 2011
« Les droits à l'alimentation,
à l'eau potable, à un logement adéquat et au
travail dans des conditions acceptables et équitables ne
devraient pas être compromis par la mise en oeuvre de mesures
d'austérité, a-t-il dit. Il a exhorté le
gouvernement à tenir compte de la primauté des
obligations relatives aux droits humains des États. M. Lumina a
également appelé les autorités à maintenir
une certaine marge de manoeuvre budgétaire pour répondre
aux droits humains fondamentaux, en particulier les droits
économiques, sociaux et culturels ....
« Une économie en décroissance
ne peut pas générer des recettes et contribue à
une capacité réduite de remboursement de la dette... Il a
appelé le Fonds monétaire International (FMI), l'Union
européenne (UE) et la Banque centrale européenne (BCE)
à tenir compter de l'impact sur les droits humains des
politiques qu'ils conçoivent pour tenter
de résoudre la crise de la dette souveraine en Grèce et
dans d'autres pays. Il n'y aura aucune solution durable au
problème de la dette souveraine si les droits de l'homme ne sont
pas pris en compte, a dit M. Lumina, qui intervient à titre
bénévole. » (Centre d'actualité de
l'ONU, 2011)
L'économiste britannique Roger Bootle a
déclaré en février 2012 : « Une
baisse de 25 % [du PIB] est à peu près ce qu'ont
connu les États-Unis durant la grande dépression des
années 1930. L'ampleur des mesures d'austérité
déjà adoptées [en Grèce] fait tiquer. En
2010 et 2011, la Grèce a fait des compressions
budgétaires d'une
valeur de près de 17 % du PIB. Mais parce que cela a
entraîné une baisse du PIB, chaque euro de resserrement
budgétaire a réduit le déficit de seulement 50
cents .... les tentatives de réduire la dette seulement par
l'austérité ne peuvent entraîner que la
misère. »[1]
John Milios, professeur d'économie politique
à l'Université technique nationale d'Athènes,
écrit dans son article du 29 mai 2015 intitulé
« La logique de classe intrinsèque des politiques
d'austérité » :
« À la suite de l'éclatement de
la crise économique mondiale de 2008, des politiques
extrêmes d'austérité se sont imposées dans
de nombreux endroits du monde capitaliste développé, en
particulier au sein de l'Union européenne (UE) et dans la zone
euro. L'austérité constitue la pierre angulaire des
politiques néolibérales.
« Elle est complétée par une
économie dans l'utilisation de 'capital matériel'
(hélas, une autre stratégie diminuant la demande !)
ainsi que par des changements institutionnels qui, d'un
côté, améliorent la mobilité du capital
ainsi que la concurrence alors que, de l'autre, ils renforcent le
pouvoir des gestionnaires dans les entreprises ainsi que
celui des actionnaires et des détenteurs d'actions comme
d'obligations. Pour ce qui a trait à l'assainissement
budgétaire, l'austérité accorde une
priorité aux coupes dans les recettes publiques,
réduisant les impôts sur le capital ainsi que sur les
hauts revenus et réduisant 'l'État social'.
« Elle promeut constamment les
intérêts du capital contre ceux des travailleurs, de
membres des professions libérales, des retraités, des
chômeurs et des secteurs sociaux économiquement
vulnérables. Sur le long terme, son but est de créer un
type de forces de travail (de salariat) possédant des droits
plus réduits ainsi qu'une moindre protection
sociale, conjointement à des salaires bas et flexibles. À
cela s'ajoute l'absence d'un quelconque pouvoir de négociation
substantiel des salariés. »
Milios écrit que l'austérité
augmente le taux d'exploitation de la classe ouvrière, la
plus-value absolue que les employeurs extraient au cours du temps de
travail en réduisant la réclamation des travailleurs
à la valeur produite avec les salaires, les avantages sociaux et
les retraites, la valeur de leur capacité de travail et la
valeur d'usage potentielle. Ces
mesures sont prises par les monopoles mondiaux le plus puissants pour
contrer la loi de la baisse tendancielle du taux de profit et les
crises économiques récurrentes que connaît le
système capitaliste. Les mesures pour défendre le droit
de monopole et priver les gens de leurs droits sont désastreuses
pour le peuple et destructrices pour l'économie.
« [Les capitalistes tentent] de consolider
[leurs] marges de profit au moyen de coupes salariales, de
l'intensification du procès de travail, de la violation des
législations du travail comme des droits des travailleurs, de
licenciements massifs, etc. Du point de vue des intérêts
du grand capital, la récession donne ainsi naissance à un
'processus de
destruction créatrice' : une redistribution des revenus et
du pouvoir au bénéfice du capital, une concentration de
la richesse dans un nombre encore plus réduit de mains (alors
que les petites et moyennes entreprises, en particulier dans le
commerce de détail, sont 'balayées' par les grandes
entreprises et les grands centres commerciaux). Cette stratégie
a sa propre rationalité, laquelle n'est pas tout à fait
évidente au premier regard. Elle saisit la crise
[économique] comme une occasion de réaliser un
basculement historique dans le rapport des forces au
bénéfice de la puissance capitaliste et soumet les
sociétés européennes aux conditions des
marchés financiers fonctionnant de manière
débridée. Cela en
visant à déposer toutes les conséquences de la
crise du système capitaliste sur les épaules des
travailleurs.
« Lorsqu'une grande entreprise dépend
des marchés financiers pour son financement, toute suspicion de
valorisation inadéquate augmente les coûts de financement,
réduit la possibilité d'obtention de financement et fait
baisser le prix des actions et des obligations. Faisant face à
un tel climat, les salariés, au sein de l'environnement
politisé de
l'entreprise, se trouvent face au dilemme de soit accepter les
conditions défavorables présentées par les
employeurs [des concessions antiouvrières] — ce qui implique une
dégradation de leurs capacités de négociation —,
soit être devant la possibilité de perdre leur
emploi : accepte les 'lois du capital' ou vis dans
l'insécurité et le chômage. Cette
pression touche l'ensemble de l'organisation du procès de
production. Elle présuppose donc non seulement l'accroissement
du 'despotisme' des managers sur les travailleurs, mais aussi la
flexibilité du marché du travail ainsi qu'un
chômage élevé. Il en découle que 'la
discipline de marché' doit être conçue comme un
synonyme de 'discipline du
capital'.
Il faut restreindre le droit de monopole !
Non au
droit de monopole ! Oui au droit public !
John Milios caractérise la lutte contre
l'austérité comme étant une lutte pour mobiliser
les gens afin de priver les forces du droit de monopole à droite
du pouvoir d'imposer leur diktat antisocial, ce qui détruit
l'économie.
« La majorité laborieuse dans
pratiquement tous les pays capitalistes sera toujours opposée
à la réduction des salaires et à la
précarisation de l'emploi, à la dégradation et au
démantèlement des services publics, à
l'augmentation des coûts des systèmes éducatifs et
de soins, à l'affaiblissement des institutions
démocratiques, au renforcement de la
répression. Ils concevront toujours 'la crise du travail'
(c'est-à-dire le chômage, le travail précaire et
non payé, etc.) comme une maladie sociale qui doit être
traitée en tant que telle et non comme un effet secondaire de la
restauration des profits.
« La poursuite de l'austérité
est par conséquent une question de rapports de forces sociaux.
Ainsi que le commentait Karl Marx au sujet des limites de la
journée de travail : 'le capitaliste se réclame donc
de son droit d'acheteur quand il cherche à rendre la
journée de travail aussi longue que possible [...]. D'un autre
côté, le travailleur se
réclame de son droit de vendeur quand il veut limiter la
journée de travail à une grandeur normale
déterminée. Il y a donc ici une antinomie, droit contre
droit, l'un et l'autre portant le sceau de la loi de l'échange
marchand. Entre des droits égaux, c'est la violence qui
tranche. »
Note
1. « It may well turn out that we are
watching not a Greek but a euro tragedy », The Sunday
Telegraph, Londres
L'annexe secrète sur les services
financiers de l'Accord
sur le commerce des services
Le Canada participe à des négociations
secrètes qui visent à déréglementer
davantage les marchés des services financiers mondiaux
Le 19 juin 2015, WikiLeaks
a publié le projet de
texte secret pour le TISA (Trade in Services Agreement - Accord sur le
commerce des services) et services financiers annexes. Ce texte
exfiltré montre que le Canada participe aux côtés
de 49 autres pays à des négociations secrètes qui
couvrent 68,2 % du commerce mondial des services.[1] Le
projet de texte provient de la ronde de négociations d'avril
2014, la sixième depuis avril 2013. Les États-Unis et
l'Union européenne sont les principaux promoteurs de l'accord et
les auteurs de la plupart des changements conjoints, qui couvrent
également le flux de données transfrontalières.
Prenant des mesures antitransparence importantes, les
parties ont décidé de tenir secret le projet non
seulement pendant les négociations, mais également
pendant cinq ans après l'entrée en vigueur du TISA. Dans
un mémoire sur le texte exfiltré du TISA Services
Financiers, le professeur Jane Kelsey, de la faculté de Droit de
l'Université d'Auckland,
Nouvelle-Zélande, souligne :
« La note explicative note que
l'ébauche du texte sera classée secrète pendant
cinq ans après que le TISA aura été mis en
application ou que l'on aura mis fin d'une autre façon aux
négociations. On peut supposer que cela s'applique à
d'autres documents en dehors du texte final. Cette disposition
dépasse les 4 ans prévus dans l'Accord de
partenariat transpacifique super-opaque (APTP) ! Elle est
également en contradiction avec la transparence remportée
de haute lutte à l'OMC, qui publie des documents relatifs aux
négociations sur l'Internet depuis un certain nombre
d'années.[2]
« L'opacité pendant les
négociations pour un traité commercial obligatoire et
exécutoire est répréhensible et peu
démocratique, et invite des décisions mal
documentées et partiales. Il est évident que
l'opacité après coup est destinée à
empêcher que les gouvernements soient tenus comme responsables
par leurs législatures et leurs citoyens.
« La suppression des documents d'information
(travaux préparatoires) crée également des
problèmes de droit. La Convention de Vienne sur le droit des
traités (The Vienna Convention on the Law of Treaties)
reconnaît que ceux-ci constituent un outil essentiel pour
l'interprétation des textes juridiques. La non-divulgation fait
qu'il est impossible
pour les preneurs de décisions, les régulateurs, les
agences de supervision non-gouvernementales, les partis d'opposition,
les sociétés de services financiers, les universitaires,
et les autres commentateurs de comprendre la signification voulue ou
appliquer le texte avec assurance. »
Le professeur Kelsey souligne que les États qui
poussent TISA ont été responsables des règles
financières pro-industrie de l'OMC. Elle note que les principaux
acteurs de l'OMC, dirigés par les États-Unis, le Canada,
l'Australie, la Suisse et l'UE, ont toujours refusé d'accepter
qu'il y ait un rapport quelconque entre les règles de l'OMC sur
les services
financiers et la crise financière mondiale de 2007-2008 :
« Au lieu de cela, ils ont continué à
négocier des traités bilatéraux de
libre-échange et d'investissement qui enferment les
gouvernements encore plus dans ces systèmes et étendent
encore plus leurs obligations. »
Les documents exfiltrés montrent que,
malgré les échecs de la régulation des
marchés financiers évidents lors de la crise
financière mondiale et les appels à l'amélioration
des structures réglementaires pertinentes,[3] les partisans de
TISA visent à déréglementer davantage les
marchés des services financiers mondiaux. Le projet de services
financiers
annexes fixe des règles qui aideraient l'expansion des
multinationales financières, dont le siège est
principalement à New York, Londres, Paris et Francfort, dans
d'autres pays par la prévention des obstacles
réglementaires. Le projet exfiltré montre
également
que les États-Unis sont particulièrement soucieux du
renforcement des flux de données
transfrontalières, ce qui permettrait l'échange sans
entrave des données personnelles et financières.
Les négociations du TISA ont lieu en ce moment,
à l'extérieur de l'Accord général sur le
commerce des services (AGCS) et du cadre de l'Organisation mondiale du
commerce (OMC). Toutefois, l'accord est conçu pour être
compatible avec l'AGCS afin qu'une masse critique de participants
soient en mesure de faire pression sur les autres membres de
l'OMC pour qu'ils signent dans l'avenir. Les grands absents des 50 pays
couverts par les négociations sont les pays du BRICS (le
Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine). La nature exclusive de
TISA va affaiblir leur position dans les futures négociations
sur les services.
En plus du Canada, les parties actuelles de l'OMC qui
négocient TISA sont : l'Australie, le Canada, le Chili,
Taïwan (Taipai chinois), la Colombie, le Costa Rica, Hong Kong,
la Chine, l'Islande, Israël, le Japon, le Liechtenstein, le
Mexique, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, le Pakistan, le
Panama, le Paraguay, le Pérou, la Corée du sud, la
Suisse, la Turquie, les États-Unis et l'Union
européenne, y compris ses 28 États membres, l'Autriche,
la Belgique, la Bulgarie, la Croatie, Chypre, la République
tchèque, le Danemark, l'Estonie, la Finlande, la France,
l'Allemagne, la Grèce, la Hongrie, l'Irlande, l'Italie, la
Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, Malte, les Pays-Bas, la Pologne,
le Portugal,
la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie, l'Espagne, la
Suède et le Royaume-Uni. La Chine et l'Uruguay ont
exprimé leur intérêt à se joindre aux
négociations, mais jusqu'à présent n'en font pas
partie.
La septième ronde de négociations devait
avoir lieu du 23 au 27 juin à Genève, en Suisse.
Notes
1. Swiss National Center for Competence in
Research : A Plurilateral Agenda for Services ? :
Assessing the Case for a Trade in Services Agreement, Working Paper No.
2013/29, May 2013, p. 10.
2.
https ://www.wto.org/french/tratop_f/serv_f/finance_f/finance_f.htm
3. Par exemple, en juin 2012, l'Équateur a
déposé des propositions pour repenser les
règlements et les règles de l'AGCS ; en septembre
2009, la Commission d'experts sur les réformes du système
monétaire et financier international, convoquée par le
président de l'Organisation des Nations unies et
présidée par Joseph Stiglitz a publié son
rapport final dans lequel on lit : « Tous les accords
commerciaux doivent être examinés pour s'assurer qu'ils
concordent avec la nécessité d'un cadre
réglementaire international global et inclusif qui est propice
à la prévention des crises et la gestion, aux mesures
anticycliques et prudentielles, au développement et à un
secteur financier plus
ouvert ».
(Source :
Wikileaks.org)
- Professeur Jane Kelsey,
Faculté de droit,
Université d'Auckland, Nouvelle-Zélande -
|
|
Théorie économique
-
Articles de discussion du Centre ouvrier du PCC(M-L) -
Termes, expressions et mots d'économie politique
Les termes, expressions et mots utilisés en
économie politique sont le reflet d'une analyse sous-jacente.
L'économie politique centrée sur l'humain place la classe
ouvrière et le travail, et non le capital, comme point de
départ et au coeur de son analyse. Il y a un parti pris dans
l'analyse centrée sur l'humain, un parti pris pour la classe
ouvrière et sa
lutte pour transformer la base économique en lui donnant une
nouvelle direction vers le socialisme et l'élimination de la
relation sociale qu'est le capital et du privilège de classe.
Si les termes posent
problème, c'est en raison du
conflit entre le caractère intégré et
socialisé de la production moderne, d'une part, et la
propriété privée de sections de l'économie
en concurrence, de l'autre. Les termes utilisés dans le cadre de
l'économie politique officielle reflètent non pas
l'économie socialisée mais plutôt le parti pris des
détenteurs
de capital. En conceptualisant ce qui est absent de l'analyse
centrée sur le capital, nous découvrons l'absence de
termes, d'expressions et de mots qui décrivent de façon
correcte la réalité du capitalisme monopoliste de
même que le rôle central de la classe ouvrière dans
l'économie moderne et sa détermination à
édifier le nouveau.
Par exemple, en utilisant le mot
« coût » pour décrire la
contribution et les réclamations du facteur humain à la
production et à la reproduction de la valeur, on déforme
la réalité économique. Le mot
« coût » ne peut pas non plus
décrire de façon adéquate le rôle des
matériaux produits par le travail précédent qui
sont
transférés dans le nouveau produit, ni les
réclamations des gouvernements et des prêteurs à la
valeur ajoutée.
Le mot « coût » est un
exemple parmi d'autres de comment les mots servent présentement
à déformer l'analyse économique afin de servir
l'objectif des détenteurs de capital qui est de maintenir le
statu quo de privilège de classe et d'avilir la classe
ouvrière par le biais d'une pensée et d'une
théorie désuètes. Le mot
« coût » en
particulier est devenu un champ de mines centré sur le capital
tellement déformé qu'il n'a plus aucun lien avec la
réalité économique, et ce, à tel point
qu'on dit régulièrement de toute réclamation,
à l'exception de celle faite par les détenteurs de
capital, qu'elle est un « coût ».
Selon les détenteurs de capital, le
« coût » qu'ils encourent comprend aussi le
facteur humain au travail et sa réclamation à la valeur
qu'il produit et reproduit par son travail. Dans leurs colonnes de
chiffres et leurs rapports trimestriels, ils parlent aussi de
« coûts » qu'ils encourent en vertu de la
valeur matérielle transférée qui
résulte d'un temps de travail antérieur (les machines et
les matières premières extraites et partiellement
raffinées, etc.), des réclamations des détenteurs
de dette (intérêt) et des réclamations des
gouvernements (impôts et frais). Cette interprétation
déforme ce qui en réalité est la
réclamation, le transfert et la distribution de la valeur au
cours du processus de
production et de sa réalisation. Le but des détenteurs de
capital est de marginaliser les producteurs de la valeur, la classe
ouvrière, et de faire de la relation sociale qu'est le capital
le centre de toute pensée et théorie économiques.
La classe ouvrière doit prendre en main la
tâche théorique de développer les termes,
expressions et mots qui reflètent fidèlement
l'économie moderne et le rôle central du facteur humain
dans la production de biens et de services. La terminologie
d'aujourd'hui qui place le capital au centre était
nécessaire au 19e siècle pour expliquer l'économie
politique du capital en relation avec les formations économiques
qui ont précédé le capitalisme, en particulier les
relations de production féodales. La théorie
centrée sur le capital a été
développée afin de répondre aux besoins du
capitalisme naissant et surmonter le pesant fardeau idéologique
de la théorie précapitaliste. Aujourd'hui, non seulement
cette
théorie est-elle désuète et requiert-elle un
renouveau, elle empêche carrément la société
d'avancer.
À mesure que la classe ouvrière a
gagné en maturité et est devenue capable, en tant que
force sociale, de faire progresser la société au
socialisme au-delà de la formation économique transitoire
que fut le capitalisme, il est donc devenu nécessaire de
développer une nouvelle économie politique centrée
sur l'humain. Ceci est devenu encore plus évident
avec la victoire de la révolution socialiste de 1917 en Russie,
le premier projet d'édification nationale de l'histoire
dirigé par la classe ouvrière qui a duré toute une
génération avant de se briser sur l'alliance
internationale du capital monopoliste et son assaut militaire,
économique, culturel, et avant tout, idéologique.
La classe ouvrière possède maintenant une
vaste expérience de plus de cent ans de lutte de classe contre
le système capitaliste monopoliste mondial. Les travailleurs et
leurs alliés ont la responsabilité de développer
leur propre pensée et théorie indépendantes
conformément au besoin de la classe ouvrière d'assumer sa
position centrale et dirigeante dans
les domaines politique, économique, social, culturel et, en
particulier, idéologique, et de faire progresser la
société vers le nouveau. Un aspect de ce travail consiste
à développer les termes, expressions et mots qui
reflètent fidèlement l'économie socialisée
moderne.
La classe ouvrière et non le capital est
au
coeur de l'économie moderne
L'économie politique centrée sur le
capital suppose que les instruments de production tels les
édifices et les machines forment le capital fixe tandis que le
matériel entièrement consommé dans le processus de
production est le capital circulant. Elle qualifie le temps de travail
de la classe ouvrière et sa réclamation à la
valeur qu'elle produit de coût pour
les détenteurs de capital.
Cette hypothèse désuète
déforme la conscience sociale de la classe ouvrière et
des sections intermédiaires de la société. En
affirmant que les moyens de production et la valeur du temps de travail
sont du capital plutôt que la richesse sociale appartenant de
droit aux véritables producteurs, elle cherche à semer
dans le cerveau des travailleurs et des
intellectuels la notion que le capital est la force motrice
nécessaire à la création de moyens de production
modernes et à la production de tous les autres biens et
services. Selon cette fable qu'on répète sans
relâche aux travailleurs, sans le capital et ses
détenteurs, aucune production moderne ne serait possible. Cette
fable leur est enfoncée par la force par le
mouvement mondial de la richesse sociale contrôlée par les
détenteurs de capital sans égard au bien-être de la
classe ouvrière, de l'économie et de la
société.
L'hypothèse de la nécessité du
capital pour qu'il y ait production est une fraude. Les moyens de
production sont le produit du temps de travail des êtres humains
qui les fabriquent. Les êtres humains ont toujours lutté
pour retirer le contrôle des moyens de production et des biens et
services qu'ils produisent des mains des classes sociales qui en ont
usurpé la propriété et le contrôle des mains
des vrais producteurs. C'est cette lutte de classe menée par le
peuple qui est la force motrice de la société.
Dans la société moderne, les
détenteurs de capital ont usurpé la
propriété, le contrôle et l'utilisation des moyens
de production et des biens et services que la classe ouvrière
produit. Les véritables producteurs d'aujourd'hui sont cependant
aussi déterminés que ne l'étaient leurs
ancêtres à contrôler et à s'approprier la
richesse sociale qu'ils produisent,
soit leurs moyens de production et les autres biens et services
produits par leur temps de travail. Si les esclaves pouvaient produire
sans les propriétaires d'esclaves, et les paysans, sans les
propriétaires fonciers, la classe ouvrière peut elle
aussi produire et s'épanouir sans les détenteurs de
capital.
Le capital est une relation sociale qui réduit
les producteurs véritables, la classe ouvrière, à
l'esclavage aux mains des détenteurs de capital. La relation
sociale qu'est le capital n'existe qu'au sein d'une période
historique spécifique très brève des forces de
production, celle du passage de la petite production dispersée
à la production industrielle de
masse. La classe ouvrière au sein de la relation sociale qu'est
le capital est le producteur de fait des biens et des services, y
compris les moyens de production, mais elle ne s'approprie ni ne
contrôle les moyens de production qu'elle utilise.
La relation sociale qu'est le capital a
été nécessaire à la transition entre les
petits moyens de production et les moyens de production modernes
socialisés de production de masse. La classe ouvrière
n'avait ni la capacité ni le nombre requis pour renverser le
féodalisme ni pour faire progresser la société
vers une production de masse moderne fondée sur
l'application de la science et de la technologie. La classe
ouvrière a dû vivre sous l'oppression au sein de la
relation sociale qu'est le capital dans cette période du passage
de la petite production à la production industrielle de masse,
jusqu'à ce que l'économie soit suffisamment
socialisée et que la classe ouvrière elle-même eut
atteint la force requise en
nombre, en éducation, en expérience et en
maturité, ce qui lui a permis de saisir le pouvoir politique
dans une épreuve de force avec les détenteurs de capital.
La première
tentative de la classe
ouvrière pour se libérer de la relation sociale qu'est le
capital fut la Commune de Paris de 1871, et celle-ci n'a duré
que deux mois. Par contre, elle a contribué à la
conscience de la classe ouvrière, aux possibilités de
produire et de vivre libérée des chaînes de la
relation sociale qu'est le capital. La lutte de classe pour
établir et défendre la Commune de Paris a permis à
la classe ouvrière de tirer des leçons pratiques en
matière de tactique et de stratégie qui lui ont permis de
mener la bataille pour se libérer de son esclavage au sein de la
relation sociale qu'est le capital. Karl Marx a fait avec brio le bilan
de ces leçons dans son oeuvre, La Guerre civile en
France.
La période de transition a pris fin de
façon décisive avec la montée du capitalisme
monopoliste autour du début du 20e siècle. Les
travailleurs et les paysans de la Russie en ont fait la preuve en 1917
lorsqu'ils ont mis fin à la période transitoire et ont
entamé le premier projet d'édification nationale
dirigée par la classe ouvrière. Cet effort de la classe
ouvrière pour mettre fin à la période de
transition et ouvrir un chemin sur la base de sa propre force, un
effort qui a duré 72 ans, a prouvé de façon
irréfutable que la classe ouvrière n'a plus besoin de
vivre dans les confins de la relation sociale antagoniste qu'est le
capital.
Ces deux évènements, en particulier la
formation de l'Union des Républiques socialistes
soviétiques, ont démontré incontestablement que la
relation sociale qu'est le capital n'est qu'une forme transitoire que
doit surmonter la classe ouvrière si elle veut faire progresser
la société et rompre une fois pour toutes avec l'ancien
système féodal de petite
production dispersée et de privilège de classe
dominé par l'obscurantisme clérical.
Les détenteurs de capital prétendent que
l'histoire a cessé de progresser vers l'élimination des
classes sociales et de la société de classes, et que la
relation sociale qu'est le capital sera à tout jamais
nécessaire. Les moyens de production des formations
économiques d'avant l'avènement du capitalisme
étaient le produit des producteurs véritables au sein
de ces systèmes depuis l'époque communale et les
sociétés d'avant les classes. La relation sociale qu'est
le capital n'était pas nécessaire à cette
époque pour produire les moyens de production et de services et
ne l'est pas davantage à l'époque contemporaine, qui est
celle de la classe ouvrière, de sa propre émancipation et
de la fin de toute exploitation de
classe.
Les détenteurs de capital ont servi seulement en
tant que force sociale nécessaire pour faire sortir la
société de la petite production féodale
dispersée et permettre l'application
généralisée de la science et de la technologie
à la production de masse. Dès que la production
industrielle de masse s'est répandue à l'échelle
mondiale en tant que système
dominant, l'existence même de la relation sociale qu'est le
capital et sa personnification en une classe sociale
privilégiée de détenteurs de capital qui
exploitent la classe ouvrière est devenue superflue,
désuète et un obstacle au progrès.
La classe ouvrière est la force sociale
nécessaire pour terminer le passage de la petite production
dispersée vers une production industrielle de masse
intégrée à l'échelle mondiale et
gouvernée en vertu d'une nouvelle relation de production
socialisée en harmonie avec l'économie socialisée.
Un échange tout à fait extraordinaire,
unique et désuet
Bien que les travailleurs puissent penser que
l'échange de leur capacité de travailler contre un
salaire est la chose la plus ordinaire qui soit, ils se trompent :
il s'agit là de la chose la plus extraordinaire, unique et
désuète qui soit.
Dans un échange ordinaire, une valeur d'usage est
échangée contre une autre valeur d'usage, habituellement
une valeur d'usage contre de l'argent, qu'on peut ensuite
échanger contre une valeur d'usage équivalente : une
pointe de tarte contre de l'argent, une auto contre de l'argent, un
jouet, un outil, une machine contre de l'argent, et ensuite,
l'argent contre une valeur d'usage équivalente.
Une valeur d'usage est échangée contre une
valeur équivalente d'argent. L'acheteur jouit de la valeur
d'usage et le vendeur jouit de la valeur équivalente de sa vente
déterminée en grande partie par le coût de
production. L'argent peut ensuite servir à acheter une valeur
d'usage. Ainsi, il s'agit essentiellement d'un échange entre une
valeur d'usage et
une autre valeur d'usage.
Le vendeur peut aussi jouir de la pleine valeur de la
valeur d'usage si tel est son souhait. Il peut refuser de vendre ce qui
lui appartient et tout simplement manger la tarte, conduire
l'automobile, s'amuser avec le jouet ou utiliser l'outil et la machine
pour fabriquer quelque chose.
Or, la situation est différente lorsque les
travailleurs vendent leur capacité de travail. Ils ne se vendent
pas en tant que valeur d'usage puisque le capitalisme interdit
l'esclavage. Ils vendent plutôt la valeur d'échange de
leur capacité de travailler, qui représente leur propre
prix de production en tant que travailleurs potentiels, le temps de
travail qui a
contribué à créer leur capacité de travail.
Dans cet échange des plus extraordinaire et
unique, les travailleurs sont floués puisque la valeur qu'ils
reçoivent en échange de leur capacité de
travailler est inférieure à la valeur d'usage qui est
créée et qui est entre les mains des détenteurs de
capital ou de leur État qui achètent ce qui existe en
potentiel et emploient la valeur d'usage réelle dans le
travail.
Les travailleurs ne peuvent vendre ni jouir de la pleine
valeur de leur valeur d'usage, soit leur capacité de travailler
en action, puisque, pour eux, celle-ci existe uniquement en tant que
potentiel. Pour permettre à la capacité de travailler de
devenir une valeur d'usage dans le contexte des relations de production
actuelles, cette capacité de travailler doit
tomber sous l'emprise et se soumettre au contrôle de la relation
sociale qu'est le capital. Les détenteurs de richesse sociale se
servent du fait qu'ils possèdent et contrôlent les moyens
de production ainsi que de leur domination de l'État pour
empêcher les travailleurs de se mobiliser et de déployer
leur potentiel de travailler sur des moyens de production
qu'ils contrôlent dans leurs propres intérêts et
dans l'intérêt général de la
société.
Par exemple, quelle est l'utilité pour un
chômeur d'avoir une capacité de travailler ? Celle-ci
n'existe qu'en tant que temps de travail figé dans le
travailleur en attendant d'être exploitée par les
détenteurs de richesse sociale ou leur État au moment de
la vente de sa valeur d'échange. Sans ce processus de vente, la
valeur d'échange existe en vertu
de la capacité de travailler qu'elle représente en tant
que valeur d'usage potentielle et non pas comme une
réalité mise en oeuvre par le travail, comme une valeur
d'usage réelle qui peut reproduire non seulement sa
capacité de travailler, mais aussi produire la pleine valeur
additionnelle de sa valeur d'usage.
Leur capacité de travailler n'est d'aucune
utilité pour les travailleurs sans emploi, puisqu'ils ne
possèdent pas de richesse sociale suffisante pour embaucher des
travailleurs dans le contexte de la relation sociale qu'est le capital.
S'ils avaient une telle richesse sociale, ils ne seraient pas des
travailleurs et encore moins des chômeurs. Leur capacité
de
travailler est mise en veilleuse et ne devient une valeur d'usage
réelle que lorsque leur valeur d'échange est vendue et
appliquée et utilisée sur les moyens de production au
sein de la relation sociale qu'est le capital.
Pour que la valeur d'usage des chômeurs prenne vie
et devienne utile, les chômeurs doivent être
embauchés par les détenteurs de richesse sociale ou par
l'État en vertu de la relation sociale qu'est le capital. Ces
derniers doivent les déployer sur les moyens de production
qu'ils possèdent et qu'ils contrôlent. En retour, ils
paient aux travailleurs la valeur
d'échange de leur capacité de travailler, leur valeur
d'usage potentielle, et reçoivent en échange la valeur
d'usage réelle mise en action. La valeur d'usage en action des
travailleurs produit sa pleine valeur, qui comprend la valeur
d'échange de la capacité de travailler qui a
été achetée de même que la valeur
ajoutée qui devient le profit des détenteurs de
capital, des prêteurs et de l'État. La valeur d'usage en
action facilite aussi la préservation et le transfert au nouveau
produit de la valeur figée des moyens de production
consommés au cours du processus de production.
Les détenteurs de richesse sociale et leur
État, qui possèdent et contrôlent les moyens de
production, saisissent et contrôlent la valeur d'usage des
travailleurs ainsi que toute la valeur qu'elle produit, reproduit et
transfère. Dans l'échange, ils ne paient pas aux
travailleurs la pleine valeur de leur valeur d'usage mais
seulement la valeur
d'échange de leur capacité de travailler, leur valeur
d'usage potentielle, qui est moindre.
Contrairement à la tarte, au jouet, à
l'outil et à la machine, la valeur de la capacité de
travailler lorsque consommée est supérieure à sa
valeur d'échange lorsque vendue. La différence entre la
valeur d'échange de la capacité de travailler, la valeur
d'usage potentielle et la valeur de la valeur d'usage en action est la
valeur ajoutée, qui augmente la
richesse sociale et rend les capitalistes riches et
privilégiés.
L'échange de la capacité des travailleurs
de travailler contre un salaire est tout à fait extraordinaire,
unique et désuet. Le système salarial au sein de la
relation sociale qu'est le capital prive les travailleurs du droit de
déployer et de contrôler leur travail et de diriger leur
valeur d'usage, leur capacité de travailler en action, et d'en
récolter les fruits. La
classe ouvrière doit s'organiser pour priver la relation sociale
qu'est le capital et son État du pouvoir de priver les
travailleurs du droit de veiller à ce que leur travail et la
pleine valeur produite par ce travail puissent bénéficier
aux véritables producteurs, à leur économie et
à l'intérêt général de la
société.
Les travailleurs doivent augmenter la richesse
sociale
par le travail pour être considérés
comme
étant productifs
Sous le système capitaliste, la capacité
de travailler est inutile à moins qu'elle n'augmente la richesse
sociale par le travail ou serve à protéger la relation
sociale qu'est le capital et son État. Les détenteurs de
la richesse sociale n'emploieront pas les travailleurs à moins
que leur capacité de travailler ne cadre dans leur plan
d'ensemble pour augmenter
leur richesse sociale ou ne serve leur État d'une manière
ou d'une autre. Le système perpétue les privilèges
de classe, l'emprisonnement des travailleurs au sein de la relation
sociale antagoniste qu'est le capital et son État capitaliste
monopoliste.
Si les travailleurs demandent à recevoir en
salaire la pleine valeur de leur valeur d'usage, qui est leur
capacité de travailler en action, les détenteurs du
capital ne les engageront pas. Pourquoi le feraient-ils lorsque la
seule raison d'acheter la capacité de travailler du travailleur
est d'augmenter la richesse sociale ou la protéger et
protéger l'État ?
La différence entre ce que les travailleurs reçoivent en
salaire et la valeur qu'ils produisent par le travail est la valeur
ajoutée que saisissent les détenteurs du capital, ce qui
les rend riches et perpétue leur privilège de classe.
Si la valeur ajoutée approche
zéro, les
détenteurs de la richesse sociale refuseront d'acheter la
capacité des travailleurs de travailler. Telle est la
réalité de la relation sociale qu'est le capital, qui
emprisonne présentement la classe ouvrière. Pour que cela
change, le système doit être transformé, de
l'État capitaliste monopoliste actuel en un nouveau
système socialiste de production industrielle de masse sous le
contrôle des producteurs, la classe ouvrière, sans le
poids mort sur leurs épaules de la relation sociale qu'est le
capital.
Les travailleurs doivent se retirer de la relation
sociale qu'est le capital et son État et faire un geste
audacieux pour assumer le plein contrôle de leur valeur d'usage,
qui est leur capacité de travailler en action. Les travailleurs
pourront alors façonner leur propre projet d'édification
nationale, un État à leur image qui investit le peuple de
la souveraineté.
Ils détiendront et contrôleront les fruits de leur
travail, en particulier les moyens de production, et seront à
même de déployer leur capacité de travailler, leur
valeur d'usage en action, de même que de contrôler la
distribution de la valeur que leur travail crée en transformant
les richesses de la Terre-Mère.
La classe ouvrière n'a pas besoin de la relation
sociale qu'est le capital et son État capitaliste monopoliste
pour travailler et produire. Au contraire, pour jouir des fruits de
leur travail et façonner de nouvelles relations harmonieuses
entre eux et un nouveau système économique sans crises,
chômage, pauvreté, insécurité et guerre, les
travailleurs doivent
conquérir leur indépendance et leur liberté par
rapport à la relation sociale qu'est le capital et son
État.
La source de la valeur dans la production
des biens et
services
La valeur économique provient du travail de la
classe ouvrière utilisant des moyens de production
déjà produits pour transformer des matériaux
d'origine naturelle en biens utilisables et fournir des services. La
valeur que les travailleurs produisent et reproduisent dans le cadre du
travail à même les moyens modernes de production est soit
transférée
dans d'autres moyens de production ou consommée en tant que
biens et services.
La valeur que les travailleurs reproduisent et
transfèrent dans les biens et services ne peut pas et ne devrait
pas être appelée un coût. La valeur
transférée des biens précédemment produits
se maintient dans le bien ou service nouvellement produit. La valeur
transférée est payée à même la valeur
dans laquelle elle réside maintenant lorsque celle-ci est
réalisée (par la vente du produit). La valeur
transférée ne peut pas devenir et ne devient pas un
coût dans le processus de production. L'affirmation des
détenteurs du capital à l'effet que la valeur
transférée est un coût pour eux simplement parce
qu'ils la paient est subjective et unilatérale.
Les détenteurs des moyens de production
achètent des matériaux et des instruments de production
lorsqu'ils organisent leur entreprise. La valeur des moyens de
production qu'ils achètent est transférée dans les
biens et services que leurs travailleurs produisent. La valeur
transférée des moyens de production achetés et
consommés est retournée aux
détenteurs lorsque le bien ou service nouvellement produit est
vendu à quelqu'un d'autre. Les travailleurs par leur travail
transfèrent la valeur déjà existante dans de
nouveaux produits et services. Ce transfert a lieu d'un coup avec des
matériaux comme le minerai de fer ou au fil du temps avec la
machinerie, les outils, les bâtiments et les équipements.
La théorie centrée sur le capital appelle
systématiquement une machine ou un bâtiment un
« coût fixe », le minerai de fer un
« coût circulant » et les travailleurs un
« coût de production ou de ventes ». C'est
faux. Cela déforme le processus moderne de production
intégrée.
La valeur contenue dans la machine, le bâtiment et
le minerai de fer est préservée lorsque
transférée dans le processus de travail pour produire des
biens et services. La valeur de la capacité de travailler de la
classe ouvrière est reproduite lors du travail et
incorporée dans le bien ou service. Lorsqu'elle est
achetée, une valeur ne disparaît pas pour
devenir soudainement un coût pour ses détenteurs. La
valeur transférée, la valeur reproduite et la valeur
ajoutée que la classe ouvrière produit sont
retournées lorsque le bien ou service est réalisé.
La valeur ne peut pas et ne doit pas être
considérée comme un coût pour l'économie ou
pour n'importe quel participant dans l'économie.
Une machine est un actif fixe représentant une
valeur réelle attendant d'être transférée
à la nouvelle production de biens ou services ; le minerai
de fer est un moyen de production qui transfère sa valeur tout
d'un coup lorsqu'il est utilisé ; la classe ouvrière
reproduit par le travail la valeur de sa capacité de travailler
et produit en plus une
nouvelle valeur ajoutée. La classe ouvrière est le
facteur humain actif qui transfère par le travail la valeur
contenue dans les moyens de production, reproduit une nouvelle valeur
qui contient la valeur de sa capacité de travailler et produit
la valeur ajoutée, laquelle élargit le bassin de la
richesse sociale disponible dans l'économie socialisée.
Dans la théorie économique, la machine et
le matériau renferment le temps de travail cristallisé ou
figé et sont capables, par le travail, de transférer la
valeur de ce temps de travail cristallisé à la production
de nouveaux biens et services.
Le temps de travail original pour produire la machine,
moins la dépréciation, plus le temps de travail pour
maintenir et renouveler la machine, donne à la machine sa valeur
courante appelée valeur transférée fixe.
Le temps de travail original pour produire et livrer le
matériel tel le minerai de fer lui donne une valeur courante,
appelée valeur transférée circulante.
Le temps de travail original pour produire la classe
ouvrière, par l'éducation familiale et les institutions
sociales et par l'expérience, moins l'usure du corps et plus le
temps de travail pour maintenir le facteur humain par les soins de
santé et d'autres moyens donne à la capacité de
travailler de la classe ouvrière sa valeur courante en terme
économique, une valeur qu'elle reproduit constamment par son
temps de travail et qui a le potentiel de produire la valeur
ajoutée au-delà de sa valeur reproduite.
Le temps de travail vivant ou présent de la
classe ouvrière reproduit sa capacité de travailler, tant
sa formation individuelle et son éducation par la famille,
appelée valeur individuelle reproduite, que sa formation sociale
par des institutions de la société telles
l'éducation et les soins de santé publics, appelée
valeur sociale reproduite.
La valeur de la valeur reproduite en relation avec les
biens et services qu'elle peut acheter au sein de l'économie est
déterminée par la lutte de classe organisée de la
classe ouvrière à la défense de ses droits, par le
niveau de développement des forces productives, des programmes
sociaux et des services publics, et par l'État du mouvement
révolutionnaire international de la classe ouvrière,
selon qu'il est en essor ou en retraite.
Le temps de travail vivant ou actuel de la classe
ouvrière produit aussi une valeur additionnelle appelée
valeur ajoutée, en plus de la valeur transférée
existante qu'elle transfère dans la nouvelle production et de la
valeur de sa capacité de travailler qu'elle reproduit.
Le temps de travail de la classe ouvrière
utilisant des moyens de production déjà produits pour
transformer des matériaux d'origine naturelle en biens
utilisables et fournir des services est la source de leur valeur
économique.
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