Le Marxiste-Léniniste

Numéro 162 - 2 décembre 2014

Le voyage du gouvernement Harper en Chine

Ce que les commis-voyageurs
des monopoles ont accompli


Le voyage du gouvernement Harper en Chine
Ce que les commis-voyageurs des monopoles ont accompli - Louis Lang

Anniversaire des deux mois de la disparition des étudiants mexicains
Manifestations de masse pour exiger la justice et dénoncer la violence et l'impunité de l'État


Le voyage du gouvernement Harper en Chine

Ce que les commis-voyageurs
des monopoles ont accompli

La plus récente visite en Chine du premier ministre Stephen Harper démontre jusqu'à quel point le gouvernement du Canada est prêt à mettre toutes les ressources humaines et matérielles du gouvernement et du pays à la disposition des monopoles les plus puissants en Amérique du Nord afin de les aider à dominer les marchés internationaux. Selon les communiqués de presse émis par le Cabinet du premier ministre (CPM), celui-ci prétend que ce voyage en Chine a rapporté plus de 2,5 milliards $ en « ententes ». On prétend aussi que ces « ententes » vont créer des milliers d'emplois et qu'elles seront bénéfiques pour l'économie du Canada. En réalité, ce voyage démontre clairement comment, depuis les voyages de l'Équipe Canada du premier ministre libéral Jean Chrétien au début des années 90, les affaires internationales et la diplomatie du Canada ont été de plus en plus cédées aux intérêts privés. Aujourd'hui, avec Stephen Harper, le commerce et la prétendue diplomatie économique sont au coeur de leur politique étrangère. Ainsi, Harper a de façon systématique mis toutes les ressources diplomatiques et étrangères du gouvernement canadien au service de certains monopoles afin de les appuyer dans leur objectif de maximiser leurs profits partout dans le monde. Au nom de la création d'emplois et de la diplomatie économique, une société qu'on disait au service de l'intérêt public a cessé d'exister. Les intérêts les plus étroits occupent maintenant la place jadis occupée par l'intérêt public. La concurrence entre ces mêmes intérêts crée le chaos, exacerbant toutes les crises affectant le peuple.

La visite de quatre jours en Chine a eu lieu du 4 au 6 novembre. La délégation était composée de plusieurs ministres du cabinet : John Baird, des Affaires étrangères, James Moore, du ministère de l'Industrie, Ed Fast, du Commerce international, Gerry Gitz, de l'Agriculture, et Alice Wong, ministre d'État responsable des aînés. Ont aussi fait partie de la délégation des représentants d'entreprises provenant de nombreux secteurs de l'économie, y compris les producteurs canadiens de porc, de boeuf et de céréales, des porte-parole de compagnies de services financiers ainsi que des représentants de compagnies d'ingénierie et de sociétés minières, de pétrole et de gaz.

Les médias ont mis l'accent sur le fait que la Chine est maintenant le deuxième plus important partenaire commercial du Canada et que le Canada accuse un déficit commercial de 31 milliards $ envers la Chine, un problème auquel il faut s'attaquer. Parlant de la nécessité de nouveaux investissements chinois au Canada, John Manley, le dirigeant du Conseil canadien des chefs d'entreprises a dit que les Chinois s'attendent à ce que Harper clarifie la position du Canada en matière d'investissements. Il a dit : « Et j'espère que tel sera le cas, puisque le besoin de capital sera toujours présent au Canada si nous voulons développer nos ressources naturelles, d'autant plus qu'il s'agit là d'une source importante de capital international. Nous n'avons donc pas d'autre choix que de faire preuve d'ouverture envers la Chine en tant que source de développement des chaînes d'approvisionnement asiatiques. »

Voici certaines des ententes les plus importantes qui ont été conclues en Chine :

1) Le Canada et la Chine ont conclu une entente d'échange réciproque de devises pour faciliter le commerce entre les deux pays. Un centre de conversion de devises sera établi au Canada pour faciliter l'échange entre le dollar canadien et le yuan chinois aussi dénommé renminbi. Les exportateurs canadiens ne seront plus obligés d'avoir recours au dollar américain dans leurs transactions avec la Chine, ce qui réduira les frais de change.

2) Bombardier au Québec a signé un contrat de plus de 1 milliard $ avec le China Express Airlines pour l'achat de 16 avions, avec la possibilité d'en acheter huit autres.

3) Air Canada a signé un protocole d'entente « pour créer une coentreprise avec Air China. Compte tenu de la taille et de la croissance du marché Canada-Chine, la coentreprise devrait, sur une période de plusieurs années, générer plus de 500 millions de dollars canadiens en recettes annuelles supplémentaires pour ses partenaires lorsqu'elle aura atteint sa pleine maturité, c'est-à-dire quand le réseau aura été élargi et que les deux transporteurs auront augmenté la fréquence des vols et le nombre d'aéronefs. »

4) Le Protocole d'entente sur la coopération en matière d'énergie nucléaire a été bonifié afin d'aider l'industrie nucléaire canadienne à augmenter ses exportations en Chine et prétendument générer des emplois et la croissance dans le secteur de l'énergie nucléaire canadienne.

5) En vertu de ce Protocole d'entente, la société ontarienne Candu Energy Inc. a signé une entente-cadre sur la création d'une coentreprise avec la Société nucléaire nationale de Chine sur le développement du réacteur à combustible avancé Candu et sur de nouveaux projets de construction Candu en Chine et ailleurs dans le monde.

6) Des ententes ont aussi été conclues permettant d'ouvrir des marchés en Chine pour les cerises de la Colombie-Britannique et les bleuets du Québec.

L'Accord avec Candu Energy

Ces ententes avec la Chine démontrent clairement que l'ordre du jour du gouvernement Harper est de se servir des ressources de l'État pour rendre les monopoles compétitifs sur les marchés mondiaux, au grand détriment de l'intérêt public et du bien-être de l'économie canadienne. La promotion éhontée par le gouvernement Harper des intérêts privés au détriment de l'intérêt public est un abandon des responsabilités liées à ses fonctions publiques et l'expression d'une totale corruption. Une société moderne et éclairée ne peut permettre que son service diplomatique soit mis à la disposition des intérêts étroits des monopoles de l'Amérique du Nord et la destruction des avoirs publics y serait ajoutée au code criminel à titre de crime social.

Examinons de plus près l'entente qui permet à Candu Energy Inc.de participer à la construction de réacteurs nucléaires en Chine. Entre autres choses, elle nous permet de constater l'ampleur de la trahison du gouvernement Harper envers l'intérêt public et le bien-être des Canadiens au bénéfice des sociétés monopolistes les plus puissantes. Elle démontre aussi l'échec des médias monopolisés à obliger le gouvernement à rendre des comptes pour son hypocrisie et à informer adéquatement le peuple au sujet du sens véritable de cette entente.

La coentreprise liant Candu Energy Inc.et la Société nucléaire nationale de Chine est une entente majeure à long terme qui prévoit le développement et l'exportation de réacteurs à combustible avancé. C'est une occasion unique pour SNC-Lavalin, qui a établi Candu Energy Inc.comme filiale en propriété exclusive en 2011, lorsqu'Énergie atomique du Canada Inc. (EACI) a été vendue à SNC-Lavalin par le gouvernement Harper pour la somme de 15 millions $. Cette vente comprenait entre autres la technologie et l'expertise touchant au réacteur à combustible avancé Candu (RACA), qui peut récupérer le combustible usé de quatre types différents de réacteurs légers, créant ainsi un important marché potentiel en Chine et dans plusieurs autres pays pour l'entreprise SNC-Lavalin.

À l'heure actuelle, la Chine exploite 22 réacteurs nucléaires, y compris deux réacteurs Candu 6 au Qinshan, vendus à la Chine dans les années 90 par EACI et exploités commercialement depuis. La Chine a 26 réacteurs en construction et d'autres sont à l'étape de projet. Elle prévoit avoir un réseau de près de 300 centrales nucléaires fonctionnelles dès 2040.

Évidemment, avec ce contrat, Candu bénéficiera de super profits pour au moins les vingt années à venir. En entrevue, le PDG de Candu, Preston Swafford, a déclaré : « La capacité de fusionner près de quatre réacteurs à eau légère et un réacteur Candu représente une chance inouïe pour le développement de l'ingénierie nucléaire de haut niveau, d'emplois hautement qualifiés ici au Canada ainsi que d'usines de fabrication ici-même au Canada. »

Leurs coûts pouvant atteindre de 5,5 milliards $ à 7 milliards $ chacun, les réacteurs chinois pourraient générer des revenus substantiels pour Candu. Le premier réacteur ne serait sans doute fonctionnel que dans huit ou dix années, mais pendant ce temps, Candu s'affairera à peaufiner leur structure et leur développement.

Des essais en Chine et au Canada confirment que les réacteurs Candu brûleront à la fois l'uranium et le thorium usés, ce dernier étant un élément radioactif qui existe en abondance. Les grands patrons de Candu se réjouissent de la haute technologie qu'ils ont héritée d'ÉACI, technologie qui est en demande et qui fait de Candu un chef de file de l'industrie de l'énergie nucléaire.


Des scientifiques nucléaires tiennent un piquetage d’information pour défendre l’expertise nucléaire du Canada contre la privatisation devant les laboratoires de Chalk River, le 9 septembre 2014

Aucun des rapports sur l'importance de cet énorme contrat qui assure des profits phénoménaux et d'autres avantages à long terme pour SNC Lavalin et Candu Énergy Inc. ne mentionne qu'il s'agit de la part des conservateurs de Harper d'une trahison de l'intérêt public qui demande que le développement de la technologie nucléaire soit fait sous autorité publique et pour le bien-être de tous les Canadiens. La privatisation d'ÉACI a été un acte prémédité de la part de Harper et de ses ministres qui ont menti sans arrêt aux Canadiens pour justifier la cession de l'une des plus importantes sociétés de la Couronne canadiennes à SNC-Lavalin. On a dit aux Canadiens que le gouvernement ne devait plus « subventionner les ventes de réacteurs nucléaires », et qu'ÉACI constituait un risque financier pour le « contribuable canadien ».

Aussi, lors de la vente d'ÉACI en juin 2011, le gouvernement Harper a eu l'audace d'offrir 75 millions $ à SNC-Lavalin (cinq fois plus que ce que lui avait coûté ÉACI) afin que SNC puisse finaliser le développement du nouveau Candu 6 amélioré, lequel est essentiel à cette entente récente de plusieurs milliards de dollars avec la Chine.

Comme l'a souligné l'article, « La privatisation d'Énergie atomique du Canada - un cadeau de Harper à SNC-Lavalin » , dans Le Marxiste-Léniniste du 24 janvier 2014, dès les premiers mois de la vente d'ÉACI, Candu Énergy Inc. a pu obtenir plus de 1 milliard $ en contrats avec l'Ontario et l'Argentine. Depuis ce temps, plusieurs autres contrats de plusieurs milliards de dollars ont été signés pour la remise à neuf de vieux réacteurs et la construction de nouveaux réacteurs.

Cette transaction de la part du gouvernement Harper a résulté en un transfert massif d'avoirs publics importants, de technologie, de savoir et de développement dans le domaine de l'énergie nucléaire sécuritaire, retirant le tout du domaine public pour l'injecter dans le domaine privé. Si ÉACL existait toujours en tant que société de la Couronne, cette entente avec la Chine l'aurait consolidée à tous les niveaux. Toutes ses ressources seraient restées sous autorité publique, ce qui lui aurait permis de servir les intérêts de tous les Canadiens non seulement en ce qui concerne le développement de l'énergie nucléaire, mais aussi pour ce qui est de garantir un approvisionnement important d'isotopes médicaux au système de santé à des coûts raisonnables.

Ces ententes avec la Chine démontrent clairement que l'ordre du jour de la section de l'oligarchie financière internationale qui a pris les commandes de l'État canadien au nom du libre marché, de la démocratie et des droits de la personne, se poursuit au détriment du peuple. Le déploiement des ressources de l'État par le gouvernement Harper pour rendre les monopoles concurrentiels sur les marchés mondiaux se fait sans l'ombre d'un doute aux dépens de l'intérêt public et du bien-être de l'économie et du peuple du Canada. La corruption du gouvernement Harper est telle qu'il se permet de remettre Énergie atomique du Canada entre les mains d'intérêts privés. Une société moderne et éclairée ne permettrait jamais que son service civil à l'étranger soit mis à la disposition des intérêts étroits des monopoles de l'Amérique du Nord, et la destruction des avoirs publics y serait ajoutée au code criminel à titre de crime social.

(Source : Cabinet du premier ministre. Photos : LML, IPFPC)

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Anniversaire des deux mois de la disparition des étudiants mexicains

Manifestations de masse pour exiger la justice et dénoncer la violence et l'impunité de l'État


Proverbe mexicain sur une pancarte à la manifestation du 20 novembre 2014 à Toronto: « Ils ont essayé de nous enterrer--ils ne savaient pas que nous étions des semences »

Le 26 novembre 2014 a marqué l'anniversaire des deux mois de la disparition de 43 élèves-enseignants d'Ayotzinapa, dans l'État de Guerrero au Mexique. Les manifestations de plus en plus nombreuses montrent l'indignation populaire. Le cas des étudiants disparus a exposé la corruption de l'État mexicain et de ses agences de sécurité et leur refus de s'occuper du bien-être du peuple mexicain. Il a montré également que l'asservissement du gouvernement mexicain devant les intérêts des États-Unis dans la « guerre à la drogue » a grandement contribué à la militarisation du Mexique et à l'augmentation subséquente de l'anarchie, de la violence et de l'impunité au nom de la répression du trafic illégal de drogues. La répression massive de l'État et la violence utilisée contre les manifestants, deux choses que rejettent fermement les Mexicains, soulignent la crise du gouvernement mexicain.

Cette résistance est connue comme le mouvement #YaMeCanse (« je suis fatigué »), une allusion à une phrase prononcée par le procureur général (PGR) pour dire qu'il était épuisé par cette affaire et utilisée pour ridiculiser et dénoncer l'indifférence de l'État mexicain ainsi que souligner que les gens en ont assez de la corruption du gouvernement. Le procureur général a fait cette déclaration aux médias alors que ce sont les familles des disparus qui souffrent le plus et qui sont mortes d'inquiétude.

Selon de nouvelles informations, un autre enlèvement de 31 étudiants aurait eu lieu en juillet de cette année à Cocula, également dans le sud de l'État mexicain de Guerrero, non loin d'Iguala, lieu de l'enlèvement des étudiants d'Ayotzinapa le 26 septembre. Le 27 novembre, le gouvernement de l'État a admis que les disparitions et les enlèvements de Cocula avaient effectivement eu lieu les 2 et 3 juillet 2014, après avoir initialement dit qu'il était en train de vérifier ces informations. Le gouverneur a cyniquement déclaré que « les informations sur cet enlèvement sont disponibles sur le site Web du gouvernement de l'État de Guerrero... il a été signalé malgré que personne n'ait rapporté ce crime ». France 24 a déclaré avoir interviewé plusieurs résidents de Cocula, qui ont tous confirmé l'enlèvement. Tous les témoins ont dit que à Cocula, personne ne voulait déclarer cet enlèvement de masse parce, comme leurs enfants, ils ont été menacés de mort par des criminels lourdement armés.


Une effigie du président Pena Nieto est brûlée sur la Place du  Zocalo, la place centrale de Mexico, lors d'un rassemblement de 100 000 personnes contre la violence et l'impunité de l’État.

Manifestation des enseignants et des étudiants de Guerrero pour souligner les deux mois de la disparition des 43 étudiants

Pour marquer l'anniversaire de la disparition des 43 étudiants de l'École normale d'Ayotzinapa, leurs camarades de classe, les enseignants et les organisations sociales ont bloqué une autoroute reliant la capitale mexicaine à la ville balnéaire d'Acapulco.

Les familles des étudiants disparus ont annulé une rencontre avec le directeur de la sécurité nationale du Mexique, Alejandro Rubido, qui devait avoir lieu à l'aéroport de Chilpancingo. Elles ont annulé cette rencontre pour protester contre la présence de plus de 500 policiers fédéraux déployés pour réprimer les manifestations dans la ville.

Des manifestations ont également eu lieu pour exiger la libération de 11 manifestants, la plupart des étudiants de l'Université nationale autonome du Mexique (UNAM), arrêtés le 20 novembre au cours d'affrontements avec la police à Mexico sous de fausses accusations de terrorisme, de criminalité organisée, de tentative d'homicide et de sédition, ce qui les rendait inadmissibles à une libération sous caution. Ils ont été temporairement détenus par le procureur adjoint aux enquêtes spécialisées sur le crime organisé (SIEDO) avant d'être transférés dans des prisons de haute sécurité dans les États de Veracruz et de Nayarit. Le 29 novembre, un juge de Xalapa, la capitale de l'État de Veracruz, a jugé que les preuves étaient insuffisantes pour poursuivre les 11 manifestants.

Alejandro Jimenez, un avocat de l'Institut mexicain pour la démocratie et les droits de l'homme a déclaré que « en cette période tendue que traverse le pays, si le procureur général veut retrouver un peu de crédibilité, il doit cesser d'exploiter le système juridique pour des motifs politiques, [tandis que] le gouvernement fédéral doit cesser d'utiliser politiquement le bureau du procureur général ».

Malgré les menaces du président du Mexique, Enrique Peña Nieto, de recourir à la force contre les manifestants, les manifestations pour les étudiants disparus d'Ayotzinapa se poursuivent dans tout le Mexique. Des centaines de milliers de manifestants ont envahi les rues pour exiger le retour en vie des 43 étudiants disparus.

La journée d'action globale pour Ayotzinapa du 20 novembre

Des manifestations ont eu lieu dans tout le Mexique et dans le monde entier le 20 novembre, Jour de la révolution mexicaine, dans le cadre de la « Journée d'action globale pour Ayotzinapa ». Des manifestations ont eu lieu dans toutes les grandes villes au Mexique. Les Mexicains ont été appelés à ne pas se rendre au travail ni à l'école et à participer à une grève nationale. Des manifestations ont également eu lieu aux États-Unis, au Canada, en Espagne et aux Pays-Bas.

Mexico


Les manifestations organisées à Mexico, la capitale du pays, siège du gouvernement fédéral et où vit plus d'un quart de la population du pays, ont donné le ton à ces actions mondiales. On estime que 100 000 personnes se sont rassemblées sur la Place du Zocalo, la place centrale historique de la ville.

Les familles des 43 étudiants disparus ont conduit trois caravanes à Mexico. En arrivant dans la capitale, les caravanes sont devenues trois marches partant des points les plus importants de la ville : l'Ange de l'indépendance, Tlatelolco, le lieu du massacre tragique de centaines d'étudiants en 1968 et le Monument de la révolution, et se sont dirigées vers la Place du Zocalo.

Des manifestations et des actions transfrontalières simultanées ont eu lieu dans les villes de Ciudad Juarez et d'El Paso au Texas. Ces deux villes forment la plus grande ville frontière au monde. Les ponts internationaux ont été temporairement fermés par les manifestants. À la fin du blocus, les manifestants ont exigé avec succès le passage gratuit des centaines de véhicules de tourisme, qui doivent généralement payer 26 pesos (environ deux dollars) pour traverser le pont. Des milliers de manifestants ont manifesté contre le défilé officiel de Juarez, tandis qu'à El Paso les organisations étudiantes et de solidarité ont convergé vers le consulat mexicain.

À Hermosillo, dans le nord de l'État de Sonora, des milliers de manifestants ont participé à une marche organisée par les syndicats et les étudiants. Les étudiants ont occupé les chambres du congrès de l'État en solidarité avec les étudiants disparus et ont exigé la fin de l'impunité et de la violence d'État.

À Tijuana, la deuxième plus grande ville frontière du Mexique, les étudiants des écoles secondaires et de l'Université autonome de Basse-Californie ont tenu une Marche révolutionnaire contre le défilé officiel de la ville. Les dirigeants de la manifestation ont appelé à la fin de la répression de l'État.

Toluca, Culiacan, Leon, Campeche, Zamora, Xalapa et Tenosique étaient parmi les autres grandes villes où des actions de solidarité ont eu lieu. Selon les médias, dans un grand nombre de villes plus petites dans tout le Mexique, des marches, des assemblées et des veillées en solidarité avec le mouvement #YaMeCanse ont été organisées.

Ottawa


Edmonton


Toronto

À la manifestation du 20 novembre à Toronto, les participants ont lu les noms de chacun des étudiants disparus et répondu « Devuelvanlo ! » (Rendez-le nous !). Les orateurs ont exigé justice et souligné la responsabilité de l'État mexicain et du gouvernement du président Peña Nieto. Ces crimes sont les plus récents d'une longue liste de crimes semblables dont le président, ses prédécesseurs et l'État mexicain portent la responsabilité et qui ont été commis en toute impunité. Ces crimes, ont-ils souligné, sont la conséquence des « réformes » néolibérales de l'État mexicain qui détruisent le bien-être du peuple et la souveraineté nationale. Les orateurs ont exigé la destitution de Peña Nieto, de l'élite politique dirigeante corrompue et une nouvelle direction pour le Mexique. Ils ont également demandé au gouvernement canadien de demander justice pour les étudiants et condamné le silence du gouvernement Harper à ce sujet de même que ses relations étroites avec Peña Nieto.

Boston


New York


El Salvador


La Paz, Bolivie


Chili


Buenos Aires, Argentine


Londres


Lille, France


Amsterdam, Pays-Bas



Allemagne


Barcelone, Espagne


Madrid, Espagne


New Delhi, Inde


Hong Kong, Chine


Melbourne, Australie

Des pressions de plus en plus fortes pour la démission du président

Les appels à la démission du président Peña Nieto deviennent de plus en plus forts. Selon Telesur, bien que le mouvement #YaMaCanse ait été fondé pour demander justice et le retour des 43 étudiants disparus, il devient maintenant un facteur de transformation du pays. « Le cas des étudiants disparus a exposé les problèmes profondément enracinés de l'État mexicain, qui semble intimement lié au crime organisé ».

« Nous ne nous satisferons pas de la chute d'un gouverneur ou du président. Nous voulons qu'ils tombent tous, parce que sinon ce sera un autre porc qui assumera la présidence », a dit un étudiant au Proceso.

Les étudiants affirment qu'ils se battent pour stabiliser le Mexique et non pour le déstabiliser

Les étudiants rejettent les déclarations du président Peña Nieto que les manifestations visent la « déstabilisation » de son gouvernement et disent qu'ils veulent la stabilité du pays.

Un groupe d'étudiants diplômés de l'UNAM a publié une vidéo le 25 novembre pour répondre aux récentes déclarations du président qui a affirmé que les organisations qui tiennent des manifestations pour réclamer justice pour les 43 étudiants disparus veulent déstabiliser son gouvernement.

« Comme étudiants diplômés de l'UNAM, nous prenons nos responsabilités sociales. C'est pourquoi nous descendons dans la rue pour protester contre les abus systémiques tout en essayant de construire une alternative pour notre pays », ont déclaré les étudiants.

Les étudiants exigent également la libération immédiate des 11 personnes arrêtées après la manifestation de masse du 20 novembre. Ils disent que les autorités ont agi de façon répressive et que la procédure judiciaire n'a pas été appliquée correctement.

Ils disent qu'ils sont fatigués que les présidents mexicains vivent comme des rois alors qu'il y a des millions de pauvres dans le pays et fatigués de voir les législateurs adopter des lois pour légaliser le pillage et le saccage, comme ils l'ont fait avec la réforme de l'énergie.

Une corruption généralisée

Selon un rapport de l'organisation non gouvernementale Common Cause du 25 novembre, des dizaines de milliers de fonctionnaires mexicains sont toujours en fonction bien qu'ils n'aient pas passé les contrôles de sécurité. Selon l'ONG, une enquête sur le gouvernement fédéral, les agences de sécurité de l'État et des gouvernements locaux a révélé que 42 214 membres des organes de sécurité et des ministères de la Justice du Mexique avaient échoué ce type de vérification et n'avaient pas été destitués. L'étude portait sur la police locale, fédérale et d'État, les ministres, les juges, les enquêteurs, les analystes judiciaires et les fonctionnaires qui ont accès à des informations sensibles.

De ces agents, « 3 516 appartiennent à des organismes fédéraux, 20 521 à des sociétés d'État et 18 177 aux agences locales (municipalités) », a déclaré Maria Elena Morera, présidente de Common Cause.

« Dans certains États, il n'est pas vraiment clair comment ils peuvent être licenciés, dans d'autres on ne sait pas comment le faire et il n'existe pas de mécanismes pour le faire », a expliqué Morera lors d'une conférence de presse.

Common Cause souligne qu'aucun des 32 organismes de sécurité de l'État n'avait reçu d'évaluation positive.

D'autres fosses communes sont découvertes dans l'État de Guerrero

Tomaz Zeron, directeur de l'Agence des enquêtes criminelles, a déclaré que les experts légistes poursuivaient leur travail sur les fosses communes découvertes pas l'Union des citoyens et des organisations de Guerrero (Upoeg).

L'Upoeg a déclaré que jusqu'à présent 500 corps avaient été retrouvés dans l'État de Guerrero uniquement. Lors d'une conférence de presse, Bruno Placido, un porte-parole du groupe, a dit que son organisation sonne l'alarme depuis 2013 et que le procureur général n'a commencé à agir que bien après que la disparition des étudiants d'Ayotzinapa ait attiré l'attention mondiale.

Selon Julia Alonso, directrice du groupe de gouvernance civile médicolégale, une organisation mexicaine à but non lucratif qui travaille à améliorer le système de justice par une meilleure compréhension des pratiques judiciaires, il pourrait y avoir plus de 50 charniers dans Iguala. L'organisation de Julia Alonso demande aux autorités de poursuivre leurs enquêtes afin de donner aux familles des personnes disparues de Guerrero des réponses définitives sur leurs proches.

Le rôle néfaste des États-Unis dans la militarisation du Mexique dans le cadre de la «guerre contre la drogue»

La plus grande partie de l'aide des États-Unis au Mexique est consacrée à la « guerre contre la drogue ». Ce financement est fourni principalement par deux canaux : l'Initiative de Mérida, administré par le Département d'État et le Fonds de la lutte antidrogue du Département de la Défense des États-Unis. L'Initiative de Merida, un plan de trois ans du gouvernement Bush lancé en 2007 et qui a reçu son financement en 2008, soutient les forces de sécurité mexicaines, principalement dans leur lutte antidrogue, avec comme objectif de démanteler les cartels de la drogue. Le gouvernement Obama a prolongé l'Initiative de Mérida « indéfiniment ».

Le financement de l'Initiative de Mérida a déjà atteint les 2,4 milliards de dollars. Le département de la défense a dépensé 214,7 millions $ pour la guerre contre la drogue au Mexique depuis 2011. Des fonds publics supplémentaires pour la guerre contre la drogue au Mexique proviennent des programmes et des opérations au Mexique du Département de la Justice, de la Drug Enforcement Administration (DEA) et des opérations de l'Alcohol, Tobacco and Firearms (ATF). Cela signifie que le gouvernement américain a dépensé environ 3 milliards $ pour la guerre contre la drogue au Mexique seulement.

Le 29 octobre, le Center for International Policy Americas Program (CIP-Americas) a présenté un rapport lors d'une conférence du Congrès organisée par le cabinet du représentant Hank Johnson (D-Géorgie), coparrainé par le Center for Economic and Policy Research (CEPR), la Commission des droits humains du Guatemala, Just Associates, CISPES et CIP-Amériques. Dans ce rapport, il est souligné la « guerre contre la drogue » financée par les États-Unis a entraîné :

- 100 000 morts violentes liées à la guerre contre la drogue,

- Plus de 25 000 disparitions, des dizaines de milliers de personnes déplacées contraintes de fuir leurs foyers, des milliers d'orphelins et un traumatisme psychologique incalculable,

- Des charniers de corps non identifiés dans les États de Guerrero, de Tamaulipas, de Chihuahua et dans d'autres États,

- Une augmentation des violations des droits et de la sécurité physique des migrants dans le pays,

- Une augmentation des violations des droits des femmes et des crimes sexuels, notamment des féminicides,

- Un accroissement de la torture et des exécutions extrajudiciaires.

(Sources : Telesur, CIP Americas, Mexican National Commission on Human Rights. Photos : TML, Telesur, S. Pando, P. Stockdale, D. Brinkman, Sin Embargo, Compa Estefa, Desinformemonos, SubVersionesACC, Revolution Réal Ya, A. Diaz Meraz, Yo Soy 132 Londres, G. Perfors B., J. Pozos, J. Mayorga, A. Bayliss, Espejo Cuidadano.)

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