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Le 26 novembre 2014 a marqué l'anniversaire des deux mois de la disparition de 43 élèves-enseignants d'Ayotzinapa, dans l'État de Guerrero au Mexique. Les manifestations de plus en plus nombreuses montrent l'indignation populaire. Le cas des étudiants disparus a exposé la corruption de l'État mexicain et de ses agences de sécurité et leur refus de s'occuper du bien-être du peuple mexicain. Il a montré également que l'asservissement du gouvernement mexicain devant les intérêts des États-Unis dans la « guerre à la drogue » a grandement contribué à la militarisation du Mexique et à l'augmentation subséquente de l'anarchie, de la violence et de l'impunité au nom de la répression du trafic illégal de drogues. La répression massive de l'État et la violence utilisée contre les manifestants, deux choses que rejettent fermement les Mexicains, soulignent la crise du gouvernement mexicain. Cette résistance est connue comme le mouvement #YaMeCanse (« je suis fatigué »), une allusion à une phrase prononcée par le procureur général (PGR) pour dire qu'il était épuisé par cette affaire et utilisée pour ridiculiser et dénoncer l'indifférence de l'État mexicain ainsi que souligner que les gens en ont assez de la corruption du gouvernement. Le procureur général a fait cette déclaration aux médias alors que ce sont les familles des disparus qui souffrent le plus et qui sont mortes d'inquiétude. Selon de nouvelles informations, un autre
enlèvement de 31 étudiants aurait eu lieu en juillet de
cette année à Cocula, également dans le sud de
l'État mexicain de Guerrero, non loin d'Iguala, lieu de
l'enlèvement des étudiants d'Ayotzinapa le 26 septembre.
Le 27 novembre, le gouvernement de l'État a admis que les
disparitions et les
enlèvements de Cocula avaient effectivement eu lieu les 2 et 3
juillet 2014, après avoir initialement dit qu'il était en
train de vérifier ces informations. Le gouverneur a cyniquement
déclaré que « les informations sur cet
enlèvement sont disponibles sur le site Web du gouvernement de
l'État de Guerrero... il a été signalé
malgré que personne
n'ait rapporté ce crime ». France 24 a
déclaré avoir interviewé plusieurs
résidents de Cocula, qui ont tous confirmé
l'enlèvement. Tous les témoins ont dit que à
Cocula, personne ne voulait déclarer cet enlèvement de
masse parce, comme leurs enfants, ils ont été
menacés de mort par des criminels lourdement armés. Une effigie du président Pena Nieto est brûlée sur la Place du Zocalo, la place centrale de Mexico, lors d'un rassemblement de 100 000 personnes contre la violence et l'impunité de l’État. Manifestation des enseignants et des étudiants de Guerrero pour souligner les deux mois de la disparition des 43 étudiantsPour marquer l'anniversaire de la disparition des 43 étudiants de l'École normale d'Ayotzinapa, leurs camarades de classe, les enseignants et les organisations sociales ont bloqué une autoroute reliant la capitale mexicaine à la ville balnéaire d'Acapulco. Les familles des étudiants disparus ont annulé une rencontre avec le directeur de la sécurité nationale du Mexique, Alejandro Rubido, qui devait avoir lieu à l'aéroport de Chilpancingo. Elles ont annulé cette rencontre pour protester contre la présence de plus de 500 policiers fédéraux déployés pour réprimer les manifestations dans la ville. Des manifestations ont également eu lieu pour exiger la libération de 11 manifestants, la plupart des étudiants de l'Université nationale autonome du Mexique (UNAM), arrêtés le 20 novembre au cours d'affrontements avec la police à Mexico sous de fausses accusations de terrorisme, de criminalité organisée, de tentative d'homicide et de sédition, ce qui les rendait inadmissibles à une libération sous caution. Ils ont été temporairement détenus par le procureur adjoint aux enquêtes spécialisées sur le crime organisé (SIEDO) avant d'être transférés dans des prisons de haute sécurité dans les États de Veracruz et de Nayarit. Le 29 novembre, un juge de Xalapa, la capitale de l'État de Veracruz, a jugé que les preuves étaient insuffisantes pour poursuivre les 11 manifestants. Alejandro Jimenez, un avocat de l'Institut mexicain pour la démocratie et les droits de l'homme a déclaré que « en cette période tendue que traverse le pays, si le procureur général veut retrouver un peu de crédibilité, il doit cesser d'exploiter le système juridique pour des motifs politiques, [tandis que] le gouvernement fédéral doit cesser d'utiliser politiquement le bureau du procureur général ». Malgré les menaces du président du Mexique, Enrique Peña Nieto, de recourir à la force contre les manifestants, les manifestations pour les étudiants disparus d'Ayotzinapa se poursuivent dans tout le Mexique. Des centaines de milliers de manifestants ont envahi les rues pour exiger le retour en vie des 43 étudiants disparus. La journée d'action globale pour Ayotzinapa du 20 novembreDes manifestations ont eu lieu dans tout le Mexique et dans le monde entier le 20 novembre, Jour de la révolution mexicaine, dans le cadre de la « Journée d'action globale pour Ayotzinapa ». Des manifestations ont eu lieu dans toutes les grandes villes au Mexique. Les Mexicains ont été appelés à ne pas se rendre au travail ni à l'école et à participer à une grève nationale. Des manifestations ont également eu lieu aux États-Unis, au Canada, en Espagne et aux Pays-Bas. MexicoLes manifestations organisées à Mexico, la capitale du pays, siège du gouvernement fédéral et où vit plus d'un quart de la population du pays, ont donné le ton à ces actions mondiales. On estime que 100 000 personnes se sont rassemblées sur la Place du Zocalo, la place centrale historique de la ville. Les familles des 43 étudiants disparus ont conduit trois caravanes à Mexico. En arrivant dans la capitale, les caravanes sont devenues trois marches partant des points les plus importants de la ville : l'Ange de l'indépendance, Tlatelolco, le lieu du massacre tragique de centaines d'étudiants en 1968 et le Monument de la révolution, et se sont dirigées vers la Place du Zocalo. Des manifestations et des actions transfrontalières simultanées ont eu lieu dans les villes de Ciudad Juarez et d'El Paso au Texas. Ces deux villes forment la plus grande ville frontière au monde. Les ponts internationaux ont été temporairement fermés par les manifestants. À la fin du blocus, les manifestants ont exigé avec succès le passage gratuit des centaines de véhicules de tourisme, qui doivent généralement payer 26 pesos (environ deux dollars) pour traverser le pont. Des milliers de manifestants ont manifesté contre le défilé officiel de Juarez, tandis qu'à El Paso les organisations étudiantes et de solidarité ont convergé vers le consulat mexicain. À Hermosillo, dans le nord de l'État de Sonora, des milliers de manifestants ont participé à une marche organisée par les syndicats et les étudiants. Les étudiants ont occupé les chambres du congrès de l'État en solidarité avec les étudiants disparus et ont exigé la fin de l'impunité et de la violence d'État. À Tijuana, la deuxième plus grande ville frontière du Mexique, les étudiants des écoles secondaires et de l'Université autonome de Basse-Californie ont tenu une Marche révolutionnaire contre le défilé officiel de la ville. Les dirigeants de la manifestation ont appelé à la fin de la répression de l'État. Toluca, Culiacan, Leon, Campeche, Zamora, Xalapa et
Tenosique étaient parmi les autres grandes villes où des
actions de solidarité ont eu lieu. Selon les médias, dans
un grand nombre de villes plus petites dans tout le Mexique, des
marches, des assemblées et des veillées en
solidarité avec le mouvement #YaMeCanse ont été
organisées. Ottawa
TorontoEdmonton À la manifestation du 20 novembre à Toronto, les participants ont lu les noms de chacun des étudiants disparus et répondu « Devuelvanlo ! » (Rendez-le nous !). Les orateurs ont exigé justice et souligné la responsabilité de l'État mexicain et du gouvernement du président Peña Nieto. Ces crimes sont les plus récents d'une longue liste de crimes semblables dont le président, ses prédécesseurs et l'État mexicain portent la responsabilité et qui ont été commis en toute impunité. Ces crimes, ont-ils souligné, sont la conséquence des « réformes » néolibérales de l'État mexicain qui détruisent le bien-être du peuple et la souveraineté nationale. Les orateurs ont exigé la destitution de Peña Nieto, de l'élite politique dirigeante corrompue et une nouvelle direction pour le Mexique. Ils ont également demandé au gouvernement canadien de demander justice pour les étudiants et condamné le silence du gouvernement Harper à ce sujet de même que ses relations étroites avec Peña Nieto. Boston
New York El Salvador La Paz, Bolivie
Chili Buenos Aires, Argentine
Londres Lille, France Amsterdam, Pays-Bas Allemagne Barcelone, Espagne Madrid, Espagne New Delhi, Inde Hong Kong, Chine Melbourne, Australie Des pressions de plus en plus fortes pour la démission du présidentLes appels à la démission du président Peña Nieto deviennent de plus en plus forts. Selon Telesur, bien que le mouvement #YaMaCanse ait été fondé pour demander justice et le retour des 43 étudiants disparus, il devient maintenant un facteur de transformation du pays. « Le cas des étudiants disparus a exposé les problèmes profondément enracinés de l'État mexicain, qui semble intimement lié au crime organisé ». « Nous ne nous satisferons pas de la chute d'un gouverneur ou du président. Nous voulons qu'ils tombent tous, parce que sinon ce sera un autre porc qui assumera la présidence », a dit un étudiant au Proceso. Les étudiants affirment qu'ils se battent pour stabiliser le Mexique et non pour le déstabiliserLes étudiants rejettent les déclarations du président Peña Nieto que les manifestations visent la « déstabilisation » de son gouvernement et disent qu'ils veulent la stabilité du pays. Un groupe d'étudiants diplômés de l'UNAM a publié une vidéo le 25 novembre pour répondre aux récentes déclarations du président qui a affirmé que les organisations qui tiennent des manifestations pour réclamer justice pour les 43 étudiants disparus veulent déstabiliser son gouvernement. « Comme étudiants diplômés de l'UNAM, nous prenons nos responsabilités sociales. C'est pourquoi nous descendons dans la rue pour protester contre les abus systémiques tout en essayant de construire une alternative pour notre pays », ont déclaré les étudiants. Les étudiants exigent également la libération immédiate des 11 personnes arrêtées après la manifestation de masse du 20 novembre. Ils disent que les autorités ont agi de façon répressive et que la procédure judiciaire n'a pas été appliquée correctement. Ils disent qu'ils sont fatigués que les présidents mexicains vivent comme des rois alors qu'il y a des millions de pauvres dans le pays et fatigués de voir les législateurs adopter des lois pour légaliser le pillage et le saccage, comme ils l'ont fait avec la réforme de l'énergie. Une corruption généraliséeSelon un rapport de l'organisation non gouvernementale Common Cause du 25 novembre, des dizaines de milliers de fonctionnaires mexicains sont toujours en fonction bien qu'ils n'aient pas passé les contrôles de sécurité. Selon l'ONG, une enquête sur le gouvernement fédéral, les agences de sécurité de l'État et des gouvernements locaux a révélé que 42 214 membres des organes de sécurité et des ministères de la Justice du Mexique avaient échoué ce type de vérification et n'avaient pas été destitués. L'étude portait sur la police locale, fédérale et d'État, les ministres, les juges, les enquêteurs, les analystes judiciaires et les fonctionnaires qui ont accès à des informations sensibles. De ces agents, « 3 516 appartiennent à des organismes fédéraux, 20 521 à des sociétés d'État et 18 177 aux agences locales (municipalités) », a déclaré Maria Elena Morera, présidente de Common Cause. « Dans certains États, il n'est pas vraiment clair comment ils peuvent être licenciés, dans d'autres on ne sait pas comment le faire et il n'existe pas de mécanismes pour le faire », a expliqué Morera lors d'une conférence de presse. Common Cause souligne qu'aucun des 32 organismes de sécurité de l'État n'avait reçu d'évaluation positive. D'autres fosses communes sont découvertes dans l'État de GuerreroTomaz Zeron, directeur de l'Agence des enquêtes criminelles, a déclaré que les experts légistes poursuivaient leur travail sur les fosses communes découvertes pas l'Union des citoyens et des organisations de Guerrero (Upoeg). L'Upoeg a déclaré que jusqu'à présent 500 corps avaient été retrouvés dans l'État de Guerrero uniquement. Lors d'une conférence de presse, Bruno Placido, un porte-parole du groupe, a dit que son organisation sonne l'alarme depuis 2013 et que le procureur général n'a commencé à agir que bien après que la disparition des étudiants d'Ayotzinapa ait attiré l'attention mondiale. Selon Julia Alonso, directrice du groupe de gouvernance civile médicolégale, une organisation mexicaine à but non lucratif qui travaille à améliorer le système de justice par une meilleure compréhension des pratiques judiciaires, il pourrait y avoir plus de 50 charniers dans Iguala. L'organisation de Julia Alonso demande aux autorités de poursuivre leurs enquêtes afin de donner aux familles des personnes disparues de Guerrero des réponses définitives sur leurs proches. Le rôle néfaste des États-Unis dans la militarisation du Mexique dans le cadre de la «guerre contre la drogue»La plus grande partie de l'aide des États-Unis au Mexique est consacrée à la « guerre contre la drogue ». Ce financement est fourni principalement par deux canaux : l'Initiative de Mérida, administré par le Département d'État et le Fonds de la lutte antidrogue du Département de la Défense des États-Unis. L'Initiative de Merida, un plan de trois ans du gouvernement Bush lancé en 2007 et qui a reçu son financement en 2008, soutient les forces de sécurité mexicaines, principalement dans leur lutte antidrogue, avec comme objectif de démanteler les cartels de la drogue. Le gouvernement Obama a prolongé l'Initiative de Mérida « indéfiniment ». Le financement de l'Initiative de Mérida a déjà atteint les 2,4 milliards de dollars. Le département de la défense a dépensé 214,7 millions $ pour la guerre contre la drogue au Mexique depuis 2011. Des fonds publics supplémentaires pour la guerre contre la drogue au Mexique proviennent des programmes et des opérations au Mexique du Département de la Justice, de la Drug Enforcement Administration (DEA) et des opérations de l'Alcohol, Tobacco and Firearms (ATF). Cela signifie que le gouvernement américain a dépensé environ 3 milliards $ pour la guerre contre la drogue au Mexique seulement. Le 29 octobre, le Center for International Policy Americas Program (CIP-Americas) a présenté un rapport lors d'une conférence du Congrès organisée par le cabinet du représentant Hank Johnson (D-Géorgie), coparrainé par le Center for Economic and Policy Research (CEPR), la Commission des droits humains du Guatemala, Just Associates, CISPES et CIP-Amériques. Dans ce rapport, il est souligné la « guerre contre la drogue » financée par les États-Unis a entraîné : - 100 000 morts violentes liées à la guerre contre la drogue, - Plus de 25 000 disparitions, des dizaines de milliers de personnes déplacées contraintes de fuir leurs foyers, des milliers d'orphelins et un traumatisme psychologique incalculable, - Des charniers de corps non identifiés dans les États de Guerrero, de Tamaulipas, de Chihuahua et dans d'autres États, - Une augmentation des violations des droits et de la sécurité physique des migrants dans le pays, - Une augmentation des violations des droits des femmes et des crimes sexuels, notamment des féminicides, - Un accroissement de la torture et des exécutions extrajudiciaires. (Sources : Telesur, CIP Americas, Mexican National Commission on Human Rights. Photos : TML, Telesur, S. Pando, P. Stockdale, D. Brinkman, Sin Embargo, Compa Estefa, Desinformemonos, SubVersionesACC, Revolution Réal Ya, A. Diaz Meraz, Yo Soy 132 Londres, G. Perfors B., J. Pozos, J. Mayorga, A. Bayliss, Espejo Cuidadano.) Lisez Le
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