Le Marxiste-Léniniste

Numéro 86 - 2 juillet 2014

Anniversaire de la défaite de l'Accord du Lac Meech

Une constitution moderne et le renouveau politique sont les exigences de notre époque


Anniversaire de la défaite de l'Accord du Lac Meech
Une constitution moderne et le renouveau politique sont les exigences de notre époque

Le 147e anniversaire de la Confédération: le gouvernement Harper s'attaque à la conscience historique du Canada
Une tentative de remodeler le Canada à l'image des conservateurs de Harper


Anniversaire de la défaite de l'Accord du Lac Meech

Une constitution moderne et le renouveau politique sont les exigences de notre époque

Le 23 juin était le 24e anniversaire de la défaite de l'Accord du Lac Meech. L'accord de 1990 proposait plusieurs amendements à la Constitution du Canada négociés derrière des portes closes par le premier ministre du Canada d'alors, Brian Mulroney, et les premiers ministres des dix provinces. Un de ses principaux objectifs était de résoudre la crise constitutionnelle causée par le refus du Québec de signer l'Acte constitutionnel rapatrié de 1982 du gouvernement Trudeau, mais cet objectif ne fut pas atteint. Comme le référendum du Québec de 1980, il visait à affirmer la place du Québec dans le Canada, mais cela ne fut pas possible à cause de l'échec à clarifier le statut du Québec d'une manière qui corresponde à la réalité concrète d'une nation possédant le droit à l'autodétermination.

Après la défaite du référendum de 1980, le premier ministre Pierre Trudeau promit de proposer une nouvelle entente constitutionnelle. Cela prit la forme de l'ajout de la Charte canadienne des droits et libertés et d'une formule de modification à l'Acte de l'Amérique du Nord britannique de 1867. Le parlement britannique adopta le Canada Act 1982 (Royaume-Uni) le 29 mars 1982 qui faisait en sorte que la constitution du Canada n'était plus une loi britannique pouvant être amendée uniquement par un acte législatif du parlement britannique. Par contre, la reine d'Angleterre demeura la « Reine du Canada » et le chef de l'État du Canada détenant un pouvoir de prérogative « royale ».

Le refus du Québec de signer la Loi constitutionnelle du gouvernement Trudeau marquait la fin des arrangements sur la base desquels le Canada a été fondé en 1867. L'acte de 1867 était considéré comme un pacte entre « deux peuples fondateurs » et donnait au Québec un droit de veto, bien que non enchâssé légalement, sur tout amendement allant à l'encontre de ses intérêts.

En 1985, le gouvernement Mulroney amorça des négociations constitutionnelles qui culminèrent avec l'Accord du Lac Meech le 30 avril 1987. Cet accord était la première tentative de modifier la formule d'amendement de la Loi constitutionnelle de 1982. Puisqu'il modifiait le processus d'amendement de la constitution et changeait la façon dont seraient nommés les juges de la Cour suprême, il fallait le consentement de toutes les assemblées législatives provinciales et du Parlement canadien trois ans après son adoption. Or, à l'approche de l'échéance, le consensus de 1987 commença à s'effriter. À une Conférence des premières ministres convoquée vingt jours avant la date butoir pour tenter de sauver l'accord, le premier ministre de Terre-Neuve Clyde Wells s'en prit au secret du processus décisionnel. Le 23 juin 1990, la date d'échéance, Elijah Harper, un député des Premières Nations à l'assemblée législative du Manitoba, vota contre la motion autorisant l'assemblée à se prononcer sur l'accord. Il brandit une plume d'aigle pour signifier son désaccord. Clyde Wells annula alors le vote qui devait avoir lieu à l'assemblée de Terre-Neuve et l'Accord du Lac Meech était officiellement mort.

L'Accord du Lac Meech ne s'attaquait pas à la cause fondamentale de la crise constitutionnelle : le besoin d'affirmer le droit du peuple québécois à l'autodétermination, jusqu'à la sécession, et le besoin de s'assurer que la fédération soit une union volontaire de toutes ses composantes.

L'Accord proposait cinq modifications principales de la Constitution qui correspondaient aux cinq conditions du renouvellement de la confédération énoncées par le premier ministre du Québec Robert Bourassa.

Il déclarait que le Québec était une « société distincte » et affirmait le rôle du gouvernement et de l'Assemblée nationale du Québec de « préserver et promouvoir l'identité distincte du Québec ». Il donnait au Québec et aux autres provinces un droit de veto sur la Constitution, augmentait leurs pouvoirs en matière d'immigration, leur accordait le droit de retrait avec compensation de tout programme initié par le gouvernement fédéral dans un domaine de compétence provinciale et prévoyait que trois juges québécois de la Cour suprême du Canada soient nommés par le gouvernement fédéral sur proposition du gouvernement du Québec.

Le terme « société distincte » n'était pas défini dans les documents de l'Accord, les caractéristiques « distinctes » du Québec n'étaient pas énoncées et il n'y avait pas de guides pour la préservation et la promotion du caractère distinctif. La « société distincte » était sujette à plusieurs interprétations, mais celle qui dominait était la vieille fiction à l'effet que le Québec était distinct du seul fait que ses habitants parlent français. En faisant de la dualité anglais-français la question, la formule de « société distincte » niait que le Québec est une nation souveraine s'étant historiquement constituée avec une communauté de territoire, d'économie, de langue et de psychologie dont le peuple porte l'empreinte. La question du droit inhérent du Québec à l'autodétermination était balayée.

Une constitution ne peut pas parler d'un peuple ou de sa société comme étant « distinct ». Ou bien le Québec est une nation, ou bien il ne l'est pas. « Distinct » ne veut rien dire en termes juridiques. Proclamer que le peuple québécois ou les peuples autochtones ont une culture unique, leur langue et leurs traditions, c'est se cacher derrière un truisme et faire croire que ce ne sont pas des choses d'un caractère complètement différent qui sont comparées ici. Les Anglais, les Irlandais, les Allemands, les Ukrainiens et toutes les autres minorités nationales au Canada possèdent aussi leur langue, culture et leurs traditions distinctes. De les déclarer distinctes ne nous dit rien sur les personnes qui les constituent. Cela ne nous dit pas si elles appartiennent à une nation ou pas. La clause de la « société distincte » aurait effacé la nation québécoise une fois pour toutes et en aurait fait une ethnicité en constant antagonisme avec les autres ethnicités. La différence est que les gouvernements des peuples autochtones et la « société distincte » du Québec auraient eu le droit de combattre pour leur ethnicité telle que sanctionnée alors que les autres « ethnies » ne l'auraient pas.


Document rédigé par le dirigeant et fondateur du PCC(M-L)
Hardial Bains et publié par le Comité « Votez Non le 26 octobre ».
L'auteur explique pourquoi l'Accord de Charlottetown n'allait pas
permettre la modernisation des arrangements politiques
à la base du Canada.

Si l'Accord du Lac Meech échoua, la cause de la « société distincte » ne disparut pas pour autant. Une entente appelée Rapport du consensus sur la Constitution (Accord de Charlottetown) fut conclue derrière des portes closes entre le premier ministre Brian Mulroney, des ministres fédéraux, les chefs des provinces et des territoires et d'autres représentants de l'élite à Charlottetown le 28 août 1992. Le Rapport du consensus qui fit l'objet d'un référendum le 26 octobre 1992 cherchait à mettre fin une fois pour toutes à l'affirmation du Québec comme nation et aurait vidé de toute signification le mot nation, que ce soit sur le plan national ou international. La « Clause Canada » du Rapport du consensus, qui énonçait des valeurs comme l'égalitarisme et la diversité pour définir le Canada, aurait enchâssé la définition du Québec comme une « société distincte ». Reprenant l'idée de Meech, l'Accord de Charlottetown affirmait que « le Québec forme au sein du Canada une société distincte, comprenant notamment une majorité d'expression française, une culture qui est unique et une tradition de droit civil ».

Pourquoi une clause comme celle-là deviendrait-elle la loi fondamentale du pays ? En enchâssant la notion de société distincte et en définissant celle-ci comme formant une majorité d'expression française ayant une tradition de droit civil, on aurait donné au gouvernement et à l'assemblée législative du Québec, dont le rôle était de « préserver et promouvoir » la société distincte, le droit de faire ce qu'ils veulent des autres langues et de mettre un terme à la revendication d'une constitution moderne du Québec et d'un droit civil moderne qui en découlerait. Cette disposition aurait rendu impossible l'unité fraternelle du peuple, que ce soit au Québec ou entre le Québec et le reste du Canada. Cela aurait aussi fermé la porte aux aspirations du peuple québécois à constituer un État national. Comme Meech, l'Accord de Charlottetown aurait nié au peuple québécois le droit à l'autodétermination jusqu'à la sécession si tel est son désir. Une union établie au sens moderne du mot doit être librement consentie sinon elle sera éternellement dans un bourbier constitutionnel. Qu'un membre ait le droit de se séparer de l'union ne veut pas dire qu'il va nécessairement exercer ce droit, mais sans le reconnaître on ne saurait parler d'une union volontaire.

Les assemblées législatives et les gouvernements doivent voir au bien-être de leurs citoyens, ceux qui les élisent et qui leur permettent de gouverner par la production économique et la reproduction de la vie. La Constitution canadienne appartient à tous ceux qui font partie de l'union. Elle doit non seulement enchâsser l'égalité des droits et des devoirs mais aussi assigner des droits et des devoirs aux institutions et aux gouvernements. La constitution actuelle ne reconnaît pas la nation du Québec et son droit à l'autodétermination, c'est-à-dire le droit d'avoir sa propre constitution telle que rédigée démocratiquement par ses citoyens, et n'incorpore pas le Québec dans une union entre égaux.

L'Accord du Lac Meech encourageait la désunion et l'inégalité nationales

Une autre caractéristique importante de l'Accord de Meech est que dans l'ensemble il encourageait la désunion et l'inégalité nationales. En définissant la nation québécoise seulement par sa langue, cela mène à la notion que le Canada est divisé en deux langues officielles et deux cultures officielles, lesquelles sont supérieures aux autres, et toutes les autres doivent leur faire place si elles veulent être « canadiennes ». La dimension multiculturelle est que les autres langues et cultures sont reconnues dans la mesure où cela n'affecte pas ce que l'on propose comme étant canadien et où l'oppression et la disparition des peuples autochtones sont maintenues.

L'Accord du Lac Meech a également créé la désunion en transférant certains pouvoirs fédéraux aux provinces, laissant ainsi entendre l'existence de dix petites nations (les provinces) au sein d'une grande, le gouvernement fédéral. Les deux territoires (le Nunavut n'existait pas encore) ne furent pas invités aux pourparlers à l'exception de certaines sessions en téléconférence, parce que Mulroney considérait que leur pouvoir était insuffisant pour des décisions de cet ordre-là. On instituait donc un statut différent pour différentes régions du Canada. L'Accord donnait également aux provinces un droit de veto sur les modifications à la Constitution et il était évident que les provinces allaient s'en servir pour faire valoir les intérêts régionaux étroits de manipulateurs du pouvoir économique et politique plutôt que l'intérêt national.

Un important aspect de l'Accord du Lac Meech est qu'il n'affirmait pas, voire ne reconnaissait pas, les droits ancestraux des Premières Nations, ce qui signifie à toutes fins pratiques les éliminer. Les droits des peuples autochtones ne peuvent pas être une simple annexe à la Constitution du Canada, ils doivent y être enchâssés. Les peuples autochtones sont en droit de réclamer les terres de leurs ancêtres et ont le droit de décider non seulement de leurs affaires mais des affaires du Canada en tant que partie de l'ensemble. L'Accord n'abordait pas cette question dans ses propositions de modifications de la Constitution. Les chefs autochtones soulèvent deux autres points : le premier concernant leur exclusion des pourparlers, le deuxième concernant le transfert possible de services fédéraux aux provinces que laissait entendre la clause sur le droit de retrait des programmes fédéraux. Cela ouvrait la porte au démantèlement de programmes et services qui sont essentiels pour le bien-être des peuples autochtones.

La nature antidémocratique des travaux était un autre aspect important. Toutes les consultations se déroulèrent derrière des portes closes. On a caractérisé les pourparlers comme étant « onze blancs à cravate décidant de l'avenir du pays derrière des portes closes ». Puis ils tentèrent d'imposer leur entente sans discussions ou délibérations publiques. Il n'y eut pas de grande consultation publique et les points à l'ordre du jour des pourparlers n'étaient pas issus des préoccupations des Canadiens. L'ordre du jour était celui des onze premiers ministres.

Après la défaite de Meech en 1990, Brian Mulroney fut forcé de convoquer le Forum citoyen sur l'unité nationale, appelé Commission Spicer, où on a pu entendre l'expression d'un grand mécontentement populaire face aux pourparlers de Meech. Le rapport de la Commission publié en 1991 permettait de constater que beaucoup de Canadiens sont très conscients des insuffisances du processus politique canadien et croient qu'on ne peut pas faire confiance aux élus et qu'il faut des mécanismes pour investir le peuple du pouvoir. Beaucoup ont demandé la tenue d'une assemblée constituante pour que le peuple puisse délibérer et décider lui-même de sa constitution.

Le PCC(M-L) fit remarquer à l'époque qu'une forme de pouvoir politique s'est créée au Canada par laquelle le pouvoir absolu est entre les mains des oligarques financiers et de leurs représentants politiques. Les pourparlers de Meech en étaient l'expression : onze premiers ministres se proposaient de modifier la Constitution en excluant le peuple du processus. L'Accord de Charlottetown qui était soumis à un référendum en 1992 aurait institué la même chose.

Le peuple requiert un transfert de pouvoir
pour agir dans ses propres intérêts

Le peuple a rejeté l'Accord du Lac Meech parce qu'au coeur de notre époque il y a l'exigence que le pouvoir soit transféré au peuple pour qu'il puisse agir dans ses propres intérêts. Les gens veulent retirer la politique des mains des représentants d'intérêts privés qui forment un système de cartel de partis et mettre le pouvoir décisionnel entre les mains de ceux qui s'attaqueront aux vrais problèmes auxquels le peuple est confronté, comme le besoin de changer la direction de l'économie et d'humaniser l'environnement social et l'environnement naturel.

L'échec de Meech et la défaite de l'ensemble des forces de l'establishment au référendum de Charlottetown menèrent à la défaite de la configuration parlementaire dans laquelle les libéraux et conservateurs alternaient aux fonctions de « parti au pouvoir » et « parti dans l'opposition » par suite de la quasi disparition des conservateurs à l'élection de 1993. Le déséquilibre que cela a créé demeure et continue d'accentuer la crise politique attribuable à la nature non représentative du processus électoral.

La corruption du système de partis de cartel est telle qu'aujourd'hui les élections sont à toutes fins pratiques devenues des coups d'État par lesquels le parti qui réussit le mieux à désinformer l'opinion publique « gagne ». En 2006, le Parti libéral est passé au statut de troisième parti au Parlement suite à la crise créée par le scandale des commandites qui s'attaquait aux fondements mêmes du système de partis. Depuis, le Parti conservateur de Stephen Harper a nettement surpassé les libéraux à ce chapitre avec les scandales de corruption électorale et de nominations partisanes, les clôtures de débat au Parlement et les mesures contre le peuple. L'arrogance, le secret et la corruption du gouvernement de Stephen Harper surpassent ceux du Parti progressiste conservateur qui fut réduit à deux députés à l'élection de 1993. Les assemblées législatives provinciales ne font pas meilleure figure.

Le contenu de la société actuelle a dépassé les formes politiques et leurs bases constitutionnelles. Le maintien du statu quo, des formes politiques qui menacent le bien-être et les droits et libertés du peuple, est maintenant devenu le nouveau régime dans lequel la concentration du pouvoir entre les mains des riches et puissants a atteint des niveaux inégalés. Il a créé une situation où des fonctions politiques sont carrément dévolues à des intérêts privés. Les fonds publics et le pouvoir d'État sont ouvertement utilisés pour soutenir des intérêts privés et ces derniers poursuivent l'offensive antisociale impunément, à l'encontre des intérêts de l'ensemble de la société. Aujourd'hui le gouvernement Harper attaque régulièrement le droit public et présente un argumentaire complètement irrationnel pour dire que tout cela fait partie des « valeurs canadiennes » et que quiconque n'épouse pas ces valeurs est un ennemi de l'État.

Les problèmes constitutionnels demeurent non résolus

L'échec de l'Accord du Lac Meech a marqué un approfondissement de la crise constitutionnelle et de la crise politique dans lesquelles le Canada continue de s'enfoncer depuis. Les élites gouvernantes refusent d'entreprendre le renouveau de la Constitution et du processus politique de manière à répondre aux exigences et aux conditions du XXIe siècle.

Les problèmes laissés en plan par la défaite de Meech sont devenus encore plus pressants. Ils concernent : le droit de la nation du Québec à l'autodétermination, jusqu'à la sécession si tel est son désir; les droits ancestraux des peuples autochtones que le gouvernement Harper s'acharne à éliminer par le chantage et la conclusion d'ententes derrière des portes closes; l'échec du gouvernement du Canada à reconnaître les droits des citoyens sans aucune trace de privilège et les droits des résidents sans aucune trace de discrimination.

De plus, le Canada doit se redéfinir sur une base moderne et indépendante. La fédération canadienne s'est constituée en 1867 pour empêcher l'annexion des territoires britanniques en Amérique du Nord aux États-Unis. Aujourd'hui le Canada est en train d'être annexé à des États-Unis des monopoles d'Amérique du Nord.

Une nouvelle constitution établie sur une base moderne requiert l'affirmation du statut du Canada en tant qu'État-nation indépendant. L'intégration des forces armées et des institutions du Canada aux États-Unis des monopoles d'Amérique du Nord par la dictature Harper compromet l'existence du Canada en tant que nation. Elle détruit l'État qui fut conçu pour instituer une autorité publique et impose des arrangements étatiques qui permettent l'usurpation du pouvoir d'État et des ministères par des intérêts monopolistes privés. Maintenant que le pouvoir d'État est concentré entre les mains de l'exécutif fédéral, l'assemblée législative ne peut plus jouer son rôle de faire contrepoids au pouvoir exécutif.

Le renouveau démocratique est à l'ordre du jour. Le Canada a besoin d'une constitution moderne rédigée par une assemblée constituante dûment élue et approuvée par le peuple par référendum. La Confédération de 1867 et tout ce qui a suivi, y compris l'Accord du Lac Meech, est basée sur un projet d'édification nationale qui n'existe plus. Aujourd'hui l'édification nationale requiert l'affirmation du droit des citoyens de contrôler leurs affaires. Les Canadiens sont des citoyens instruits, industrieux et capables de gouverner une société moderne. Le pouvoir politique doit représenter non pas une minorité privilégiée mais tous les êtres humains membres de la société. À tout le moins, une constitution moderne doit reconnaître la nation du Québec et son droit à l'autodétermination, les droits ancestraux des Premières Nations, les droits des minorités et des droits et devoirs égaux pour tous les citoyens de manière à éliminer tout vestige de privilège et d'arbitraire.

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Le 147e anniversaire de la Confédération: le gouvernement Harper
s'attaque à la conscience historique du Canada

Une tentative de remodeler le Canada à l'image
des conservateurs de Harper

Le 19 juin, Stephen Harper a visité l'Île-du-Prince-Edouard accompagné de la ministre des Pêches et des Océans Gail Shea pour parler du 150e anniversaire de la Conférence de Charlottetown qui s'est tenue du 1er au 9 septembre 1864. Harper y a aussi annoncé un financement additionnel pour Î-P-É Inc., une entité à but non lucratif qui organise des événements en 2014 pour commémorer l'anniversaire de la Conférence.

Cette visite faisait partie des efforts pour promouvoir le 150e anniversaire de la Confédération par le biais du projet En route vers 2017. Tout cela est fait de façon à remodeler le Canada à l'image des conservateurs de Harper. Le bureau du premier ministre utilise les commémorations du Canada 150 pour mettre au point un discours intéressé sur l'histoire du Canada. L'anniversaire selon lui est une occasion de célébrer ce qui a « fait du Canada le pays qu'il est aujourd'hui : un pays fort, fier et libre ». Le but visé est de désinformer l'opinion publique. Les événements sur lesquels le gouvernement Harper va mettre l'accent et la manière dont ils sont présentés constituent une distorsion de l'histoire du Canada. À titre d'exemple, la présentation par Harper de la Guerre de 1812 ne mentionne même pas le rôle qu'ont joué les peuples autochtones et leurs leaders pour sauver le Canada des Américains. Le traitement que Harper fait de l'histoire ne fait aucune place aux contributions décisives des nations autochtones, du Québec, de la classe ouvrière, des minorités nationales et du peuple. Il ne reconnaît même pas un seul des crimes qui ont été commis contre eux.

Le momentum dans la promotion des célébrations du 150e anniversaire de la Confédération a débuté par une conférence des élites qui a été organisée en 2010 par l'Institut d'administration publique du Canada et la firme de consultants MASS LBP sous le titre Canada 150 ! qui s'est tenue les 11 et 12 mars à Ottawa. Du 26 au 28 mars s'est tenue à Montréal une conférence similaire sous le titre Les 150 ans du Canada : relever le défi qui a été organisée par des forces qui sont près du Parti libéral du Canada.

En septembre 2011, le gouvernement Harper a pris l'initiative et fait adopter une motion au Comité permanent du patrimoine canadien de la Chambre des communes pour qu'il « amorce une étude des célébrations du 150e anniversaire du Canada ». Dans le cadre de cette étude, le Comité devait entendre le ministre du Patrimoine canadien et toutes les parties intéressées à l'échelle du pays. Diverses personnalités du milieu académique de même que des représentants d'institutions culturelles et politiques ont parlé des thèmes qu'ils jugent significatifs en relation avec cet anniversaire. Cela comprend des thèmes comme le rôle des peuples autochtones du Canada, le multiculturalisme, l'art et la culture, la dualité linguistique, l'identité canadienne, le sport, les télécommunications et l'histoire de la famille.

Dans sa présentation au comité en octobre 2011, le ministre du Patrimoine canadien de l'époque, James Moore, a présenté le plan du gouvernement de commémorer des événements spécifiques de 2012 à 2017. Il a dit que ces événements fournissent l'occasion de célébrer des moments forts de l'identité canadienne comme « le gouvernement responsable, la démocratie et la liberté, les symboles forts et les institutions stables, les droits et devoirs de la citoyenneté... la primauté du droit [et les] anciens combattants ». Moore a ajouté que le gouvernement Harper veut que « les célébrations du 150e anniversaire en 2017 inspirent autant de fierté et de sens de l'identité nationale que le centenaire de la Confédération de 1967 et les Jeux de Vancouver de 2010 réunis ». Moore a dit très ouvertement que l'anniversaire et les préparatifs allaient être pris en main directement par son ministère et transmis par le biais de ses agences telles Radio- Canada, l'ONF, Bibliothèque et Archives Canada de même que par d'autres institutions publiques comme Parcs Canada, la Monnaie royale canadienne et la Commission de la capitale nationale.

En 2012 et 2013, le gouvernement a commémoré le bicentenaire du début de la Guerre de 1812, le 60e anniversaire de l'accession au trône d'Élizabeth II, le bicentenaire de la colonie de peuplement européenne de la rivière Rouge, le centenaire du début de l'Expédition canadienne dans l'Arctique et le 20e anniversaire de « l'Opération de la poche de Medak » qui a eu lieu lors de l'invasion de la Yougoslavie.

Le 11 décembre 2013, la ministre du Patrimoine canadien et des langues officielles Shelley Glover a inauguré des consultations nationales en vue de la commémoration de l'anniversaire en 2017 et a tenu la première consultation le jour même au Maple Leaf Gardens de Toronto. Glover a dit que le gouvernement allait organiser des tables rondes avec les Canadiens de tous les milieux et de toutes les régions et elle a appelé les Canadiens à remplir un questionnaire en ligne.

« Nous voulons connaître les jalons de notre passé qui sont importants pour vous, a dit la ministre dans son discours. Comment notre histoire vous touche-t-elle ? Que signifie l'histoire du Canada pour vous ? Comment voulez-vous célébrer le Canada ? Comment désirez-vous fêter notre unité, notre prospérité et notre liberté ? » Selon Glover, le 150e anniversaire de la Confédération est « le moment parfait pour célébrer l'histoire et les valeurs que nous partageons et qui ont contribué à édifier le meilleur pays du monde ». Deux jours plus tard, lors d'une autre table ronde cette fois dans la ville de Québec, Glover a dit que 2017 « sera le moment parfait pour en apprendre davantage sur les gens et les événements qui ont fait du Canada un pays libre et prospère ». En annonçant le 13 janvier 2014 le projet du gouvernement de commémorer les Guerres mondiales, Glover a dit qu'au cours de ces guerres, « le Canada est devenu une nation... nous avons tiré profit des bases qui ont contribué à façonner le Canada d'aujourd'hui — un pays fort, démocratique, bilingue, pluraliste et libre qui fait l'envie du monde entier ».

Le questionnaire en ligne Canada.ca/150, qui est maintenant terminé, comprenait les 5 questions suivantes auxquelles les Canadiens étaient invités à répondre:

« 1. Quelles réalisations canadiennes des 150 dernières années vous rendent le plus fier/fière d'être Canadien(ne) ?

2. Au cours des 150 dernières années, quelles personnalités canadiennes ont été les plus grandes sources d'inspiration pour vous ?

3. Croyez-vous que notre 150e anniversaire devrait avoir un thème ? Si oui, quel devrait être ce thème ?

4. Comment souhaiteriez-vous souligner le 150e anniversaire de la Confédération ? De quelle façon aimeriez-vous que votre collectivité célèbre cet anniversaire ?

5. En l'honneur du 150e anniversaire de la Confédération, qu'est-ce que vous ou votre collectivité pourriez léguer aux générations futures ? »

Jusqu'à maintenant, le gouvernement Harper a tenu des consultations à St.Catharines, Halifax, Victoria, Winnipeg, Edmonton, Gatineau, Toronto, Brampton, Yellowknife, Moncton, Regina et Charlottetown. Aucun procès-verbal et aucune information sur la participation aux tables rondes n'ont été publiés.

En plus du 150e anniversaire de la Conférence de Charlottetown et de Québec, les événements marquants que le programme En route vers 2017 va commémorer en 2014 sont le bicentenaire de la naissance de George-Étienne Cartier, le centenaire du début de la Première Guerre mondiale et le 75e anniversaire du début de la Deuxième Guerre mondiale.

Les événements qui seront commémorés entre 2015 et 2017 comprennent le bicentenaire de la naissance de John A. Macdonald, le 50e anniversaire de l'adoption du drapeau canadien, le 175e anniversaire de l'élection de Baldwin et de Lafontaine, le 175e anniversaire de la naissance de Wilfrid Laurier, le 150e anniversaire des raids féniens, le centenaire des batailles de La Somme et de Beaumont-Hamel lors de la Première Guerre mondiale, les batailles de la Crête de Vimy et de Passchendaele et le 75 e anniversaire du raid sur Dieppe.

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