Numéro 133 - 6
septembre 2013
Le droit à une pension
foulé aux pieds
Défendons les pensions que nous
avons!
Luttons pour des pensions pour tous!
Le
droit à une pension foulé aux pieds
• Défendons les pensions que nous avons!
Luttons pour des pensions pour tous!
• Les retraités de Produits forestiers
Résolu continuent leur lutte pour leurs droits
• Les retraités de White Birch demandent
toujours réparation pour le vol de leurs pensions
• Les employés municipaux
défendent leurs pensions
• Une Cour de l'Ontario tranche en faveur des
retraités de GM
Le droit à une pension
foulé
aux pieds
Défendons les pensions que nous avons!
Luttons pour des pensions pour tous!
Un défi a été lancé par le
gouvernement Harper, le gouvernement du Québec (le gouvernement
actuel comme le gouvernement libéral qui l'a
précédé) et les monopoles sur la question des
pensions. La classe ouvrière doit tout faire pour remporter
cette bataille.
Dans une société moderne, les pensions
sont
un droit. Les travailleurs ont droit à une pension en vertu de
leurs contributions comme travailleurs et tous ont droit à une
pension en vertu de leur humanité. C'est la condition moderne de
l'économie socialisée et les gouvernements ont la
responsabilité sociale de défendre ces droits et
d'utiliser leur autorité pour garantir les pensions en pratique.
Lorsqu'ils ne défendent pas les pensions qui
existent et refusent d'instituer des pensions pour tous selon un
standard canadien, les partis politiques au pouvoir trahissent leurs
devoirs de représentants et les responsabilités sociales
qui incombent à ceux qui gouvernent.
Lorsqu'ils nient les droits des citoyens, par leur refus
de les garantir en pratique, les partis au pouvoir perdent leur
autorité morale et légale de gouverner. Dans une
économie moderne socialisée, les droits du peuple sont
souverains, non négociables et inaliénables. Toute force
politique ou économique qui tente de nier ces droits doit
être privée de sa position d'autorité en politique
et dans l'économie.
Il faut mettre en demeure les monopoles qui utilisent
les aléas de l'économie pour menacer les pensions et leur
dire que toute atteinte au droit de tous les travailleurs aux pensions
actuelles entraînera la révocation de leur autorisation
d'opérer dans l'économie comme producteurs ou
distributeurs de biens et services. Les monopoles doivent être
forcés de respecter leurs obligations envers les travailleurs
retraités et de remédier sans autre délai au
sous-financement des fonds de pension. C'est eux-mêmes qui ont
causé ces déficits par leur refus de faire les versements
aux caisses de retraite au fil des années pour utiliser l'argent
à leurs propres fins.
Tant que les gouvernements vont permettre aux monopoles
de considérer que leurs engagements envers les travailleurs ne
valent pas le papier sur lequel ils sont écrits et vont leur
permettre de faire de l'extorsion mafieuse au lieu de négocier
de bonne foi avec les travailleurs, l'abaissement des conditions de vie
et le chaos dans la vie des retraités va continuer et va
s'empirer. La décision récente de la Cour
supérieure de l'Ontario qui dit que GM n'avait pas le droit de
couper les prestations de soins de santé de ses employés
de bureaux et cadres retraités en 2009 est positive
à cet égard et devrait s'appliquer à tous les
retraités.
Les gouvernements ont le devoir de voir à ce que
tous les Canadiens reçoivent une pension qui leur permettre de
vivre une retraite en sécurité. L'argent pour les
financer doit provenir des monopoles et des immenses sommes d'argent
public qui sont utilisées pour payer les riches au nom de
l'investissement et d'autres prétextes. Cet argent ne doit pas
provenir d'une augmentation de cotisation des travailleurs au
Régime de pensions du Canada.
Défendons
les
pensions
que
nous avons !
Luttons pour des pensions pour tous !
Les retraités de Produits forestiers
Résolu
continuent leur lutte pour leurs droits
Cela fait plus de 4 ans sans
interruption que les retraités d'AbitibiBowater, aujourd'hui
Produits forestiers Résolu, mènent une lutte
déterminée à la défense de leurs pensions.
Les 20 mois de la fraude de la protection de la faillite
d'AbitibiBowater se sont soldés entre autres choses par
l'autorisation donnée au monopole d'abdiquer ses
responsabilités envers les retraités. Le gouvernement du
Québec a permis à AbitibiBowater d'étaler ses
paiements sur 15 ans plutôt que 5 pour renflouer ses
fonds de pension. Les retraités d'AbitibiBowater ont
été placés devant un choix antisocial par le
gouvernement du Québec : transférer leur pension
à la Régie des rentes et recevoir une pension
réduite « garantie » ( réduite au
niveau de capitalisation des fonds ce qui veut dire pour les
retraités de Donnacona par exemple une perte de 30 % ) ou
rester avec AbitibiBowater, toucher leur pleine pension pour le moment,
mais risquer de perdre encore plus si la compagnie se remet sous la
protection de la loi de la faillite. Plusieurs associations de
retraités ont dénoncé ce choix en vertu duquel le
droit de monopole de Produits forestiers Résolu d'abdiquer ses
responsabilités devient la loi au lieu que le monopole soit
forcé de payer leur pleine pension à tous les
travailleurs et que le gouvernement garantisse que cela est fait.
Le Marxiste-Léniniste s'est entretenu
récemment avec Gilles Papillon, un des porte-parole de
l'Association des retraités d'AbitibiBowater, à
Donnacona, sur certains développements récents dans leur
lutte.
LML : Une entente a
été conclue à la fin avril qui modifie l'entente
initiale entre le gouvernement du Québec et la Régie des
rentes et AbitibiBowater. Peux-tu nous en donner les grandes
lignes ?
Gilles Papillon : L'entente de 2010
était que pour émerger de la procédure de
faillite, AbitibiBowater, aujourd'hui Produits forestiers
Résolu, devait mettre 50 millions $ par année dans
les fonds et devait maintenir des cibles qui feraient monter les fonds
graduellement jusqu'à 87,5 % en 2020. En plus, il y avait
une allocation supplémentaire de 15 millions $ qui
était prévue à partir de 2013, mais qui
était basée sur les possibilités en
liquidités de l'entreprise. Produits forestiers Résolu a
mis le 50 millions $ mais ne voulait pas mettre le
15 millions $ supplémentaire. La compagnie l'a dit
clairement aux retraités quand elle les a rencontrés au
début de l'année. Produits forestiers Résolu
demandait même notre appui pour qu'on fasse pression sur le
gouvernement pour ne pas mettre les montants supplémentaires. Le
PDG de Produits forestiers Résolu Richard Garneau nous avait
même mentionné qu'on devrait être prêt
à accepter une diminution de 10 % de nos pensions. Il
n'était pas question pour nous d'accepter cela. L'entente
d'avril dernier entre Produits forestiers Résolu, la
Régie des rentes du Québec, les 12 associations de
retraités et les trois syndicats impliqués est une
entente bonifiée par rapport à l'entente de 2010. Les
syndicats impliqués sont le Syndicat des communications, de
l'énergie et du papier affilié à la
Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), la
Fédération de l'industrie manufacturière
affiliée à la Confédération des syndicats
nationaux (CSN) et le syndicat des employées et employés
professionnels-les et de bureau — Québec (SEPB), affilié
à la FTQ. L'entente dit que Produits forestiers Résolu va
mettre 30 millions $ ferme en plus du 50 millions $ par
année jusqu'en 2020 et qu'à partir de 2016 la
compagnie pourrait devoir mettre des montants supplémentaires
dans le but d'atteindre la cible de capitalisation de 87,5 %.
L'entente, c'est que Produits forestiers Résolu ne peut plus
aller en bas de la cible. La Régie des rentes s'est
engagée à faire un suivi annuel de la situation, PFR va
fournir un rapport annuel que la Régie va communiquer aux
groupes qui s'étaient mobilisés afin que nous ayons un
droit de regard sur l'évolution de la situation.
LML :
Qu'est-ce que l'association pense de cette entente ?
GP : Nous sommes satisfaits. Nous avons
gagné du temps. Une chose positive c'est que cela allège
la pression sur nos retraités, ils ne peuvent pas toujours
être sous pression comme ça. Ce n'est pas vivable pour un
retraité de craindre de perdre la moitié de sa pension ou
de devoir se mettre sur l'aide sociale. Nous sommes allés
chercher le maximum que nous pouvions aller chercher dans les
circonstances. L'important, c'est que le 80 millions $ est fixe et
que les cibles sont maintenues. À chaque année le fonds
doit progresser ; par exemple on est à 72 % à
Donnacona. L'année suivante cela doit monter pour atteindre
87,5 % en 2020. S'il arrive quelque chose en 2020, le
retraité part de 87,5 % au lieu de 70 %, l'important
c'est que ton fonds doit progresser parce que la compagnie va y mettre
plus d'argent. C'est un gain.
Également on a maintenu le choix de pouvoir
quitter à chaque année le fonds de pension de
l'entreprise vers la Régie des rentes. On a aussi obtenu que
ceux qui avaient quitté le fonds de pension de PFR et
s'étaient mis sous la Régie peuvent changer de
décision et revenir. Maintenant que l'entreprise met plus
d'argent dans le fonds cela fait moins peur d'y rester. Notre
association a joué un rôle pour qu'on obtienne cette
entente. Nous avons préparé un document, nous avons
rencontré les autres associations et tous nous avons
travaillé pour qu'à la réunion nous soyons tous
d'une même voix, qu'on ne doit pas toucher aux retraites, qu'il
faut mettre plus d'argent dans le fonds. Nous avons marché
ensemble, les 12 associations de retraités et les syndicats.
En même temps on n'est pas d'accord avec les
journaux qui ont dit que maintenant les pensions sont garanties et
sécurisées. On l'a même dit à nos membres au
tout début de notre assemblée générale, on
a démenti cela. Pour que le fonds soit garanti, il faudrait que
Produits forestiers Résolu y mette quelque
1,3 milliards $. La vie continue. La crise économique
continue. PFR peut se replacer sous la loi de la protection de la
faillite à nouveau. On n'a pas de garantie. On a demandé
un mandat de nos membres de poursuivre notre travail, on veut
continuer, il y a le rapport d'Amours notamment sur lequel on doit
être actif. La lutte n'est pas finie.
Rappelez-vous ce qu'on a dit aux gens lors des
retrouvailles des anciens travailleurs du moulin de Donnacona à
l'été 2011. On avait dit qu'on n'a pas gagné ce
qu'on voulait avec la loi 11. C'est vrai qu'on n'avait pas gagné
mais avec ce qu'on avait fait sur la loi 11, on a semé quelque
chose. Si tu te bats, cela va te rapporter, il y a quelque chose qui
est semé. C'est la même chose en ce qui concerne la
coalition provinciale des retraités qu'on a annoncée
quelques jours avant l'élection du 4 septembre. Il faut la
développer. Il faut mettre de l'énergie là-dedans.
La force des ouvriers c'est la mobilisation.
Il faut rester mobilisés. Il faut être
prêts. Il faut faire de l'action politique. Il faut aller voir le
monde à l'extérieur, ne pas rester en vase clos. On doit
répéter notre thème partout, que les pensions
c'est notre sécurité. Il faut qu'elles soient
sécurisées.
Les retraités de White Birch demandent toujours
réparation pour le vol de leurs pensions
Le
Marxiste-Léniniste s'est entretenu récemment avec
Gilles Bédard, le président du Regroupement des
employés retraités de White Birch-Stadacona. Les
travailleurs actifs et à la retraite des usines de White Birch
au Québec, l'usine Stadacona dans la ville de Québec,
l'usine de Gatineau et l'usine de Rivière-du-Loup, ont subi des
coupures dans leurs pensions suite à la fraude de la protection
de la faillite sous laquelle White Birch s'est mise en 2010 et la
restructuration antiouvrière qui a été faite sous
la Loi sur les arrangements avec les
créanciers de cmopagnies (LACC). White Birch s'est
essentiellement revendu les usines à
lui-même sous la forme d'un soi-disant nouvel acheteur, le
consortium Black Diamond-White Birch.
Dans la restructuration, de grandes concessions ont
été arrachées aux travailleurs. surtout en ce qui
concerne les régimes de retraite. Les retraités de
Stadacona par exemple ont perdu 47 % de leurs prestations de pensions
lorsque leur fonds de pension à prestations
déterminées a été fermé et
remplacé par une nouvelle forme de régime de pensions
appelé régime à prestations cibles où les
cotisations sont déterminées, mais les prestations
dépendent du rendement du fonds. Selon les conventions
collectives qui ont été signées par White Birch et
les syndicats (la signature de nouvelles conventions était une
condition de la vente de White Birch au soi-disant nouvel acheteur),
White Birch devait mettre 35 millions $ dans le nouveau régime
pour services passés, ce qui aurait établi la coupure de
pensions pour les retraités de Stadacona à 30 % mais,
plus d'un an plus tard, rien n'a été fait. Le
gouvernement du Parti Québécois a entériné
la fraude de la protection de la faillite de White Birch en passant la
loi 15 à la fin de 2012 pour établir le nouveau
régime de pensions à prestations cibles, une loi qui a
été adoptée à l'unanimité et qui
sera maintenant utilisée comme précédent pour
aider les autres monopoles à détruire les pensions des
travailleurs.
Gilles Bédard a d'abord
rappelé au LML à quel point la situation des
retraités est sérieuse et même tragique. « La
situation est plus que difficile. Pour une grande partie de nos
retraités, c'est une tragédie. Il y en a plusieurs qui
avaient 800-1000 dollars $ par mois de pension et ils se ramassent avec
une coupure de leur montant de pension en deux. On a des gens qui ont
été obligés de vendre leur maison. On en a vu qui
vivaient dans une certaine classe de foyers pour gens âgés
qui sont obligés de changer parce qu'ils ne peuvent plus
continuer à y vivre, ils ne sont plus capables de payer ce que
cela coûte. Ce sont tous des impacts et cela met une très
grande pression sur nos gens, dont certains ont 75-80 ans et devraient
mener une vie tranquille sans se soucier du lendemain. » Gilles a
aussi dit que les retraités doivent maintenant vivre le
cauchemar d'avoir à trouver quel placement faire avec l'argent
insuffisant qu'ils ont maintenant afin de joindre les deux bouts.
« Plusieurs n'ont pas d'expérience là-dedans. Ils
avaient leurs fonds de pension, c'était suffisant pour eux.
»
Le porte-parole du regroupement a tenu à
dénoncer la fraude du 35 millions $ au sujet duquel rien n'est
fait concrètement. « Le nouvel acheteur ne met pas 35
millions $. Il crée un déficit actuariel dans le nouveau
régime de 35 millions $, qu'il va rembourser sur 10 ou 15 ans.
Je ne vois pas le jour où nous aurons une part du 35 millions $
qui est supposé être mis selon les conventions collectives
qui ont été signées. Qu'est-ce que cela veut dire
alors d'avoir une convention collective qui est signée depuis
plus d'un an si elle n'est pas appliquée. Nous avons
parlé à plusieurs politiciens à ce sujet. Tous
disent que cela n'a aucun bon sens, mais il n'y a personne qui exige
que l'acheteur mette 35 millions ! »
En dépit de toutes les difficultés, les
retraités persistent à demander justice. « On
demande que justice soit rendue. Juste en ce qui concerne nos
retraités, ils se sont faits amputer leurs revenus, leurs
économies, de 153 millions $. On demande qu'il y ait
réparation quelque part. C'est de l'argent qu'à 70-80 ans
les travailleurs sauraient très bien utiliser. Ici, on est dans
un pays démocratique. Ça ne devrait pas être
possible que lorsqu'il y a une décision cruciale à
prendre qui me concerne, que je n'ai pas le choix, le pouvoir ou le
droit d'aller me prononcer. Nous n'avons pas eu un mot à dire
dans la signature des conventions collectives qui détruisent nos
vies. Nous aurions dû avoir le droit de nous représenter
nous-mêmes. Il faut changer cela. »
Un des aspects sur lesquels le regroupement concentre
son travail est le changement des lois qui sanctionnent la liquidation
des pensions.
« Avant la loi 15, il y a eu la loi 11. Avec la
loi 11, lorsqu'on a décidé de donner des
allègements aux entreprises, de leur permettre de
répartir leur déficit d'équilibre sur 10 ans et
même 15 ans dans certains cas plutôt que sur 5 ans, cela
était fait au nom de la préservation des régimes
de retraite. C'est le contraire qui se produit. Quand on regarde dans
le rétroviseur aujourd'hui, on voit qu'on adopte des lois pour
préserver les régimes de retraite et qu'on s'en sert pour
fermer les régimes de retraite. Il y a beaucoup d'efforts qui
sont faits au niveau politique mais est-ce que ces efforts donnent les
résultats qu'on dit rechercher, je pense que non. »
Les retraités visent en particulier la loi de la
protection de la faillite, la Loi
sur les arrangements avec les créanciers des compagnies
(LACC). « Nos lois ont des lacunes gigantesques. Il faudrait que
les régimes de retraite deviennent créanciers
prioritaires mais je ne pense pas qu'avec les conservateurs cela va
bouger. Cela ne les fatigue pas trop que les régimes de
retraites ne soient pas protégés. En plus de cela, il
faut se demander comment il se fait qu'une entreprise puisse faire une
faillite déguisée, truquée et planifiée,
qu'elle se place sous la LACC et qui fait enquête
là-dessus ? Est-ce qu'on fait enquête, ou quelle sorte
d'enquête fait-on pour déterminer ce qui a amené
l'entreprise dans cette situation ? Dans le cas de White Birch
Stadacona, il y a tellement d'éléments qui nous montrent
que ce n'est pas possible qu'ils aient accumulé leur
déficit déclaré de 930 millions $ juste en 6 ans.
Ça c'est la case départ à laquelle il faut
s'attaquer. »
En conclusion, Gilles Bédard fait valoir la
nécessité d'organiser les retraités pour qu'ils
deviennent une force avec laquelle il faut compter. « Il faut que
les retraités s'unissent pour prendre de la force afin de
pouvoir faire des pressions adéquates sur les gouvernements. On
doit bien être quelques millions de retraités au Canada.
Ce n'est pas une force négligeable. On doit trouver le moyen
d'amener les retraités à se trouver un point commun et
à s'unir. »
Les employés municipaux défendent leurs
pensions
Les municipalités du Québec sont
très actives à isoler les employés municipaux en
créant une hystérie au sujet de la capacité de
financer les régimes de retraite de leurs employés. Cette
offensive se mène avec en arrière-plan une offensive plus
large menée par tous les niveaux de gouvernements pour attaquer
le droit des travailleurs à une retraite dans la dignité
et la sécurité en proclamant que la société
« n'a plus les moyens » d'assurer les régimes de
retraite à prestations déterminées auxquels
contribuent, entre autres, les travailleurs municipaux.
Au printemps, sous la bannière de l'Union des
municipalités du Québec, les maires ont lancé un
cri d'alarme, disant qu'au total les municipalités avaient un
déficit actuariel atteignant 5 milliards $. L'UMQ a aussi mis de
l'avant les propositions suivantes pour bien expliquer ce que les
municipalités attendaient du gouvernement :
- Adopter un régime à prestations cibles
(plutôt qu'un régime à prestations
déterminées)
- Retirer les garanties d'indexation des
prestations. Ne plus permettre des retraites anticipées sans
réduction de rentes
- Hausser l'âge de la retraite. Réviser les
ententes existantes sur
l'utilisation des surplus des caisses de retraite
À Gatineau, par exemple, le déficit
actuariel serait de 90 millions $ et les élus municipaux ne
cessent de crier sur tous les toits qu'il ne serait pas juste de
régler le problème sur le dos des contribuables en
haussant les taxes municipales. Même Action Gatineau, un parti
municipal qui se veut moins rigide dans ses politiques que le maire en
place, mord à pleines dents dans cette hystérie tout en
proposant de négocier des changements aux régimes de
retraite plutôt que de les imposer par intervention
gouvernementale.
Les représentants du syndicat des cols bleus de
Gatineau sont sortis à la défense de leurs membres. Le
président, Denis Savard, affirme que le syndicat est prêt
à négocier, mais en regardant comment il est possible de
mieux financer le régime sans que les employés fassent
les frais de la mauvaise gestion de la municipalité. Le
vice-président, André Lajoie, dénonce le fait que
les élus municipaux agitent l'épouvantail des hausses de
taxes pour financer le déficit actuariel des régimes de
retraite des employés municipaux de Gatineau. Il rappelle que la
Ville de Gatineau a abondamment puisé à même les
surplus des régimes de retraite par le passé pour
financer divers projets municipaux. Selon M. Lajoie : «
Plutôt que de bien prévoir les années difficiles,
la Ville de Gatineau a préféré dépenser
l'argent. Nous sommes prêts à négocier...mais de
là à nous faire payer le prix de la responsabilité
de la situation actuelle, c'est non. »
Une Cour de l'Ontario tranche en
faveur des retraités de GM
Le 17 juillet dernier, la Cour supérieure de
l'Ontario a rendu un
jugement favorable aux anciens employés salariés de
General Motors
(employés de
bureau non syndiqués et cadres) qui faisaient partie d'un
recours
collectif contre la réduction et l'élimination de leurs
avantages
sociaux à la retraite. Le recours
collectif a été certifié par la cour en
2011 et celle-ci devait statuer
si GM avait violé ou non ses ententes contractuelles avec ses
employés
salariés en
réduisant et en éliminant leurs avantages sociaux
à la retraite comme
les prestations pour soins de santé et leur assurance-vie dans
le cadre
de sa restructuration
antiouvrière en 2009. Dans certains cas, d'anciens
employés ont vu
leurs prestations de base pour l'assurance-santé passer de plus
de 100
000 $ à 20
000 $. Parmi les autres changements, il y a eu
l'élimination de la
couverture pour les hôpitaux semi-privés, une
réduction de la
couverture annuelle
maximale pour les soins dentaires et orthodontiques, et une
augmentation du montant à débourser pour les
médicaments sur ordonnance.
Dans une décision de 27 pages, le juge
Edward Belobaba a statué que
GM n'avait pas le « droit contractuel » de
changer les avantages
sociaux des employés. GM a argué qu'il y avait
été autorisé par une
clause qu'il avait fait mettre dans les documents relatifs aux
avantages sociaux qui ont été
remis aux employés. En 1994, GM avait commencé à
inclure une clause
dans ses documents concernant les avantages sociaux dans laquelle il
disait se
« réserver le droit » de les amender, de
les modifier, de les suspendre
ou de les terminer.
Le juge a statué que les avantages sociaux qui
avaient été consentis
aux employés salariés représentaient un contrat
entre GM et ses
employés et un
« salaire différé ». Il a
statué que les anciens employés, sur la base
des documents de la compagnie qui détaillaient les avantages
sociaux,
étaient
en droit de s'attendre à ce que ces avantages sociaux soient
garantis
une fois à la retraite et en place jusqu'à la fin de leur
vie. « Les
employés retraités,
dont certains ont travaillé pendant des décennies pour
GM, et se sont
fait dire à plusieurs reprises dans des documents qu'ils
pouvaient
compter sur les avantages
sociaux que sont les soins de santé et l'assurance-vie, ont
été
estomaqués », est-il écrit dans la
décision. Le juge a décidé que la
clause selon laquelle GM
se réservait le droit de modifier ces programmes était
trop vague pour
permettre à GM de réduire les avantages sociaux à
la retraite et que
seule une déclaration
explicite à cet effet aurait été acceptée
par la cour.
Environ un tiers des employés couverts par le
recours collectif
avaient pris une pré-retraite en vertu d'ententes à ce
sujet dans le
cadre de la restructuration
antiouvrière de GM. Le juge a statué que rien dans ces
ententes ne
changeait l'obligation de GM de continuer à fournir les
avantages
sociaux aux retraités.
Le juge a uniquement reconnu que GM avait
été en droit de réduire ou
d'éliminer les avantages sociaux post-retraite de ses
dirigeants, qui
représentent
environ 2 % des personnes visées par le recours collectif,
parce que
les documents de la compagnie à leur intention disaient
explicitement
que les
avantages sociaux n'étaient pas garantis mais sujets à
réduction.
Un porte-parole de GM a dit que la compagnie allait
porter le jugement en appel.
L'avocat des plaignants a dit que ce jugement pourrait
établir un
précédent qui aiderait la cause d'autres retraités
faisant face au même
problème.
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Marxiste-Léniniste
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