Numéro 105 -
20 juin
2013
La Corée est une!
Il faut oeuvrer à la paix
sur la
péninsule coréenne
Paix et
réunification étaient à
l'ordre du jour d'un
rassemblement de Coréens
Américains à
Los Angeles le 14 mai 2013 (Nodutdol)
La
Corée est une!
• 13e anniversaire de la
déclaration
Nord-Sud
• Récents
développements dans les
rapports nord-sud - Entrevue avec H.
P. Chung, porte-parole
du
Comité canadien du 15 juin
• Révocation du
plan de transfert du
contrôle militaire des États-Unis
• La rapporteuse
spéciale de l'ONU
critique la restriction de la liberté
d'expression en
Corée du sud
À
titre
d'information
• La
nécessité d'oeuvrer pour la
paix dans la péninsule coréenne
- Marty
Hart-Landsberg
La Corée est une!
13e anniversaire de la déclaration
Nord-Sud
Le président Kim Dae-Jung est
accueilli
à Pyongyang par le chef de la
RPDC Kim Jong Il le 15 juin 2000 pour
l'historique sommet qui a
donné
lieu
à la Déclaration Nord-Sud.
Le 15 juin était le 13e anniversaire de la
signature de la Déclaration conjointe
Nord-Sud du 15 juin 2000
entre le nord et le sud de la Corée. Cet
événement
historique avait donné un grand élan
au mouvement
populaire pour la réunification du pays
divisé.
Ce sont les États-Unis qui ont maintenu la
Corée
divisée par la force des armes pendant plus
de 60 ans, pour
servir leurs visées impérialistes.
Les
impérialistes américains
espèrent encore
aujourd'hui pouvoir s'emparer de toute la
Corée et s'en servir
comme tremplin pour des agressions contre la Chine
et
la Russie et utiliser les Coréens comme
chair à canon.
Après la Deuxième Guerre mondiale,
les États-Unis se sont
retranchés dans le sud pour s'emparer des
usines, mines et industries que les
impérialistes japonais
avaient construites sur la péninsule pour
alimenter leur machine
de guerre. Ils ont ensuite divisé le pays
le long du 38e parallèle pour pouvoir
implanter leur
système grâce à un coup
d'État, la
répression brutale et l'occupation
militaire. Ils
provoquèrent la Guerre
de Corée en 1950 pour étendre leur
occupation à
l'ensemble de la Corée, mais ce plan se
heurta au peuple
coréen uni autour de l'Armée
populaire de Corée
et ils furent forcés de signer l'Accord
d'Armistice en 1953.
Les États-Unis maintiennent un climat
d'hostilité
sur la péninsule en sabotant tous les
efforts de normalisation
des rapports avec la République populaire
démocratique de Corée (RDPC), y
compris par leur refus de
signer un traité de paix
conformément aux termes de
l'Accord d'Armistice qui a mis fin à la
guerre.
La signature d'un traité de paix
contribuerait non seulement
à la paix et la stabilité sur la
péninsule
coréenne mais aussi à la
stabilité dans la
région, ce qui serait
à l'avantage du peuple coréen mais
aussi des peuples de
l'ensemble de l'Asie du Sud et du monde. Ce serait
un pas important
vers la réunification nationale.
Si l'on mettait fin à l'occupation
militaire
américaine du sud de la Corée et
qu'on laissait les
Coréens régler leurs
problèmes sans
ingérence extérieure, le
pays avancerait vers la réunification
puisque c'est ce que
désirent les Coréens depuis
près de 70 ans.
Les États-Unis ont peur d'une Corée
réunifiée qui serait une puissance
économique et
un champion de l'indépendance et de
l'autodétermination
de toutes
les nations et tous les peuples, un clou au
cercueil de
l'impérialisme anglo-américain.
C'est pourquoi, pour
bloquer tout mouvement vers la
réunification et
maintenir leur présence militaire dans le
sud, les États-Unis
battent les tambours de la guerre et
répandent la
désinformation à propos de la RPDC.
Le Monument aux Trois Chartes pour la
réunification nationale (ou Arche
de la réunification) à
Pyongyang, RPDC. Les jumelles
symbolisent
l'union
des deux Corée. Les trois chartes
comprennent «les trois
principes de
la réunification nationale
(indépendance,
réunification pacifique et
grande unité nationale),
la proposition de fonder la République
démocratique
fédérale du Koryo
et le programme en dix points pour la grande
unité de la
nation».
Les Coréens ont fait de grands
progrès sur
tous les fronts vers la réunification entre
2000 et 2007 parce
que les deux parties étaient guidées
par l'esprit de
l'ouverture véritable et de la
coopération tel que
codifié dans la Déclaration
conjointe du 15 juin. Lorsque
le gouvernement pro-américain de Lee Myung
Bak
est arrivé au pouvoir dans le sud en 2007,
les États-Unis ont pu
introduire un esprit d'hostilité dans les
relations entre le
nord et le sud et le mouvement pour
la réunification a connu un important
revers. Cette
hostilité est maintenue par la
présidente actuelle, Park
Geun Hye, arrivée au pouvoir en
février 2013. Park
Geun Hye est la fille du dictateur anti-communiste
et
pro-américain Park Jung Hee qui a
mené la Corée du sud avec une poigne
de fer de 1961 à 1979, avant
d'être assassiné par le chef de son
propre service de
sécurité. La présidente Park
est très
hostile au mouvement indépendant pour la
réunification et
dit
ouvertement que l'avenir de la Corée du sud
est dans
l'établissement de rapports
économiques et militaires
plus étroits avec les États-Unis. En
fait, son
gouvernement a annoncé le 1er juin qu'il
prolongeait le
contrôle opérationnel militaire des
États-Unis
au-delà de l'échéance de
décembre 2015, en
violation d'un
accord antérieur entre les deux pays. De
plus, son gouvernement
a accepté d'assumer une plus grande partie
des coûts
« non militaires » de la
présence militaire
américaine en Corée, de l'ordre de
plusieurs milliards de
dollars par année, au grand regret du
peuple coréen. Le
départ de l'occupant militaire
américain est
une précondition à la
réunification nationale.
Cette attitude pro-américaine est
également évidente dans les mesures
du gouvernement de
Park pour criminaliser le mouvement pour la
réunification et
l'emprisonnement d'activistes de ce mouvement. Le
gouvernement Park a
interdit à toute organisation patriotique
de Corée du sud
de se rendre dans le nord
à l'occasion du 13e anniversaire de la
Déclaration
Nord-Sud. Il a saboté les efforts en vue
d'un sommet pour faire
le bilan du mouvement de réunification.
Il appartient aux États-Unis et à
la Corée
du sud de montrer en paroles et en actes leur
sincérité
envers les propositions de paix et de
réunification faites
par la RPDC depuis 1953, suivant les voeux des
Coréens du nord,
du sud et d'outre-mer.
Malgré les défis, les
Coréens
s'appuient sur la justesse de leur cause, sur leur
unité
politique et sur leurs efforts pacifiques pour
avancer le mouvement
pour
la réunification nationale. Ils sont
convaincus que, aussi
certain que le soleil se lève à
l'Est, ce mouvement sera
victorieux. Ils ont en cela l'appui des Canadiens
et des peuples du monde épris de justice et
de paix.
Vive le 13e anniversaire de la
Déclaration Nord-Sud!
Les États-Unis doivent signer un
traité de paix avec la RPDC!
Troupes américaines,
hors de Corée!
La Corée est une!
Récents développements dans les
rapports
nord-sud
- Entrevue avec H. P. Chung,
porte-parole
du Comité canadien du 15 juin -
LML :
Il
devait y avoir une rencontre ministérielle
les 12 et
13 juin entre la République populaire
démocratique
de Corée
(RPDC) et la République de Corée
pour discuter du
rétablissement des relations nord-sud. La
rencontre a
été annulée à la
dernière minute.
Que s'est-il passé
selon vous ?
H. P. Chung : À mon avis,
même
si le gouvernement sud-coréen a
accepté de participer
à la rencontre, il n'avait pas l'intention
de discuter
de l'établissement de relations sur une
nouvelle base. Lors
d'une rencontre préliminaire il a
donné le nom d'une
personne qui, selon lui, devait absolument mener
la délégation du nord. Lorsqu'il
s'est rendu compte que
cette personne n'était pas sur la liste des
délégués venant à
Séoul, il a
accusé le nord de manque de
sincérité. La RPDC a proposé
la composition de la
délégation en fonction de ce qui
était convenable
pour le niveau politique des pourparlers. À
mon avis,
puisque les deux parties sont le gouvernement chez
elles, la
Corée du sud n'a pas raison de s'objecter.
LML : Quelle est
l'attitude du nouveau gouvernement de Park Geun
Hye en Corée du sud vis-à-vis le
mouvement pour la
réunification ?
HPC : L'attitude du
nouveau
gouvernement est la même que celle du
gouvernement
précédent, celui de Lee Myung Bak,
et pourrait même
être pire. La présidente Park Geun
Hey insiste pour dire
qu'il n'y aura pas de rencontre
intergouvernementale tant que la RPDC
n'accepte pas de discuter de
dénucléarisation. À mon avis
elle a une
très piètre compréhension de
la situation sur la
péninsule si elle croit que c'est cela la
source des tensions.
LML : Quels sont
les
développements dans le mouvement pour la
réunification
depuis un an ?
HPC : Sous le gouvernement de Lee
Myung Bak,
au pouvoir de 2008 à 2013, le
mouvement pour la
réunification de la Corée a
été
réprimé dans le sud. Cela se
poursuit avec le nouveau
gouvernement. Cela fait en sorte que le mouvement
pour la
réunification subit beaucoup de pression.
En juin 2012, à l'occasion du 12e
anniversaire de la
Déclaration Nord-Sud, un moment joyeux et
historique pour
l'ensemble des Coréens, des groupes de
Coréens
d'outre-mer ont tenu un rassemblement à
Moscou pour remonter le
moral du mouvement. Il y avait des
délégués de la
RPDC. Il y avait aussi un
délégué coréen
canadien. Mais le gouvernement sud-coréen
n'a pas permis que des
délégués sud-coréens y
participent.
LML : Cette
année
est le 60e anniversaire de la fin de la Guerre de
Corée. Comment
les patriotes coréens vivant à
l'étranger
vont-ils célébrer cet
événement ?
HPC : Il va y avoir une grande
célébration à Pyongyang. De
nombreux patriotes
vivant à l'étranger vont y
participer, y compris une
délégation de la communauté
coréenne vivant
au Canada. Il va également y avoir de
grandes
célébrations au Japon et en Chine.
LML : Quelle est la
signification de la proposition de nouvelle
structure pour le
Commandement des forces combinées des
États-Unis et de la
République de Corée annoncée
par la Corée
du sud le 1er juin ?
HPC : Quand Rho Moo Hyun était
président de la Corée du sud, de
2003 à 2008,
il insistait pour que le commandement de
l'armée
du sud passe du général
américain à la
Corée. Le 2 octobre 2009, la
Corée du sud et les
États-Unis ont confirmé que le
transfert aurait lieu le
12 avril 2012. Puis il y a eu des
protestations de la part de
généraux anticommunistes dans le
sud. Lorsque Lee Muyng
Bak est devenu président, il a
reporté le transfert à
décembre 2015. Dans ces
circonstances, à mon avis la proposition du
1er juin pourrait
être une autre manoeuvre de temporisation,
pour
maintenir le commandement entre les mains de
l'armée
américaine. Récemment il y a eu une
entente à
l'effet que le gouvernement sud-coréen paie
une plus
grande part des coûts associés au
maintien de
l'armée américaine sur son
territoire. Les Coréens
veulent que l'armée américaine
quitte la Corée
parce qu'elle
est un obstacle à la réunification.
Nous ne voulons pas
que l'armée américaine prolonge son
séjour en
Corée du sud.
LML : Que
voulez-vous nous
dire sur la situation actuelle sur la
péninsule coréenne
en conclusion ?
HPC : À mon avis le
gouvernement
sud-coréen n'a pas l'autonomie
nécessaire pour prendre
des décisions concernant la
réunification de
la Corée parce qu'il est sous l'influence
des États-Unis.
La clé, ce sont les relations entre la RPDC
et les
États-Unis. La solution du conflit passe
par la
normalisation de ces relations, à commencer
par la signature
d'un traité de paix tel que stipulé
par l'Accord
d'armistice signé le 27 juillet 1953.
J'espère
sincèrement que les Canadiens vont soutenir
de tout coeur
l'appel à un traité de paix.
Révocation du plan de transfert du
contrôle
militaire en temps de guerre des États-Unis
Les militants antiguerre en Corée du sud
s'opposent à la nouvelle structure de
commandement
combiné américano-sud coréen
annoncée le
1er juin, qui s'avère être
de la poudre aux yeux pour masquer l'intention du
gouvernement de
maintenir la domination américaine sur les
affaires
sud-coréennes.
Le 3 juin, l'organisation Solidarity for Peace
And
Reunification of Korea (SPARK) a tenu une
conférence de presse devant le
ministère de la
Défense
nationale. Sur la banderole on lisait: «
Dénonçons
l'annulation du plan de transférer le
contrôle en temps de
guerre: Non à la création d'une
nouvelle structure de
commandement combiné
États-Unis-Corée du sud.
Transférez le contrôle en temps de
guerre ! »
Yu Yeong Jae, un organisateur de SPARK, a fait
remarquer:
« En transférant le contrôle
opérationnel,
l'armée sud-coréenne a l'avantage de
maintenir son
propre commandement séparé. Puisque
cette clause a
été exclue de l'accord
opérationnel, ce n'est pas
mieux que si nous avions abandonné le
transfert du
contrôle
opérationnel. »
Le
communiqué publié par SPARK souligne
que les
États-Unis
et la Corée du sud brandissent
l'épouvantail de
l'agression
par la RPDC
pour justifier la révocation du plan de
transférer le
contrôle en temps de guerre aux militaires
de la Corée du sud. La déclaration
ajoute que l'objectif est
également à des fins d'encercler la
Chine.
Le 3 juin
2013, des
militants sud-coréens tiennent un
rassemblement et
une conférence de presse à
l'extérieur
du ministère de la Défense
nationale à Séoul (SPARK)
Les activistes de Sauvons maintenant Jeju,
une
organisation qui travaille pour arrêter la
construction d'une
base navale américaine sur l'île de
Jeju, en Corée, soulignent que la
Corée du sud est
actuellement le seul pays au monde qui n'a pas le
droit de
contrôler sa propre armée en temps de
guerre.
C'est le cas depuis 60 ans, depuis que l'Accord
d'armistice a mis fin
aux opérations militaires de la guerre de
Corée. Sauvons
maintenant Jeju
explique que le contrôle opérationnel
de l'armée
sud-coréenne a été un
problème depuis la
guerre de Corée lorsque le président
Rhee Syng Man a
transféré
en 1950 ce droit au général
américain Douglas
MacArthur, commandant des forces de l'ONU à
l'époque.
Sous le gouvernement de Kim Young Sam, le
contrôle
en temps de paix de l'armée
sud-coréenne a
été transféré des
États-Unis vers la
Corée du sud le 1er décembre 1994.
Le transfert vers la Corée du sud du droit
de contrôle en temps de guerre a
été soulevé
pour la première fois en 2005, lors de
l'initiative en
matière de politique de
sécurité entre les
États-Unis et la Corée du sud. Le
gouvernement de Roh Moo-Hyun a mis beaucoup
d'efforts en
2006 pour que cette question progresse.
Un article paru dans l'édition du 3 juin
du
journal sud-coréen de langue anglaise Hankyoreh
explique:
« La nouvelle proposition annoncée
le 1er
juin pour la structure de commandement
combiné
États-Unis-Corée du sud est presque
identique à la
structure existante du commandement des forces
combinées. Le
changement majeur est que la personne de
plus haut rang dans la structure de commandement
combiné passe
du commandant des forces américaines en
Corée au
président du chef d'état-major
sud-coréen.
[...]
« Conséquemment, le chef
d'état-major sud-coréen et les
forces américaines
en Corée sont regroupés en un
commandement
interarmées sur le terrain,
et les forces terrestres, marines et
aériennes ainsi que les
forces spéciales sont placées sous
ce commandement commun
qui les sous-tend. [ ...]
« Toutefois, en temps de guerre un
commandant
américain gardera le contrôle de
l'armée de l'air,
la force clé dans une guerre contemporaine.
Cette mesure
est considérée comme la
reconnaissance de la
suprématie aérienne écrasante
et de la longue
expérience de la 7e Force aérienne
des
États-Unis, qui se trouve
à la base aérienne d'Osan
située à
Pyeongtaek, province de Gyeonggi.
« Cet accord est très
différent de
la structure de base préparée par
l'ancien
président Roh Moo-hyun, qui a oeuvré
pour regagner le
contrôle opérationnel
en temps de guerre. L'essentiel de la passation du
commandement en
temps de guerre, tel qu'endossée par
l'administration Roh, a
été le principe de défense
autonome, l'idée que la Corée du sud
doit être
défendue par les Sud-Coréens.
« Bien que les deux pays aient convenu en
février 2007 de transférer le 17
avril 2012 le
contrôle opérationnel en temps de
guerre à
l'armée sud-coréenne,
le président Lee Myung-bak, qui a pris le
pouvoir, peu
après, l'a repoussé de trois ans,
jusqu'à
décembre 2015, après que son mandat
de président
ait pris fin.
« Quand je regarde la dernière
proposition
publiée par le ministère de la
Défense, il est
difficile de voir qu'ils ont l'intention d'obtenir
une défense
nationale
indépendante, qui est la raison de
l'idée originale de
transférer le contrôle
opérationnel en temps de
guerre », a déclaré Kim
Jong-dae, rédacteur
en chef de Defense 21+. « Il n'est
pas certain que
l'armée sud-coréenne, qui a
été si
dépendante des États-Unis, sera en
mesure de donner des
ordres à l'armée
américaine, et il est également
difficile de savoir si
les États-Unis vont accepter cela. »
Les objectifs et les
intérêts nationaux de la Corée
du sud et des
États-Unis
seront assurément différents si une
guerre éclate.
Le ministère de la Défense ne
respecte pas la position
stratégique de la Corée du sud de
déterminer son
propre
destin et continue de se mettre à la
remorque des
États-Unis pour des raisons tactiques qui
l'accommode », a
suggéré Kim.
La rapporteuse spéciale de l'ONU critique
la
restriction de la liberté d'expression en
Corée du sud
La
Rapporteure spéciale des Nations unies sur
la situation des défenseurs des droits de
l'homme, Margaret Sekaggya, a exhorté le
7 juin le gouvernement de la
République de Corée à
s'assurer
que l'ensemble de ses lois et de ses pratiques
soient conformes aux
normes internationales des droits de
l'homme.
« La société civile de
la Corée du sud est dynamique et
engagée, notamment dans le
domaine des droits de l'homme. Elle est
néanmoins
confrontée
à un nombre de défis qui rendent son
travail plus
difficile », déclare Mme
Sekaggya dans un
communiqué de presse à la fin de sa
première
mission dans
le pays.
La Rapporteure spéciale a notamment
souligné que certaines dispositions
légales, telles que
la loi qui pénalise la diffamation, la
définition trop
vague de
la sécurité nationale ou encore les
lois qui
régulent le contenu de l'internet,
pourraient être
utilisées pour punir les détracteurs
du gouvernement et
restreindre
la liberté d'expression.
« Le dispositif d'autorisation des
manifestations impose des limites à
l'organisation de
rassemblements pacifiques tout en prévoyant
de lourdes amendes
pour ceux qui manifestent pour défendre
leurs
droits », explique Mme. Sekaggya.
L'usage de la force de la police lors des
manifestations
« non autorisées »
est une autre
préoccupation de la Rapporteure
spéciale, qui a
souligné
la nécessité d'une meilleure
formation des forces de
sécurité dans le domaine de
contrôle des foules.
« Je suis préoccupée par
les
restrictions injustifiées du droit
d'association de certains
groupes de défenseurs des droits humains,
en particulier ceux
qui défendent les droits des travailleurs
et des migrants. Les
dispositions contre « l'obstruction du
travail »
du code pénal criminalisent de façon
injuste ceux qui utilisent les rassemblements ou
recourent à la
grève pour défendre leurs
droits », souligne
Mme Sekaggya.
Selon elle, de nombreuses catégories de
défenseurs des droits de l'homme sont
particulièrement
visées, dont les journalistes, les
syndicalistes et les
militants
environnementaux.
À titre d'information
La nécessité d'oeuvrer pour la
paix
dans la péninsule coréenne
- Marty Hart-Landsberg*, le 2 mai
2013 -
S'il est vrai que les relations entre les
États-Unis et la Corée du Nord sont
compliquées
lorsqu'on les examine de près, la base de
ces relations, par
contre,
est relativement simple. En un mot, le
gouvernement des
États-Unis continue d'être
réfractaire aux
ouvertures permettant de normaliser les relations
avec la Corée
du Nord et de promouvoir la paix dans la
péninsule
coréenne tout en privilégiant la
politique
périlleuse de changement de régime.
Malheureusement, bien
que
sans grande surprise, les médias aux
États-Unis appuient
ce choix politique en présentant
délibérément les
événements de
façon unilatérale, pour
présenter la
Corée du Nord comme un interlocuteur de
négociations
incertain et indigne de confiance.
Pour corriger le tir, je propose avec ce qui suit
un
aperçu historique plus complet des
relations
États-Unis-Corée du Nord, en
m'arrêtant aux
principaux
événements qui ont mené aux
tensions actuelles
autour du programme nucléaire de la
Corée du Nord. Cet
examen historique permet de voir que ces tensions
sont en grande partie le résultat de
provocations
répétées et
délibérées de la
part des États-Unis. Une population
informée aux
États-Unis et prête et apte à
remettre en cause et à changer la politique
étrangère des États-Unis
serait en
définitive un important facteur contribuant
à la paix
dans la péninsule coréenne.
Le contexte historique
Sans doute le point de départ le mieux
indiqué pour comprendre la logique qui
sous-tend les relations
États-Unis-Corée
du Nord serait la fin des hostilités de la
Guerre de
Corée en 1953. Les États-Unis ont
insisté pour que
la guerre soit conclue par un armistice et non par
un
traité de paix. Une conférence a eu
lieu à
Genève l'année suivante, mais n'a
pas réussi
à stabiliser la paix et la
réunification de la
Corée et les demandes
étasuniennes sont la principale raison de
cet échec.
Les États-Unis ont rejeté les
demandes de
la Corée du Nord à l'effet de tenir
des élections
à l'échelle de la Corée,
supervisée par une
commission composée
de représentants de pays neutres et visant
à former un
nouveau gouvernement coréen unifié,
une proposition que
même plusieurs alliés des
États-Unis jugeaient
raisonnable. Plutôt, les États-Unis
ainsi que la Corée du sud ont
insisté pour que des élections se
tiennent seulement en Corée du Nord et sous
la supervision
des Nations unies dominées par les
États-Unis.
Évidemment la conférence s'est
terminée sans
déclaration finale, laissant une
Corée divisée et
les États-Unis
et la Corée du Nord en état de
guerre perpétuel.
Jusqu'à la fin des années 1980 et
au
début des années 1990, un ensemble
de relations
litigieuses quoique relativement stables entre les
États-Unis et
l’Union
soviétique et entre la Corée du Nord
et la Corée du sud a calmé les
hostilités entre la Corée du
Nord et les États-Unis. La chute de l'Union
soviétique,
la transformation de la Russie et d'autres pays de
l'Europe centrale en
pays capitalistes a tout changé.
La Corée du Nord ayant perdu ses
principaux
partenaires économiques, son
économie a été
en proie au chaos et les périodes
d'inondations et de
sécheresse
qui ont suivi n'ont fait qu'aggraver la situation.
Le gouvernement de
la Corée du Nord, maintenant dans une
position relativement
vulnérable, a réagi en cherchant
de nouveaux partenaires commerciaux et
d'investissements. Pour ce
faire, le prérequis était de
normaliser les relations
avec les États-Unis. La réponse du
gouvernement étasunien aux nouvelles
circonstances a
été tout autre : il a
cherché à
profiter des difficultés économiques
de la Corée
du Nord et de son
isolement politique en rejetant toute
négociation et en
cherchant à imposer un changement de
régime.
L'interaction des efforts des États-Unis
et de la
Corée du Nord pour atteindre leurs
objectifs respectifs est au
coeur d'une tendance générale :
le Nord
tente de forcer les États-Unis à des
pourparlers directs
en faisant valoir qu'il peut très bien
intensifier ses
capacités militaires et menacer les
intérêts des
États-Unis. En même temps, elle offre
en guise de
négociation de laisser tomber cet
accroissement de son potentiel
militaire en échange de relations
normalisées. Pour
les États-Unis, ces démonstrations
de puissance militaire
servent à justifier des sanctions
économiques encore plus
draconiennes, ce qui fait que la Corée du
Nord
doit à nouveau hausser le ton.
Cette tendance connaît des interludes.
Parfois les
États-Unis, inquiets du potentiel militaire
grandissant de la
Corée du Nord, vont se mettre à la
table des
négociations. Parfois aussi on en arrive
à des ententes.
Par contre, les États-Unis respectent
rarement leurs
engagements. Et puis la tendance reprend de plus
belle. Le point à retenir est que c'est la
Corée du Nord
qui veut conclure un traité de paix mettant
fin à la
Guerre de Corée et normalisant ses
relations avec
les États-Unis. Le partenaire
récalcitrant dans toute
cette affaire, ce sont les États-Unis, qui
préfèrent vivre au bord de la guerre
dans l'espoir de
faire tomber
le régime nord-coréen.
L'accord-cadre, 1994-2002
Le gouvernement étasunien a
commencé
à soulever des inquiétudes au sujet
d'une possible menace
nord-coréenne
immédiatement au lendemain de
l'effondrement de l'Union
soviétique. La motivation des
États-Unis venait de
plusieurs facteurs, en particulier la
nécessité de
se trouver un nouvel ennemi pour justifier le
niveau
élevé de leurs dépenses
militaires. Colin Powell,
qui était alors chef conjoint
d'état-major, avait
expliqué
dans un témoignage devant le Congrès
que faute de l'Union
soviétique, les États-Unis allaient
devoir se trouver de
nouveaux ennemis. Il ne restait, selon lui,
que Fidel Castro et Kim Il Sung.
La Corée du Nord avait fermé son
seul
réacteur fonctionnel en 1989 à
des fins de
réparation. En 1992, la CIA a
prétendu que cette
fermeture
avait servi de couverture pour retraiter du
plutonium et que la
Corée du Nord possédait maintenant
deux armes
nucléaires, ce qui fut même remis en
question
à l'époque par le département
d'État. La
Corée du Nord a aussi nié cette
affirmation tout en
offrant aux États-Unis d'atténuer
leurs
inquiétudes au sujet du
nucléaire à condition qu'ils
participent à des
pourparlers de normalisation.
L'administration de Clinton a rejeté
l'invitation
et s'est mise sur un pied de guerre, laquelle fut
évitée
grâce à l'intervention de Jimmy
Carter. Celui-ci avait
voyagé en Corée du Nord et avait
négocié un
accord avec Kim Il Sung, accord que Clinton a
accepté non sans
objections. L'accord- cadre de 1994 qui
en a résulté obligeait la
Corée du Nord à
mettre en suspens son réacteur
modéré au graphite
et de suspendre la construction de deux
réacteurs plus
importants.
Il obligeait aussi la Corée du Nord
à stocker le
combustible ayant servi à ses
réacteurs fonctionnels sous
supervision de l'Association internationale de
l'énergie
atomique (AIEA).
En échange, les États-Unis avaient
accepté de coordonner la construction de
deux réacteurs
à eau ordinaire, que l'on considère
moins
menaçants d'un point
de vue militaire et qui devaient être
terminés avant 2003.
Dès leur achèvement mais avant
qu'ils ne deviennent
fonctionnels, ces réacteurs ainsi que
toutes les
installations nucléaires de la Corée
du Nord devaient
être soumis à des inspections de
l'AIEA. Pendant la
période de construction, les
États-Unis ont accepté
d'approvisionner la Corée du Nord en
pétrole lourd devant
servir à la production
d'électricité et au
chauffage.
Aussi, l'accord appelait les États-Unis
à « tout mettre en oeuvre pour
la normalisation
intégrale des relations politiques et
économiques »
avec la Corée du Nord et à s'engager
à
« fournir des assurances formelles
à la Corée
du Nord que les États-Unis n'auraient pas
recours aux menaces ou
à l'utilisation d'armes
nucléaires ».
Les médias aux États-Unis ont
rarement
rendu compte du peu d'effort déployé
par le gouvernement
des États-Unis pour respecter leurs
engagements. Les
livraisons de pétrole n'ont connu que des
retards et les
sanctions n'ont commencé à
être levées qu'en
juin 2000. Aussi, le béton pour le premier
réacteur
à eau
ordinaire n'a été coulé qu'au
mois d'août
2002. Des années plus tard, des documents
du gouvernement
étasunien ont révélé
que les
États-Unis avaient lésiné
parce que les représentants du gouvernement
étasunien
étaient convaincus que le régime de
la Corée du
Nord allait s'effondrer.
L'administration Bush ne voulait pas de
l'accord-cadre
et y a allègrement mis fin à la fin
de 2002 sous
prétexte que la Corée du Nord
n'avait pas
respecté les conditions de l'accord en
préparant des
armes nucléaires par le biais d'un
programme secret
d'enrichissement d'uranium. En janvier 2002, par
ailleurs,
le président Bush avait placé la
Corée du Nord au
rang des pays faisant partie de « l'axe
du mal ».
En mars de la même année, le contenu
d'une
nouvelle doctrine militaire a été
éventé,
révélant que les États-Unis
se réservait le
droit d'avoir recours à des attaques
militaires
préventives et à des actions
secrètes contre des pays ayant en leur
possession des armes
nucléaires, biologiques et chimiques mais
aussi d'avoir recours
aux armes nucléaires advenant un
confit. La Corée du Nord était l'un
de ces pays
ciblés. En juillet, le président
Bush rejetait la
proposition de la Corée du Nord de tenir
une réunion des
ministres
des Affaires étrangères et disait de
Kim Il Jong qu'il
était un « pygmée »
et
« un enfant gâté à
la table de
cuisine ».
Il est possible que la Corée du Nord ait
en effet
entrepris un programme d'uranium enrichi à
la fin des
années 90, bien que l'administration Bush
n'ait jamais
fourni aucune preuve de l'existence d'un tel
programme. Ce qui est
clair cependant, c'est que la Corée du Nord
a bel et bien
cessé son programme de plutonium,
a laissé ses installations
péricliter sans recevoir grand
chose en retour. Le refus des États-Unis de
respecter leurs
engagements se reflète dans le fait que les
demandes actuelles de la Corée du Nord sont
basées sur
ces engagements pris par les États-Unis en
1994.
Le gouvernement nord-coréen a
riposté
à la fin de l'Accord cadre tel que
prononcée par
l'administration Bush en exigeant que les
inspecteurs de l'AIEA
quittent le pays. Aussi a-t-il repris son
programme de plutonium tout
en s'engageant à bâtir un arsenal
nucléaire pour se
défendre.
Pourparlers à six, 2003-2007
Craignant qu'une guerre n'éclate à
nouveau
dans la péninsule coréenne, le
gouvernement chinois a
organisé des
pourparlers dans le but de réduire les
tensions entre les
États-Unis et la Corée du Nord. Les
pourparlers ont
débuté en août 2003 avec
la participation
de six pays : les États-Unis, la
Corée du Nord, la Corée du sud, le
Japon, la Chine et la Russie. Deux ans de
pourparlers n'ont permis de résoudre aucun
des litiges séparant les États-Unis
et la Corée du
Nord. Cela s'explique en grande partie par le fait
que le porte-parole
des États-Unis avait reçu l'ordre de
ne
pas s'adresser directement à ses homologues
nord-coréens
si ce n'est que pour exiger que la Corée du
Nord mette fin
à ses activités nucléaires,
qu'elle
détruise
ses missiles, réduise ses forces
conventionnelles et cesse de
porter atteinte aux droits de la personne. La
Corée du Nord,
pour sa part, refusait de faire de son
programme nucléaire une question
séparée de ses
relations plus larges avec les États-Unis.
En bout de ligne, en 2005 les Chinois ont
annoncé que selon eux les pourparlers
étaient un
échec et qu'ils tiendraient les
États-Unis responsables
de
cet échec. Peu de temps après, les
États-Unis ont
cessé de s'opposer à une entente. En
septembre
2005, les six pays ont émis une
déclaration conjointe
qui ressemblait à toutes fins pratiques
à l'Accord-cadre.
Tandis que tous les pays se sont engagés
à oeuvrer
à la dénucléarisation de la
péninsule
coréenne, les
pas concrets les plus importants relevaient des
États-Unis et de
la Corée du Nord « par
étapes
conformément au principe du donnant-donnant
tant au niveau
de l'engagement que de l'action ».
Malheureusement, au lendemain de la
déclaration
conjointe, les États-Unis l'ont
sabordée. Le
Trésor étasunien avait
annoncé qu'il
détenait des preuves que
la Corée du Nord était
engagée dans la
contrefaçon de billets de banques de
100 $, les
« super billets », et que
cette
contrefaçon allait mener
à la guerre. Il a pointé du doigt le
Banco Delta Asia
établie au Macao et qui était l'une
des principales
liaisons financières de la Corée du
Nord en Occident
et l'a accusé de soutenir des
activités illégales.
Il a alors gelé les comptes en dollars et a
émis un
avertissement aux autres banques de couper tout
lien d'affaires
avec cette banque et de ne pas autoriser des
transactions en dollars
nord-coréens. Le but était d'isoler
la Corée du
Nord en lui niant accès aux marchés
internationaux du crédit. L'accusation de
contrefaçon a
été rejetée par la
Corée du Nord, mais
aussi par la plupart des experts monétaires
occidentaux ainsi
que
par la Chine et la Russie, peu convaincues par les
preuves mises de
l'avant par le Trésor étasunien.
Cependant, par craintes
de représailles de la part des
États-Unis, la plupart des
banques se sont pliées à la
politique étasunienne,
ce qui eut un grave impact sur l'économie
nord-coréenne.
Le moment choisi pour les accusations de
contrefaçon est révélateur.
Le Trésor
étasunien connaissait le problème
des super billets de
banque depuis
1989 et avait d'abord accusé l'Iran.
Le total de ces
billets était de seulement de 50
millions $ et ceux-ci ne
circulaient même pas aux États-Unis.
Il ne s'agissait de toute évidence que
d'une nouvelle tentative
de saboter le processus de normalisation et
d'intensifier la pression
économique sur la Corée du
Nord.
La Corée du Nord a annoncé que le
prérequis pour sa participation aux
Pourparlers des six
était que les États-Unis retirent
leurs accusations de
contrefaçon
et qu'ils remboursent ses dépôts en
dollars à la
Banco Delta Asia. Après des mois d'inaction
de la part des
États-Unis, la Corée du Nord, elle,
est passée
à
l'action. Le 4 juillet 2006, elle a fait des
tirs d'essai de
six missiles au-dessus de la mer du Japon, y
compris un missile
intercontinental. Les États-Unis et le
Japon ont condamné
ces actions et ont intensifié leurs
sanctions contre la
Corée du Nord. La Corée du Nord a
riposté le
8 octobre 2006 en
procédant à son premier essai
nucléaire. En fin de
compte, les États-Unis se sont dits
prêts à
reconsidérer l'embargo financier et la
Corée du Nord a
annoncé
que si son argent était remboursé et
qu'elle recevait de
l'aide économique et des approvisionnements
d'énergie
elle pourrait envisager de fermer à nouveau
ses
installations nucléaires, de laisser aussi
entrer les
inspecteurs internationaux et de discuter d'un
désarmement
nucléaire, le tout conformément
à des efforts de
normalisation de ses relations avec les
États-Unis.
Les Pourparlers des six ont repris à
nouveau en
décembre 2006, mais le processus de mise en
oeuvre de la
déclaration conjointe était tout
sauf
harmonieux. Le négociateur en chef pour les
États-Unis
aux pourparlers a annoncé en février
2007 que tous
les dépôts nord-coréens
seraient
dégelés et
rendus à la Corée du Nord en
l'espace de 30 jours. On
accordait à la Corée du Nord 60
jours pour fermer son
réacteur. Cependant le Trésor a
refusé de retirer
ses accusations et aucune banque ne voulait se
porter volontaire pour
gérer l'argent de peur d'être
accusé de
complicité avec le terrorisme. Le
25 juin, le
département d'État avait
réussi de façon
détournée à trouver une
alternative permettant de
résoudre le problème, ce qui a fait
que l'entente des six a pu aller
de l'avant.
L'entente des six, 2007-2009
Tel que mentionné, l'entente des six
devait se
faire par étapes. La première
étape, qui avait
connu du retard du
fait que les États-Unis avaient mis du
temps à rembourser
les fonds nord-coréens, fut
complétée sans heurts.
En juillet 2007, la Corée du Nord a
fermé
et scellé son complexe nucléaire de
Yongbyon où se
trouvaient le réacteur, l'installation de
retraitement et
l'usine servant à fabriquer les barres de
combustible.
Elle a aussi fermé et scellé ses
deux réacteurs
nucléaires dont elle n'avait pas
terminé la construction.
Elle a aussi invité à nouveau les
inspecteurs de l'AIEA.
En retour, les États-Unis y ont
expédié une
cargaison de mazout.
La deuxième étape a
débuté
en octobre et la Corée du Nord devait
procéder à
la désactivation de toutes ses
installations nucléaires
avant le
31 décembre 2007 et
« rendre disponible
toute l'information faisant le point sur tous ses
programmes
nucléaires existants ». Selon
une
entente conclue séparément, elle
donnait aussi son accord
à révéler où en
étaient rendues ses
activités d'enrichissement d'uranium. En
retour, la Corée
du Nord
devait recevoir, par étapes,
« de l'aide pour ses
besoins d'énergie, économiques et
humanitaires ». Dès que ces
conditions de la
deuxième étape
seraient respectées, la Corée du
Nord devait être
exclue de la Loi sur le commerce avec
l'ennemi des
États-Unis ainsi que de la liste des
États qui
appuient le terrorisme.
La deuxième étape a
été
lente à finaliser dû à
l'insatisfaction de la
Corée du Nord face aux délais dans
la livraison de
mazout. En mai 2008 cependant,
la Corée du Nord a accompli les exigences
finales de la
deuxième étape en publiant une
documentation
détaillée de son programme de
plutonium et, en juin,
une déclaration sur son inventaire
nucléaire. De son
côté, les États-Unis ont
retiré la
Corée du Nord de la liste des États
appuyant le
terrorisme.
Cependant, le gouvernement étasunien n'a
pas
respecté son engagement de fournir l'aide
promise selon
l'entente et de lever les sanctions contre la
Corée
du Nord. Il exigeait dorénavant que la
Corée du Nord
accepte un protocole de vérification des
plus intrusifs qui
ouvrirait toutes les installations militaires
nord-coréennes
à l'inspection des États-Unis,
déclarant que son
engagement envers la deuxième étape
était
conditionnel à cette nouvelle imposition.
Les États-Unis
étaient conscients que cette exigence ne
faisait pas partie de
l'entente originale. La secrétaire
d'État Rice avait
déclaré : « Ce que
nous venons de
faire, en effet, est de passer en
accéléré aux
engagements de la troisième étape
touchant à la
vérification et à l'accès aux
réacteurs. »
La Corée du Nord a proposé un
compromis,
c'est-à-dire un mécanisme de
vérification
chapeauté par les six par lequel des
visites sur les sites
nucléaires
déclarés seraient permises ainsi que
des entrevues avec
le personnel technique. Elle a aussi
proposé de négocier
un nouveau protocole de vérification au
moment
du démantèlement final. Le
gouvernement étasunien
a rejeté ce compromis et a interrompu
toutes ses livraisons
d'aide.
En février 2009, la Corée du Nord a
commencé ses préparatifs pour le
lancement d'un
satellite. La Corée du sud devait
procéder à son
propre lancement
de satellite en juillet. La Corée du Nord
avait signé
tous les protocoles internationaux
régissant les satellites et
avait rendus publics les détails de son
plan de
lancement. L'administration Obama a mis en garde
la Corée du
Nord qu'elle ne serait pas conforme aux sanctions
qui lui avaient
été imposées suite à
son essai
nucléaire. La Corée du Nord a
affirmé qu'elle
avait tous les droits de développer sa
technologie de satellite
et que si les États-Unis ripostaient par de
nouvelles
sanctions, elle se retirerait des Pourparlers des
six, elle sortirait
les inspecteurs de l'AIEA du pays, elle remettrait
ses réacteurs
en marche et elle consoliderait
son programme nucléaire comme moyen de
dissuasion.
La Corée du Nord a lancé son
satellite en
avril. En juin, les États-Unis avaient
gagné l'appui de
l'ONU pour imposer de nouvelles sanctions et la
Corée
du Nord a mis sa menace à exécution.
En mai, elle a
procédé à un autre essai
nucléaire donnant
lieu à encore de nouvelles sanctions.
Les événements récents
En avril et en décembre 2012, la
Corée
du Nord a à nouveau lancé des
satellites d'observation.
Chacun de ces
lancements a été accueilli par des
protestations des
États-Unis prétendant qu'il
s'agissait en
réalité d'essais de missiles
balistiques
représentant une menace pour
les États-Unis, même si la presque
totalité des
observateurs s'entendaient pour dire que les
caractéristiques
des lancements -- le trajectoire, la faible
propulsion
et l'autonomie prolongée --
répondaient aux exigences
d'un lancement de satellite dans l'espace et non
d'un essai de missile.
Suite au lancement de décembre, le seul
lancement
réussi, les États-Unis ont encore
une fois convaincu le
Conseil de sécurité d'imposer une
nouvelle ronde
de sanctions. La riposte de la Corée du
Nord a été
de mener à bien son troisième essai
nucléaire en
février 2013. Le ministère des
Affaires
étrangères de la
Corée du Nord a fait valoir qu'il y avait
eu « plus
de 2 000 essais nucléaires et
9 000 lancements de
satellite » dans le monde,
« mais le conseil de
sécurité de l'ONU n'a
jamais adopté de résolutions
empêchant les essais
nucléaires ou les lancements de
satellites ». Le
Conseil
de sécurité a réagi à
l'essai
nucléaire de la Corée du Nord en
approuvant des sanctions
encore plus draconiennes.
Au-delà des sanctions, les
États-Unis ont
aussi intensifié leurs provocations
militaires contre la
Corée du Nord en espérant
déstabiliser le nouveau
régime
nord-coréen dirigé par Kim Jung Un.
Par exemple, en
2012 les analystes militaires des
États-Unis et de la Corée du sud ont
mené l'exercice de simulation
de guerre informatisée le plus important au
monde,
déployant plus de 100 000 troupes
sud-coréennes simulant
une invasion de la Corée du Nord dans le
but
de « stabiliser le pays en cas de chute
du
régime ». Leurs exercices
militaires annuels
comprennent aussi le déploiement de la part
des
États-Unis
et de la Corée du sud des plus importantes
opérations de
débarquement amphibies depuis 20 ans :
13 navires
militaires, 52 véhicules
blindés
amphibies, 40 chasseurs à réaction
et
hélicoptères et 9 000 soldats
américains.
Lors des exercices de guerre en mars 2013, les
États-Unis ont utilisé des
bombardiers Stealth
B-2 à capacité nucléaire
au-dessus de la Corée du sud.
Il s'agit des seuls avions en mesure de lancer une
bombe de
pénétration Massive Ordonnance de 30
000 livres, mise au
point pour détruire les installations
souterraines de la
Corée du Nord. Des bombardiers à
capacité
nucléaire B-52 ont aussi
survolé la Corée du sud, utilisant
des munitions factices. Les
États-Unis ont aussi déployé
le sous-marin
à propulsion nucléaire USS
Cheyenne,
armés de missiles Tomahawk, dans les eaux
coréennes.
Le gouvernement de la Corée du Nord a
répondu à ces menaces de trois
façons. D'abord, le
ton de ses déclarations a changé. En
particulier, elle a
commencé
à concentrer ses propres menaces contre les
États-Unis et
contre la Corée du sud. Par exemple, le
gouvernement a
déclaré : « Si les
impérialistes
étasuniens brandissent des armes
nucléaires, alors nous,
contrairement à nos réactions
antérieures, au
moyen d'attaques nucléaires
diversifiées, précises
et de
notre cru, allons transformer non seulement
Séoul mais
Washington elle-même en une mer de
feu. » Elle a aussi
affirmé, pour la première fois, que
ses
armes nucléaires étaient
dorénavant non
négociables, du moins, aussi longtemps
qu'existeront
« les menaces nucléaires et la
politique hostile des
États-Unis ».
Deuxièmement, le gouvernement a
placé les
forces nord-coréennes en état
d'alerte, y compris toute
l'artillerie, les fusées et les missiles.
Kim Jong Un a
annoncé que le pays
« riposterait au chantage
nucléaire des États-Unis par une
attaque nucléaire
sans merci ». En dernier lieu il a
annoncé, en avril,
qu'il rétablirait son programme d'uranium
enrichi et son
réacteur Yongbyon.
Ce que réserve l'avenir
L'administration Obama a adopté ce qu'elle
appelle la doctrine de la « patience
stratégique » vis-à-vis
la Corée du Nord. Mais comme permet de le
constater l'histoire
récente, en réalité les
États-Unis ont
toujours maintenu leur politique agressive envers
la Corée
du Nord, motivés par l'espoir que le
régime s'effondre et
que la réunification de la Corée se
fasse par
l'absorption du nord par le sud, comme en
Allemagne.
La conséquence de cette politique est
l'aggravation des conditions économiques
dans le nord, la hausse
des tensions militaires entre les
États-Unis, le Japon,
la Chine et les deux Corée, l'encouragement
des forces de droite
en Corée du sud et au Japon et la menace
grandissante d'une
nouvelle guerre sur la péninsule
coréenne. Il y a de puissants
intérêts au Japon, en Corée du
sud et aux États-Unis qui favorisent une
militarisation de la politique
étrangère et
intérieure, même
au risque de provoquer la guerre. Tragiquement,
cela se fait aux
dépens de la majorité des gens
touchés dans ces
pays, même si la guerre est
évitée.
La Corée du Nord a clairement
énoncé sa disposition à
entamer des pourparlers
directs avec les États-Unis. Seule la
pression populaire aux
États-Unis peut
forcer le gouvernement américain à
changer sa politique
et à accepter l'offre de
négociation. Il est temps que le
gouvernement des États-Unis signe un
traité
de paix mettant finalement un terme à la
Guerre de Corée et fasse
des gestes sincères en faveur de la
normalisation des rapports
avec la Corée du Nord.
* Martin
Hart-Landsberg est professeur d'économie
et directeur du
programme d'économie politique au
collège Lewis and
Clark, à Portland, en Oregon et
chercheur attaché à l'Institut des
sciences sociales de
l'Université nationale de Gyeongang, en
Corée du sud. Son
domaine d'enseignement et de recherche
comprend l'économie politique, le
développement
économique, l'économie
internationale et
l'économie politique de l'Est asiatique.
Il est également
membre du
Conseil pour les droits des travailleurs
(Portland). Cet article a
été publié par le Korea
Policy Institute.
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Site web: www.pccml.ca
Courriel: redaction@cpcml.ca
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