Numéro 46 - 22 mars
2013
L'ordre du jour antisocial du
gouvernement Harper
Musèlement de la dissidence des
professionnels
de la fonction publique
L'ordre
du jour antisocial du gouvernement Harper
• Musèlement de la dissidence des
professionnels de la fonction publique - Jim Nugent
• Les médecins dénoncent les
cliniques de sang à but lucratif
• L'opposition à la réforme de
l'assurance-emploi se poursuit - Serge Lachapelle
Colombie-Britannique
• Le scandale du «vote ethnique»
souligne la nécessité du renouveau démocratique
– Dorothy-Jean O'Donnell and Charles Boylan
L'ordre du jour antisocial du
gouvernement Harper
Musèlement de la dissidence des professionnels
de la fonction publique
- Jim Nugent -
Le gouvernement Harper essaie encore d'empêcher
les professionnels de la fonction publique oeuvrant dans les domaines
scientifiques, techniques et culturels de dénoncer la direction
antisociale dans laquelle il entraîne le Canada. Sa plus
récente mesure dans ce sens est une ordonnance imposant le
secret aux professionnels de la fonction publique à
Bibliothèque et Archives Canada (BAC), une institution
culturelle fédérale gérée par le
ministère du Patrimoine Canada et des Langues officielles.
Les gestionnaires du BAC tiennent présentement
des sessions d'information dans le but d'informer les archivistes et
les bibliothécaires des conditions imposées par
l'ordonnance selon un nouveau code d'éthique qui a cours depuis
janvier 2013. Les employés sont avertis que les gestionnaires se
sont donnés le droit de prendre des mesures punitives contre
tout employé qui révélerait au grand public les
activités et les politiques du BAC. Les professionnels du BAC se
voient interdire de faire des commentaires aux médias.
Même des révélations au sujet du BAC faites par le
biais de courriels personnels ou dans les médias sociaux
pourraient être sujettes à des mesures disciplinaires.
Le code d'éthique identifie spécifiquement
certaines activités professionnelles en tant qu'activités
à « risques élevés » pouvant
révéler des informations au sujet du BAC au public. Il
impose une panoplie de critères restrictifs et de recours visant
à obtenir l'autorisation administrative nécessaire pour
mener à bien ces activités, que celles-ci soient
exercées au travail ou en dehors du travail. Les
activités identifiées comme étant à
« risques élevés » comprennent la
participation à des conférences d'archivistes, de
bibliothécaires, d'historiens et d'autres universitaires, ainsi
que la collaboration avec les professionnels d'autres institutions ou
encore liée à l'enseignement à temps partiel ou
bénévole.
Le recours à un code
d'éthique par le gouvernement Harper pour réduire au
silence les professionnels du BAC est partie intégrante d'une
série de mesures semblables qui sont mises en place dans
l'ensemble des services de la fonction publique. En avril 2012, le
gouvernement a émis un décret ministériel exigeant
de tous les ministères fédéraux qu'ils mettent en
oeuvre des codes d'éthique pour leurs employés comme
celui du BAC. Ce décret concordait avec des mesures
gouvernementales annoncées dans le budget 2012 visant
à couper 19 200 emplois dans l'ensemble de la fonction
publique, réduisant le fonctionnement d'un grand nombre de
ministères gouvernementaux et menant à
l'élimination ou à la privatisation de plusieurs services
gouvernementaux d'importance.
Les nouveaux codes d'éthique qui imposent le
silence et des mesures punitives dans l'ensemble de la fonction
publique visent à empêcher les employés de la
fonction publique de dénoncer l'ordre du jour agressivement
antinational et antisocial du gouvernement. En déclarant une
question de sécurité le droit des professionnels d'agir
en tant que professionnels et en déclarant illégale
l'affirmation de leur droit de conscience, Harper veut s'assurer que
cette couche d'intellectuels et de professionnels soit réduite
en une force désorganisée et sans voix. C'est une
situation très dangereuse.
On doit présumer que les changements aux codes
d'éthique visent à créer un courant d'autocensure
au sein des professionnels afin de les empêcher de s'exprimer en
tant que personnes possédant une expertise dans divers domaines
où le gouvernement porte atteinte à
l'intérêt public. Dans une telle situation, il ne reste
que les syndicats des employés de la fonction publique pour
parler à la défense de leurs droits et quand ils le font,
le gouvernement tente de les marginaliser en disant qu'ils ne font que
défendre des « intérêts
spéciaux ». Ce qui veut dire que personne ne
représente l'intérêt public.
En ce qui concerne le BAC, le gouvernement Harper
considère qu'il a beaucoup de choses à cacher. Cette
importante institution culturelle est un des domaines de la fonction
publique où les coupures de postes importantes et la destruction
générale ont présentement libre cours. Le 30 avril
le BAC a remis à 450 employés des avis à l'effet
que leurs emplois seraient affectés par des coupures et que
215 postes seraient éliminés. Ces coupures faisaient
partie de la première vague de plus de 3 500 abolitions
d'emplois à la fonction publique mises en oeuvre peu
après le budget de 2012.
Les coupures au BAC annoncées en avril dernier
comprennent :
- l'élimination de 21 archivistes et
assistants dans les services d'archives traitant de dossiers non
gouvernementaux, sur un total de 61 ;
- la réduction de 50 % du personnel de
numérisation et de circulation ;
- une importante réduction du personnel qui
oeuvre dans la préservation et la conservation des
documents ;
- la fermeture des services de prêts entre
bibliothèques ;
- la fin d'appuis aux archives provinciales,
régionales et universitaires dans l'ensemble du Canada ;
- le BAC ne gérera plus les archives d'autres
ministères tels que Citoyenneté et Immigration Canada et
Transport Canada, ce qui mènera à leur destruction.
« Les suppressions de postes à
Bibliothèque et Archives Canada constituent une attaque contre
l'une des plus importantes institutions culturelles canadiennes, dit
l'Association canadienne des professeures et professeurs
d'université. Les membres du personnel de notre
bibliothèque et de nos archives nationales sont les gardiens de
notre mémoire collective. Ces compressions diminueront encore
davantage la capacité de Bibliothèque et Archives Canada
à mener à bien le mandat qui lui est confié par la
loi et qui consiste à acquérir et à
préserver le patrimoine historique du Canada ainsi qu'à
le rendre accessible. »
Le premier ministre Harper a déclaré qu'il
allait rebaptiser le musée de la Civilisation
« musée de l'Histoire ». De quelle
histoire s'agira-t-il s'il détruit la mémoire collective
du Canada et de ses gardiens ? La question est très
sérieuse.
Les médecins dénoncent les cliniques
de sang à but lucratif
Les médecins et d'autres professionnels de la
santé dénoncent de nouveau le programme antisocial en
soins de santé du gouvernement Harper ainsi que ses politiques
anti-scientifiques. Les professionnels des soins médicaux
dénoncent le gouvernement pour avoir permis la mise sur pied en
Ontario de cliniques de santé à but lucratif dont
l'objectif est de recueillir du plasma sanguin provenant de donneurs
rémunérés.
Le 12 mars, l'organisation Médecins
canadiens pour le régime public a émis une
dépêche dans laquelle elle déclare s'opposer
à « une nouvelle disposition secrète et
controversée du gouvernement fédéral autorisant
des services à but lucratif de dons de plasma sanguin à
partir de donneurs rémunérés ». Le
communiqué de presse a été publié en
réaction à la décision de la société
privée à but lucratif Canadian Plasma Services de mettre
sur pied deux cliniques à Toronto et une à Hamilton pour
la collecte de plasma sanguin à partir de donneurs
rémunérés.
Rémunérer les donneurs de sang, comme cela
se fait aux États-Unis, est une grave menace pour la
santé publique. L'Organisation mondiale de la Santé
s'oppose à ce que les donneurs de sang soient payés car
cela crée des incitations financières qui subvertissent
les procédures de contrôle de sécurité.
Rémunérer les donneurs va à l'encontre des
recommandations de la Commission Krever en 1997. Cette enquête a
révélé que l'infection de 20 000 Canadiens par
l'hépatite et le VIH est le résultat de produits sanguins
fournis par des monopoles pharmaceutiques américains qui
utilisent du sang provenant de donneurs rémunérés.
Dre Danielle Martin, présidente de
Médecins canadiens pour le régime public, a
déclaré à la presse : « S'orienter
vers un système de dons rémunérés pourrait
compromettre l'un des systèmes les plus sûrs de don
sanguin dans le monde et cela signifie que les dons de sang sont pris
en main par le secteur privé. Le gouvernement
fédéral n'a fait aucun effort pour justifier son soutien
à un changement vers des cliniques privées de donateurs
rémunérés de plasma sanguin, ou de communiquer ses
intentions aux provinces. »
« La question cruciale ici est de permettre
que notre secteur des services sanguins soit ouvert aux entreprises
à but lucratif qui ont un intérêt à procurer
un profit à leurs actionnaires, ce qui pourrait parfois entrer
en conflit avec l'impératif de maintenir des normes
élevées de qualité en santé pour les
Canadiens », a déclaré la Dre Martin.
Le 6 mars dernier, au Parlement, lorsqu'on l'a
interrogé à propos de révélations sur la
mise en place de cliniques à but lucratif qui paient les
donneurs de sang en Ontario, la ministre fédérale de la
Santé, Leona Aglukkaq, a déclaré qu'il est
parfaitement légal pour les entreprises d'acheter le plasma
sanguin, soumis à un permis et une réglementation
fédérales. Santé Canada indique dans une
déclaration à la presse que son mandat de
réglementation des services et des produits sanguins
« ne s'applique pas aux décisions ou
opérations des entreprises telles que la compensation aux
donneurs ».
C'est la norme politique des disciples de Harper, le
droit de monopole supplantant le droit public. Le refus du gouvernement
Harper de restreindre le droit de monopole sur cette importante
question de santé publique est un rejet buté de l'opinion
médicale éclairée et des conclusions de
l'expérience horrible vécue par les Canadiens, telles que
rapportées par l'enquête Krever.
Tout en permettant la mise sur pied de cliniques
à but lucratif de sang provenant de donneurs
rémunérés, le gouvernement permet que la
Société canadienne du sang (SCS), financée et
administrée publiquement, réduise ses services. En mai
2012, la SCS a fermé une clinique de collecte de sang à
Thunder Bay et a licencié les 28 travailleurs de la
santé employés à cet endroit.
Les travailleurs de la SCS ont protesté contre la
fermeture de la clinique, soulignant que non seulement de bons emplois
sont perdus, mais que la fermeture de la clinique rendra le Canada plus
dépendant des produits sanguins provenant des
sociétés pharmaceutiques américaines qui utilisent
des donneurs de sang rémunérés. Le plasma sanguin
recueilli à la clinique de Thunder Bay a déjà
été envoyé à des installations de
fractionnement aux États-Unis et retourné à la SCS
en tant que produits sanguins pour usage au Canada. En même temps
que la SCS a fermé la clinique de Thunder Bay, elle a permis une
augmentation importante d'importation de produits sanguins
fabriqués par des monopoles pharmaceutiques américains
utilisant d'autres sources de donneurs de sang.
Des travailleurs de la
santé à Thunder Bay en mai 2012 protestent contre la
fermeture d'une clinique de sang publique
gérée par la Société canadienne du sang
L'opposition à la réforme de
l'assurance-emploi se poursuit
- Serge Lachapelle -
Lors d'un point de presse le 14 mars à
Montréal, la Coalition contre la réforme de
l'assurance-emploi a annoncé que de nouveaux membres
s'étaient joints à elle. Il s'agit de la
Fédération québécoise des
municipalités (FQM), l'Union des municipalités du
Québec (UMQ), l'Union des producteurs agricoles (UPA),
l'organisme Solidarité rurale du Québec (SRQ) ainsi que
la Coalition de l'Est (qui regroupe nombre d'acteurs
socioéconomiques de la Gaspésie et des
Îles-de-la-Madeleine, du Bas-Saint-Laurent et de la
Côte-Nord).
La Coalition a réitéré que toutes
les organisations composant la coalition québécoise
travailleront de concert afin que le gouvernement fédéral
suspende l'application de cette réforme, qu'il rende publiques
des études d'impact sur les changements qu'il souhaite apporter
et qu'il tienne des consultations publiques sur le sujet. Ces
réformes régressives ont été
dénoncées par les travailleurs et leurs organisations de
défense comme une attaque contre leurs droits et leurs
conditions de travail. Ils demandent qu'on donne une autre direction
à l'économie, une direction qui défende leurs
droits.
Pour le président de la FQM, Bernard
Généreux, les impacts de la réforme sur la
vitalité des régions menacent des secteurs saisonniers
comme l'agriculture, la forêt, la pêche et le tourisme.
« Avec la réforme, c'est la structure même de
l'économie de plusieurs régions qui se trouve
menacée. Le gouvernement fédéral doit absolument
moduler son approche afin de reconnaître la
spécificité des régions et la
complémentarité des territoires. »
Ne pouvant être présent au point de presse,
le président de l'UMQ, Éric Forest, a cependant tenu
à rappeler que cette réforme aura des effets
négatifs majeurs sur le tissu social et économique des
régions. « La réforme poussera les
travailleurs saisonniers et leur famille hors des régions. Nous
perdrons de la main-d'oeuvre qualifiée et des familles
entières. Au Québec, nous travaillons depuis des
années sur des politiques et des projets d'occupation et de
vitalité des territoires, nous ne pouvons pas rester les bras
croisés devant cette réforme. Nous demandons au
gouvernement du Canada de la suspendre. »
Quant au président de l'UPA, Marcel Groleau, il
fait remarquer que « plusieurs secteurs d'activités
essentiels à l'économie du Québec,
particulièrement en région, comme l'agriculture, la
forêt, les pêches ou le tourisme, ont un caractère
nettement saisonnier. Ce sont des milliers de travailleurs
expérimentés et indispensables aux milliers d'entreprises
dynamiques, bien ancrées dans leur localité et des
communautés entières qui sont menacées par ces
nouvelles règles du jeu. La ministre Finley doit absolument
écouter l'appel lancé par la coalition et surseoir
à l'application de sa réforme le temps que des
études d'impact soient réalisées. »
La présidente de Solidarité rurale du
Québec, Claire Bolduc, dénonce l'entêtement du
gouvernement. « C'est une réforme odieuse qui prive
les travailleurs ruraux de leur dignité et qui fera en sorte de
priver des milieux complets de leurs leviers de développement et
d'épanouissement, des leviers que les travailleurs
eux-mêmes ont contribué à mettre sur pied. Et
au-delà des ruraux, c'est l'ensemble des travailleurs canadiens
qui sont trahis par cette réforme
antidémocratique. »
Quant au maire des Îles-de-la-Madeleine et
porte-parole de la Coalition de l'Est, Joël Arseneau, il souligne
que la mobilisation bat son plein depuis plusieurs mois
déjà dans l'Est du Québec et au Nouveau-Brunswick.
« Nos travailleurs sont inquiets, ils ont le sentiment qu'on
s'attaque à eux, plutôt que de s'attaquer au chômage
saisonnier. Le gouvernement devrait avant tout se préoccuper du
développement économique de nos régions. Les
employeurs craignent de perdre leurs travailleurs compétents
quand ils auront été forcés de quitter la
région. On anticipe déjà une pénurie de
main-d' oeuvre saisonnière dans les entreprises des
régions, une perte de productivité et donc moins de
revenus pour les entreprises dans une économie locale
déjà fragilisée. »
Joliette, 18 mars
2013
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Le 16 mars, 350 manifestants ont tenu un
rassemblement contre le saccage de l'assurance-emploi devant Service
Canada à Drummondville.
Des actions de piquetage se sont tenues ce lundi
18 mars à Joliette et une action est prévue le
samedi 23 mars à Trois-Rivières. Ces manifestations
s'inscrivent dans le plan d'action mis au point par la Coalition
québécoise contre la réforme de l'assurance-emploi.
Parmi les enjeux de la réforme que les
organisations mettront de l'avant lors de ces manifestations, il y a
l'arrivée d'un nouveau Tribunal de la sécurité
sociale, qui remplacera les conseils arbitraux, dès le 1er avril.
La coalition estime que ce nouveau mécanisme de
contestation des décisions défavorables minera
l'accès à la justice pour les prestataires parce que les
décisions seront dorénavant prises par une seule
personne. Auparavant, les conseils arbitraux étaient
constitués d'un président, d'un représentant de
l'employeur et d'un représentant de l'employé. Selon la
Coalition, les premières nominations partisanes annoncées
par le gouvernement à la nouvelle instance et le pouvoir
discrétionnaire et expéditif qui leur est
conféré sans aucun contrepoids n'inspirent pas confiance
dans le nouveau processus.
Drummondville, 16 mars
2013
Colombie-Britannique
Le scandale du «vote ethnique» souligne
la nécessité du renouveau démocratique
— Dorothy-Jean O'Donnell and Charles
Boylan -
Le scandale du « vote ethnique »
en Colombie-Britannique montre la nécessité urgente du
renouveau démocratique. Le 14 mars 2013, la veille de
l'ajournement de la session de l'assemblée législative de
la province, le leader du NPD, Adrien Dix, a posé des questions
au sujet d'un document fuité dans lequel était
discutée la stratégie du Parti libéral pour
« gagner le vote » des communautés
ethniques en « présentant des excuses pour les torts
historiques ».
D'après l'opposition
et les experts des médias, les deux principaux aspects de ce
scandale sont : l'utilisation de fonctionnaires du gouvernement
pour élaborer la stratégie électoraliste du Parti
libéral et l'insulte que constitue la manipulation du
redressement des torts historiques à des fins électorales.
Les médias monopolisés disent qu'un autre
aspect de cette histoire, qui n'est pas terminée, est la
façon dont le gouvernement libéral a géré
la crise. Après avoir nié tout acte
répréhensible, Kim Haackstad, proche amie, confidente et
chef de cabinet adjointe de Clark, a démissionné à
cause de son rôle dans ce scandale. Le 4 mars, la
première ministre a demandé et obtenu la démission
de John Yap, député de Richmond-Steveston, ministre du
Multiculturalisme, de l'Éducation supérieure, de
l'Innovation et de la Technologie, bien qu'il n'était pas le
ministre responsable lorsque le document a été
rédigé.
Clark a demandé à John Dyble,
sous-ministre auprès du premier ministre, secrétaire du
Cabinet et responsable de la fonction publique, le plus gros employeur
de la Colombie-Britannique avec 30 000 employés, de faire
enquête sur ce scandale. Dyble a remis un rapport le 14 mars
dans lequel il dit que le gouvernement a agi de façon
inappropriée et demande que le Parti libéral rembourse 70
000 $ au gouvernement pour l'utilisation abusive du temps de
fonctionnaires. Ces 70 000 $ représentent le salaire d'un
fonctionnaire dont plus de la moitié des heures de travail ont
été utilisées à des fins partisanes. Dyble
indique que des informations confidentielles, comme des listes de
contacts d'événements gouvernementaux, ont
été envoyées à tort à des adresses
de courriel personnelles et relève « deux cas graves
de détournement des ressources publiques ».
Selon le Globe and Mail, ces deux cas
sont : celui du manquement grave au code de conduite de Brian
Bonney, qui pendant ses 16 mois à l'emploi du gouvernement
a consacré plus de la moitié de son temps au Parti
libéral, et celui d'un projet d'embauche de relationnistes avec
les collectivités aux frais des contribuables.
La corruption flagrante de cette affaire est
montrée par un courriel privé d'un attaché
politique de John Yap qui se lit : « Il est absolument
essentiel que nous ne laissions aucune preuve de notre aide à la
réalisation de cette stratégie ».
Le rapport de Dyble révèle la tenue le 1er
décembre 2011 d'une réunion convoquée par la
chef de cabinet adjointe à laquelle ont participé des
fonctionnaires, des attachés politiques et des
représentants du Parti libéral de la
Colombie-Britannique. Dyble rapporte des violations du Code de conduite
de la fonction publique et dénonce en particulier l'embauche
sans contrat écrit d'un relationniste communautaire et le fait
qu'un fonctionnaire ait consacré la moitié de son temps
au Parti libéral. Un autre élément de ce scandale,
qui montre une conscience de culpabilité classique, est
l'utilisation d'adresses de courriel personnelles pour contourner la
loi sur l'accès à l'information qui couvre les courriels
du gouvernement.
Depuis le dépôt du rapport Dyble, la
première ministre Christy Clark a annoncé que le Parti
libéral avait fait un chèque de 70 000 $ au
gouvernement et que John Yap ne reviendrait pas au Cabinet.
« Ce document n'est pas d'une lecture facile pour le
gouvernement », a dit Clark. Brian Bonney a remis sa
démission en février. Mike Lee, l'auteur du courriel
à l'ancien ministre John Yap, a démissionné le
14 mars. Le rapport n'implique pas directement la première
ministre. Cependant, c'est la deuxième fois que Christy Clark
est mêlée de près à un scandale majeur, le
premier étant celui de la vente de BC Rail au CN par le
gouvernement Campbell alors qu'elle était ministre de
l'Éducation.
Le rapport d'une deuxième enquête par le
président du caucus libéral, Gordon Hogg, a
été complété le 15 mars. Cette
enquête porte sur les aspects « moraux » et
« éthiques » du scandale. Gordon Hogg a
annoncé qu'il ne sera pas rendu public, sur conseils de ses
avocats, à cause de questions concernant le respect de la vie
privée. Il a commenté le rapport Dyble en disant :
« Plusieurs parties de ce rapport sont
inquiétantes ». Son seul autre commentaire public a
été qu'il était en faveur d'un examen
indépendant par les deux caucus.
Les Britanno-Colombiens
sont indignés par les manipulations cyniques de coulisses de la
question des excuses pour les crimes racistes commis par l'État
canadien, comme l'incident du Komagata Maru en
1914 lorsque les immigrants du Pendjab ont été
interdits d'entrée à Vancouver et expulsés, la
taxe d'entrée imposée aux Chinois, le vol des biens des
Canadiens d'origine japonaise, la dispersion de leurs familles,
l'internement extrajudiciaire des femmes et des enfants, sans parler du
crime de génocide contre les peuples autochtones. Alors que
depuis des décennies, les gens épris de justice de toute
origine exigent que les gouvernements répudient ces crimes
racistes et présentent des excuses, la manipulation de ces
aspirations montre une fois de plus la faillite totale de la politique
de partis.
Selon un sondage Ipsos Reid du 15 mars, 74 %
des Britanno-Colombiens désapprouvent la façon dont le
gouvernement a géré ce scandale, 31 % disent que
seul le Parti libéral est à blâmer et 31 %
disent que ce comportement est typique de tous les partis.
Le même sondage indique 30 % d'approbation de
la première ministre Clark et 65 % de
désapprobation, comparativement à 51 % d'approbation
du chef de l'opposition néo-démocrate Adrien Dix et
40 % de désapprobation, avec des pourcentages
inférieurs pour les chefs conservateur et vert.
L'autocritique ridicule de Clark, à l'effet que
« de graves erreurs ont été
commises », et ses excuses complaisantes ne tiennent pas. La
crise du système de partis et le besoin de renouveau
démocratique ne sont pas abordés. Le PCC(M-L) appelle les
Britanno-Colombiens à se joindre au travail du Parti pour le
renouveau démocratique.
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
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