Numéro 133 - 24 décembre 2012
La nécessité de briser le berceau
historique
Une tâche cruciale pour l'année qui vient
La
nécessité de briser le berceau historique
• Une tâche cruciale pour l'année qui
vient
Comment vous dépensez
votre argent
• Arrêtez de payer les riches! Augmentez
les
investissements dans les programmes sociaux!
Projets
de
loi défendant le «droit d'être esclave» adoptés au Michigan
• Assaut sans précédent contre les
travailleurs
et les syndicats
• Les lois sur le secteur public excluent
plusieurs questions dans le cadre des négociations
À
la défense des droits des Premières Nations du Canada
• La nation crie de Beaver Lake en
Alberta
conteste le droit de monopole
• L'affirmation des droits ancestraux,
issus
des traités et constitutionnels
Note
aux
lecteurs
• Joyeuses fêtes et nos meilleurs voeux pour la
Nouvelle Année
La nécessité de briser le berceau
historique
Une tâche cruciale pour l'année qui vient
L'organisation et la résistance de la classe ouvrière
sont
nécessaires pour débloquer la discussion et la résolution des
problèmes économiques, politiques et sociaux.
Un des pouvoirs importants de l'État moderne est celui
de
manipuler le discours public et de diriger la pensée dans un sens
précis. Sur toutes les questions d'importance, l'État par ses
institutions politiques et les médias de masse subvertit le
discours public de manière à bloquer la discussion, l'élaboration
et l'analyse. La pensée est entraînée dans une direction donnée,
comme du bétail, avec des idées préconçues et des conclusions
tirées d'avance, et il est difficile sinon impossible d'y
échapper sans l'organisation et la résistance collectives.
Des explications faciles sont données pour le chômage,
la crise
économique, le déficit, la dette, la guerre, le taux de
criminalité, le système de santé, l'éducation, la retraite et
surtout les rapports entre employés et employeurs. Ces réponses
et explications sont le plus souvent des diversions ou des
arguments qui tournent en rond et les problèmes ne cessent de
refaire surface sous différentes formes et avec plus d'intensité
puisque les causes restent inchangées.
C'est ce qui se passe avec la fusillade de Newtown dans
laquelle
des enfants et leurs protecteurs ont perdu la vie. Le cerveau
n'avait pas encore absorbé la nouvelle que des enfants de dix à
sept ans ont été tués, que déjà la direction du « débat » était
fixée : pour ou contre le contrôle des armes à feu. Les chefs
politiques n'ont pas perdu de temps à donner une direction au
discours public et à proposer toutes sortes de solutions au
problème des fusillades de plus en plus fréquentes. Le maire
milliardaire de New York Michael Bloomberg, qui soit dit en
passant possède un empire médiatique, a mené la charge. Puis ce
fut au tour du président Obama, suivi de plusieurs commentateurs
de renom qui ont admis avoir été contre le contrôle des armes à
feu, mais ont changé d'idée après le massacre du 14 décembre.
D'abord sous le choc de la tragédie, l'esprit est
aussitôt sous
l'emprise paralysante d'un débat contrôlé. C'est toujours ainsi.
Les individus peuvent rarement échapper au piège que Hardial
Bains a appelé le « berceau historique ». Tôt ou tard ceux qui
parviennent à faire du sens de ce qui se passe finissent par
perdre toute pertinence et par sombrer dans l'isolement s'ils
sont ou demeurent non organisés ou déconnectés du mouvement de la
classe ouvrière.
Un mouvement organisé de la classe ouvrière qui défend
ses
droits et qui résiste à son asservissement par les rapports de
production est la seule force sociale capable de rompre avec le
berceau historique et de maintenir la rupture par la négation de
sa négation et de ses négateurs. C'est la première chose à
saisir. La pensée est routinièrement niée dans le berceau
historique et cette négation doit être niée à son tour d'une
manière organisée et soutenue. La perspicacité de l'individu
n'est pas suffisante. Elle doit devenir une force organisée dans
un mouvement social lié au mouvement de l'histoire, sinon le
berceau historique et ses promoteurs et apologistes vont vite la
submerger et l'étouffer grâce à leur énorme pouvoir de
désinformation et leur capacité à contrôler le discours public.
La perspicacité d'un mouvement organisé de la classe ouvrière,
lorsqu'elle est disséminée, peut venir à bout du pouvoir et de
l'empire du berceau historique et le surmonter.
Le berceau historique porte le poids de 4 000 ans de
systèmes de
classe et de réponses faciles aux problèmes sociaux qui
surgissent des contradictions des rapports de production à chaque
période. La violence de la classe dominante et de son État,
notamment de son armée, est le moyen premier par lequel sont
maintenus les rapports de classe antagonistes et qu'est bloqué le
progrès de la société. Le deuxième moyen est la capacité de
convaincre la classe opprimée, la classe ouvrière dans le monde
d'aujourd'hui, qu'elle ne peut pas penser à l'extérieur du
berceau historique, qu'elle ne peut pas analyser les conditions
telles qu'elles sont et s'établir comme classe dominante capable
de donner une nouvelle direction à la société, avec son propre
système économique, ses institutions politiques et ses formes
sociales correspondant au niveau de développement de la grande
production industrielle.
Une nouvelle direction dans les affaires politiques,
dans
l'économie et dans les formes sociales peut et doit surgir de la
condition sociale dans laquelle les gens vivent, travaillent,
produisent et se reproduisent. Dans les conditions concrètes du
monde d'aujourd'hui, une nouvelle direction n'est pas possible
sans la pensée indépendante, l'organisation et la résistance de
la classe ouvrière.
Les travailleurs produisent tous les produits et
dispensent tous
les services nécessaires à notre existence collective. Ils
produisent et pourvoient aux besoins de la société et sont
garants de sa reproduction. De toutes les forces sociales
modernes, ils sont les seuls qui possèdent la largeur d'esprit
nécessaire pour voir la forêt plutôt que des arbres et surmonter
l'étroitesse de l'intérêt privé qui provient de la propriété
privée des composantes rivales de l'économie.
Le refus de l'élite dominante qui représente les
propriétaires
des composantes rivales de l'économie de reconnaître les droits
de la classe ouvrière mène à la négation du droit des véritables
producteurs des biens et dispensateurs des services d'être au
centre de toutes les décisions touchant à l'organisation de
l'économie et à sa direction et à la résolution des problèmes
auxquels la société est confrontée. Ce droit n'est pas nié dans
l'abstrait ou de façon générale, il est nié dans les institutions
économiques et les secteurs économiques où ils travaillent
directement. La loi 115 du gouvernement de l'Ontario prive les
éducateurs de leur droit à avoir voix au chapitre sur l'éducation
publique alors qu'ils sont les mieux placés pour le faire et les
plus directement touchés, et elle les prive d'une voix au
chapitre sur les salaires, les avantages sociaux, les pensions et
les conditions de travail. La loi 115 est un exemple flagrant du
pouvoir de priver du gouvernement qu'il faut surmonter par
l'organisation et la résistance.
L'établissement de l'harmonie entre la classe ouvrière
et
l'économie socialisée ouvrira les possibilités de résoudre les
problèmes en apparence insurmontables de la société, y compris la
violence meurtrière de la guerre et son expression dans nos
communautés, comme les fusillades et les tueries. En privant
l'élite dominante de son pouvoir de priver la classe ouvrière de
ses droits, on brise le berceau historique dans lequel sont
piégés les problèmes économiques, politiques et sociaux, ce qui
ouvre les possibilités de résolution.
Comment vous dépensez votre argent
Arrêtez de payer les riches! Augmentez les
investissements dans les programmes sociaux!
La façon
dont une personne ou un gouvernement dépense son argent en dit
long sur elle ou lui. Il n'y a pas longtemps, le ministre des
Finances Jim Flaherty a dit que le gouvernement Harper
n'améliorera pas le Régime de pensions du Canada parce que cela
ferait du tort à l'économie. Il n'a pas expliqué comment le fait
de donner plus d'argent à nos aînés appauvris, qui le
dépenseraient sûrement tout de suite, donc de l'argent remis
immédiatement dans l'économie, ferait du tort à l'économie alors
que dépenser 40 milliards $ pour les avions de combat américains
aide l'économie.
Les gouvernements du Canada et des provinces disent
qu'il faut
réduire les dépenses pour l'éducation, la santé et les autres
programmes sociaux. Les médias de masse appellent cela une
politique d'austérité et faire preuve de restreinte. Les
enseignants, travailleurs de la santé, activistes sociaux et
autres appellent cela une attaque contre les droits des citoyens
et contre le tissu social, et un signe que les gouvernements ont
vraiment leurs priorités à l'envers.
Arrêtez de payer les riches !
Selon une étude de l'Institut de recherche sur
les
politiques publiques, le monopole General Motors, qui est une
propriété privée contrôlée par des intérêts américains, a reçu au
total 435 millions $ des gouvernements du Canada et de l'Ontario
ne serait-ce qu'en 2005. Un autre monopole américain de
l'automobile, Chrysler, a reçu 122 millions $ des deux paliers de
gouvernements la même année et un troisième, Ford, a reçu au
total 161 millions $ de 2008 à 2010.
Ford prétend avoir refusé de bénéficier du plan de sauvetage
durant la crise économique de 2008-2010, mais il a quand même
reçu 161 millions $ du gouvernement canadien pour ces années.
On apprend maintenant que ces trois monopoles possédés et
contrôlés par des intérêts américains viennent de signer des
conventions collectives avec les travailleurs canadiens de
l'automobile avec comme condition qu'ils doivent recevoir encore
plus d'argent du trésor public.
L'accord sur le Passage international de la rivière
Détroit
Les dépenses consenties aux termes de l'accord
avec les
États-Unis pour construire un autre pont reliant Windsor à
Détroit en disent long sur les gouvernements du Canada, des
États-Unis, de l'Ontario et du Michigan. Le gouvernement Harper
et le gouvernement de l'Ontario ont accepté de verser 550
millions $ des fonds publics à des monopoles privés pour
construire et gérer le pont et les voies d'approche des deux
côtés de la rivière. Le gouvernement canadien paie la part du
gouvernement de l'État du Michigan parce que ce dernier dit
n'avoir plus d'argent après avoir versé 6,5 milliards $ en
subventions à différents monopoles, dont la majeure partie a été
accaparée par les monopoles de l'automobile.
Le Michigan est l'État qui a vu grandir GM, Ford et Chrysler et
on y trouve encore aujourd'hui beaucoup d'usines de l'industrie
de l'automobile. C'est en grande partie ces mêmes monopoles de
l'automobile qui ont demandé la construction du nouveau pont pour
répondre à leurs besoins de transport d'automobiles et de pièces
automobile d'un pays à l'autre. Ils veulent aussi accroître la
concurrence entre les gouvernements à savoir lequel leur donnera
le plus d'argent en subvention et la concurrence entre les
travailleurs de l'automobile des deux côtés de la frontière à
savoir lesquels auront les réclamations les moins élevées sur la
valeur qu'ils produisent.
Pour s'assurer que les fonds publics continuent d'aller aux
monopoles possédés et contrôlés par des intérêts privés et non
aux programmes sociaux, le Michigan a adopté une nouvelle loi qui
affaiblit les syndicats pour que la classe ouvrière et ses
collectifs soient privés de leurs droits et d'une voix au
chapitre sur la façon dont l'argent public est dépensé.
Le gouvernement libéral de l'Ontario a adopté une loi semblable,
la loi 115, qui enlève aux enseignants et autres travailleurs de
l'éducation leurs droits et une voix au chapitre sur la façon
dont l'argent public est dépensé.
On peut donc savoir beaucoup de choses sur une personne ou sur
un gouvernement en regardant la façon dont elle ou il dépense son
argent. Toutes ces subventions d'État pour payer les riches, tout
ce discours à propos du besoin de faire preuve de restreinte et
d'austérité dans les dépenses publiques, toutes ces attaques de
l'État contre les droits des travailleurs sont un appel à
l'action pour la classe ouvrière de l'Ontario et du Michigan, car
cela montre à quel point il est urgent de s'organiser et de
résister pour défendre les droits des travailleurs et leur voix
indépendante sur comment l'argent des gouvernements doit être
dépensé.
Projets de loi défendant le «droit d'être
esclave» adoptés au Michigan
Assaut sans précédent contre
les travailleurs et les syndicats
Grande manifestation au
Michigan contre l'adoption de lois antiouvrières défendant prétendument
«le
droit de travailler», 11 décembre 2012
Grande
manifestation au Michigan contre l'adoption de lois antiouvrières
défendant prétendument «le droit de travailler», 11 décembre 2012 Y
allant « à haute vitesse » et avec peu ou pas de débats et
d'audiences publics, l'instance législative du Michigan a
rapidement adopté deux projets de loi défendant le « droit d'être
esclave », l'un pour le secteur privé et l'autre pour les
travailleurs du secteur public, y compris les enseignants. Les
monopoles et leurs représentants politiques espèrent que ces
lois, portant le nom de « droit au travail » (DAT), vont
paralyser le mouvement syndical en le privant des fonds
nécessaires à son fonctionnement et à son organisation. Par le
biais de cet assaut législatif et par l'introduction massive
d'une main-d'oeuvre aux salaires et aux avantages sociaux
variables, même au sein d'une même entreprise privée ou publique,
les monopoles et leurs agents politiques sont en pleine
conspiration pour diviser la classe ouvrière et pour mater sa
résistance.
Mais il y a lieu de croire que
leur plan ne fonctionne pas comme
prévu. Plus de 10 000 travailleurs provenant de tous les secteurs
ont manifesté contre les projets de loi et ont envahi l'édifice
du Capitol à Lansing. Trois districts scolaires ont dû fermer
leurs écoles parce qu'un trop grand nombre d'enseignants ont
indiqué qu'ils ne rentraient pas au travail pour assister à la
journée d'action du 11 décembre. Des travailleurs de l'état du
Michigan, mais aussi d'états avoisinants y ont participé. Les
travailleurs ont aussi ciblé la politisation des intérêts privés
impliquant des groupes comme Américains pour la
prospérité, un groupe financé par les frères Koch et qui a
dépensé des millions pour organiser l'adoption du projet de loi
défendant le « droit d'être esclave » tel qu'il a été adopté au
Michigan. Les Américains pour la prospérité avaient dressé une
tente géante devant l'édifice du Capitol. Les travailleurs l'ont
fait tomber, défiant une cavalerie de state troopers.
Les travailleurs ont aussi tenu responsable le milliardaire
local Richard DeVos du monopole Amway pour s'être servi de sa
fortune pour endosser ces projets de lois antiouvriers. Le centre
Mackinac, financé par DeVos, a dépensé 5,7 millions $ l'an
dernier et a intensifié ses efforts ces dernières semaines pour
que ces projets de loi soient adoptés.
L'esprit des travailleurs est tel,
que loin d'envisager de
mettre un terme à la résistance, ceux-ci discutent présentement
de nouvelles tactiques à prévoir. Il est question de grèves d'une
journée, comme celles organisées par les travailleurs de Walmart
à l'échelle nationale lors du Black Friday ainsi
que par les travailleurs du McDonald et d'autres travailleurs de
restauration rapide. Il est aussi question d'augmenter le tempo
de l'organisation politique, d'exiger des comptes des politiciens
actuels, de retirer les projets de loi et, au cours du mouvement
de résistance, de s'organiser pour qu'émerge du mouvement des
politiciens ouvriers représentatifs des travailleurs et de leur
programme prosocial.
Les deux projets de loi éliminent l'atelier fermé, faisant en
sorte que les travailleurs d'une entreprise donnée ou d'un lieu
de travail public ne soient pas tenus de devenir membres d'un
syndicat et de payer des cotisations pour devenir employés. Les
cotisations ne sont pas automatiquement déduites des talons de
paie. Le projet de loi prohibe même les conventions collectives
qui contiendraient de telles mesures. Ces projets de loi privent
les syndicats de leurs fonds organisationnels et visent à diviser
les travailleurs.
En surcroît, ces projets de loi contiennent des articles qui
serviront sans aucun doute à criminaliser la résistance. Par
exemple, un « conflit de travail » est défini ainsi : « tout
litige touchant aux termes, à la période d'affectation ou aux
conditions d'emploi, ou touchant à l'association ou à la
représentation des employés négociant, fixant, préservant ou
modifiant les termes ou les conditions d'emploi, sans égard à la
personne impliquée, qu'elle soit ou non en relation employeur-
employé immédiate. »(article 2b). Cet article cible en
particulier toute action menée par les membres de la communauté
ou par des groupes d'appui, mais aussi les boycottages
secondaires et les lignes de piquetage, etc. Aussi, « un employé
ou toute autre personne ne peut avoir recours à la force, à
l'intimidation ou à toute menace illégale pour obliger une
personne à : (a) devenir membre ou rester membre d'une
organisation syndicale (b) s'empêcher d'accepter un emploi ou de
devenir membre d'une organisation syndicale ». La loi se veut
« équitable », mais en réalité, elle peut facilement être
utilisée contre des piqueteurs, contre des travailleurs qui
empêchent des briseurs de grève de passer, contre l'organisation
de syndicats, etc. La définition d'« intimidation » et de
« menaces illégales » reste vague, mais clairement l'employeur et
la police y auront recours de façon arbitraire pour attaquer ceux
qui luttent pour leurs droits, qu'ils soient travailleurs ou
« tout autre personne ».
Ces projets de loi défendant le « droit d'être esclave » ciblent
directement les organisations des travailleurs et leur
résistance. Ils permettent aux monopoles de piller encore
davantage le trésor public, en particulier dans le domaine de
l'éducation. Qu'il s'agisse de « programmes pilotes » dictés par
les monopoles ou financés par l'État, la sous-traitance ou
l'élimination définitive des unités de négociation, toutes ces
mesures contribuent à ce que l'État paie toujours davantage les
riches. Au Michigan et ailleurs, la revendication est
d'Arrêter de payer les riches. L'antidote à ces attaques
est de riposter de façon directe, en intensifiant l'organisation,
la résistance et une conscience sociale qui exige une nouvelle
direction pour l'économie de sorte que les droits du peuple sont
garantis.
Les lois sur le secteur public excluent plusieurs
questions dans le cadre des négociations
Protestations contre les lois antiouvrières
sur le «droit de travailler» à Lansing, Michigan, le 11 décembre 2012
Protestations contre les lois
antiouvrières sur le «droite de
travailler» à Lansing, Michigan, le 11 décembre 2012 Une des lois
sur « le droit d'être un esclave » adoptées récemment au Michigan
contre les travailleurs du secteur public définit plus
spécifiquement ce que sont des grèves et contient une liste de
thèmes exclus des négociations. Une grève comprend un ensemble de
tactiques. Par exemple, une grève « signifie un effort concerté
pour ne pas se présenter au travail, l'absence volontaire de son
poste, l'arrêt du travail ou le refus en tout ou en partie de
l'accomplissement entier, fidèle et approprié des devoirs liés à
l'emploi dans le but d'encourager, d'influer ou de forcer un
changement dans les conditions ou la rétribution de l'emploi, ou
des droits, privilèges ou obligations liés à l'emploi ». Cela
inclut aussi une action « prise dans le but de protester ou de
répondre à un acte qui prétend ou qui est jugé être une pratique
de travail injuste mise en place par l'employeur des écoles
publiques » (article 1j). Ainsi, des pratiques de travail
injustes sont permises, mais toute protestation contre elles est
déclarée illégale! Et c'est l'employeur qui décide ce qui
constitue « l'accomplissement entier, fidèle et approprié des
devoirs ». Tout cela vise à miner et criminaliser l'organisation
et les actions collectives des travailleurs du secteur
public.
La loi (article 15) inclut plusieurs questions importantes qui
ont fait partie des négociations précédentes et qui sont
maintenant exclues et déclarées comme étant « sous l'autorité
unique de décision de l'employeur du secteur public ». Par
exemple, « toute décision de l'employeur du réseau des écoles
publiques en ce qui a trait à l'assignation d'un enseignant ou de
l'impact de cette décision sur un seul employé ou de
l'accréditation syndicale qui le représente » (15j) ne peut être
négociée. C'est une attaque directe contre le droit d'ancienneté
et cela crée des conditions de précarité, puisque les enseignants
peuvent être affectés à n'importe quel poste dans le réseau
scolaire et ne peuvent remettre en question les décisions
arbitraires. Pareillement, les décisions en ce qui a trait aux «
réductions du personnel » et aux « contenus, normes, procédures,
approbation et mise en pratique » des politiques pour de tels
licenciements ne peuvent aussi être négociées (15k).
Les décisions en ce qui a trait au choix de la société
d'assurances retenue pour la prestation des soins de santé ne
font pas partie des négociations. Selon certains contrats, plus
d'une société a été utilisée dans le passé, ce qui a été à
l'avantage des travailleurs. Il y a beaucoup de résistance à
n'utiliser qu'une seule société, telle que la Croix Bleue,
détenant le monopole sur les travailleurs du secteur public. La
loi garantit maintenant un tel monopole pour la société
d'assurance choisie ainsi qu'une réduction des prestations en
santé et l'augmentation des contributions versées aux
monopoles.
L'horaire du début de la journée
d'école et le temps
d'enseignement dispensé aux élèves ne peuvent être négociés. La
décision de sous-traiter les services d'accompagnement des élèves
et l'impact sur les travailleurs actuellement en poste seront
maintenant décidés uniquement par l'employeur du secteur public.
Il en est de même des bénévoles, « les décisions en ce qui a
trait à la mise en place et l'assignation du personnel pour des
projets pilotes ou expérimentaux et les décisions en ce qui a
trait à l'usage de la technologie aux fins de fournir des
services et des programmes d'enseignement, ainsi que
l'affectation du personnel pour fournir cette technologie ou
l'impact de ces décisions sur » les travailleurs déjà en poste
(15f et h). De cette manière, de nombreuses personnes et des
projets pilotes, y inclus les classes enseignées via l'internet,
par exemple, peuvent être assignés et utilisés sans que les
enseignants en poste ne puissent dire quoi que ce soit sur ces
questions.
Les programmes d'évaluation des enseignants, qui sont en train
d'être mis en place à l'échelle du pays, conformément aux
demandes du gouvernement fédéral, ne font pas aussi partie des
négociations. C'est très significatif puisque les évaluations
vont être utilisées pour justifier le congédiement des
enseignants, ainsi que pour décider des échelles de salaires et
de primes. Les programmes d'évaluation qui sont mis en place se
sont déjà avérés être arbitraires et non fiables, sans aucune
mesure cohérente sur laquelle les évaluations peuvent être
basées. C'est une source majeure de conflits en même temps que
les enseignants tentent de défendre la qualité de l'enseignement
et de résister aux efforts de les diviser et de miner la qualité
de leurs conditions de travail. La loi est spécifiquement écrite
pour arrêter toute forme de résistance, déclarant que « les
décisions se rapportant aux contenus, normes, procédures,
approbation et mise en pratique d'un système d'évaluation du
rendement mis sur pied par l'employeur des écoles publiques »
pour les employés et « les décisions en ce qui a trait au contenu
de l'évaluation du rendement » ne sont pas négociables. (15l)
Parallèlement à cela, le « développement, contenu, normes,
procédures, adoption et mise en pratique de la méthode de
compensation » et « comment l'évaluation du rendement d'un
employé est utilisée pour déterminer la compensation basée sur le
rendement » sont aussi non négociables.
Les systèmes d'évaluation arbitraire et de rémunération basée
sur elle seront déterminés uniquement par l'employeur du réseau
des écoles publiques alors que les enseignants et leurs
collectifs n'auront aucun mot à dire. Un système selon lequel
chaque enseignant sera rémunéré selon un montant différent,
possédant différentes qualifications, faisant face à un
congédiement arbitraire ou forcé de déménager à tout moment, est
actuellement mis en place alors que le droit des enseignants de
défendre leurs droits est criminalisé. Et puisque le Michigan a
octroyé au gouverneur la capacité de nommer une personne
responsable « de gérer une urgence » et de mettre sous sa tutelle
les commissions scolaires, ces décisions relevant de l'employeur
pourront être faites par un individu sans formation dans le
milieu scolaire, nommé par le gouverneur, comme ce fut le cas à
Détroit. En effet, la loi exige notamment que « chaque convention
collective négociée après le 16 mars 2011 entre un employeur et
des employés du secteur public devra inclure, selon la présente
loi, une clause permettant l'embauche d'une personne responsable
« de gérer une urgence » afin de « rejeter, modifier ou annuler
la convention collective négociée ».
À la défense des droits des Premières
Nations du Canada
La nation crie de Beaver Lake en Alberta
conteste le droit de monopole
Le 10
décembre, les participants aux journées d'action Idle No
More (« fini l'inaction ») pour défendre les droits des
Premières Nations se sont arrêtés devant le Palais de justice
d'Edmonton où se tiennent les audiences sur la poursuite légale
entreprise par les Cris de Beaver Lake contre le gouvernement
fédéral et le gouvernement albertain. Les Cris de Beaver Lake ont
intenté une poursuite contre le gouvernement Harper et contre
celui de Redford pour avoir transgressé leurs droits conformément
à la responsabilité qui leur incombe en tant que protecteurs du
territoire ainsi que de leur droit de tirer un moyen de
subsistance de ces terres.
Cette poursuite judiciaire est au coeur de la lutte pour
affirmer la souveraineté autochtone. En vertu de son droit à
l'existence, une nation souveraine a le droit de prendre
librement ses décisions et de façonner son existence, ce qui
comprend le droit inhérent de dire non (le droit de veto) à tout
ce qui pourrait porter préjudice au peuple.
La nation crie de Beaver Lake est
une communauté de 900 Cris du
Woodland, un territoire ancestral à deux heures et demi au nord-
est d'Edmonton, au sud de la ville du Lac La Biche, dans la
région des sables bitumineux de Cold Lake. Le 14 mai 2008, les
Cris de Beaver Lake ont émis la déclaration de Kétuskéno,
laquelle confirme leur rôle en tant que protecteurs des
territoires formant leurs terres ancestrales. Ils y affirment
qu'en tant que protecteurs du territoire, ils partageront ce
territoire avec tous ceux qui respecteront leurs obligations et
leurs droits traditionnels, constitutionnels ainsi que leurs
droits issus de traités.
Les Premières Nations doivent avoir un véritable mot à dire sur
l'issu des futurs développements de leurs terres ancestrales. Les
Cris de Beaver Lake soutiennent avec justesse que le gouvernement
fédéral et le gouvernement de l'Alberta doivent s'acquitter de
leur responsabilité d'assurer une consultation en profondeur et
d'être ouverts à l'accommodement. Plus particulièrement, l'effet
cumulatif de l'exploitation gazifière, pétrolière et des sables
bitumineux sur les territoires ancestraux de la nation de Beaver
Creek menace son mode d'existence, transgresse ses droits et
l'empêche de s'acquitter de ses obligations.
Les Cris de Beaver Lake ont entamé cette poursuite il y a quatre
ans. Les deux niveaux de gouvernements ont tenté de faire rejeter
leur requête. Le gouvernement de l'Alberta a prétendu que
l'action était « frivole, vexatoire et un abus de procédure ». Le
gouvernement fédéral a même soutenu qu'il ne devrait pas être
appelé à témoigner en tant que défendant, tentant de se laver les
mains de ses obligations fiduciaires envers les Cris de Beaver
Lake et continuant d'agir comme si le polygone de tir de Cold
Lake n'était pas sur le territoire de Beaver Lake.
Le gouvernement albertain soutient que vis-à-vis les Premières
Nations, les organismes de réglementation ne sont pas tenus de
s'acquitter de leur responsabilité de consulter et d'accommoder
les peuples autochtones. Il a plus ou moins dit aux Premières
Nations : Si vous n'êtes pas contents, nous nous reverrons devant
les tribunaux, puisque nous avons des fonds illimités pour ce
genre de recours. Le gouvernement a déclaré aux tribunaux : Il
n'est pas approprié de remettre intégralement en question la
procédure permettant à la Couronne de prendre des décisions et de
tenter de faire en sorte que ces décisions soient déclarées
nulles. Plusieurs raisons politiques empêchent les tribunaux
d'empiéter sur la juridiction exclusive d'un décideur, d'une
commission ou d'un tribunal prescrits par la loi. »
L'Alberta a fait valoir que seule une demande en dommages-
intérêts après le fait pourrait être plaidée. En d'autres mots,
si la nation crie peut prouver qu'à partir de la date de sa
réclamation, les effets cumulatifs de l'exploitation des
ressources sur ses territoires ont, de façon injustifiable,
transgressé ses droits, elle pourra demander une compensation.
Ainsi, le droit de décider reviendrait exclusivement au ministre
ou au Cabinet, qui peuvent ainsi tout détruire à volonté, sans
que personne ne puisse les en empêcher.
Madame la juge B.A. Brown de la Cour de l'Alberta a rejeté ces
allégations. Elle a soutenu le droit des Premières Nations de
contester l'exploitation des ressources sur leurs terres
ancestrales ainsi que les effets cumulatifs de ces activités sur
les droits issus de traités et protégés par la constitution.
Donc, après quatre ans, cette cause se fera enfin entendue.
Par cette prise de position, les Cris de Beaver Lake défendent
les intérêts de tous, sauf des monopoles privés et des
gouvernements qu'ils contrôlent. Le pouvoir économique et
politique se trouve de plus en plus concentré entre les mains de
quelques-uns et sert à imposer les intérêts des investisseurs
mondiaux. Les Canadiens veulent avoir un mot à dire et le droit
de décider afin que l'économie puisse être développée de façon
indépendante et intégrale.
Alors que le peuple exige un pouvoir de prise de décisions, le
gouvernement Harper et celui de Redford adoptent des lois qui
annulent les lois environnementales ainsi que le processus
d'audiences et d'approbation qui sont là pour garantir une
certaine participation et une certaine consultation publiques. Le
fait d'accorder aux monopoles mondiaux de l'extraction des
ressources un droit de monopole sans restriction leur permettant
de piller les ressources naturelles et de les exporter pour un
profit le plus rapidement possible transgresse les droits des
Canadiens et des Premières Nations, en plus d'avoir des
répercussions très négatives sur la Terre Mère.
Des projets comme l'oléoduc Northern Gateway ainsi que les
graves conséquences de l'intensification présente et à venir de
l'exploitation des sables bitumineux soulèvent de sérieuses
questions sur la direction de l'économie. Ils touchent aussi à
des questions telles la souveraineté des Premières Nations, les
préoccupations environnementales, la santé et la sécurité
publiques ainsi que l'incidence de l'exportation massive du
bitume brut. De surcroît, ces monopoles mondiaux mènent une
offensive inlassable contre les conditions de travail et de vie
des travailleurs qui transforment les richesses de la Terre
Mère.
C'est une question de droits et surtout, du droit de décider.
Cette lutte mérite l'appui de tous car notre sécurité est dans la
lutte pour les droits de tous !
L'affirmation des droits ancestraux,
issus des traités et constitutionnels
La
déclaration de Kétuskéno émise en 2008 par les Cris de Beaver
Lake affirme que les droits qui appartiennent à la nation crie
sont des droits ancestraux, issus des traités et
constitutionnels. Les droits traditionnels ou droits ancestraux
sont des droits inaliénables qui appartiennent aux peuples
autochtones du fait qu'ils sont des peuples autochtones. Ils ne
peuvent être donnés ou enlevés par un quelconque pouvoir. La
reconnaissance des droits ancestraux exige nécessairement la
reconnaissance de la souveraineté des nations autochtones et de
leur droit à l'existence.
Les droits constitutionnels sont
des droits énoncés dans la
Loi constitutionnelle de 1982. La loi déclare : «
Les
droits existants — ancestraux ou issus de traités — des peuples
autochtones du Canada sont reconnus et confirmés. » Il est de
plus défini que « les droits issus de traités » doivent inclure
les droits qui existent maintenant suite aux ententes sur les
revendications territoriales.
Les droits issus des traités sont des droits reconnus dans les
traités signés entre les peuples autochtones souverains et la
Couronne. Les traités sont des ententes de paix et d'amitié qui
permettent l'existence de deux systèmes de loi et de gouvernance
où chaque partie respecte l'autorité de l'autre.
Le traité 6 et les autres « traités numérotés » sont considérés
par l'État canadien comme des traités dans lesquels des
territoires sont cédés. Cette prétention s'est avérée tout à fait
sans fondement. La tradition orale du peuple cri et des autres
nations qui ont signé le traité 6 prouve que les traités ne sont
pas des traités par lesquels des territoires ont été cédés, mais
des ententes pour partager le territoire. Les traités ont été
conclus sur la prémisse que les peuples autochtones vont
maintenir le contrôle de leur mode d'existence. C'est exprimé
comme une entente entre nations souveraines pour vivre en paix et
en amitié aussi longtemps que le soleil brille et que les
rivières coulent.
Les lois et la forme de gouvernance des Cris ne permettent pas
l'usage de pouvoirs arbitraires ou exécutifs dans les
institutions démocratiques canadiennes. Même si un chef est sous
la contrainte d'accepter quelque chose qui est contraire aux lois
de son peuple et qui n'a pas été approuvé comme l'exigent les
lois de sa nation, cela n'a aucun statut juridique.
Les traités n'éliminent pas les
droits et responsabilités des
peuples autochtones en tant que gardiens du territoire. De plus,
les dispositions telles que le droit de continuer de chasser,
pêcher et piéger sur leurs territoires confirment le droit à leur
fondement économique, tout comme les vieilles ententes à propos
d'une « une trousse médicinale » qui suggèrent la responsabilité
d'offrir des soins de santé modernes. Aussi lit-on dans la
déclaration de Kétuskéno : « Nous, les gardiens du territoire,
allons le partager avec ceux qui respectent nos obligations et
nos droits traditionnels, constitutionnels et issus des
traités. »
Pour les intérêts privés des monopoles tels que les immenses
cartels pétroliers avant tout étrangers et les gouvernements à
leur service, les droits des Premières Nations et des peuples
métis sont un obstacle à l'exploitation effrénée des ressources
naturelles du Canada. Par le biais du projet de loi C-27 et de
neuf autres projets de loi, la dictature Harper cherche à
éliminer ces droits ancestraux en violation des traités conclus
entre les Premières Nations et la Couronne, et reconnus par le
droit international.
Depuis 1990, lorsque Elijah Harper a tenu la plume d'aigle à la
défense des droits des autochtones à l'assemblée législative du
Manitoba et a bloqué l'Accord du lac Meech, les gouvernements
fédéraux qui se sont succédés ont déclaré que c'est « business as
usual ». Ce refus de renouveler la démocratie a aggravé la crise
politique. Les peuples autochtones et les peuples du Canada et du
Québec exigent leurs droits. En concentrant le pouvoir entre les
mains de l'exécutif, la dictature Harper veut poursuivre
l'annexion du Canada aux États-Unis d'Amérique du Nord, menaçant
l'existence même du Canada en tant que nation.
Note aux lecteurs
Joyeuses fêtes et nos meilleurs voeux
pour la Nouvelle Année
Avec ce
numéro nous suspendons la publication du Marxiste-Léniniste
jusqu'au 14 janvier 2013. Nous vous invitons à regarder le
reportage photo de l'année 2012: «Année de résistance et
organisation» et les nouvelles qui seront affichées sur le site à
l'occasion.
À l'occasion du Nouvel An, nous vous souhaitons de
joyeuses
fêtes en toute sécurité et du succès dans ce que vous
entreprendrez en 2013. Ce sera une année importante pour faire
des progrès décisifs dans la lutte pour faire valoir les droits
de la classe ouvrière et du peuple. La dictature Harper et les
gouvernements à tous les niveaux accélèrent l'offensive
antisociale brutale pour démanteler tous les arrangements d'État
qui reconnaissent le droit public. À l'échelle internationale, le
gouvernement Harper continue de favoriser la guerre aux dépens de
la résolution des conflits sur la base de négociations et par la
voix pacifique. Pour la classe ouvrière et le peuple, le droit le
plus important est le droit de participer aux prises de décisions
qui les affectent pour s'assurer que la crise soit résolue en
leur faveur. La lutte pour renouveler le processus démocratique
et moderniser les arrangements constitutionnels du Canada est au
centre de l'effort pour ouvrir la voie au progrès de la société
et Le Marxiste-Léniniste continuera de développer les forums
politiques nécessaires.
En 2013 nous continuerons de compter sur vos rapports,
photographies, articles, réseaux de distribution et contributions
financières.
Prière de vous assurer que vos chèques ou mandats soient
à
l'ordre du Parti marxiste-léniniste du Canada, boîte postale 666,
succursale «C», Montréal, QC H2L 4K4. La contribution maximale à
un parti politique autorisée par la loi en une année civile est
de 1 200$. Toutes les contributions aident. Un reçu est émis pour
les contributions de plus de 20$. Vous avez droit à un crédit
d'impôt fédéral de 75% du premier 400$ à concurrence de 300$, de
50% de la prochaine tranche de 350$ à concurrence de 475$ et de
33,3% de toute somme dépassant 750$ à concurrence de 1 200$, pour
un crédit maximum de 624,99$.
Nos salutations communistes
Équipe rédactionnelle et
technique
Le Marxiste-Léniniste
25 décembre 2012
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