Numéro 127 - 11
décembre 2012
La dictature Harper adopte son
deuxième projet de loi budgétaire omnibus
Le gouvernement Harper doit être
tenu
responsable de la destruction nationale
Journée
d'action à la défense des droits des Premières
Nations
• Fini l'inaction – l'origine de la
journée d'action nationale
Au parlement
• Le projet de loi sur la transparence
financière foule aux pieds les droits des Premières
Nations! Retirez la loi C-27!
• La dictature Harper adopte le deuxième
projet de loi budgétaire omnibus - Enver Villamizar
• Destruction de l'industrie canadienne de
transformation des aliments - Charlie Vita
Les autres mesures du
projet de loi budgétaire omnibus
• Des mesures pour mettre en place une seule
agence de sécurité frontalière sous contrôle
américain
• Mesures pour faciliter la dépossession
des Premières Nations
• Une atteinte à l'autonomie des
agences, comités et commissions vis-à-vis le
contrôle ministériel
• Nouveaux arrangements concernant la
Fédération
Journée d'action à la
défense des droits des Premières Nations
Fini l'inaction – l'origine de la journée
d'action nationale
C'est par milliers que les communautés des
Premières Nations et leurs alliés ont manifesté
dans les rues des grandes villes canadiennes le 10 décembre,
Journée nationale d'action sous le thème
« Fini l'inaction », pour exprimer l'opposition
des Premières Nations au projet de loi omnibus du gouvernement
Harper, en particulier les modifications à la protection des
terres autochtones et des lacs et rivières du Canada. Ils
étaient 1 500 à Edmonton et des milliers de
personnes ont participé aux marches et rassemblements à
Vancouver, Whitehorse, Calgary, Stand Off, Saskatoon, North Battleford,
Winnipeg, Thunder Bay, Toronto et Goose Bay-Happy Valley.
Il y a moins de trois semaines, quatre femmes de
Saskatchewan (autochtones et non autochtones) ont décidé
qu'on ne peut plus garder le silence à propos de l'offensive que
représente le projet de loi omnibus C-45 contre les
Premières Nations et les terres et les eaux du Canada. Sylvia
McAdam, Jess Gordon, Nina Wilson et Sheelah McLean ont organisé
des « teach-in » à Saskatoon,
Régina et Prince-Albert pour commencer un mouvement de
conscientisation (« Idle No More » — fini
l'inaction) à propos du deuxième projet de ce loi omnibus
du gouvernement Harper. « Le projet de loi C- 45 n'est
pas seulement une loi du budget, dit Sylvia MacAdam, c'est une attaque
directe contre les terres des Premières Nations et contre les
lacs et rivières que nous partageons tous dans ce
pays. »
Les
Premières Nations devant le parlement le 4 décembre
|
Le projet de loi apporte des modifications à la Loi
sur les Indiens qui ont pour effet d'abaisser les obligations de
consentement des communautés dans la désignation et la
renonciation des terres des réserves indiennes. Sheelah McLean
rappelle que ce projet de loi concerne tout le monde.
« C'est stupéfiant les modifications qu'il apporte
à la loi sur l'environnement pour ce qui est de la protection
des lacs et rivières du pays », dit-elle. Comment ne
pouvons-nous pas tous être préoccupés par
cela ? »
La campagne s'est poursuivie en Alberta avec une
assemblée d'information à la nation crie de Louis Bull.
Selon l'organisatrice de l'événement Tanya Kappo
« les gens dans nos communautés n'avaient aucune
idée de ce qui les attend, aucune idée de ce que Stephen
Harper a en réserve pour nous. »
Les événements qui ont mené
à la journée nationale d'action du 10 décembre ont
été centrés sur la conscientisation des
communautés des Premières Nations et du reste du Canada.
« Ce que nous faisons demeure essentiellement un travail
à la base, dit Jess Gordon, et nous continuerons de donner un
forum où nos gens peuvent s'exprimer. »
Lorsque le projet de loi C-45 a été
soumis au vote à la Chambre des communes, des dirigeants des
Premières Nations sont allés au parlement pour dire
qu'ils ont entendu ces voix de protestation. Ils ont été
invités à la Chambre des Communes par le Nouveau Parti
démocratique. Or, on leur a refusé l'accès. Ce
refus de permettre aux dirigeants des Premières Nations d'entrer
au parlement en tout respect des règles a provoqué une
mobilisation encore plus grande parmi les communautés des
Premières Nations du Canada. « Ce que nous avons vu
au parlement, dit Nina Wilson, était le reflet fidèle du
mépris du gouvernement Harper envers les Premières
Nations. »
Avec l'adoption du projet de loi, la campagne
« Fini l'inaction » devient le symbole et la voix
des Premières Nations qui disent qu'elles ne se laisseront plus
ignorer par le gouvernement canadien.
Les organisatrices de la Journée d'action ont
lancé l'appel à faire de cet événement un
point tournant où s'arrêtent les générations
et les siècles de refus de reconnaître le rapport entre
les Canada et les Premières Nations.
Selon Janice Makokis, qui a consacré ses
énergies à la campagne Fini l'inaction, « nous
continuons d'honorer nos façons traditionnelles et nos
ancêtres et c'est dans cet esprit que commence chacun de nos
efforts. » C'est dans le même esprit que des gens
partout au pays ont entrepris de créer un espace pour se faire
entendre.
Voici les autres projets de loi du gouvernement Harper
qui touchent directement les Premières Nations :
- C-27 : Loi visant à accroître
l'obligation redditionnelle et la transparence des Premières
Nations en matière financière
- S-2 : Loi concernant les foyers familiaux situés
dans les réserves des premières nations et les droits ou
intérêts matrimoniaux sur les constructions et terres
situées dans ces réserves
- S-6 : Loi concernant l'élection et le mandat des
chefs et des conseillers de certaines premières nations et la
composition de leurs conseils respectifs
- S-8 : Loi concernant la salubrité de l'eau potable
sur les terres des Premières Nations
- C-428 : Loi modifiant la Loi sur les Indiens (publication
des règlements administratifs) et prévoyant le
remplacement de cette loi
- S-207 : Loi modifiant la Loi d'interprétation
(maintien des droits autochtones ancestraux ou issus de traités)
- S-212 : Loi prévoyant la reconnaissance de
l'autonomie gouvernementale des Premières Nations du Canada
Pour plus d'informations, visiter le site de la campagne
Idle No More à www.idlenomore.ca
Au parlement
Le projet de loi sur la transparence financière
foule aux pieds les droits des Premières Nations!
Retirez la Loi C-27!
Le 27 novembre le gouvernement Harper, fort de son
statut majoritaire, a adopté le projet de loi C-27, Loi sur
la transparence financière des Premières Nations. Le
projet de loi doit maintenant franchir l'étape du Sénat.
Le projet de loi C-27 est une autre loi coloniale
raciste et génocidaire à laquelle l'ensemble des
Canadiens, coude à coude avec les Premières Nations du
Canada, doit opposer de pied ferme. Ce projet de loi vise à
marginaliser les Premières Nations et à les priver de
leurs droits ancestraux en dépit des traités historiques
conclus avec la Couronne, sans parler des lois internationales touchant
aux populations autochtones. Il vise à semer la discorde au sein
des communautés des Premières Nations et à
créer une division entre elles et les Canadiens. Ce projet de
loi est une diversion de premier ordre pour dissimuler les nombreux
crimes commis par le gouvernement Harper contre les
633 Premières Nations du Canada, dont la négligence
criminelle envers la nation d'Attawapiskat n'est qu'un exemple.
Le projet de loi C-27 a pour objet
« d'accroître l'obligation redditionnelle et la
transparence des Premières Nations en matière
financière en rendant obligatoires la préparation et la
divulgation de leurs états financiers consolidés
vérifiés et de l'annexe des rémunérations
versées et des dépenses remboursées par celles-ci
et les entités qui, selon les principes comptables
généralement reconnus, doivent être
intégrées dans leur périmètre de
consolidation, à leurs chefs et à chacun de leurs
conseillers, que ce soit en qualité de chef ou de conseiller, en
toute autre qualité ou à titre personnel ».
C'est le comble de l'hypocrisie de la part de ce gouvernement
impliqué dans une myriade de scandales depuis son
élection en 2006, un gouvernement qui agit avec impunité
et qui refuse de rendre des comptes sur quoi que ce soit aux
Premières Nations et à l'ensemble des Canadiens !
Le véritable objectif du projet de loi
C-27 est à peine dissimulé. Selon le ministre des
Affaires autochtones et du Développement du Nord Canada, John
Duncan, il « fera en sorte que les dirigeants des
Premières Nations seront soumis aux mêmes normes en
matière de transparence et de reddition de comptes que les
autres ordres de gouvernement du Canada. La Loi contribuera ainsi
à renforcer la confiance des investisseurs, ce qui créera
des possibilités de développement économique et
des emplois en plus de stimuler la croissance pour améliorer la
santé et l'autonomie des collectivités. » Ce
projet de loi a le même objectif que la Loi sur le droit de
propriété des Premières Nations qui vise
à transformer les Premières Nations en
propriétaires fonciers et en contribuables « comme
les autres Canadiens », servant ainsi de tremplin pour
transformer leurs terres en possibilités d'investissement pour
les monopoles miniers, pétroliers et autres profiteurs, les
chassant éventuellement de leurs terres.[1]
L'opposition des Premières Nations à ce
projet de loi est vaste, et ce, depuis que celui-ci a été
déposé le 23 novembre 2011. L'Association of
Iroquois and Allied Indians, une organisation qui lutte pour les droits
collectifs de huit Premières Nations dans le sud-ouest de
l'Ontario, avait déclaré dès le 24 novembre
2011 : « Si c'est vraiment la transparence et la
reddition de comptes qui vous intéressent, commençons par
notre relation défaillante avec le gouvernement
fédéral ainsi que le constat d'échec de ce
gouvernement vis-à-vis ses engagements envers nos
traités, nos problèmes de logement, de santé,
d'eau potable, de protection de l'enfance, d'éducation et de
droits territoriaux, pour ne mentionner que ceux-là... Ce projet
de loi renforce le mythe voulant que si les Premières Nations
étaient plus efficaces dans la gestion de leurs finances, la vie
serait meilleure pour leurs communautés. C'est un gros mensonge
et personne ne doit se laisser leurrer par cette déformation de
la réalité. »
Les Canadiens et les Premières Nations doivent
s'unir pour contrer cette désinformation et cette attaque
raciste et coloniale menée sous les auspices du projet de loi
C-27. Plutôt que d'offrir des réparations pour le
génocide colonial perpétré au XIXe siècle
contre les Premières Nations du Canada et qui a
dévasté et même exterminé des
communautés autochtones entières, le gouvernement Harper
ravive d'anciennes plaies. Ça ne doit pas passer ! L'avenir
de la classe ouvrière et du peuple canadiens est
intrinsèquement lié au sort des Premières Nations.
Les erreurs historiques commises contre les Premières Nations
doivent être rectifiées et le gouvernement Harper et
l'État canadien sont tenus de respecter les droits ancestraux et
les droits issus de traités des Premières Nations du
Canada.
À titre d'information : le projet de loi
C-27
Le projet de loi C-27, Loi sur la transparence
financière des Premières Nations, a
été déposé à la Chambre des communes
le 23 novembre 2011. Il a été adopté en
troisième lecture à la Chambre des communes le
27 novembre 2012.
Le projet de loi exige que chaque Première Nation
soumette :
- des états financiers consolidés annuels
- un document annuel intitulé « Annexe
des rémunérations et des dépenses »
exposant la rémunération versée (salaires,
traitements, commissions, bonis, droits, honoraires, dividendes et tout
autre avantage pécuniaire — y compris les frais de transport,
d'hébergement, de repas et d'accueil hospitalité ainsi
que les dépenses accessoires) par la Première Nation et
par toute entité sous contrôle de la Première
Nation à ses chefs ou à ses conseillers en toute autre
capacité ou à titre personnel
- un rapport écrit du vérificateur
concernant les états financiers consolidés
- le rapport de mission de vérification ou
d'examen qui accompagne l'annexe des rémunérations et des
dépenses.
Le projet de loi stipule que pour chacun des documents
ci-haut mentionnés, la Première Nation doit :
- fournir à tout membre, sur demande, copie de
l'un ou l'autre de ces documents dès que possible, mais au plus
tard cent vingt jours après la fin de l'exercice en question si
elle reçoit la demande au cours de cette période
- faire publier ces documents sur un site Internet
où ceux-ci doivent demeurer accessibles au public pendant au
moins dix ans.
Aussi, le ministre doit publier ces documents sur le
site Internet du ministère des Affaires indiennes et Nord
canadien. En cas d'inexécution de toute obligation en ce sens de
la part de la Première Nation :
- tout membre de la Première Nation peut demander
à une cour supérieure de rendre une ordonnance enjoignant
au conseil de s'en acquitter dans le délai qu'elle fixe
-toute personne, y compris le ministre, peut faire la
même démarche auprès de la cour supérieure
-le ministre peut prendre des mesures pour
remédier à la situation
-le ministre peut retenir toute somme qui est due
à la Première Nation ou même résilier tout
accord de financement avec la Première Nation.
Selon l'Assemblée des Premières Nations
(APN), ce projet de loi ne respectera aucunement les mesures
d'imputabilité prises par les Premières Nations et impose
même un régime en matière de rapports financiers
qui diffère de ceux adoptés par plusieurs gouvernements
territoriaux et provinciaux. Pour l'APN, ces exigences coûteuses
mettront en péril le financement accordé aux
Premières Nations qui n'ont pas les ressources
financières requises pour répondre à ces
exigences. Pour leur part, ce que les Premières Nations exigent
c'est que le gouvernement fédéral respecte
« nos droits, nos compétences et nos traités
ainsi que les principes d'imputabilité, de transparence et de
normes mutuelles afin d'atteindre une véritable
imputabilité et efficacité au niveau de TOUS (emphase
dans le texte original) les gouvernements ».
Note
1. Pour plus d'information lire LML du
11 novembre 2012.
La dictature Harper adopte le deuxième
projet de loi budgétaire omnibus
- Enver Villamizar -
Le 5 décembre, la dictature Harper a
adopté le projet de loi C-45, une deuxième loi visant
à mettre en oeuvre certaines portions du budget adopté au
parlement le 29 mars 2012 et autres mesures — son
deuxième projet de loi budgétaire omnibus en un an. La
loi en est maintenant à l'étape du sénat et sera
sans doute adoptée avant la période de relâche
parlementaire.
Le 12 juin, le projet de loi a été
déposé au sénat à des fins d'étude
préliminaire et le 18 octobre à la Chambre des
communes. Contrairement au premier projet de loi omnibus, celui-ci a
été étudié par dix comités
différents. Seul le comité des Finances avait
révélé l'ampleur du premier projet de loi. Le fait
que dix comités de députés se penchent sur
celui-ci représente, dit-on, une concession de la part du
gouvernement Harper. Le rôle de ces comités devient
évident lorsqu'on constate qu'aucun amendement susceptible
d'apporter des changements à l'immense projet de loi n'a
été accepté, malgré l'étude qu'en
ont faite les dix comités. Pour la dictature Harper, le
rôle des élus et de la Chambre des communes consiste
à simplement approuver son programme de destruction nationale.
S'ils ne s'y conforment pas, on les tient tout simplement à
l'écart.
À l'instar du dernier projet de loi omnibus C-38,
les mesures qu'on trouve dans celui-ci visent à :
consolider les pouvoirs arbitraires confiés aux ministres,
éliminer ou à faire obstacle aux comités, agences
et commissions afin d'accorder un contrôle direct des ministres
sur les programmes sociaux tels que l'Assurance-emploi, ainsi que
consolider l'harmonisation de la gestion canadienne de l'immigration et
des frontières avec celle des États-Unis pour mettre en
oeuvre les nouveaux États-Unis des monopoles de
l'Amérique du Nord. Cet arrangement a été
créé à l'insu de la classe ouvrière du
Canada, du Québec et des États-Unis ainsi que des
Premières Nations souveraines de l'Amérique du Nord. La
majeure partie des mesures les plus antinationales et
antiouvrières se trouvent dans la section 4 du projet de
loi, appelée « autres mesures ».
Pour expliquer ses
tentatives de s'approprier un plus grand pouvoir arbitraire au
détriment du peuple, la dictature Harper prétend que
celui-ci n'a qu'à lui faire confiance et surtout ne rien dire
sans quoi le Canada pourrait être balancé par-dessus le
même « précipice fiscal » qu'on
invoque aux États-Unis et la supposée récession
qu'on invoque en Europe pour justifier les mesures antisociales. En ce
sens, il s'agit d'un plan pour mettre en place des nouveaux
arrangements permettant au capital financier international d'usurper le
pouvoir et de détruire tout vestige des arrangements
d'après-guerre.
Lors du débat final en troisième lecture,
Shelly Glover, secrétaire parlementaire du ministre des
Finances, a déclaré : « Comme je l'ai
déjà mentionné, l'économie mondiale demeure
très fragile, comme l'illustrent bien les manchettes. Il y a
à peine deux semaines, nous avons appris qu'une deuxième
récession s'est abattue sur l'Europe. Au sud, les
États-Unis se rapprochent de plus en plus du précipice
budgétaire. C'est à des moments comme celui-ci que le
gouvernement doit se concentrer sur l'économie. Il est temps de
veiller aux besoins des Canadiens ordinaires afin qu'ils puissent
continuer de compter sur la force de l'économie canadienne pour
subvenir aux besoins de leurs familles et faire prospérer leurs
entreprises. »
Les peuples des pays du système
impérialiste d'États sont cités abondamment ces
jours-ci par des porte-parole de la dictature Harper pour faire passer
la destruction du Canada et la création de nouveaux
États-Unis des monopoles de l'Amérique du Nord pour un
exemple que le monde entier doit suivre. Par exemple, Glover cite la
chancelière de l'Allemagne, Angela Merkel : « La
grande discipline budgétaire du Canada et le choix qu'il a fait
de mettre fortement l'accent sur la croissance pour traverser la crise,
au lieu de vivre sur de l'argent emprunté, illustrent bien la
manière dont on s'attaque aux problèmes de l'autre
côté de l'Atlantique [...]. La solution canadienne
pourrait aussi s'appliquer à l'Europe. » Il s'agit de
celle-là même qui exige que la Grèce ainsi que
d'autres pays européens se jettent à ses pieds et
acceptent le diktat brutal de l'oligarchie financière allemande
qui exige le paiement de la dette que les peuples de ces pays n'ont pas
encourue. En fait, ces dettes ont été encourues pour
payer les riches et ces pays continuent d'emprunter pour payer les
intérêts aux mêmes personnes qui ont profité
de la dette au premier tour.
Évidemment, ces louanges font abstraction des
véritables conditions de vie au Canada, de la destruction de
l'industrie manufacturière, des services publics et des
programmes sociaux et des largesses que le trésor public
accordent aux intérêts privés qui s'enfuient avec
la richesse que les travailleurs produisent. C'est la demande des
Canadiens et des Premières Nations que leurs droits soient
défendus qui est un obstacle à la prétendue
« prospérité » tant vantée
par Harper. Si seulement ils renonçaient à leurs droits,
dit Harper, le Canada serait plus prospère.
La dictature Harper et ses représentants au
provincial en passant par le municipal se butent à un obstacle
majeur : les travailleurs et le peuple ne sont pas disposés
à abandonner la défense de leurs droits
lorsqu'attaqués de la sorte.
Destruction de l'industrie canadienne de transformation
des aliments
- Charlie Vita -
Le gouvernement Harper fait souvent allusion à
« la sécurité nationale » et au besoin de
« protéger les Canadiens ». Mais c'est une ruse pour
masquer le fait qu'il ne se préoccupe pas de la
sécurité et du bien-être du peuple. Au contraire,
lorsqu'il parle de « sécurité nationale », il
veut dire en fait la sécurité des monopoles et leur soif
insatiable pour de nouveaux marchés. On le voit très bien
dans le cas de l'approvisionnement alimentaire canadien.
Le gouvernement Harper poursuit « le
positionnement » de la réglementation canadienne en
matière de sécurité alimentaire avec celle des
États-Unis dans le cadre de son programme pour créer les
États-Unis des monopoles d'Amérique du Nord. Le meilleur
exemple est le démantèlement forcé de la
Commission canadienne du blé en faveur des monopoles
agro-alimentaires des États-Unis et de l'Europe et ce,
malgré la loi qui stipule qu'un tel changement doit passer par
un vote des producteurs concernés.
Un exemple plus récent est que le gouvernement
Harper a indiqué dans un passage de la loi omnibus de 2012 qu'il
va déréglementer les normes d'emballage alimentaire.
«Le gouvernement abrogera aussi les mesures réglementaires
liées aux normes d'emballage afin que l'industrie puisse tirer
profit des nouveaux formats et des nouvelles technologies d'emballage,
tout en éliminant un obstacle inutile à l'importation de
nouveaux produits en provenance de l'étranger. »,
déclare-t-il. Le gouvernement Harper prétend maintenant
qu'il a un mandat pour éliminer de manière
unilatérale la réglementation sur les normes d'emballage,
qui a permis de protéger l'industrie canadienne de
transformation alimentaire et de l'empêcher d'être
liquidée par les grands monopoles étasuniens.
Présentement, le Canada réglemente
l'emballage des aliments pour nourrissons, le bacon
pré-emballé et charcuterie, le miel, le sirop
d'érable et la plupart des légumes et fruits en conserve
et congelés ainsi que les vins. De grands monopoles qui
convoitent le marché canadien se plaignent que ces
différences constituent « une barrière commerciale
non tarifaire ». Certains médias présentent ces
différences comme une source inutile d'inconvénients qui
empêchent les consommateurs canadiens d'accéder aux
« choix » existants ainsi qu'aux prétendus prix
réduits qui surviendront avec un afflux au Canada de biens
étasuniens si ces différences sont
éliminées.
Des fabricants alimentaires basés au Canada
soulignent que si cette réglementation est
éliminée, ils seront forcés de
rééquiper leurs usines de manière à pouvoir
concurrencer les importations provenant des États-Unis et que
durant ce temps, ils pourraient perdre une part significative des
marchés au point d'être forcés de liquider leur
entreprise.
Au lieu de tenter de trouver une manière
rationnelle de procéder qui affirmerait la souveraineté
alimentaire du Canada, le gouvernement Harper a dit que les fabricants
de produits alimentaires canadiens pourront faire une demande pour des
subventions pour « innover » et « concurrencer
». Dans ces échanges entre le gouvernement Harper et les
fabricants de produits alimentaires, presqu'aucune attention n'est
portée à la souveraineté alimentaire du Canada et
à la nécessité d'un approvisionnement alimentaire
sécuritaire contrôlé par le gouvernement, encore
moins au moyen de subsistance des travailleurs de l'industrie de
transformation alimentaire. Aucune discussion n'a lieu sur les raisons
pour lesquelles le Canada a ses propres normes d'emballage; au lieu de
cela, ces normes sont présentées comme « un
inconvénient commercial » qui « exaspère
» les monopoles et ipso facto les Canadiens sont eux aussi
« exaspérés ».
Avec ces changements, les visées antinationales
du gouvernement Harper deviennent plus évidentes en ce qui
concerne le projet de loi S-11, le projet de loi adopté par la
Chambre des communes qui centre l'inspection de tous les aliments au
Canada et le régime de sécurité alimentaire sur
l'autorité ministérielle. Au Sénat, le parrain du
projet de loi, le sénateur conservateur Donald Plett, a
souligné « l'importance » pour l'industrie
alimentaire canadienne d'avoir une réglementation et des
pratiques d'inspection qui se positionnent avec celles des partenaires
commerciaux internationaux du Canada, i.e., les États-Unis. Il a
rappelé que les États-Unis ont récemment mis en
place une nouvelles loi pour moderniser l'encadrement de la
sécurité alimentaire, la American Food Safety
Modernization Act, qui est entrée en vigueur en janvier
2012, et que si le Canada est capable de « moderniser » la
réglementation sur la sécurité alimentaire, il
sera capable de répondre aux exigences d'importation vers les
États-Unis.
Il n'y a jamais de discussion sur les effets de la
domination croissante des monopoles agro-alimentaires étasuniens
sur la sécurité alimentaire du Canada. La seule
préoccupation est de positionner certains producteurs canadiens
afin qu'ils rivalisent sur les marchés d'exportation vers les
États-Unis, entraînant une plus grande exportation
d'aliments provenant du Canada, ce qui n'est pas un
développement positif pour l'approvisionnement alimentaire
canadien.
Une partie des grands fabricants alimentaires canadiens
ainsi que des fédérations régionales agricoles et
de producteurs représentés par les Fabricants de produits
alimentaires du Canada, ont porté sur la place publique la
question de la déréglementation et ont réussi
à forcer le gouvernement Harper à retarder la
déréglementation sur l'emballage des aliments. Les
Fabricants de produits alimentaires du Canada ont déclaré
que la déréglementation va accroître les
importations provenant des États-Unis et avec le temps va mettre
en péril les emplois des secteurs agricoles et de la
transformation alimentaire.
«Ce changement va désavantager sur le plan
concurrentiel l'industrie de la transformation alimentaire parce que
cela va exiger qu'elle adopte les formats et les normes d'emballage des
États-Unis», a dit Chris Kyte, président des
Fabricants alimentaires du Canada. L'organisation rappelle qu'au cours
des cinq dernières années plus de 80 usines de
transformation des aliments au Canada ont fermé leurs portes et
plusieurs ont déménagé leur production vers de
plus grandes usines situées aux États-Unis et au Mexique.
En plus, les maires de petites villes agricoles
situées dans le sud-ouest de l'Ontario s'opposent aux
modifications proposées parce qu'elles menacent le moyen de
subsistance de milliers de personnes de leurs communautés. John
Paterson, le maire de Learnington, en Ontario, ou se retrouve la
majorité de l'industrie ontarienne des serres et les grandes
usines de transformation des aliments dont Heinz Canada, s'est rendu
à Ottawa pour faire des représentations auprès du
gouvernement Harper.
Paterson a souligné que le changement ne va pas
seulement toucher les fabricants de produits alimentaires, mais aussi
ceux qui produisent les conserves selon des formats spécifiques
au Canada. Il a dit qu'il n'existe qu'une seule entreprise au Canada
qui fournit les conserves en métal à l'industrie
canadienne de transformation des aliments, Crown Metal Packaging,
située à Chatham, Ontario. « Même si la
conserverie Sunbrite (un fabricant de produits alimentaires
situé à Ruthven, en Ontario, possédant aussi les
produits en conserve de marques Unico et Primo) devait fermer ses
portes, l'usine (de Crown) va aussi fermer, forçant au
chômage toutes ces personnes », a dit Paterson. Il a
rappelé que la déréglementation est
proposée par les monopoles alimentaires des États-Unis
tels que Campbell et Nestlé qui opèrent au Canada.
La municipalité de Kingsville, en Ontario, qui
possède des serres ainsi que des vergers de pommes et des
vignobles, a soulevé certaines préoccupations en ce qui a
trait à la façon que les changements ont
été annoncés sans aucune considération pour
les conséquences que cela aura pour l'industrie et la
communauté. Le maire Nelson Santos a souligné que «
nos fabricants locaux de produits alimentaires sont surpris par ce
changement. Ils n'ont participé à aucune discussion sur
les conséquences de la déréglementation.»
En réponse à cette opposition, le
gouvernement Harper a décidé de retarder la
déréglementation puisqu'il a été pris la
main dans le sac à prétendre qu'il avait consulté
les personnes concernées alors que ce n'est pas le cas. Le
ministre de l'Agriculture, Gerry Ritz, prétend maintenant qu'il
va élargir les consultations avant de mettre en vigueur les
changements. Le problème pour le gouvernement Harper est que
plusieurs des fabricants canadiens de produits alimentaires ne sont pas
intéressés à être consultés sur
comment mieux mettre en pratique la déréglementation et
veulent plutôt parler de comment elle ne devrait même pas
être appliquée.
« Tout le processus est surgi de nulle part dans
la foulée de l'adoption du budget », a dit Scott Ross,
directeur responsable de l'évaluation des risques commerciaux et
des politiques agricoles auprès de la Fédération
canadienne de l'agriculture. « La consultation semble
s'être déroulée de la façon suivante: 'Nous
allons faire cela et quel échéancier voulez-vous?' Notre
réponse est avant tout: ' Nous ne sommes pas certains que c'est
avant tout une bonne idée alors c'est difficile pour nous de
vous fournir un échéancier.'»
Les autres mesures du projet de loi
budgétaire omnibus
Des mesures pour mettre en place une seule agence de
sécurité frontalière sous contrôle
américain
Les articles 12 et 16 des « autres
mesures » prévues dans ce deuxième projet de
loi budgétaire omnibus traitent de projets pilotes permanents
permettant au Homeland Security des États-Unis de
contrôler la frontière canadienne au nom de la
réglementation douanière et de l'immigration.
L'article 12 contient des amendements à la Loi
sur les douanes exigeant que soient fournis des renseignements
réglementaires sur toute personne qui est ou devrait être
à bord d'un moyen de transport. Ces amendements visent à
consolider l' « information préalable sur les
passagers », initiative permettant à l'Agence des
services frontaliers du Canada d'empêcher certaines personnes de
se rendre au Canada par voie aérienne. Si adopté, cet
amendement donnerait l'autorisation à un agent des services
frontaliers du Canada d'ordonner au pilote d'un avion d'expulser la
personne indésirable. Si on tient compte de la tendance
pro-impérialiste actuelle du gouvernement Harper, on peut
facilement déduire que ce nouveau mécanisme autorisera
les autorités étasuniennes et canadiennes à mettre
sur pied une liste prioritaire d'
« indésirables » sur le plan international
pour l'Amérique du Nord. Qui seront ces
indésirables ? La réponse à cette question
restera évidemment la prérogative des agences de
sécurité des États-Unis. Quiconque s'oppose
à l'impérialisme sera sans doute le premier sur la liste.
Ce sera un mécanisme de chantage pour forcer les gens à
se soumette au diktat impérialiste faute de quoi on leur rendra
la vie difficile lorsqu'ils auront à voyager.
La deuxième partie de l'article 12 exige des
« renseignements permettant une vérification
préalable de fret ».
Il s'agit en fait de rendre permanents divers projets
pilotes selon lesquels le fret qui entre en Amérique du Nord
sera vérifié une seule fois par un organisme
unifié des services frontaliers sous le commandement des
États-Unis.
Une autre partie définirait en quoi les
autorités portuaires devront maintenir des installations
douanières pour l'ASFC. Selon un communiqué
gouvernemental au sujet de ces amendements, ceux-ci visent à
« préciser l'étendue de l'obligation des
propriétaires/exploitants des ponts internationaux et des
tunnels à péage, des aéroports, des ports
maritimes et des sociétés ferroviaires d'offrir,
d'équiper et d'entretenir des installations adéquates aux
bureaux d'entrée sans frais à l'ASFC ».
L'article 16 porte sur un programme d'autorisation
de voyage électronique (AVE) afin d'établir une approche
nord-américaine commune à l'égard du
contrôle des voyageurs. Le programme d'AVE sera semblable au
système existant des États-Unis, le Système
électronique d'autorisation de voyages (Electronic System for
Travel Authorization — ESTA), et permettra au Canada d'examiner la
plupart des étrangers dispensés de l'obligation d'avoir
un visa le plus tôt possible, avant leur voyage aérien
vers le Canada. Le gouvernement affirme que le programme permettra aux
agences de sécurité de « revoir sa politique
de visas à l'égard des pays à faible
risque ».
L'information qui serait utilisée aux fins du
programme d'AVE constitue essentiellement des
« données biographiques », qui restent
vagues, mais qui ouvrent les portes toutes grandes aux abus. Cela
étant dit, le gouvernement tente de convaincre les gens de ne
pas s'inquiéter, puisque ces mesures ne seront applicables
qu'aux « ressortissants étrangers ». Le
gouvernement se veut donc rassurant en nous rappelant que
« le Canada et les États-Unis ont convenu d'un
Énoncé conjoint des principes de protection des
renseignements personnels afin de garantir la protection des
renseignements personnels ». Ce que le gouvernement omet de
dire, c'est que cet Énoncé de principes déclare
que tout le monde a le droit à sa vie privée,
jusqu'à ce que le gouvernement s'immisce dans cette vie
privée sous couvert de la sécurité nationale.
Ce projet de loi omnibus apportera donc des
modifications à la Loi sur l'immigration et la protection
des réfugiés (LIPR) afin de permettre le traitement
électronique, le contrôle et la délivrance d'une
AVE « dans les cas appropriés, conformément au
Règlement ».
Mesures pour faciliter la dépossession
des Premières Nations
La section 8 des « Autres
mesures » de la deuxième loi omnibus contient des
modifications à la Loi sur les Indiens qui rendent
plus facile pour les monopoles de s'ingérer dans les
décisions des Premières Nations et obtenir leur appui
pour des projets d'extraction des ressources et qui centralisent la
« désignation des terres » entre les mains
du ministre des Affaires autochtones. Selon le gouvernement Harper, le
nouveau concept de la « désignation des
terres » permet aux Premières Nations « de
céder par bail une partie de la réserve sans céder
son intérêt collectif. La désignation des terres
permet aux sociétés des Premières Nations et aux
promoteurs indépendants de louer des terres de réserve.
Les institutions financières considèrent les baux comme
des actifs, ce qui permet aux Premières Nations de les utiliser
comme garanties pour obtenir des prêts ou financer des projets de
développement économique. »
La loi omnibus amende la Loi sur les Indiens
de sorte à 1) abaisser le seuil du vote des Premières
Nations pour la « désignation des terres »
qui requiert présentement le vote de la majorité des
membres de la nation concernée à une simple
majorité de ceux qui votent ; 2) donner au ministre des
Affaires autochtones la responsabilité de l'approbation des
désignations.
Le gouvernement Harper soutient qu'en réduisant
le seuil de majorité, cela permettra de réduire à
quelques mois le temps nécessaire pour un vote, ce qui
« réduirait le coût des transactions avec les
Premières Nations ». Pour ce qui est de donner au
ministre le pouvoir d'approbation, la loi stipule :
« L'article 39 de la Loi exige que le gouverneur en
conseil approuve la désignation de terres. Étant
donné que les terres ne perdent pas le statut de réserve,
ce niveau d'autorisation va à l'encontre des efforts du
gouvernement visant à appuyer les instruments autochtones de
développement économique. La modification proposée
permettrait au ministre des Affaires autochtones et du
développement du Nord canadien, plutôt qu'au gouverneur en
conseil, d'autoriser les désignations de terres. Cette
modification devrait réduire la durée du processus de
désignation de terres de plusieurs mois. »
Voici comment le gouvernement Harper explique ces
changements :
« La désignation des terres est
devenue une option privilégiée à la cession des
terres, toutefois, le processus administratif n'est toujours pas
adapté au rythme de la vie moderne. En ce qui a trait aux
Premières Nations qui procèdent selon le régime de
la Loi, la désignation est essentielle pour attirer des
investissements dans la collectivité, par exemple pour
aménager les terres afin d'accueillir des entreprises de petite
et de moyenne taille, des parcs ou des espaces publics, ainsi que toute
activité entreprise par un non-membre de la Première
Nation dont pourrait profiter la collectivité. Le processus de
désignation des terres constitue également la
première étape de la mise en valeur des ressources
pétrolières et minières en vertu de la Loi. Pour
cette raison, il est essentiel de disposer d'un processus rapide afin
d'attirer les partenaires d'affaires du secteur
privé. »
« La désignation des terres est un
processus qui prend en moyenne de un à deux ans. De façon
plus générale, il y a deux niveaux d'approbation dans ce
processus : la collectivité et le gouverneur en conseil.
Lorsqu'une Première Nation décide d'aménager un
lot de terre de réserve détenu collectivement, les terres
doivent être désignées, conformément aux
articles 38 à 41 de la Loi, lors d'un vote
communautaire.
»En vertu de la Loi, afin que le vote de
désignation initial réussisse, la majorité des
électeurs admissibles doivent déposer un bulletin de
vote. En règle générale, moins de la moitié
des membres participent à environ quatre sur cinq des votes de
désignation. Quand c'est le cas, le conseil de la bande peut
publier une résolution du conseil de bande demandant la tenue
d'un deuxième vote à majorité simple. »
Selon le gouvernement Harper, les modifications sont
légitimes parce que « le Conseil national de
développement économique des Autochtones a fait part de
ses préoccupations au Comité permanent des affaires
autochtones et du développement du Grand Nord, en indiquant que
le développement des terres de réserve par les
Premières Nations était entravé par les
contraintes que pose la Loi et la lourdeur des processus administratifs
connexes ». Mais qu'en disent les Premières Nations
elles-mêmes ?
Une atteinte à l'autonomie des agences,
comités et commissions vis-à-vis le contrôle
ministériel
L'article 13 des « autres
mesures » du projet de loi omnibus modifierait la Loi
sur le contrôle des renseignements relatifs aux matières
dangereuses afin de transférer les responsabilités
et les fonctions du Conseil de contrôle des renseignements
relatifs aux matières dangereuses à Santé Canada.
Ainsi, le Conseil cesserait d'exister en tant qu'entité
autonome. Selon le gouvernement : « Ces modifications
n'affecteront pas l'objectif principal de la Loi, soit d'accorder des
exemptions dans le cadre du Système d'information sur les
matières dangereuses utilisées au travail (SIMDUT) pour
protéger les renseignements commerciaux
confidentiels. »
L'article 22 suspend l'Office de financement de
l'assurance-emploi du Canada (OFAEC) jusqu'à ce que le Compte
des opérations de l'assurance-emploi ait retrouvé un
équilibre cumulatif et que l'OFAEC puisse remplir pleinement son
mandat législatif. Au cours de la période
intérimaire, « les taux de cotisation seront
établis par le gouverneur en conseil, selon le critère
d'établissement des taux de cotisation actuel ».
L'article 24 apporte des modifications à la Loi
sur l'Agence du revenu du Canada (LARC). Celle-ci sera
également modifiée pour que l'ARC soit tenue d'obtenir
ses mandats de négociation du président du Conseil du
Trésor, le ministre Tony Clement. Aussi, l'Agence de revenu du
Canada est-elle tenue de consulter ce dernier suffisamment de temps
avant d'établir certaines autres conditions d'emploi pour ses
employés, notamment pour les employés qui ne sont pas
représentés et dont les conditions d'emploi ne sont pas
négociées ni prévues dans une convention
collective.
L'article 19 supprime les services obligatoires
d'inspection et de pesage à l'arrivée par la Commission
canadienne des grains (CCG) et modifie le programme de protection des
paiements aux producteurs de façon à réduire
« les coûts inutiles assumés par les
producteurs et les manutentionnaires de grains ». Le
gouvernement prétend ainsi éliminer le rôle
joué par la CCG « dont le secteur des grains
d'aujourd'hui n'a plus besoin ». Aujourd'hui, rappelons-le,
le secteur des grains est tel qu'il n'existe aucun contrôle
public de la production des grains, de sa qualité ni de son
exportation depuis que le gouvernement Harper a démantelé
la Commission canadienne du blé. Cependant, nous sommes
sensés être rassurés du fait qu'en dépit de
l'élimination de son rôle d'inspection, « la
CCG continuera d'exercer ses fonctions liées à
l'établissement et au maintien de normes de qualité pour
les grains, à la recherche sur la salubrité et la
qualité des grains ainsi qu'à la réglementation de
la manutention des grains dans l'intérêt des producteurs
et de tous les Canadiens ».
L'article 11 apporte des modifications à la Loi
sur l'indemnisation des marins marchands, usurpant ainsi les
pouvoirs et les devoirs de la Commission d'indemnisation des marins et
des marchands, une usurpation flagrante du ministre du Travail et une
abrogation des dispositions relatives à cette commission.
La Commission d'indemnisation est présentement
composée de trois membres à temps partiel qui statuent
sur les demandes d'indemnisation et déterminent quelles sont les
prestations à verser en vertu de la Loi. Afin de minimiser cette
usurpation ministérielle, le gouvernement déclare :
« Le champ d'application de la Loi est
très restreint et touche seulement cinq exploitants de navires
employant environ 1 025 marins marchands. La plupart de ces
marins sont déjà protégés par un
régime provincial d'indemnisation des travailleurs et ne sont
donc pas visés par la Loi. »
Nouveaux arrangements concernant la
Fédération
La section 14 du deuxième projet de loi
omnibus porte sur les mesures de mise en oeuvre de l'Accord sur le
commerce intérieur (ACI) entre le gouvernement du Canada et les
gouvernements des provinces et des territoires. Elle établit des
sanctions pécuniaires dans les mécanismes de
règlement des différents qui permettraient aux
gouvernements ainsi qu'aux particuliers de demander des indemnisations.
Avec ces amendements, le gouvernement entend
« consolider l'union économique et éliminer
les obstacles au commerce intérieur et à la
mobilité de la main-d'oeuvre, alors que ces révisions
visent à répondre aux préoccupations
soulevées par de nombreux Canadiens au sujet de
l'inefficacité du processus d'application de l'ACI ».
« Les changements encourageront les
gouvernements à respecter leurs obligations liées
à l'ACI, ce qui renforcera l'harmonisation de la
réglementation et les flux de commerce intérieur.
« De façon générale, les
modifications s'appliquent tant aux différends entre
gouvernements qu'aux différends entre une personne et un
gouvernement. Cependant, contrairement aux différends entre
gouvernements, où des sanctions pécuniaires sont
versées à la partie plaignante, aucune sanction de cette
nature n'est payée à la partie plaignante qui a
engagé un différend entre personne et gouvernement. Les
sanctions pécuniaires serviront d'abord à rembourser les
dépens du plaignant ayant eu gain de cause, tandis que le solde
sera versé dans le Fonds de développement du commerce
intérieur et servira à promouvoir les objectifs
liés au commerce intérieur. Malgré le fait que la
sanction pécuniaire pourra être appliquée de
manière à favoriser la conformité à l'ACI
dans les deux types de différends, les ministres membres du CCI
ne souhaitaient pas qu'elle incite à présenter des
plaintes sans fondement.
« Grâce à l'adoption de cette
mesure, les sanctions pécuniaires imposées au
gouvernement du Canada pourront être exécutées au
même titre que les ordonnances de la Cour fédérale
et les montants seront versés à partir du Trésor.
L'importance de la sanction pécuniaire est proportionnelle
à la population de l'administration visée. Pour les
gouvernements des territoires et des provinces de petite taille, le
maximum prévu est de 250 000 dollars, alors que pour les
gouvernements de plus grande taille (Canada, Colombie-Britannique,
Alberta, Ontario et Québec), le maximum est établi
à 5 millions de dollars. Cette mesure fait aussi en sorte
que la nomination des membres des groupes spéciaux et des
groupes spéciaux d'appel soit conforme aux nouvelles normes en
matière de sélection. »
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