Le
                              Marxiste-Léniniste

Numéro 125 - 8 décembre 2012

Fin de la grève chez Bombardier à La Pocatière

Les travailleurs forcent Bombardier à satisfaire plusieurs de leurs revendications


Des centaines de travailleurs à une vigoureuse assemblée pour discuter de l'entente de principe et voter le
5 décembre 2012 à La Pocatière, Québec. (M. Giroux/CSN)

Fin de la grève chez Bombardier à La Pocatière
Les travailleurs forcent Bombardier à satisfaire plusieurs de leurs revendications
Les syndiqués de Bombardier acceptent la proposition à 82,2 % - Communiqué de la Fédération de l'industrie manufacturière

Non à la traite des humains et à la main-d'oeuvre asservie
Il faut abolir le Programme des travailleurs étrangers temporaires! - K.C. Adams
L'extraction du charbon en Colombie-Britannique par la méthode longue taille - Doug Pitman


Fin de la grève chez Bombardier à La Pocatière

Les travailleurs forcent Bombardier à satisfaire plusieurs de leurs revendications


Le mercredi 4 décembre, les travailleurs de Bombardier Transport à La Pocatière, en grève depuis le 1er novembre, ont voté à 82,2 % en faveur de la recommandation du conciliateur dans le cadre des négociations entre le syndicat et la compagnie pour le renouvellement de la convention collective. Bombardier a lui aussi entériné l'offre du conciliateur et le travail a repris au matin du 6 décembre. Presque tous les 330 travailleurs qui travaillent présentement à l'usine ont participé à l'assemblée générale et environ 30 travailleurs toujours à l'emploi de Bombardier, mais ne travaillant pas à l'heure actuelle, ayant été mis à pied ou pour d'autres raisons, ont aussi participé à l'assemblée. En 2006, il avait environ 1000 travailleurs à cette usine de la région du Bas Saint-Laurent qui fabrique exclusivement des wagons de métro.

LML félicite les travailleurs de Bombardier pour leur défense résolue de leurs conditions de vie et de travail et de celles de l'ensemble de la région. Sur les trois principales questions en litige dans les négociations, soit l'opposition aux pertes d'emplois qui sont causées par la sous-traitance, l'amélioration du régime de retraite et les salaires, les travailleurs ont obtenu gain de cause pour plusieurs demandes, ce qui sera bénéfique non seulement pour eux-mêmes mais pour l'avenir du Bas Saint-Laurent. Bombardier est l'une des seules grandes entreprises manufacturières qui demeurent dans la région, et les pertes d'emplois à l'usine ont un sérieux impact sur les emplois manufacturiers de la région et sur le niveau de vie de la population.

La question des pertes d'emplois par la sous-traitance était au centre de la grève. Cette question ne date pas d'hier. À mesure qu'il devenait empire mondial dans le transport sur rail, Bombardier s'est mis à déplacer la production à son gré au sein de son empire et vers d'autres entreprises sans aucun égard pour l'impact de ces mesures sur les conditions de vie et de travail et l'économie des régions où elle opère. Cette question a fait éruption en 2010 lorsque Bombardier a décidé de transférer la production des wagons de métro de la ville de Chicago de la Pocatière vers Plattsburgh. Le syndicat a monté des griefs contre cela mais a par la suite signé une entente hors cour avec Bombardier stipulant que Bombardier s'engageait à assurer à l'usine de La Pocatière l'exécution des activités de production, notamment pour les contrats avec la Chicago Transit Authority, la New Jersey Transit et la Société de Transport de Montréal (STM). Les engagements pris par Bombardier garantissaient notamment à l'usine de La Pocatière la fabrication des pièces primaires, des sous-ensembles mineurs et majeurs ainsi que la fabrication des caissons en acier inoxydable des 468 nouveaux wagons pour le métro de Montréal. Les travailleurs accusent depuis ce temps Bombardier de violer l'entente en envoyant à la sous-traitance la fabrication de plusieurs des pièces des wagons de métro pour Montréal. Différents stratagèmes ont été utilisés par l'entreprise pour déplacer la production à son gré, que ce soit avec l'argument frauduleux de la spécialisation selon lequel chaque usine obtiendrait la fabrication des pièces de tel ou tel matériau, acier inoxydable ou acier par exemple, alors que ces catégories n'ont pas été respectées et que l'entreprise a continué de déplacer la production comme bon lui semble. Bombardier a aussi commencé à démanteler et faire sortir de la machinerie puis à utiliser cela pour dire que son usine n'avait pas la capacité de produire certaines pièces.

Les travailleurs à ce sujet font état de gains qui vont leur servir à préserver et augmenter le nombre des emplois. « On a réellement accompli de bonnes choses avec notre grève, a dit au Marxiste-Léniniste Mario Lévesque, le président du Syndicat des employés de Bombardier Transport La Pocatière .On a obtenu que la charge-machine devra être pleine à 100 %, c'est-à-dire que les machines devront fonctionner à leur pleine capacité 24 heures sur 24, avant qu'on envoie des pièces en sous-traitance. C'est un gros gain qu'on a fait. L'employeur s'est aussi engagé à maintenir les machines déjà existantes en bon état pour maximiser la production. On a obtenu que les pièces en acier inoxydable vont être faites à La Pocatière. Il y a des pièces qu'on avait perdues qui vont nous revenir en 2013 dès que la charge-machine va baisser pour les machines qui font la découpe de cet acier. »


Mario Lévesque, président du syndicat
à bombardier s'adresse à l'assemblée
du 5 décembre 2012.

En ce qui concerne la lettre d'entente de 2010, le syndicat est impliqué dans une bataille en cour qu'il va continuer pour forcer Bombardier à la respecter. « L'entente qu'on avait avec eux, qui n'était pas respectée, a été reconduite avec la nouvelle convention collective. Notre bataille juridique continue là-dessus. On a eu une audience en cour en octobre et une autre aura lieu en décembre », a dit Mario Lévesque.

Le syndicat se dit également satisfait en ce qui concerne sa demande d'améliorer le régime de retraite des travailleurs. « Nous avons un régime de pensions à prestations déterminées et nous avons négocié une augmentation globale de 18 % de nos prestations de retraite, ce qui est également un gros gain pour nous », d'ajouter le président du syndicat.

Les travailleurs ont une haute appréciation de la lutte qu'ils mènent pour la région et de l'appui qu'ils ont reçu des travailleurs de plusieurs endroits et secteurs de l'économie et de la population de la région. « Le succès que l'on a obtenu n'est pas seulement le fait du comité de négociation. C'est tout le monde qui y a participé. On a eu un vent de solidarité pratiquement incroyable des travailleurs des autres syndicats, de notre fédération, des gens de la région. Ils sont venus nous rencontrer pour nous donner leur appui. Au centre de cela, il y avait nos membres qui étaient tous solidaires les uns avec les autres, tous très liés. Ils sont convaincus que c'est un juste combat que nous menons pour l'avenir de la région et des jeunes en particulier et que c'est un combat qui a abouti à quelque chose. On a fait la grève pendant 35 jours pour arracher quelque chose et on a réussi à arracher quelque chose. »



(Photos: M. Giroux/CSN)


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Les syndiqués de Bombardier acceptent
la proposition à 82,2 %


Lors d'un vote tenu à scrutin secret mercredi soir [5 décembre], les syndiqués de Bombardier à La Pocatière (FIM-CSN) ont accepté dans une proportion de 82,2 % la recommandation que le conciliateur Jean Poirier avait remise aux parties syndicale et patronale, le 2 décembre, afin de tenter de régler le conflit les opposant. Le travail à l'usine devrait donc reprendre incessamment.

Lors de l'assemblée, le conseil syndical, qui réunit l'ensemble des délégués du syndicat, a recommandé aux membres d'accepter la proposition du conciliateur. Celle-ci traitait principalement des points où il y avait encore divergence, c'est-à-dire la sous-traitance, l'échelle salariale et la rétroactivité de l'année écoulée ainsi que le transfert du régime de retraite à Bâtirente (CSN).

Par ailleurs, la recommandation incluait également tous les articles de la convention collective déjà négociés depuis le début des pourparlers. Le vote portait donc sur toute la convention actuelle, les articles négociés et les derniers éléments de la recommandation. Il s'agissait d'un tout indivisible.

La sous-traitance freinée

Par cette entente, l'employeur garantit la fabrication et l'assemblage des pièces primaires en acier inoxydable à La Pocatière, en autant qu'il ait l'équipement ou les machines nécessaires. Il doit aussi s'assurer que tous les quarts de travail soient utilisés avant de recourir à la sous-traitance.

L'entreprise s'engage également à maintenir en bon état de marche des équipements et des machines déjà en place, nécessaires pour la fabrication des pièces, pour une durée de deux ans. Enfin, il convient de maintenir en bon état de marche quatre centres d'usinage importants, et ce, pour la durée de la convention collective. Par ce règlement, le syndicat freine donc l'exode des machines de pointe vers les autres filiales de Bombardier.

La compagnie s'engage par ailleurs à investir à La Pocatière dans de l'équipement de soudure hautement spécialisé ainsi que dans une nouvelle plieuse plus performante. De plus, l'employeur rapatrie à l'usine de La Pocatière des pièces primaires en acier inoxydable qui étaient jusqu'alors fabriquées au Mexique par une des filiales de l'entreprise.

Cette dernière s'engage aussi à fabriquer à La Pocatière les 10 voitures pilotes ainsi que 20 modules de face et de pavillon additionnels pour le contrat de New-York (R179) et d'autres composantes pour le contrat de San Francisco (BART).

En ce qui concerne le transfert du régime de retraite à Bâtirente (CSN), l'employeur consent seulement à ce que les travailleurs déjà à l'emploi puissent, à leur choix, y adhérer pour leurs cotisations futures. Les nouveaux travailleurs n'auront pas cette possibilité.

Les augmentations salariales sont les suivantes :

1,5 % pour la période du 1er octobre 2011 au 30 septembre 2012 en rétroactivité et 1 % en montant forfaitaire pour la même période.

Par la suite, l'échelle est établie comme suit :

2 %  pour la période du 1er octobre 2012 au 30 septembre 2013 ;

2 %  pour la période du 1er octobre 2013 au 30 septembre 2014 ;

2 %  pour la période du 1er octobre 2014 au 30 septembre 2015 ;

2,5 % pour la période du 1er octobre 2015 au 30 septembre 2016.

Il est à noter que les syndiqués font aussi des gains importants concernant le régime de retraite : ils réussissent presque à combler l'écart avec la filiale ontarienne de Bombardier.

Une victoire de la solidarité

Pour le président du syndicat, Mario Lévesque, la nouvelle entente, qui freine la sous-traitance, constitue une belle victoire non seulement pour les travailleurs, mais pour toute la région, car elle garantit les emplois actuels tout en permettant d'espérer la création de plusieurs autres. « Ce gain majeur, il est dû à la solidarité des travailleurs et de toutes les personnes qui les ont appuyés dans leur combat pour l'emploi. »

Les 330 syndiqué-es étaient sans contrat de travail depuis le 30 septembre 2011. La grève durait depuis plus d'un mois.

(Photos: M. Giroux/CSN)

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Non à la traite des humains et à la main-d'oeuvre asservie

Il faut abolir le Programme des travailleurs
étrangers temporaires!

Les travailleurs organisés luttent pour restreindre le marché du travail.

Le mouvement ouvrier organisé ne peut progresser sans mener une lutte conscience pour restreindre le marché du travail. La restriction du marché de travail est proportionnelle à l'organisation de syndicats dans les milieux de travail partout au pays. Avec organisation et structure, les travailleurs peuvent établir un équilibre avec les propriétaires du capital sur la question des salaires, des avantages sociaux et des conditions de travail, avec les droits d'ancienneté, l'égalité des conditions pour tous les travailleurs dans un même lieu de travail, la perception des cotisations pour financer le syndicat et la possibilité de participer activement et consciemment aux affaires syndicales et aux affaires politiques du pays. La reconnaissance des droits des travailleurs en tant qu'individus et en tant que collectif est une condition nécessaire à l'établissement d'un équilibre dans les endroits de travail et ne peut être garantie que par la résistance organisée du mouvement ouvrier.

Politiquement, le mouvement ouvrier organisé parvient à restreindre le marché du travail quand il tient les gouvernements responsables de l'adoption et de l'application de lois restreignant l'effet du marché du travail où les travailleurs se regroupent en un syndicat et plus généralement dans la société. La reconnaissance des droits de la classe ouvrière politiquement est une condition à l'établissement d'un équilibre au lieu d'une guerre ouverte entre les classes et les perturbations continuelles.

Un exemple de lutte politique pour restreindre le marché du travail est celle qui se mène présentement pour exiger l'abolition du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) imposé par la dictature Harper. Le PTET est le meilleur exemple de comment les détenteurs du capital se servent des institutions politiques pour fabriquer des lois qui servent leurs intérêts privés. Le PTET est une forme pure et simple de trafic international d'êtres humains pour grossir le marché du travail et faire chuter les salaires, les avantages sociaux et les conditions de travail ainsi qu'affaiblir les organisations de la classe ouvrière. Le PTET est source d'insécurité et de déséquilibre. Le mouvement ouvrier organisé doit lutter pour l'abolition immédiate du PTET.

Les autorités publiques doivent développer des solutions permettant de garantir un moyen de subsistance et une sécurité d'emploi pour tous les Canadiens avant d'avoir recours à l'immigration pour aller chercher des travailleurs. Cela veut dire développer les services publics, les entreprises publiques et les infrastructures publiques et consolider l'éducation publique et le système de formation de sorte à ce que les jeunes soient pleinement préparés pour assumer leurs droits et responsabilités en tant que travailleurs et en tant que citoyens. À la fin de leurs études, ces mêmes jeunes doivent pouvoir trouver un emploi qui correspond à leurs aptitudes et avec un salaire, des avantages sociaux et des conditions de travail de standard canadien.

Tous les travailleurs ont des droits en tant que producteurs de toute valeur et en tant que dispensateurs des services. Toute personne a des droits du fait qu'elle est un être humain. Le PTET est une violation flagrante de ces principes et doit être aboli. Le mouvement ouvrier organisé a le devoir et la responsabilité sociale d'exercer son droit de dire son mot et d'exercer son contrôle sur le processus de prise de décisions touchant à toutes les questions, y compris les questions de l'immigration et la place de celle-ci dans la dialectique du marché du travail.

L'immigration elle-même, à l'exception de la réunification familiale et des réfugiés de guerre, doit être décidée à la lumière de l'effort pour restreindre le marché du travail contre sa tendance à l'expansion. On devrait avoir recours à l'immigration seulement lorsque le système capitaliste a atteint un taux de chômage inférieur à 1% dans toutes les régions.

Les travailleurs qui viennent au pays sous les auspices du PTET sont vulnérables, vivent l'insécurité et sont victimes d'exploitation. Il est extrêmement difficile de les organiser dans des syndicats sur une base permanente précisément à cause de leur vulnérabilité et de leur statut légal précaire. Leurs droits en tant que travailleurs ne sont pas reconnus quand ils arrivent au Canada et c'est ce qui est inacceptable.

Le PTET et l'immigration en général sont des armes politiques dans la dialectique entre le mouvement ouvrier organisé qui lutte pour restreindre le marché du travail et l'effort des détenteurs du capital pour grossir le marché du travail. Le PTET est l'expression d'un refus politique des détenteurs du capital et de leurs représentants politiques de reconnaître que tous les travailleurs ont des droits et que ceux-ci doivent être respectés par les gens en position d'autorité, et ce, sans exception. L'existence du PTET est un exemple de comment la classe ouvrière est exclue des prises de décisions sur la question de l'immigration, qui ont pourtant des conséquences pour les droits de tous. Il faut que ça change!

Le PTET est aussi une arme entre les mains de l'État pour inciter au racisme et créer des divisions au sein de la classe ouvrière et il doit être condamné ne serait-ce que pour cette raison. Le racisme organisé par l'État est un moyen choyé au Canada pour affaiblir la lutte des travailleurs organisés pour restreindre le marché du travail et défendre les droits de tous. Le racisme organisé par l'État nie les droits des travailleurs en tant que travailleurs mais aussi en tant qu'être humains, ce qui crée un déséquilibre dans la société. Il doit être condamné et banni à tout jamais. Le racisme organisé par l'État est une raison de plus pour bannir le PTET immédiatement et sans exception. Il faut le remplacer par un renouveau de l'immigration par lequel les autorités publiques et les employeurs reconnaissent les droits des travailleurs canadiens à un moyen de subsistance et à la sécurité ainsi que les droits des travailleurs immigrants dès qu'ils s'établissent ici ou qu'ils s'y trouvent du travail. Pour y arriver, la classe ouvrière organisée doit lutter pour le pouvoir politique qui lui donne une prise de parole et un contrôle sur le processus de prise de décisions touchant à l'immigration.

Il faut s'organiser pour restreindre le marché du travail!
Non au trafic des humains et à la main-d'oeuvre précaire!
Abolissez le Programme des travailleurs étrangers temporaires!
Tous les travailleurs ont des droits du fait qu'ils sont les producteurs
de toute valeur et les dispensateurs de tous les services!
Toute personne a des droits du fait qu'elle est un être humain!

(Traduction : LML)

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L'extraction du charbon en Colombie-Britannique
par la méthode longue taille

Dans un récent article paru à la une des médias monopolisés, il est question de l'arrivée dans les prochaines semaines en Colombie-Britannique d'un premier groupe de 200 travailleurs temporaires approuvés par le gouvernement fédéral pour occuper des postes dans l'industrie du charbon en pleine expansion dans le nord-est de cette province.[1] Ce serait le premier groupe d'un nombre total estimé entre 1600 et 2000 travailleurs provenant de la Chine, qui pourront travailler à temps plein sur quatre projets envisagés pour la région.[2]

Selon John Cavanagh, p.-d.g. de Dehua International Mines Group inc, une société minière canadienne basée à Vancouver, « sans les Chinois et leur technologie, ces mines en question n'auraient jamais été développées ».

Jody Shimkus est une ancienne sous-ministre adjointe au ministère des Mines de la Colombie-Britannique et présentement vice-présidente chez HD Mining International, une des sociétés participant à l'exploitation de quatre mines de charbon et associées à leur développement avec Dehua. Elle l'a présenté de cette façon : « Nous avons besoin de main-d'oeuvre temporaire étrangère parce que nous allons mettre en place dans la province une forme très mécanisée d'extraction par la méthode longue taille.[3] Présentement, il n'y a pas au Canada ou en Colombie-Britannique d'exploitation par la méthode longue taille. »[4]


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La demande croissante des sociétés chinoises pour des sources garanties d'approvisionnement en charbon contribue à cette recherche du charbon et son développement en Colombie-Britannique. Dans les régions où l'exploration a lieu, soit en partie dans les régions du nord de la Colombie-Britannique de Hudson's Hope et Tumbler Ridge, les sociétés minières investissent dans l'exploitation du charbon. Certaines sont chinoises alors que d'autres, telles que Kailuan Dehua, possèdent en Chine des opérations conjointes de fabrication d'acier et d'extraction du charbon et sont prétendument canadiennes. En fait, elles recherchent des matières premières pour alimenter leurs aciéries en Chine.

Toutefois, les arguments offerts pour amener de la Chine des mineurs de charbon sont faux et intéressés. La raison pour laquelle le monde du capital qui domine la Colombie-Britannique et le Canada veut participer à la traite des humains est de maximiser leur taux de profit, rien de moins. Dans l'histoire récente de la Colombie-Britannique, il existe plusieurs exemples où des travailleurs étrangers sont amenés sur des projets particuliers, comme par exemple le projet de détournement des eaux par le double tunnel de Seymour à Capilano où des mineurs philippins ont été amenés pour travailler selon des normes inférieures à celles des salariés canadiens. En décembre 2008, des travailleurs étrangers sur le projet de la Ligne Canada, à Vancouver, ont gagné leur cause devant le Tribunal des droits de la personne et l'employeur a été forcé de verser 10 000 $ à chaque travailleur pour cause de mauvais traitements.

Des travailleurs étrangers sont payés à des bas salaires et puisqu'ils sont ici sur la base d'un permis de travail temporaire qui peut être révoqué à tout moment, ils risquent gros s'ils exigent le respect de leurs droits ou s'ils participent à des activités d'organisation pour défendre leurs intérêts. Plusieurs cas de violation des droits ont été rapportés concernant les 3000 travailleurs temporaires agricoles mexicains qui travaillent en Colombie-Britannique. Dans un cas, un travailleur s'est vu refuser un permis pour revenir en Colombie-Britannique à cause de son engagement à organiser un syndicat parmi les travailleurs dans les fermes de la Vallée du Fraser. Dans d'autres cas, les propriétaires des fermes ont refusé aux travailleurs le droit de quitter leur place de travail. Il y a de nombreux cas d'attaques répétées contre les droits des 70 000 travailleurs temporaires vivant présentement en Colombie-Britannique. Comment peut-il en être autrement dans un système qui encourage de toutes parts les violations des droits des travailleurs.

L'argument donné pour amener des mineurs chinois est que les Canadiens ne sont pas formés pour faire ce genre de travail particulier. Cela s'est avéré une fraude totale grâce au travail d'enquête de journalistes qui ont révélé que ces travailleurs sont forcés de payer chacun jusqu'à 12 000 $ pour se procurer un emploi en Colombie-Britannique et que plusieurs d'entre eux ne sont même pas qualifiés en tant que mineurs.[5] Toute cette entreprise a pour but d'ouvrir le marché de la main-d'oeuvre canadienne à la main-d'oeuvre asservie et accroître la pression vers le bas sur les droits de tous les travailleurs d'ici et d'ailleurs.

La politique d'amener de la Chine des travailleurs pour effectuer de l'extraction par longue taille est une attaque délibérée autant contre la classe ouvrière canadienne que contre la classe ouvrière chinoise. Cela ne doit pas passer !

Le racisme organisé par l'État en Colombie-Britannique.

Le racisme organisé par l'État et les tentatives de diviser les travailleurs sur la base de l'origine nationale, la race et autres considérations a une longue histoire en Colombie-Britannique, particulièrement dans l'industrie de l'exploitation du charbon. Il y a exactement 100 ans de cela, durant la grève des mineurs de charbon de 1912-13 sur l'île de Vancouver pour la création d'un syndicat et pour obtenir des salaires décents dans les mines de charbon de Dunsmuir et du CN, les propriétaires, avec le plein appui des institutions et des autorités judiciaires de l'État, ont forcé les travailleurs immigrants chinois et japonais à traverser les lignes de piquetage sous peine de se voir déportés. Les propriétaires et les gouvernements fédéral et provincial ont aussi conspiré pour recruter des travailleurs provenant de la Russie et de l'Italie pour venir en Colombie-Britannique en tant que briseurs de grève. La génération actuelle de travailleurs de la Colombie-Britannique n'a pas oublié cette page de l'histoire. Le mouvement des travailleurs organisés s'oppose à toute forme de chauvinisme et à la division de la classe sur la base de la nationalité et de la langue. C'est un principe fondamental de la classe ouvrière de se rallier à la défense des droits de tous.

Le mouvement syndical en Colombie-Britannique a souligné que le manque de mineurs formés ou d'autres travailleurs formés est une politique délibérée des gouvernements pour saper les programmes de formation des travailleurs de la Colombie-Britannique. La façon que cela se fait est en limitant la formation à certaines connaissances de base liées à des tâches précises d'emplois requis à tout moment par les capitalistes. De plus, le gouvernement ne cesse de mettre fin à des programmes de formation et d'apprentis donnés dans les institutions collégiales et techniques partout dans la province, soit sous forme d'une directive de cette politique, soit en coupant les fonds aux institutions.

Le même gouvernement qui liquide les programmes de formation des métiers et refuse de mettre sur pied la formation de mineurs a ensuite le culot de dire que les compagnies sont forcées d'importer de Chine de la main-d'oeuvre asservie à des salaires et à des conditions de vie et de travail inférieurs parce qu'il n'y a pas assez de Canadiens formés disponibles pour occuper ces emplois. Quelle fraude ! Les mêmes représentants et ministres gouvernementaux qui dictent et mettent en oeuvre cette politique antisociale, se retrouvent être des directeurs de sociétés minières profitant des pratiques de main-d'oeuvre asservie et des subventions publiques payées en partie par les argents soi-disant « épargnés » par l'absence de formation.

La demande de la classe ouvrière en Colombie-Britannique est « Non à toute forme de main-d'oeuvre asservie ! » Le président de la Fédération des travailleurs de la Colombie-Britannique, Jim Sinclair, l'a fait valoir récemment. En plus du manque de formation des jeunes, qui est délibéré, écrit-il, les chiffres les plus récents sur le chômage montrent que l'utilisation continue du programme des travailleurs temporaires étrangers n'est pas nécessaire. Selon Statistiques Canada, la Colombie-Britannique a perdu l'équivalent de 10 900 emplois ainsi que 16 200 emplois à temps plein durant le mois d'octobre. « Ces chiffres révèlent que nous n'avons pas un manque temporaire de travailleurs mais plutôt un manque d'emplois », a déclaré Sinclair.

La Fédération, a-t-il continué, s'oppose depuis longtemps au Programme de travailleurs temporaires étrangers parce que ce programme force vers le bas les salaires et limite sérieusement les droits des travailleurs qui entrent au Canada, ce qui a un impact négatif et dissuasif sur tous les travailleurs canadiens. Il a demandé que tous les gouvernements remplacent ce programme antiouvrier par une immigration normale. Tous les travailleurs doivent être capables de joindre un syndicat et de participer pleinement aux affaires sociales, culturelles, économiques et politiques et de se tenir côte à côte avec les Canadiens à la défense de leurs droits et des droits de tous sans menace de déportation ou de perte de salaire.

Non à la traite des êtres humains et à la main-d'oeuvre asservie !

Notes

1. Vancouver Sun, le 10 octobre 2012.
2. La ministre des Ressources humaines et Développement des compétences, Diane Finley, a déclaré depuis cela que le gouvernement Harper a « appris ce qui en est de ce processus qui a mené à octroyer la permission à des centaines de travailleurs étrangers d'obtenir un emploi à la filiale de Deshua Mines, en Colombie-Britannique » et que ce « n'est pas satisfaisant ». Le gouvernement demande que personne ne le conteste devant les tribunaux, ce qui « pourrait mettre des bâtons dans les roues de ce processus et mener à des batailles juridiques plutôt qu'à véritablement le réparer », a dit Finley. Le ministre de l'Immigration, Jason Kenney, a déclaré qu'il ne « savait pas comment Service Canada a pu se ranger du côté de l'opinion du marché du travail ». L'usage du mandarin a été énuméré comme une des exigences de l'emploi et lorsque les travailleurs de la Colombie-Britannique n'ont pas pu se qualifier, Service Canada a approuvé les permis. C'est un processus que le gouvernement a mis sur pied et, au lieu de déclarer qu'il fonctionne tel que prévu, le ministre exprime son étonnement et sa surprise !
3. Selon Encyclopaedia universalis, la méthode d'exploitation minière appelée longue taille « peut être schématiquement définie comme une galerie en couche d'une longueur de 100 à 250 m en général, qui se déplace parallèlement à elle-même dans la veine, en étant constamment reliée à deux autres galeries ou voies qui lui sont perpendiculaires. Ces voies servent à toutes les communications entre la taille et l'ensemble de l'exploitation : arrivée d'air et du matériel, circulation du personnel, évacuation du charbon produit. »
4. Selon le journaliste britanno-colombien Bill Tielman, malgré les règles en vigueur interdisant à un fonctionnaire d'accepter un emploi parmi le secteur privé à moins d'un an après son départ, Shimkus a presqu'immédiatement occupé un poste au sein de HD Mining après avoir quitté son emploi au ministère des Mines de la Colombie-Britannique, illustrant de nouveau comment les intérêts privés sont politisés et habilités du pouvoir à tous les niveaux : www.tyee.ca/Opinion/2012/10/30/BC-Chinese-Miners/
5. Le journaliste britanno-colombien Bill Tielman constate que les sociétés minières américaines forment depuis plusieurs années les mineurs de charbon pour la longue taille, puisque c'est la méthode principale d'exploitation du charbon dans le bassin houiller des États-Unis. Il écrit que « la Virginie de l'Ouest et la Pennsylvanie possèdent un centre de formation et de technologies minières qui fournit des cours de formation aux nouveaux mineurs sans expérience, ce qui représente 240 heures d'enseignement et de formation pratique ». Tielman constate en particulier que les mineurs chinois ayant une formation et qui seront embauchés dans le Nord-est de la Colombie-Britannique seront payés beaucoup moins qu'aux taux de salaires établis au Canada et aux États-Unis. De plus, autant les gouvernements canadien et de la Colombie-Britannique ont refusé d'agir sur la base de rapports en date de 2008 exigeant la formation de mineurs de Colombie-Britannique pour la longue taille puisque ces types de mines de charbon sont au stade de développement depuis 2007.

* Doug Pittman est un consultant minier basé en Colombie-Britannique.

(Traduction : LML)

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