Numéro 57 - 9 mai 2012
Rio Tinto Alcan
Les travailleurs en lockout manifestent
à l'Assemblée nationale et déposent leur
pétition
Des centaines de
lockoutés de Rio Tinto d'Alma devant l'Assemblée
nationale à Québec le 3 mai 2012 pour exiger que
les gouvernements défendent le droit public plutôt que le
droit de monopole (J. Dejardins)
Rio
Tinto
Alcan
• Les travailleurs en lockout manifestent
à l'Assemblée nationale et déposent leur
pétition
• Le comité de
négociation de Kitimat fait rapport de la mauvaise foi de la
compagnie
À
l'émission «Tout le monde en parle»
• Les travailleurs exposent avec
éloquence la partisanerie des gouvernements envers les monopoles
et les torts que cela crée à l'intérêt
national
Rio Tinto Alcan
Les travailleurs en lockout manifestent
à
l'Assemblée nationale et déposent leur pétition
À Québec le
3 mai 2012
Les travailleurs de Rio Tinto Alcan peuvent voir depuis
le 3 mai dernier, quand ils ont
déposé leur
pétition de 12 000 noms à l'Assemblée nationale du
Québec, que le gouvernement Charest est une kleptocratie - un
gouvernement de voleurs qui vend le Québec comme si de rien
n'était.
À 8 h 30 le jeudi 3 mai, les 24 marcheurs
représentant les lockoutés d'Alma sont arrivés
à l'Assemblée nationale après une marche de 209 km
entreprise le matin du Premier Mai à Hébertville, au
Lac-Saint-Jean. Ils étaient fiers de leur action.
Ils ont été accueillis par une haie d'honneur
formée d'environ 400 travailleurs de Rio Tinto
Alma venus par autobus et de délégations comprenant entre
autres des travailleurs de l'aluminerie d'Alcoa à
Bécancour, de Fer et Titane et Poudres métalliques de Rio
Tinto à Sorel-Tracy et de Rio Tinto de Beauharnois.
Les marcheurs avaient avec eux la pétition de 12
000 noms demandant que le gouvernement Charest exige
qu'Hydro-Québec arrête d'acheter
l'électricité de RTA non
utilisée pendant le lockout. La pétition a
été remise au député du Lac-Saint-Jean,
Alexandre Cloutier, qui était accompagné pour l'occasion
par la chef de l'opposition Pauline
Marois.
Le député de Lac-Saint-Jean a lu et
déposé tel que prévu la pétition plus tard
dans la journée. La réponse du premier ministre Jean
Charest au nom de son gouvernement a été tout à
fait honteuse. Il a montré que pour lui il est plus important de
participer à la bataille fractionnelle entre les partis à
l'Assemblée nationale que de répondre aux
préoccupations
des travailleurs qui étaient là pour réclamer
justice, en délégation dans la galerie ouverte au public.
Charest a même
refusé de reconnaître la revendication des travailleurs -
que le lockout doit être levé et qu'on doit en arriver
à une solution qui est acceptable pour les travailleurs et pour
la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Quand des
députés de l'opposition lui ont demandé ce qu'il
entendait faire, il a immédiatement fait diversion en faisant la
remarque que les députés du Parti québécois
portaient le carré rouge des étudiants en grève.
C'était une façon pour lui d'insinuer que ceux qui
« appuient la violence » ne sont pas dignes de recevoir une
réponse. Il a ensuite dit avoir déjà fait quelque
chose pour résoudre le conflit en rencontrant les travailleurs
et Jacynthe Côté, la PDG de Rio
Tinto Alcan, pour les encourager à négocier une
convention collective.
Il a également dit que c'est en fait le
gouvernement du Parti québécois qui a signé une
entente avec Alcan en 1998, laquelle a simplement été
prolongée par son gouvernement en 2006 avec Alcan et en 2007
avec Rio Tinto. En pointant le PQ du doigt, Charest espérait que
le caractère traître de cette entente soit passé
sous silence.
Les travailleurs n'ont pas été surpris de
cette réponse. Leur revendication est on ne peut plus claire :
ils demandent au gouvernement d'arrêter la vente de
l'hydro-électricité de RTA à Hydro-Québec
pendant le lockout.
Marc Maltais au
rassemblement devant
l'Assemblée nationale le 3 mai 2012
|
Le président du syndicat Marc Maltais a
expliqué au LML après l'action :
« Nous ne sommes pas ici pour trouver un
coupable. Ce que nous dénonçons, c'est que Rio Tinto vend
son électricité pendant le lockout et que l'entente
secrète est utilisée comme une excuse pour dire qu'on ne
peut rien faire. Quand le gouvernement Charest a passé des lois
sous le bâillon contre les travailleurs, il n'a jamais dit
qu'il avait les mains liées. Il a passé les lois. Il nous
dit qu'il n'a jamais prévu qu'il y aurait un lockout quand il a
signé l'entente de 2006-2007 qui déclare un lockout un
cas de force majeure. Mais le
lockout est là maintenant. Il peut
passer une loi pour changer ça. Nous sommes prêts à
travailler avec n'importe quel parti et n'importe quelle
organisation qui peut aider à résoudre ce
problème. C'est pour ça que nous sommes venus à
l'Assemblée nationale. »
À la manifestation, les travailleurs ont
dénoncé le frauduleux lockout qui est financé par
le gouvernement Charest. « Au moment où on se parle, a dit
Maltais en entrevue, il y a plus de 55 millions $ de profits qui ont
été faits par Rio Tinto depuis le déclenchement du
lockout, ce qui a pour effet de donner un avantage stratégique
immense à
Rio Tinto. »
« Ce lockout, a dit un autre travailleur, est
entièrement financé par la population du Lac-Saint-Jean
et
du Québec dans son ensemble. Rio Tinto fait encore plus d'argent
maintenant que lorsque l'usine est ouverte. C'est certain qu'il ne voit
pas de raison de négocier avec nous. »
La kleptocratie de Charest vend le Québec
Peu après l'action, le ministre des Ressources
naturelles et de la faune Clément Gignac a déclaré
d'un ton suffisant :
« On ne peut pas renier la signature du
gouvernement. Nous ne sommes pas une république de bananes.
(...) Si demain matin j'ouvre l'entente, l'impact sera immédiat.
Les investissements vont chuter de façon catastrophique. Les
compagnies vont se dire qu'aussitôt que ça chauffe au
Québec, les politiciens s'écrasent. On ne doit pas lancer
ce
message-là. C'est toute l'image du Québec qui en serait
affectée. »
Monsieur Gignac est
visiblement très confus. Signer une entente comme celle avec Rio
Tinto qui brade les ressources du Québec au mépris du
devoir des gouvernements de défendre l'intérêt
public, c'est ça une république de bananes.
La définition d'une république de
bananes est: « un
pays qui opère comme une entreprise commerciale pour le profit
privé sur la base de la collusion entre l'État et les
monopoles dominants, où les profits de l'exploitation
privée des terres publiques sont propriété
privée tandis que la dette est responsabilité publique
».
« Une république de bananes est une
expression péjorative qui s'applique à un pays à
gouvernement kleptocratique, souvent doté d'une économie
primitive et qui souvent est un état-valet d'une grande
puissance. [...] La kleptocratie, ou gouvernement de voleurs,
comprend des employés gouvernementaux influents qui exploitent
leur
position pour le gain personnel (par la fraude, le détournement,
la corruption etc.) tandis que la population du pays paie plusieurs
fois le déficit budgétaire qui en résulte et n'a
rien pour elle-même. La manipulation corporative
étrangère fait du gouvernement ploutocrate un
gouvernement qui ne rend pas de compte à sa
nation ; c'est la corruption secteur privé-secteur public du
pays qui gère la république de bananes et le parlement
national n'est là que pour se vendre et ses fonctions se
résument à des fonctions d'apparat.»[1]
Une république de bananes « a
habituellement une structure de classes qui comprend une vaste classe
ouvrière très appauvrie et une riche ploutocratie
formée de l'élite d'affaires, politique et militaire. En
science politique, l'expression république de bananes se
réfère à un pays qui dépend d'une
production limitée du secteur primaire et qui
est dirigé par une ploutocratie qui exploite l'économie
nationale par le biais d'une oligarchie politico-économique.
»
Le Marxiste-Léniniste dénonce la
tentative du gouvernement Charest de passer sous silence les dommages
qu'il a causés avec son entente secrète avec Rio Tinto
qui vire sans dessus-dessous la vie des travailleurs d'Alma et la vie
de toute une région. C'est clair pour quiconque a des yeux pour
voir que Rio Tinto a tiré profit de la
définition d'un lockout comme un cas de force majeure pour
organiser
son
frauduleux
lockout
et
le
faire financer par
Hydro-Québec.
À mesure que les travailleurs poursuivent leur
lutte contre cette entente secrète, l'ampleur de la fraude va se
révéler de plus en plus. Un lockout peut être
qualifié de cas de force majeure seulement si
celui-ci échappe au contrôle de la compagnie, ce qui
n'est pas le cas. Tous les événements semblent
montrer que
la compagnie l'a
planifié et exécuté avec précision, avec
scabs et tout. Les accusations de sabotage des équipements
lancées par Rio Tinto pour préparer l'assaut et
l'expulsion des travailleurs pendant leur quart de travail avant le
lockout et nombre
d'autres événements semblent indiquer que c'était
un
geste planifié. C'est une question de temps avant que la
vérité n'éclate au grand
jour.
Les travailleurs demandent que le gouvernement Charest
rende des comptes pour les dommages qu'il a causés depuis qu'il
a signé cette entente secrète de 2006-2007 et il doit
commencer à réparer les dégâts en annulant
l'entente.
Très fiers de leur action à
l'Assemblée
nationale, les travailleurs ont dit au LML qu'ils sont
encore plus
déterminés à maintenir la pression pour stopper
l'utilisation éhontée de
l'hydro-électricité du peuple pour attaquer les
travailleurs et à forcer Rio Tinto à signer une
convention collective qui est acceptable pour eux et la région.
Note
1. Wikipedia. Traduit de l'original anglais par LML.
Kitimat, Colombie-Britannique
Le comité
de négociation fait
rapport
de la mauvaise foi de l'entreprise
- Bulletin de négociations, TCA
section 2301, 4 mai 2012 -
Le 20 avril dernier, le syndicat a rencontré la
direction pour
examiner des documents que nous avons reçus récemment sur
les plans
organisationnels de l'aluminerie modernisée. Ces documents
contiennent
une description de l'organisation qui est mise en place pour la
nouvelle aluminerie et des indications sur le nombre d'employés
qui
vont
être affectés aux diverses positions. En 2007, nous avons
négocié la
formation d'un Comité de transition dont un des mandats est de
veiller
à tous les aspects de la transition de l'ancienne à la
nouvelle
technologie. Pour pouvoir faire son travail, le Comité de
transition a
essayé depuis des années de connaître les plans de
la compagnie et
c'est
seulement maintenant qu'elle a décidé de nous en
informer. La dernière
page de la liasse de documents comprend une liste d'emplois que la
compagnie entend donner en sous-traitance une fois qu'ils seront
«
consolidés ».
Le syndicat a fait une lecture initiale de ces documents
pour tenter
de comprendre et identifier ce que l'entreprise est en train de
préparer. La terminologie a changé, mais on peut voir
dans quelle
direction cela s'en va. À la réunion, des
représentants du Projet de
modernisation de Kitimat (KMP) et de la direction locale nous ont
donné
un
aperçu d'où en sont les choses et ont répondu
à certaines de nos
questions. La position de l'entreprise sur l'aluminerie
modernisée est
une véritable insulte pour le syndicat. Elle détruit tout
sentiment de
crédibilité qui a pu exister et prépare le
terrain, au stade actuel des
négociations, pour une collision frontale.
L'entente de 2007 reposait sur des engagements de la
compagnie
envers le syndicat à l'effet qu'une certaine partie des emplois
demeurerait au sein de l'unité de négociations. Nous
avons signé une
lettre d'entente avant d'accepter de rouvrir notre convention
collective et cette lettre nous assurait un minimum de 850 emplois
appartenant à l'unité
de négociation. La compagnie disait que ce nombre était
acceptable pour
elle et Paul Henning nous a même déclaré que le
nombre pourrait
atteindre 1000 emplois. L'entente stipulait également que nous
travaillerions ensemble à identifier les emplois qui
reviendraient à
l'unité de négociation de façon à
réduire l'impact des transformations
sur nos
travailleurs. L'esprit qui régnait était de travailler
ensemble et
c'est sur la base de ces engagements que le syndicat a accepté
de
rouvrir la convention collective et de signer un contrat de cinq ans.
Ça n'a pas été une décision facile pour le
syndicat et c'était la
première fois que les TCA à Kitimat acceptaient un
contrat à long terme.
Qu'avons-nous appris lors de cette réunion ?
1. Vis-à-vis l'entente de 2007 concernant
l'octroi d'un minimum de
850 positions à l'unité de négociation, le
syndicat croit que la
compagnie a proposé un nombre différent au Conseil
d'administration
bien avant qu'il ait été officiellement adopté en
décembre 2011. Cela
dénote un manque flagrant de respect pour l'entente conclue avec
le
syndicat. La compagnie n'a pas informé le syndicat avant que
nous ayons
lu les documents que nous avons reçus à la mi avril. Le
nombre
d'emplois réservés à l'unité de
négociation est maintenant descendu à
699.
2. Nous avons accepté en 2007 de définir
les « emplois permanents »
à l‘aluminerie modernisée comme des emplois qui sont les
mêmes qu'avant
ou qui leur correspondent. Les emplois qui sont les mêmes sont
ceux qui
existent déjà et resteront tels quels à la
nouvelle aluminerie. Les
emplois correspondants sont les positions de même nature
qui seront effectuées à la nouvelle aluminerie. La
compagnie a trahi
ses engagements en incluant plusieurs de ces positions sur la liste de
celles qui seront données en sous-traitance. La compagnie, nous
tenons
à le redire, ne nous a jamais informés de ses plans.
3. L'entreprise sait très bien que ses
décisions sont en violation
de l'entente de 2007. Elle nous a dit que le contenu de l'entente de
2007 n'est valide que jusqu'à la fin de la convention
collective. Pire
que cela, Rio Tinto nous a dit qu'elle a changé sa
définition de ce que
sont les « positions essentielles » (les core jobs) et que
la nouvelle
définition ne s'applique qu'aux positions pour lesquelles la
formation
se fait seulement en aluminerie. Ils comparent les positions qui
existent ici à celles qui existent dans l'est du pays et si ces
positions n'existent pas dans les alumineries de l'est, alors elles
n'existeront pas ici non plus.
La direction que prennent les choses ici est
essentiellement la même
que celle que vivent les lockoutés d'Alma et même pire.
Même si la
compagnie a changé sa philosophie, il reste tout de même
que nous avons
une convention collective qui a été bâtie sur une
relation de bonne foi
entre les deux parties. L'entente de 2007 est une entente
signée de bonne foi qui a servi de base à la
réouverture de notre
convention collective et à la signature d'un contrat de cinq
ans. Ces
ententes étaient clairement liées à la nouvelle
aluminerie et elles
définissaient les positions qui y seraient
réservées à l'unité de
négociation.
Entre autres « activités » que
l'entreprise entend envoyer en
sous-traitance, on compte le transport des anodes, la réparation
des
tiges d'anodes (l'entreprise s'est formellement engagée en 2007
à nous
donner ce travail), le transport d'alumine et de bains, la
réfection
des cuves et le travail d'entretien. L'entreprise énumère
23 autres «
activités »
qui iront en sous-traitance à la nouvelle aluminerie.
Comme vous le voyez, ces exemples nous montrent que la
sous-traitance va s'immiscer dans nos activités quotidiennes.
Cela n'a
jamais fait partie de l'entente que nous avons conclue avec la
compagnie et c'est un bris majeur de crédibilité alors
que nous
entreprenons les négociations.
Nous sommes en train de formuler nos demandes en ce qui
concerne les
articles 23 et 24 sur la sécurité d'emploi. Vous
êtes tous invités à
participer aux réunions cette semaine pour obtenir plus
d'information.
Réunion du comité exécutif :
Le mercredi 9 mai à 19 heures
Réunions des membres : Le jeudi 10 mai à
19 heures et le vendredi le 11 mai à 7 heures du matin
Le comité de négociation
Émis par la section 2301 des Travailleurs
canadiens de l'automobile (TCA) le 4 mai 2012.
À l'émission «Tout le
monde en parle»
Les travailleurs exposent avec éloquence la
partisanerie des gouvernements envers les monopoles et les torts que
cela crée à l'intérêt national
Il y a au Québec en ce moment une conscience
sociale élevée concernant le refus des
gouvernements, tant au niveau fédéral que provincial, de
s'acquitter de leur devoir de défendre le droit public
plutôt que de mettre le pouvoir d'État à la
disposition des intérêts privés des monopoles.
Cette conscience sociale a
été exprimée avec éloquence par les
travailleurs invités à l'émission de Radio-Canada
« Tout le monde en parle » le 6 mai.
Trois dirigeants de syndicats représentant des
travailleurs licenciés récemment ou en lockout ont
participé à l'émission de variétés.
Ce sont Jean Poirier, vice-président de la section 1751 de
l'Association internationale des machinistes et travailleurs et
travailleuses de l'aérospatiale (AIMTA) représentant les
travailleurs
d'Aveos, Magali Picard, vice-présidente exécutive
régionale suppléante de l'Alliance de la fonction
publique du Canada (AFPC), région du Québec, et Marc
Maltais, président du Syndicat des travailleurs d'Alma (STAA)
représentant les 778 lockoutés de Rio Tinto. Les trois
ont expliqué comment les gouvernements Harper et Charest servent
les monopoles et les dommages que cela crée à
l'intérêt national.
Jean Poirier a dénoncé le licenciement
brutal le 19 mars dernier de 2600 travailleurs d'Aveos (1800 au
Québec), la compagnie aéronautique qui entretient les
avions d'Air Canada. Aveos a licencié les travailleurs,
fermé ses installations suite à quoi elle s'est mise sous
la protection de la loi de la faillite en une
journée. Jean Poirier a dit que pendant 6 ou 7 semaines, les
travailleurs d'Aveos n'ont reçu aucun revenu quel qu'il soit,
que des travailleurs ont perdu leur maison à cause de cela et
que leurs chèques d'arrérages de paie étaient
pleins d'erreurs quand ils les ont finalement reçus.
Il a réservé ses propos les plus acerbes
pour le gouvernement Harper et son ministre du Transport Denis Lebel
qui refusent de forcer Air Canada à respecter la loi, laquelle
exige clairement que le transporteur aérien maintienne en
opérations ses centres d'entretien de Montréal, Toronto
et Winnipeg.
« Quand Air Canada a été
privatisé, le ministre [Benoît] Bouchard (le ministre
fédéral du transport lors de la privatisation en 1988) a
dit qu'il ne pourrait pas vendre ce projet de loi-là au
Québec et au Manitoba si les centres de révision de
Montréal, Toronto et Winnipeg n'étaient pas
préservés. Aujourd'hui on
est en 2012, la loi est encore en vigueur mais les emplois sont partis.
On a une loi bafouée, on a une police qui protège cette
loi-là, cette police-là s'appelle le gouvernement
conservateur, un gouvernement dictatorial, qui refuse d'appliquer la
loi alors qu'Air Canada y contrevient. [Mais] moi si demain je vole une
banque,
je vais me faire arrêter. »
Il a dit que des investisseurs
se sont montrés intéressés à acheter Aveos
et que le gouvernement fédéral doit forcer Air Canada
à s'asseoir à la table et lui-même s'y asseoir en
présence également du syndicat et défendre les
emplois des travailleurs d'Aveos. Il a dit qu'en ce moment le
gouvernement
du Québec est devant la Cour supérieure pour obtenir un
jugement qui force Air Canada à maintenir ses centres
d'entretien et il a appelé tous les Québécois et
tous les Canadiens à demander justice pour les travailleurs
d'Aveos.
Il a aussi parlé des frauduleuses
restructurations et manigances financières d'Air Canada. Parlant
de Robert Milton qui était le PDG d'Air Canada au moment des
procédures de protection de faillite en 2003 et est devenu le
PDG d'ACE Aviation, la société de portefeuille
créée dans le cadre de la restructuration
d'Air Canada, il a dit :
« Selon moi, le roi de cette fraude c'est Robert
Milton et sa gang. Quand Air Canada était sous la protection de
la loi de la faillite, Milton est venu nous voir pour nous demander de
faire des concessions pour sauver Air Canada. Il ne nous a pas dit
à ce moment-là qu'il comptait démanteler les
actifs d'Air Canada.
Ils ont vendu Jazz, Aeroplan et les Services techniques d'Air Canada.
En 10 ans c'est plus de 5,6 milliards $ que les dirigeants de ACE
Aviation ont empoché. Rien de tout cela n'est revenu à
Air Canada pour sauver la compagnie. Aujourd'hui, ACE Aviation est en
train d'être liquidée et ses actifs distribués
parmi
ses actionnaires. »
Magali Picard de l'AFPC a pour sa part fermement
dénoncé l'annonce du 30 avril du gouvernement Harper
à l'effet que 7000 positions de fonctionnaires
fédéraux vont être éliminées dans le
cadre de l'élimination de 20 000 positions dans les services
publics fédéraux.
« J'ai été renversée
d'entendre le ministre James Moore à votre émission
[ministre du Patrimoine canadien et des Langues officielles] dire que
ces coupures sont sans importance, qu'elles n'auront pas d'impact sur
la population, que c'est seulement des fonctionnaires qui sont
coupés comme si les fonctionnaires
lui levaient le coeur. » Elle a fermement défendu le
rôle que jouent les fonctionnaires dans la protection du
bien-être et de la sécurité de la population et
l'importance de leurs emplois pour les économies
régionales et locales. Tels sont les emplois, a-t-elle dit, des
inspecteurs des aliments, ou de ceux qui répondent
aux appels 911 des gens en détresse sur le fleuve St-Laurent.
Elle a en particulier illustré le rôle de la privatisation
et de la déréglementation dans les attaques à la
santé et à la sécurité du public. Elle a
donné l'exemple des inspecteurs du transport aérien qui
autrefois étaient des employés de Transport Canada et
dont
les positions ont été éliminées avec la
déréglementation du transport aérien. Suite
à la déréglementation, a-t-elle dit, les
transporteurs aériens engagent leurs propres inspecteurs qui
doivent donc servir l'intérêt privé de la
compagnie. Elle a établi un lien entre ce fait et le fait qu'il
est maintenant très rare que des avions
soient cloués au sol pour passer des inspections. Elle a dit
qu'on donne l'impression que les choses vont bien, que tous les avions
sont en bon état de voler alors que c'était chose
courante dans le passé de voir 20 avions cloués au sol en
même temps pour inspection à l'aéroport
Pierre-Trudeau. Ça n'est pas difficile
de faire le lien entre les deux phénomènes, a-t-elle
ajouté.
Marc Maltais s'est joint à la discussion en
critiquant sévèrement le gouvernement Charest qui
facilite le frauduleux lockout de Rio Tinto à Alma qui est
maintenant entré dans son cinquième mois.
« Dans une dispute traditionnelle, les
employés souffrent parce qu'ils sont privés de leur
salaire et la compagnie souffre parce que ses revenus baissent »,
a-t-il dit. Or, le conflit actuel n'est pas une dispute traditionnelle
parce qu'en vertu de l'entente secrète que le gouvernement
Charest a signée avec Rio Tinto
en 2007 lors de sa prise de contrôle d'Alcan, le gouvernement a
déclaré qu'un lockout est un cas de force majeure qui,
entre autres choses, force Hydro-Québec à acheter toute
l'hydro-électricité produite par Rio Tinto et non
utilisée pendant le lockout.
« Depuis le début du lockout, RTA a
reçu 55 millions $ pour son hydro-électricité.
C'est la population du Québec, c'est tous nous autres, qui
finançons le lockout. Moi-même en tant que citoyen du
Québec, je finance mon propre lockout avec ce 55 millions $ en
énergie vendue à Hydro-Québec qui n'en n'a
même
pas besoin. On pourrait comprendre qu'en cas de guerre civile, de
sécheresse ou de bris majeurs que l'électricité
pourrait être turbinée pour le bénéfice de
tous les Québécois. Mais la compagnie a
déclenché un lockout et peut vendre son énergie.
Selon nous autres, la complicité du gouvernement du
Québec est très
grande. »
Marc Maltais a ajouté que si l'on compte les
deniers publics consentis à Rio Tinto sous la forme de
subventions et de prêts, chacun des 778 emplois de l'usine d'Alma
est subventionné à la hauteur de 84 000 $ par
année.
Il a également expliqué que l'intervention
du gouvernement Charest au service de Rio Tinto est manifeste dans le
fait qu'il permet à RTA de violer les lois du Québec et
d'utiliser ouvertement des scabs pendant le lockout.
« Au début du lockout, il y avait des scabs
qui passaient au-dessus de nos têtes en
hélicoptères ou entraient à l'usine en motoneige.
Puis la ministre du Travail a dit que le syndicat se plaignait qu'il y
avait des scabs dans l'usine. Elle a annoncé que des inspecteurs
du ministère allaient venir à l'usine à telle date
pour vérifier s'il y a des scabs. C'est comme si moi je disais
que tel jour je vais aller dans votre maison pour vous
dévaliser. Qu'est-ce que vous pensez qui m'attendrait ? »
Il a réaffirmé qu'une des questions
centrales dans la lutte des travailleurs d'Alma est l'opposition
à l'utilisation sans restriction de la sous-traitance par Rio
Tinto Alcan pour transformer des emplois bien payés en cheap
labour parfois payé la moitié du salaire des travailleurs
réguliers. « Nous ne voulons pas seulement
que nos gens survivent. Nous voulons qu'ils vivent bien et qu'ils
s'émancipent. »
L'auditoire a pu apprécier le niveau de
conscience sociale des représentants des travailleurs dans ces
trois secteurs de l'économie très touchés par le
refus des gouvernements de subordonner les intérêts
privés à l'intérêt public. Il est clair que
ce sont les travailleurs qui représentent les
intérêts nationaux du Québec
et du Canada, pas les gouvernements Charest et Harper.
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