Rallions-nous aux travailleurs de Rio
Tinto à Alma
Défense cruciale des droits des travailleurs
et de l'équilibre dans la production de l'aluminium
Sur les lignes de
piquetage à Alma le 16 janvier 2012 (STAA)
Le monopole mondial Rio Tinto a mis en lockout les 780
travailleurs de l'aluminerie d'Alma, membres de la section locale 9490
du Syndicat des Métallos. Ce geste injustifié est une
attaque contre les droits de la classe ouvrière. Les directeurs
de Rio Tinto veulent détruire le collectif de défense des
travailleurs
en embauchant de plus en plus de travailleurs non syndiqués en
sous-traitance, dont la réclamation moyenne à la valeur
produite de l'aluminium ne représente que 44 % de celle des
membres de la section locale 9490.
En voulant éliminer les syndiqués de la
section locale 9490, l'entreprise provoque un
déséquilibre entre les forces humaines et naturelles
nécessaires à la production de l'aluminium. En imposant
sa volonté pour un plus grand recours à la
sous-traitance, les directeurs de Rio Tinto espèrent enrichir
les propriétaires
qu'ils représentent en retirant plus de valeur produite avec
l'aluminium d'Alma et de la région. Ça ne doit pas passer
et ça ne passera pas parce que les travailleurs du Québec
et de tout le Canada sont avec leurs confrères de la section
locale 9490 du Syndicat des Métallos et avec la population du
Saguenay-Lac-Saint-
Jean.
Il y a six principaux
facteurs naturels et sociaux qui contribuent à la production de
l'aluminium à Alma et dans la région :
- la classe ouvrière, ou le facteur humain, dont
les membres de la section locale 9490 sont un important
contingent ;
- l'hydro-électricité produite localement
à même les forces naturelles des rivières Saguenay
et Péribonka ;
- la rivière Saguenay à eau profonde qui
permet le passage de gros transporteurs jusqu'à La Baie ;
- la bauxite (alumine) provenant de
l'extérieur ;
- une économie socialisée moderne et une
infrastructure sociale et politique qui permet aux êtres humains
de participer à la production dans un collectif
cohérent ;
- une machinerie moderne pour la production de
l'aluminium sur une grande échelle.
Pour produire de l'aluminium, il faut un
équilibre à l'avantage mutuel entre tous les facteurs
concernés. Les directeurs de Rio Tinto, en tant que
représentants des propriétaires de la machinerie de
production de masse, ne sont qu'un facteur dans ce processus. Quand ils
imposent leur volonté à l'un ou plusieurs
des autres facteurs, cela provoque le déséquilibre. Les
travailleurs du Québec et de tout le Canada doivent
s'élever d'une seule voix contre le déséquilibre
que provoquent les directeurs de Rio Tinto avec ce lockout
injustifié.
Inspirés par la détermination et
l'unité des syndiqués de la section locale 9490, les
travailleurs du Québec et de tout le Canada doivent se mobiliser
et impliquer les autres facteurs de la production de l'aluminium sur
lesquels ils peuvent exercer un certain contrôle pour contrer
cette tentative de Rio Tinto de provoquer
le déséquilibre. La production de l'aluminium au Canada
peut se faire uniquement s'il y a un équilibre fondé sur
la reconnaissance des droits de la classe ouvrière et un
avantage réciproque pour tous les facteurs en jeu.
Les Québécois et tous les Canadiens
tiendront les gouvernements responsables du maintien de
l'équilibre dans la production de l'aluminium en intervenant de
manière à isoler le facteur qui provoque le
déséquilibre, celui contrôlé par les
directeurs de Rio Tinto. Il faut faire comprendre aux
représentants de la propriété
des machines de production de masse qu'ils ne peuvent pas recourir
à l'extorsion et faire du tort aux intérêts des
autres facteurs qui contribuent à la production de l'aluminium,
en particulier dans ce cas-ci le facteur humain. Les
Québécois et tous les Canadiens, la classe
ouvrière en tête avec sa perspective pro-sociale
et son désir d'avoir un équilibre qui sert
l'économie socialisée et le peuple, ne peuvent pas
accepter et n'accepteront pas le lockout et autres activités
perturbatrices des directeurs de Rio Tinto.
Le monde moderne a besoin d'aluminium et la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean est bien placée pour
répondre à ce besoin. Disons tous d'une seule voix aux
perturbateurs d'équilibre que le lockout doit être
levé et que les revendications fondées de la section
locale 9490, qui demande une réduction de la sous-traitance,
doivent être satisfaites. C'est la seule façon socialement
responsable de rétablir l'équilibre et de garantir la
production de l'aluminium dans la région.
Si les directeurs de Rio
Tinto refusent de contribuer à un équilibre à
l'avantage mutuel de tous les facteurs dans la production de
l'aluminium et basé sur la reconnaissance des droits de la
classe ouvrière et des gens de la région, alors les
facteurs du processus sur lesquels le peuple peut exercer un
contrôle agiront
pour défendre leurs intérêts et l'équilibre.
Dans cette lutte, les gouvernements doivent être tenus
responsables de voir à ce que tous les facteurs sous le
contrôle du peuple puissent exercer une pression sur les
directeurs de Rio Tinto pour les faire revenir à la raison
à l'avantage mutuel de tous.
Le facteur humain et les autres facteurs naturels et
sociaux de la région jouent un rôle décisif dans la
production de l'aluminium. S'il le faut, les autres facteurs du
processus de production sur lesquels le peuple peut exercer un
contrôle, comme le facteur humain,
l'hydro-électricité, la rivière Saguenay et ses
installations
portuaires et le facteur qu'est l'infrastructure sociale et politique,
doivent s'arranger pour priver les directeurs de Rio Tinto des
éléments de production qu'ils ne contrôlent pas. La
machinerie seule ne peut pas produire de l'aluminium.
Si les directeurs s'entêtent dans leur
activité antisociale, leur propriété de la machine
qui sert à la grande production peut être remise en
question, le peuple ayant le droit d'en décider dans
l'intérêt de la classe ouvrière et des
résidents de la région. On peut trouver d'autres
propriétaires qui, eux, souhaitent l'équilibre,
notamment le peuple représenté par ses gouvernements.
D'autres à l'extérieur de l'empire Rio Tinto peuvent
très bien s'occuper des machines et de la distribution de
l'aluminium de manière socialement responsable.
Ensemble mettons fin au lockout ! La production de
l'aluminium à Alma doit reprendre sur la base de la justice, de
l'équilibre et des droits de la classe ouvrière et de la
population de la région !
Oui au secteur manufacturier ! Non
à la destruction nationale !
Cela peut se faire ! Cela doit se faire !
Silence honteux de Stephen Harper devant les attaques
de sociétés étrangères
- Syndicat des Métallos, 24
janvier 2012 -
Le directeur
québécois du Syndicat des Métallos Daniel
Roy (à gauche) et le président de la section locale 9490
du syndicat des métallos, Marc Maltais, à Alma
le 12 janvier 2012 (STAA)
|
Le Syndicat des Métallos et des syndicats du
monde entier n'ont pas l'intention de se laisser faire par Rio Tinto.
La multinationale a jeté à la rue les 780 membres de la
section locale 9490 le 30 décembre, 24 heures avant
l'obtention du droit de lockout en vertu du Code du travail du
Québec.
« Rio Tinto a déclaré la guerre
non seulement aux membres du Syndicat des Métallos, mais aussi
à nos collectivités, au Québec et au
Canada », affirme Daniel Roy, directeur
québécois du Syndicat des Métallos.
« Nous croyons que Rio Tinto se servira de ses attaques
à Alma pour lancer une
campagne massive contre les travailleurs et les collectivités
partout dans le monde. »
La société exige le remplacement de chaque
employé partant à la retraite par un travailleur
contractuel ne recevant que la moitié de la
rémunération actuellement gagnée par les
employés syndiqués à son aluminerie d'Alma. Rio
Tinto a informé les travailleurs qu'elle a l'intention
d'augmenter la part de travailleurs
contractuels à 27 % en 2012 seulement, comparativement
à 10,7 % à l'heure actuelle, sans consulter le
syndicat.
Pour le directeur québécois des
Métallos, Daniel Roy, accepter cette demande entraînerait
la dégradation des conditions de vie non seulement pour les
travailleurs mais aussi pour l'ensemble de la collectivité, qui
verrait chuter abruptement les salaires, les ventes enregistrées
par les commerces locaux et les revenus
liés aux taxes. Dans moins d'une décennie, alors que les
départs à la retraite se produiront, la part
d'employés syndiqués baissera fortement et les
travailleurs perdront leur capacité de protéger non
seulement leur bien-être économique, mais également
leur santé et leur sécurité à l'usine
d'Alma, où les travailleurs sont
exposés à une chaleur extrême, à des
matériaux explosifs et à des produits chimiques toxiques.
La Fédération internationale des
organisations de travailleurs de la métallurgie (FIOM) et la
Fédération internationale des syndicats de travailleurs
de la chimie, de l'énergie, des mines et des industries diverses
(ICEM), dont les syndicats affiliés totalisent plus de
45 millions de syndiqués dans le monde,
ont offert leur plein appui aux travailleurs en lockout à Alma.
Dans une lettre conjointe envoyée au chef de la direction de Rio
Tinto, Tom Albanese, le secrétaire général de la
FIOM, Jyrki Raina, et le secrétaire général de
l'ICEM, Manfred Warda, ont assuré que les « deux
fédérations mondiales se joindront
à une campagne internationale annoncée par le Syndicat
des Métallos contre Rio Tinto. »
Des offres de soutien ont déjà
été reçues de syndicats des États-Unis, du
Royaume-Uni, de la France, de l'Afrique du Sud et d'Australie, et des
plans sont en cours pour une série d'actions mondiales contre
Rio Tinto en plus d'actions qui se poursuivront à Alma ainsi que
dans l'ensemble du Canada et des
États-Unis.
Le directeur national canadien du Syndicat des
Métallos, Ken Neumann, fait un lien entre la lutte à
Alma, au Québec, et le combat à London, en Ontario,
où des membres des Travailleurs canadiens de l'automobile
à l'usine Electro-Motive Diesel de Caterpillar sont
également en lockout depuis le 1er janvier,
et le resteront jusqu'à ce que les travailleurs acceptent les
demandes selon lesquelles leur rémunération serait
immédiatement coupée de moitié, leurs avantages
sociaux seraient éliminés et leurs régimes de
retraite, massacrés.
« Rio Tinto et Caterpillar se livrent
à une attaque en règle contre les travailleurs et les
collectivités du Canada, avec l'aide du premier ministre Steven
Harper, qui a permis à des sociétés
étrangères d'envahir notre pays sans que le Canada n'en
tire d'avantage net », a souligné M. Neumann.
Les travailleurs
de la section 2301 de l'usine Rio Tinto à
Kitimat, en Colombie-Britannique, et de la section locale 666 à
la mine Niobec à Saint-Honoré rendent visite aux
travailleurs
d'Alma le 24 janvier 2012. (Martin
McIlwrath)
|
M. Harper a approuvé la prise de contrôle
d'Alcan en 2007 et celle d'Electro-Motive Diesel en 2010, deux
sociétés canadiennes, par Caterpillar, établie aux
États-Unis, et Rio Tinto, établie au Royaume-Uni et en
Australie, en vertu de la Loi sur Investissement Canada, qui exige que
les entreprises étrangères
démontrent que l'investissement entraînera un
« avantage net » pour le Canada.
Parallèlement, US Steel a acquis deux aciéries de Stelco
en 2007 et procédé au lockout de travailleurs
à Nanticoke et à Hamilton, puis les a forcés
à accepter des concessions importantes.
« Nous constatons un élan de soutien
de partout au Canada et dans le monde entier à l'égard
des travailleurs d'Alma et de London, dans une mesure rarement vue par
le passé », a déclaré M. Neumann.
« Toutefois, notre propre gouvernement, qui devrait
défendre les citoyens et les travailleurs
canadiens, demeure silencieux. »
Journée d'action à London,
Ontario, en
appui
aux travailleurs de Caterpillar en lockout
Mettez fin au lockout immédiatement!
Retirez ces concessions immédiatement!
Tous pour un et un pour tous!
Le samedi 21 janvier, des milliers de travailleurs
ont convergé vers le parc Victoria à London, en Ontario,
pour exiger que le monopole étasunien Caterpillar mette fin
immédiatement à son lockout contre les travailleurs de
Electro-Motive Diesel (EMD) et qu'il retire les concessions
inacceptables qu'il cherche
à imposer. Ces travailleurs, membres de la section locale
27 des Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA) sont en
lockout depuis le 31 décembre 2011 parce qu'ils
refusent de se plier à ces concessions, y compris des
réductions de salaire de l'ordre de 50 % et
l'élimination d'avantages
sociaux et de pensions. Le lockout s'accompagne de menaces que la
production pourrait être déménagée à
Muncie, en Indiana.
Le rassemblement de London a rejeté ce diktat et
a défendu la dignité des travailleurs de Caterpillar et
de la population de London. La très grande participation de
travailleurs provenant de partout en Ontario a montré sans
ambiguïté la détermination des travailleurs de
l'Ontario
à empêcher les monopoles tels
que Caterpillar, US Steel, Vale Inco, GM, Rio Tinto et tous les autres
d'agir avec impunité et d'imposer un diktat inacceptable aux
travailleurs qui produisent la richesse de laquelle eux et la
société dépendent pour leur moyen de subsistance,
leur sécurité et leur tranquillité d'esprit.
Des contingents de travailleurs et de leurs
alliés sont venus d'aussi loin qu'Ottawa, Sudbury et Timmins. Le
plus grand contingent, évidemment, a été celui de
London, mais il y en a eu de Windsor, St. Catherines, Hamilton,
Brampton, Mississauga, Oakville, Toronto et Oshawa, entre autres. Les
membres des
sections locales du TCA sont sortis en masse. Des syndicats
représentant tous les secteurs de l'économie y
étaient aussi, coude à coude. Des jeunes, des
étudiants, des résidents et des activistes locaux
représentant un grand nombre d'organisations communautaires
étaient présents, tout comme l'étaient les
secteurs de
l'automobile, du nickel, de l'alimentation, du transport en commun, des
Postes, de la santé et de l'éducation. Sur les
innombrables pancartes, on dénonçait l'imposition
inacceptable de concessions par Caterpillar et le refus du gouvernement
Harper de prendre le parti des travailleurs. Des représentants
syndicaux en
provenance de Chicago, d'Illinois, d'Erie et de Pennsylvanie
étaient présents pour exprimer leur unité
combattante avec les travailleurs canadiens.
La présence de la
plupart des dirigeants des principaux syndicats fédéraux
et provinciaux met en lumière l'importance qu'ils attachent
à la cause des travailleurs de Caterpillar : Ken Georgetti,
président du Congrès du travail du Canada ; Sid
Ryan, président de la Fédération du travail de
l'Ontario ;
Dave Coles, président du Syndicat des communications, de
l'énergie et du papier ; Paul Moist, président du
Syndicat canadien de la fonction publique ; Ken Neumann, directeur
national du Syndicat canadien des Métallos ; John Gordon,
président de l'Alliance de la fonction publique du Canada.
La chef par intérim du NPD, Nycole Turmel, et des
députés fédéraux et provinciaux
étaient présents, ainsi que le maire de London, Joe
Fontana, et un groupe de conseillers municipaux. Le maire Fontana a
transmis les salutations du conseil municipal et a joint sa voix
à toutes celles qui exigent que Caterpillar mette
fin à son lockout d'une façon qui serait acceptable pour
les travailleurs et pour la ville.
Brianne Jones, la fille d'un
travailleur de EMD, a exprimé l'expérience de la nouvelle
génération lorsqu'elle a dit que le lockout lui avait
permis de comprendre que ce ne sont pas les monopoles qui assurent les
conditions de travail et un niveau de vie pour le peuple, mais les
travailleurs eux-mêmes par leur lutte
et c'est cette lutte qui assure un avenir pour les
générations à venir. Les représentantes de
deux organisations communautaires de London (le Centre des femmes
victimes de violence de London et les Soeurs de St-Joseph) ont
exprimé le point de vue de toute la communauté
lorsqu'elles ont déclaré que la lutte des
travailleurs de Caterpillar est la lutte de tous.
Bob Scott, le président des TCA à EMD, a
été accueilli par des applaudissements enthousiastes
lorsqu'il a déclaré que la lutte des travailleurs de
l'usine était celle d'une communauté, d'une province et
d'un pays, ainsi que celle des générations à
venir. Il a dit que le syndicat était prêt à
négocier en tout moment,
mais que tant que ses membres seraient attaqués, il n'y aurait
pas de négociations.
Le président des TCA, Ken Lewenza, a dit que la
lutte n'était pas que celle des 465 travailleurs et leurs
familles, mais des 450 000 travailleurs de l'industrie
manufacturière du Canada qui ont perdu leur emploi au cours des
cinq dernières années. Il a dénoncé le
gouvernement Harper qui se rallie aux corporations
multinationales aux dépens des Canadiens. Il a dit qu'il est
immoral que Caterpillar bénéficie d'incitations fiscales
de toutes sortes alors qu'elle met les travailleurs en lockout pour les
forcer à accepter les concessions, et que le premier ministre et
le gouvernement du Canada ont le pouvoir d'adopter des lois à la
Chambre
des communes qui établissent que ce que fait Caterpillar est
illégal. La lutte, a-t-il dit, n'est pas une lutte qui divise
les
travailleurs du Canada et des États-Unis. Les travailleurs
canadiens sont d'une seule voix avec les travailleurs de Muncie, en
Indiana, où se trouve une autre usine de Caterpillar, et avec
les travailleurs
partout dans le monde qui luttent pour la justice économique et
l'égalité.
Ce que les travailleurs ont dit
Au cours du rassemblement, les journalistes du LML
et de Workers' Forum ont mené des entrevues pour
connaître les points de vue des participants sur les défis
que les travailleurs et leurs syndicats ont à relever en ce
moment. Ils ont appuyé
sans équivoque tous les travailleurs qui sont
présentement la cible d'attaques et mentionné
spécifiquement les travailleurs de Rio Tinto au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, les travailleurs de la ville de Toronto qui
sont menacés de lockout parce que la ville veut éliminer
les clauses de sécurité d'emploi, et les travailleurs du
transport en commun de la région de York qui sont en
grève depuis le mois d'octobre contre les monopoles
internationaux du transport en commun.
Les travailleurs ont dit qu'ils participaient au
rassemblement pour servir un avertissement au monopole Caterpillar
ainsi qu'à tous les monopoles privés et employeurs du
secteur public à l'effet que les travailleurs ont des droits du
fait qu'ils sont les producteurs de la richesse et procurent les
services publics qui
nous sont essentiels, et que ces droits doivent être
respectés, y compris les droits syndicaux. Ils ont dit que les
gouvernements doivent comprendre le message : qu'ils ont la
responsabilité de défendre les droits des travailleurs et
de s'assurer que les conditions de travail soient appropriées,
que les travailleurs
aient une sécurité au moment de leur retraite, une
sécurité bien méritée. Beaucoup ont
rappelé non sans colère la visite de Harper à EMD
en 2008 quand il est venu annoncer des allégements fiscaux
pour Caterpillar. D'autres ont dénoncé tous les
versements et privilèges qui sont accordés aux monopoles
au
nom de la création et de la sécurité d'emploi. Ils
ont dénoncé la prétention du gouvernement qu'il
n'intervient pas dans les affaires privées d'une entreprise,
comme si donner de l'argent public à Caterpillar était
une affaire privée !
Les travailleurs canadiens et américains
sur le même front
- Rolf Gerstenberger, président,
section locale 1005,
Syndicat des Métallos, Hamilton -
Comme nous l'avons appris au début du mois,
Electro-Motive Diesel/Caterpillar à London, en Ontario, a mis
ses 400 travailleurs en lockout et exige qu'ils acceptent de se
soumettre à des changements radicaux, y compris une baisse de
salaire de 50 % et l'abolition d'avantages sociaux et d'un
régime de
retraite, faute de quoi elle menace de déménager les
opérations à Muncie, en Indiana. Il semblerait que la
compagnie a publié une annonce pour recruter des superviseurs
pour l'usine de Muncie. Elle demande des superviseurs ayant de
l'expérience en milieu « non
syndiqué ».
Entre-temps, le gouverneur de l'Indiana essaie de faire
passer sa loi sur le droit d'être esclave, qu'il a le front
d'appeler loi sur « le droit de travailler ».
Cette loi interdit aux syndicats du secteur privé de
prélever automatiquement les cotisations syndicales en milieu de
travail. Ce droit syndical appelé
Formule Rand au Canada, qui a été conquis de haute lutte
lors des grandes grèves de 1946, est la reconnaissance de
facto du syndicat comme agent négociateur des travailleurs
dont il défend les intérêts. Cette reconnaissance
est un élément essentiel du contrat social de
l'après-Deuxième Guerre mondiale
et de l'équilibre entre le capital et le travail, en vertu
duquel les travailleurs s'engagent à maintenir la paix sociale
en échange d'une certaine sécurité pour ce qui est
des conditions de vie et de travail.
En s'attaquant ainsi au financement syndical, le projet
de loi a pour effet pratique de saper le syndicat en tant
qu'organisation professionnelle et sa capacité de regrouper les
travailleurs. C'est une attaque directe contre le droit de se syndiquer
et contre le niveau et de vie et les conditions de travail
gagnés par les
travailleurs syndiqués.
Nous portons cela à l'attention de nos membres et
nos retraités et à l'attention de la communauté de
Hamilton, parce que cela explique pourquoi Electro-Motive Diesel (EMD)
croit pouvoir faire chanter les travailleurs et leur arracher les
concessions qu'elle veut. L'idée est de créer la panique
à l’effet que si les
travailleurs ne font pas les concessions réclamées, la
compagnie peut déménager la production dans l'Indiana, et
de créer une situation où les travailleurs ne peuvent
plus penser pour eux-mêmes. En plus, c'est un avertissement aux
41 000 métallos américains dont la convention
collective arrive à échéance en
septembre. Il y a entre autres l'aciérie de US Steel à
Gary, Indiana, qui emploie plus de 6 000 personnes.
La clé pour les monopoles, leurs médias et
leurs représentants au gouvernement est de nous faire croire que
nous sommes impuissants. Ce n'est pourtant pas le cas. En nous en
tenant à nos intérêts, nous avons été
capables de faire comprendre à US Steel qu'elle ne peut pas
imposer le régime d'impunité qu'elle
voulait. Elle n'a pas réussi à créer une situation
où les travailleurs sont désorganisés et sans
défense parce que nous avons résisté à sa
tentative de traiter le syndicat avec mépris. Les membres de la
section locale 1005 lui ont donné la réponse
méritée. Ils se sont solidement ralliés
derrière le syndicat. Ils ont
fait échec aux tentatives de leur imposer des conditions de
quasi esclavage, y compris la clause à l'effet qu'à la
fin du lockout, les travailleurs devaient accepter toutes les
conditions que dicterait la compagnie. La tentative d'inciter à
la « rébellion » contre la direction du
syndicat a lamentablement échoué.
La compagnie et certains médias avaient tenté d'inciter
les travailleurs en disant que la direction du syndicat était
trop « autoritaire » et que les travailleurs
voulaient la « liberté de choisir ».
Cette notion de « liberté de
choisir » est le nouveau prétexte utilisé
partout pour attaquer les organisations qui incarnent une
volonté collective, une volonté souveraine, une
règle fondée sur un mandat précis. On peut voir
cette gangrène détruire les organisations
représentatives, comme les parlements
et les syndicats, avec pour conséquence pratique que les
députés et les membres des syndicats n'ont plus aucun
pouvoir. Les grandes compagnies comme US Steel se servent ensuite de
leur accès privilégié au pouvoir exécutif
(la prérogative des premiers ministres au Canada et des
gouverneurs et du président aux
États-Unis) pour atteindre leurs fins, faire passer les lois
qu'elles veulent ou imposer des règlements qui leur permettre
d'atteindre leurs objectifs d'une façon ou d'une autre. Cela se
fait au nom de l'« équité » ou du
« choix », qui seraient censés être
en opposition à l'« avidité »
de ceux qui se défendent. C'est ce qu'on appelle la politisation
des intérêts privés et c'est pour cacher cela
qu'ils font cette propagande pernicieuse à propose de
« travailleurs égoïstes » qui en
veulent toujours plus !
C'est parce que nous avons refusé de renoncer
à nos droits syndicaux que US Steel a finalement
décidé de signer une entente secrète avec le
gouvernement fédéral, après quoi le gouvernement a
soudainement décidé d'abandonner sa poursuite aux termes
de la Loi sur Investissement Canada.
À Sudbury, la lutte menée par les
travailleurs de Vale Inco est aussi essentiellement contre le
« droit » de la compagnie d'agir avec
impunité. C'est la même chose à Alma, au
Québec, où l'opposition à la sous-traitance tous
azimuts est aussi une lutte contre les tentatives d'instituer une
main-d'oeuvre
non syndiquée. Les travailleurs forestiers sont
confrontés aux manoeuvres scandaleuses, avec la
complicité des gouvernements, d'entreprises comme AbitibiBowater
qui s'est maintenant réinventée sous le nom de Produits
forestiers Résolu à l'issue d'une fausse faillite.
Une autre façon de détruire les syndicats
est d'essayer de les acculer à la faillite. La loi de retour au
travail contre les travailleurs des postes et le harcèlement
constant dans le milieu de travail ont obligé le syndicat
à se lancer dans des poursuites coûteuses. Aux
États-Unis, il y a maintenant des lois qui interdisent
les syndicats à atelier fermé. C'est une autre
façon d'arriver aux mêmes fins.
Tout cela aide à mettre en perspective la
campagne antisyndicale que mènent les médias et les
représentants de l'entreprise privée et des gouvernements
qui défendent les intérêts des monopoles et de
leurs cartels, ou oligopoles. Les intérêts très
étroits de groupes monopolistes sont défendus sous
prétexte que cela
est nécessaire pour le bien de l'économie qui a besoin
d'une « sécurité nationale », ou
plutôt une « sécurité
intérieure », continentale, qui ne fait pas de
distinction entre le Canada et les États-Unis. Dans cette
« sécurité intérieure »,
seuls les syndicats de compagnie seront permis
et leur tâche sera de livrer une main-d'oeuvre asservie, agissant
même comme agences de sécurité chargées de
sévir contre les travailleurs qui défendent leur droit
à des salaires, des pensions, des avantages sociaux et des
conditions de travail qui correspondent au travail qu'ils font.
Tout cela montre que notre lutte à la
défense des droits de tous est importante pour l'avenir que nous
voulons sur notre planète. Les travailleurs canadiens et
américains sont réunis dans cette lutte pour un monde
dans lequel ils exerceront un contrôle sur les décisions
qui les affectent et sur la richesse qu'ils
produisent.
Il ne s'agit pas de dénoncer l'avidité des
monopoles ou de demander un partage plus équitable du
gâteau, ce qui revient à implorer les dieux de la peste de
nous donner un remède contre la peste. À qui appartient
tout le gâteau ? À qui de décider ?
Voilà sur quoi il faut se battre.
Oui aux droits syndicaux ! Non au droit de
monopole !
(Traduction :
LML)
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