Le Marxiste-Léniniste

Numéro 4 - 27 janvier 2012

Rallions-nous aux travailleurs de Rio Tinto à Alma

Défense cruciale des droits des travailleurs
et d'un équilibre dans la production
de l'aluminium


Rallions-nous aux travailleurs de Rio Tinto à Alma
Défense cruciale des droits des travailleurs et d'un équilibre dans la production de l'aluminium
Silence honteux de Stephen Harper devant les attaques de sociétés étrangères - Syndicat des Métallos

Journée d'action à London, Ontario, en appui aux travailleurs de Caterpillar
Mettez fin au lockout immédiatement! Retirez ces concessions immédiatement! Tous pour un et un pour tous!
Les travailleurs canadiens et américains sur le même front - Rolf Gerstenberger, président, section locale 1005, Syndicat des Métallos, Hamilton



Rallions-nous aux travailleurs de Rio Tinto à Alma

Défense cruciale des droits des travailleurs
et de l'équilibre dans la production de l'aluminium


Sur les lignes de piquetage à Alma le 16 janvier 2012 (STAA)

Le monopole mondial Rio Tinto a mis en lockout les 780 travailleurs de l'aluminerie d'Alma, membres de la section locale 9490 du Syndicat des Métallos. Ce geste injustifié est une attaque contre les droits de la classe ouvrière. Les directeurs de Rio Tinto veulent détruire le collectif de défense des travailleurs en embauchant de plus en plus de travailleurs non syndiqués en sous-traitance, dont la réclamation moyenne à la valeur produite de l'aluminium ne représente que 44 % de celle des membres de la section locale 9490.

En voulant éliminer les syndiqués de la section locale 9490, l'entreprise provoque un déséquilibre entre les forces humaines et naturelles nécessaires à la production de l'aluminium. En imposant sa volonté pour un plus grand recours à la sous-traitance, les directeurs de Rio Tinto espèrent enrichir les propriétaires qu'ils représentent en retirant plus de valeur produite avec l'aluminium d'Alma et de la région. Ça ne doit pas passer et ça ne passera pas parce que les travailleurs du Québec et de tout le Canada sont avec leurs confrères de la section locale 9490 du Syndicat des Métallos et avec la population du Saguenay-Lac-Saint- Jean.

Il y a six principaux facteurs naturels et sociaux qui contribuent à la production de l'aluminium à Alma et dans la région :

- la classe ouvrière, ou le facteur humain, dont les membres de la section locale 9490 sont un important contingent ;

- l'hydro-électricité produite localement à même les forces naturelles des rivières Saguenay et Péribonka ;

- la rivière Saguenay à eau profonde qui permet le passage de gros transporteurs jusqu'à La Baie ;

- la bauxite (alumine) provenant de l'extérieur ;

- une économie socialisée moderne et une infrastructure sociale et politique qui permet aux êtres humains de participer à la production dans un collectif cohérent ;

- une machinerie moderne pour la production de l'aluminium sur une grande échelle.

Pour produire de l'aluminium, il faut un équilibre à l'avantage mutuel entre tous les facteurs concernés. Les directeurs de Rio Tinto, en tant que représentants des propriétaires de la machinerie de production de masse, ne sont qu'un facteur dans ce processus. Quand ils imposent leur volonté à l'un ou plusieurs des autres facteurs, cela provoque le déséquilibre. Les travailleurs du Québec et de tout le Canada doivent s'élever d'une seule voix contre le déséquilibre que provoquent les directeurs de Rio Tinto avec ce lockout injustifié.

Inspirés par la détermination et l'unité des syndiqués de la section locale 9490, les travailleurs du Québec et de tout le Canada doivent se mobiliser et impliquer les autres facteurs de la production de l'aluminium sur lesquels ils peuvent exercer un certain contrôle pour contrer cette tentative de Rio Tinto de provoquer le déséquilibre. La production de l'aluminium au Canada peut se faire uniquement s'il y a un équilibre fondé sur la reconnaissance des droits de la classe ouvrière et un avantage réciproque pour tous les facteurs en jeu.

Les Québécois et tous les Canadiens tiendront les gouvernements responsables du maintien de l'équilibre dans la production de l'aluminium en intervenant de manière à isoler le facteur qui provoque le déséquilibre, celui contrôlé par les directeurs de Rio Tinto. Il faut faire comprendre aux représentants de la propriété des machines de production de masse qu'ils ne peuvent pas recourir à l'extorsion et faire du tort aux intérêts des autres facteurs qui contribuent à la production de l'aluminium, en particulier dans ce cas-ci le facteur humain. Les Québécois et tous les Canadiens, la classe ouvrière en tête avec sa perspective pro-sociale et son désir d'avoir un équilibre qui sert l'économie socialisée et le peuple, ne peuvent pas accepter et n'accepteront pas le lockout et autres activités perturbatrices des directeurs de Rio Tinto.

Le monde moderne a besoin d'aluminium et la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean est bien placée pour répondre à ce besoin. Disons tous d'une seule voix aux perturbateurs d'équilibre que le lockout doit être levé et que les revendications fondées de la section locale 9490, qui demande une réduction de la sous-traitance, doivent être satisfaites. C'est la seule façon socialement responsable de rétablir l'équilibre et de garantir la production de l'aluminium dans la région.

Si les directeurs de Rio Tinto refusent de contribuer à un équilibre à l'avantage mutuel de tous les facteurs dans la production de l'aluminium et basé sur la reconnaissance des droits de la classe ouvrière et des gens de la région, alors les facteurs du processus sur lesquels le peuple peut exercer un contrôle agiront pour défendre leurs intérêts et l'équilibre. Dans cette lutte, les gouvernements doivent être tenus responsables de voir à ce que tous les facteurs sous le contrôle du peuple puissent exercer une pression sur les directeurs de Rio Tinto pour les faire revenir à la raison à l'avantage mutuel de tous.

Le facteur humain et les autres facteurs naturels et sociaux de la région jouent un rôle décisif dans la production de l'aluminium. S'il le faut, les autres facteurs du processus de production sur lesquels le peuple peut exercer un contrôle, comme le facteur humain, l'hydro-électricité, la rivière Saguenay et ses installations portuaires et le facteur qu'est l'infrastructure sociale et politique, doivent s'arranger pour priver les directeurs de Rio Tinto des éléments de production qu'ils ne contrôlent pas. La machinerie seule ne peut pas produire de l'aluminium.

Si les directeurs s'entêtent dans leur activité antisociale, leur propriété de la machine qui sert à la grande production peut être remise en question, le peuple ayant le droit d'en décider dans l'intérêt de la classe ouvrière et des résidents de la région. On peut trouver d'autres propriétaires qui, eux, souhaitent l'équilibre, notamment le peuple représenté par ses gouvernements. D'autres à l'extérieur de l'empire Rio Tinto peuvent très bien s'occuper des machines et de la distribution de l'aluminium de manière socialement responsable.

Ensemble mettons fin au lockout ! La production de l'aluminium à Alma doit reprendre sur la base de la justice, de l'équilibre et des droits de la classe ouvrière et de la population de la région !

Oui au secteur manufacturier ! Non à la destruction nationale !
Cela peut se faire ! Cela doit se faire !

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Silence honteux de Stephen Harper devant les attaques de sociétés étrangères


Le directeur québécois du Syndicat des Métallos Daniel
Roy (à gauche) et le président de la section locale 9490
du syndicat des métallos, Marc Maltais, à Alma
le 12 janvier 2012 (STAA)

Le Syndicat des Métallos et des syndicats du monde entier n'ont pas l'intention de se laisser faire par Rio Tinto. La multinationale a jeté à la rue les 780 membres de la section locale 9490 le 30 décembre, 24 heures avant l'obtention du droit de lockout en vertu du Code du travail du Québec.

« Rio Tinto a déclaré la guerre non seulement aux membres du Syndicat des Métallos, mais aussi à nos collectivités, au Québec et au Canada », affirme Daniel Roy, directeur québécois du Syndicat des Métallos. « Nous croyons que Rio Tinto se servira de ses attaques à Alma pour lancer une campagne massive contre les travailleurs et les collectivités partout dans le monde. »

La société exige le remplacement de chaque employé partant à la retraite par un travailleur contractuel ne recevant que la moitié de la rémunération actuellement gagnée par les employés syndiqués à son aluminerie d'Alma. Rio Tinto a informé les travailleurs qu'elle a l'intention d'augmenter la part de travailleurs contractuels à 27 % en 2012 seulement, comparativement à 10,7 % à l'heure actuelle, sans consulter le syndicat.

Pour le directeur québécois des Métallos, Daniel Roy, accepter cette demande entraînerait la dégradation des conditions de vie non seulement pour les travailleurs mais aussi pour l'ensemble de la collectivité, qui verrait chuter abruptement les salaires, les ventes enregistrées par les commerces locaux et les revenus liés aux taxes. Dans moins d'une décennie, alors que les départs à la retraite se produiront, la part d'employés syndiqués baissera fortement et les travailleurs perdront leur capacité de protéger non seulement leur bien-être économique, mais également leur santé et leur sécurité à l'usine d'Alma, où les travailleurs sont exposés à une chaleur extrême, à des matériaux explosifs et à des produits chimiques toxiques.

La Fédération internationale des organisations de travailleurs de la métallurgie (FIOM) et la Fédération internationale des syndicats de travailleurs de la chimie, de l'énergie, des mines et des industries diverses (ICEM), dont les syndicats affiliés totalisent plus de 45 millions de syndiqués dans le monde, ont offert leur plein appui aux travailleurs en lockout à Alma. Dans une lettre conjointe envoyée au chef de la direction de Rio Tinto, Tom Albanese, le secrétaire général de la FIOM, Jyrki Raina, et le secrétaire général de l'ICEM, Manfred Warda, ont assuré que les « deux fédérations mondiales se joindront à une campagne internationale annoncée par le Syndicat des Métallos contre Rio Tinto. »

Des offres de soutien ont déjà été reçues de syndicats des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France, de l'Afrique du Sud et d'Australie, et des plans sont en cours pour une série d'actions mondiales contre Rio Tinto en plus d'actions qui se poursuivront à Alma ainsi que dans l'ensemble du Canada et des États-Unis.

Le directeur national canadien du Syndicat des Métallos, Ken Neumann, fait un lien entre la lutte à Alma, au Québec, et le combat à London, en Ontario, où des membres des Travailleurs canadiens de l'automobile à l'usine Electro-Motive Diesel de Caterpillar sont également en lockout depuis le 1er janvier, et le resteront jusqu'à ce que les travailleurs acceptent les demandes selon lesquelles leur rémunération serait immédiatement coupée de moitié, leurs avantages sociaux seraient éliminés et leurs régimes de retraite, massacrés.

« Rio Tinto et Caterpillar se livrent à une attaque en règle contre les travailleurs et les collectivités du Canada, avec l'aide du premier ministre Steven Harper, qui a permis à des sociétés étrangères d'envahir notre pays sans que le Canada n'en tire d'avantage net », a souligné M. Neumann.


Les travailleurs de la section 2301 de l'usine Rio Tinto à
Kitimat, en Colombie-Britannique, et de la section locale 666 à
la mine Niobec à Saint-Honoré rendent visite aux travailleurs
d'Alma le 24 janvier 2012.
(Martin McIlwrath)

M. Harper a approuvé la prise de contrôle d'Alcan en 2007 et celle d'Electro-Motive Diesel en 2010, deux sociétés canadiennes, par Caterpillar, établie aux États-Unis, et Rio Tinto, établie au Royaume-Uni et en Australie, en vertu de la Loi sur Investissement Canada, qui exige que les entreprises étrangères démontrent que l'investissement entraînera un « avantage net » pour le Canada. Parallèlement, US Steel a acquis deux aciéries de Stelco en 2007 et procédé au lockout de travailleurs à Nanticoke et à Hamilton, puis les a forcés à accepter des concessions importantes.

« Nous constatons un élan de soutien de partout au Canada et dans le monde entier à l'égard des travailleurs d'Alma et de London, dans une mesure rarement vue par le passé », a déclaré M. Neumann. « Toutefois, notre propre gouvernement, qui devrait défendre les citoyens et les travailleurs canadiens, demeure silencieux. »

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Journée d'action à London, Ontario, en appui
aux travailleurs de Caterpillar en lockout

Mettez fin au lockout immédiatement!
Retirez ces concessions immédiatement!
Tous pour un et un pour tous!

Le samedi 21 janvier, des milliers de travailleurs ont convergé vers le parc Victoria à London, en Ontario, pour exiger que le monopole étasunien Caterpillar mette fin immédiatement à son lockout contre les travailleurs de Electro-Motive Diesel (EMD) et qu'il retire les concessions inacceptables qu'il cherche à imposer. Ces travailleurs, membres de la section locale 27 des Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA) sont en lockout depuis le 31 décembre 2011 parce qu'ils refusent de se plier à ces concessions, y compris des réductions de salaire de l'ordre de 50 % et l'élimination d'avantages sociaux et de pensions. Le lockout s'accompagne de menaces que la production pourrait être déménagée à Muncie, en Indiana.

Le rassemblement de London a rejeté ce diktat et a défendu la dignité des travailleurs de Caterpillar et de la population de London. La très grande participation de travailleurs provenant de partout en Ontario a montré sans ambiguïté la détermination des travailleurs de l'Ontario à empêcher les monopoles tels que Caterpillar, US Steel, Vale Inco, GM, Rio Tinto et tous les autres d'agir avec impunité et d'imposer un diktat inacceptable aux travailleurs qui produisent la richesse de laquelle eux et la société dépendent pour leur moyen de subsistance, leur sécurité et leur tranquillité d'esprit.

Des contingents de travailleurs et de leurs alliés sont venus d'aussi loin qu'Ottawa, Sudbury et Timmins. Le plus grand contingent, évidemment, a été celui de London, mais il y en a eu de Windsor, St. Catherines, Hamilton, Brampton, Mississauga, Oakville, Toronto et Oshawa, entre autres. Les membres des sections locales du TCA sont sortis en masse. Des syndicats représentant tous les secteurs de l'économie y étaient aussi, coude à coude. Des jeunes, des étudiants, des résidents et des activistes locaux représentant un grand nombre d'organisations communautaires étaient présents, tout comme l'étaient les secteurs de l'automobile, du nickel, de l'alimentation, du transport en commun, des Postes, de la santé et de l'éducation. Sur les innombrables pancartes, on dénonçait l'imposition inacceptable de concessions par Caterpillar et le refus du gouvernement Harper de prendre le parti des travailleurs. Des représentants syndicaux en provenance de Chicago, d'Illinois, d'Erie et de Pennsylvanie étaient présents pour exprimer leur unité combattante avec les travailleurs canadiens.

La présence de la plupart des dirigeants des principaux syndicats fédéraux et provinciaux met en lumière l'importance qu'ils attachent à la cause des travailleurs de Caterpillar : Ken Georgetti, président du Congrès du travail du Canada ; Sid Ryan, président de la Fédération du travail de l'Ontario ; Dave Coles, président du Syndicat des communications, de l'énergie et du papier ; Paul Moist, président du Syndicat canadien de la fonction publique ; Ken Neumann, directeur national du Syndicat canadien des Métallos ; John Gordon, président de l'Alliance de la fonction publique du Canada. La chef par intérim du NPD, Nycole Turmel, et des députés fédéraux et provinciaux étaient présents, ainsi que le maire de London, Joe Fontana, et un groupe de conseillers municipaux. Le maire Fontana a transmis les salutations du conseil municipal et a joint sa voix à toutes celles qui exigent que Caterpillar mette fin à son lockout d'une façon qui serait acceptable pour les travailleurs et pour la ville.

Brianne Jones, la fille d'un travailleur de EMD, a exprimé l'expérience de la nouvelle génération lorsqu'elle a dit que le lockout lui avait permis de comprendre que ce ne sont pas les monopoles qui assurent les conditions de travail et un niveau de vie pour le peuple, mais les travailleurs eux-mêmes par leur lutte et c'est cette lutte qui assure un avenir pour les générations à venir. Les représentantes de deux organisations communautaires de London (le Centre des femmes victimes de violence de London et les Soeurs de St-Joseph) ont exprimé le point de vue de toute la communauté lorsqu'elles ont déclaré que la lutte des travailleurs de Caterpillar est la lutte de tous.

Bob Scott, le président des TCA à EMD, a été accueilli par des applaudissements enthousiastes lorsqu'il a déclaré que la lutte des travailleurs de l'usine était celle d'une communauté, d'une province et d'un pays, ainsi que celle des générations à venir. Il a dit que le syndicat était prêt à négocier en tout moment, mais que tant que ses membres seraient attaqués, il n'y aurait pas de négociations.

Le président des TCA, Ken Lewenza, a dit que la lutte n'était pas que celle des 465 travailleurs et leurs familles, mais des 450 000 travailleurs de l'industrie manufacturière du Canada qui ont perdu leur emploi au cours des cinq dernières années. Il a dénoncé le gouvernement Harper qui se rallie aux corporations multinationales aux dépens des Canadiens. Il a dit qu'il est immoral que Caterpillar bénéficie d'incitations fiscales de toutes sortes alors qu'elle met les travailleurs en lockout pour les forcer à accepter les concessions, et que le premier ministre et le gouvernement du Canada ont le pouvoir d'adopter des lois à la Chambre des communes qui établissent que ce que fait Caterpillar est illégal. La lutte, a-t-il dit, n'est pas une lutte qui divise les travailleurs du Canada et des États-Unis. Les travailleurs canadiens sont d'une seule voix avec les travailleurs de Muncie, en Indiana, où se trouve une autre usine de Caterpillar, et avec les travailleurs partout dans le monde qui luttent pour la justice économique et l'égalité.

Ce que les travailleurs ont dit

Au cours du rassemblement, les journalistes du LML et de Workers' Forum ont mené des entrevues pour connaître les points de vue des participants sur les défis que les travailleurs et leurs syndicats ont à relever en ce moment. Ils ont appuyé sans équivoque tous les travailleurs qui sont présentement la cible d'attaques et mentionné spécifiquement les travailleurs de Rio Tinto au Saguenay-Lac-Saint-Jean, les travailleurs de la ville de Toronto qui sont menacés de lockout parce que la ville veut éliminer les clauses de sécurité d'emploi, et les travailleurs du transport en commun de la région de York qui sont en grève depuis le mois d'octobre contre les monopoles internationaux du transport en commun.

Les travailleurs ont dit qu'ils participaient au rassemblement pour servir un avertissement au monopole Caterpillar ainsi qu'à tous les monopoles privés et employeurs du secteur public à l'effet que les travailleurs ont des droits du fait qu'ils sont les producteurs de la richesse et procurent les services publics qui nous sont essentiels, et que ces droits doivent être respectés, y compris les droits syndicaux. Ils ont dit que les gouvernements doivent comprendre le message : qu'ils ont la responsabilité de défendre les droits des travailleurs et de s'assurer que les conditions de travail soient appropriées, que les travailleurs aient une sécurité au moment de leur retraite, une sécurité bien méritée. Beaucoup ont rappelé non sans colère la visite de Harper à EMD en 2008 quand il est venu annoncer des allégements fiscaux pour Caterpillar. D'autres ont dénoncé tous les versements et privilèges qui sont accordés aux monopoles au nom de la création et de la sécurité d'emploi. Ils ont dénoncé la prétention du gouvernement qu'il n'intervient pas dans les affaires privées d'une entreprise, comme si donner de l'argent public à Caterpillar était une affaire privée !




















(Photos: LML, Mary G. Kosta, FTO)

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Les travailleurs canadiens et américains
sur le même front


Comme nous l'avons appris au début du mois, Electro-Motive Diesel/Caterpillar à London, en Ontario, a mis ses 400 travailleurs en lockout et exige qu'ils acceptent de se soumettre à des changements radicaux, y compris une baisse de salaire de 50 % et l'abolition d'avantages sociaux et d'un régime de retraite, faute de quoi elle menace de déménager les opérations à Muncie, en Indiana. Il semblerait que la compagnie a publié une annonce pour recruter des superviseurs pour l'usine de Muncie. Elle demande des superviseurs ayant de l'expérience en milieu « non syndiqué ».

Entre-temps, le gouverneur de l'Indiana essaie de faire passer sa loi sur le droit d'être esclave, qu'il a le front d'appeler loi sur « le droit de travailler ». Cette loi interdit aux syndicats du secteur privé de prélever automatiquement les cotisations syndicales en milieu de travail. Ce droit syndical appelé Formule Rand au Canada, qui a été conquis de haute lutte lors des grandes grèves de 1946, est la reconnaissance de facto du syndicat comme agent négociateur des travailleurs dont il défend les intérêts. Cette reconnaissance est un élément essentiel du contrat social de l'après-Deuxième Guerre mondiale et de l'équilibre entre le capital et le travail, en vertu duquel les travailleurs s'engagent à maintenir la paix sociale en échange d'une certaine sécurité pour ce qui est des conditions de vie et de travail.

En s'attaquant ainsi au financement syndical, le projet de loi a pour effet pratique de saper le syndicat en tant qu'organisation professionnelle et sa capacité de regrouper les travailleurs. C'est une attaque directe contre le droit de se syndiquer et contre le niveau et de vie et les conditions de travail gagnés par les travailleurs syndiqués.

Nous portons cela à l'attention de nos membres et nos retraités et à l'attention de la communauté de Hamilton, parce que cela explique pourquoi Electro-Motive Diesel (EMD) croit pouvoir faire chanter les travailleurs et leur arracher les concessions qu'elle veut. L'idée est de créer la panique à l’effet que si les travailleurs ne font pas les concessions réclamées, la compagnie peut déménager la production dans l'Indiana, et de créer une situation où les travailleurs ne peuvent plus penser pour eux-mêmes. En plus, c'est un avertissement aux 41 000 métallos américains dont la convention collective arrive à échéance en septembre. Il y a entre autres l'aciérie de US Steel à Gary, Indiana, qui emploie plus de 6 000 personnes.

La clé pour les monopoles, leurs médias et leurs représentants au gouvernement est de nous faire croire que nous sommes impuissants. Ce n'est pourtant pas le cas. En nous en tenant à nos intérêts, nous avons été capables de faire comprendre à US Steel qu'elle ne peut pas imposer le régime d'impunité qu'elle voulait. Elle n'a pas réussi à créer une situation où les travailleurs sont désorganisés et sans défense parce que nous avons résisté à sa tentative de traiter le syndicat avec mépris. Les membres de la section locale 1005 lui ont donné la réponse méritée. Ils se sont solidement ralliés derrière le syndicat. Ils ont fait échec aux tentatives de leur imposer des conditions de quasi esclavage, y compris la clause à l'effet qu'à la fin du lockout, les travailleurs devaient accepter toutes les conditions que dicterait la compagnie. La tentative d'inciter à la « rébellion » contre la direction du syndicat a lamentablement échoué. La compagnie et certains médias avaient tenté d'inciter les travailleurs en disant que la direction du syndicat était trop « autoritaire » et que les travailleurs voulaient la « liberté de choisir ».

Cette notion de « liberté de choisir » est le nouveau prétexte utilisé partout pour attaquer les organisations qui incarnent une volonté collective, une volonté souveraine, une règle fondée sur un mandat précis. On peut voir cette gangrène détruire les organisations représentatives, comme les parlements et les syndicats, avec pour conséquence pratique que les députés et les membres des syndicats n'ont plus aucun pouvoir. Les grandes compagnies comme US Steel se servent ensuite de leur accès privilégié au pouvoir exécutif (la prérogative des premiers ministres au Canada et des gouverneurs et du président aux États-Unis) pour atteindre leurs fins, faire passer les lois qu'elles veulent ou imposer des règlements qui leur permettre d'atteindre leurs objectifs d'une façon ou d'une autre. Cela se fait au nom de l'« équité » ou du « choix », qui seraient censés être en opposition à l'« avidité » de ceux qui se défendent. C'est ce qu'on appelle la politisation des intérêts privés et c'est pour cacher cela qu'ils font cette propagande pernicieuse à propose de « travailleurs égoïstes » qui en veulent toujours plus !

C'est parce que nous avons refusé de renoncer à nos droits syndicaux que US Steel a finalement décidé de signer une entente secrète avec le gouvernement fédéral, après quoi le gouvernement a soudainement décidé d'abandonner sa poursuite aux termes de la Loi sur Investissement Canada.

À Sudbury, la lutte menée par les travailleurs de Vale Inco est aussi essentiellement contre le « droit » de la compagnie d'agir avec impunité. C'est la même chose à Alma, au Québec, où l'opposition à la sous-traitance tous azimuts est aussi une lutte contre les tentatives d'instituer une main-d'oeuvre non syndiquée. Les travailleurs forestiers sont confrontés aux manoeuvres scandaleuses, avec la complicité des gouvernements, d'entreprises comme AbitibiBowater qui s'est maintenant réinventée sous le nom de Produits forestiers Résolu à l'issue d'une fausse faillite.

Une autre façon de détruire les syndicats est d'essayer de les acculer à la faillite. La loi de retour au travail contre les travailleurs des postes et le harcèlement constant dans le milieu de travail ont obligé le syndicat à se lancer dans des poursuites coûteuses. Aux États-Unis, il y a maintenant des lois qui interdisent les syndicats à atelier fermé. C'est une autre façon d'arriver aux mêmes fins.

Tout cela aide à mettre en perspective la campagne antisyndicale que mènent les médias et les représentants de l'entreprise privée et des gouvernements qui défendent les intérêts des monopoles et de leurs cartels, ou oligopoles. Les intérêts très étroits de groupes monopolistes sont défendus sous prétexte que cela est nécessaire pour le bien de l'économie qui a besoin d'une « sécurité nationale », ou plutôt une « sécurité intérieure », continentale, qui ne fait pas de distinction entre le Canada et les États-Unis. Dans cette « sécurité intérieure », seuls les syndicats de compagnie seront permis et leur tâche sera de livrer une main-d'oeuvre asservie, agissant même comme agences de sécurité chargées de sévir contre les travailleurs qui défendent leur droit à des salaires, des pensions, des avantages sociaux et des conditions de travail qui correspondent au travail qu'ils font.

Tout cela montre que notre lutte à la défense des droits de tous est importante pour l'avenir que nous voulons sur notre planète. Les travailleurs canadiens et américains sont réunis dans cette lutte pour un monde dans lequel ils exerceront un contrôle sur les décisions qui les affectent et sur la richesse qu'ils produisent.

Il ne s'agit pas de dénoncer l'avidité des monopoles ou de demander un partage plus équitable du gâteau, ce qui revient à implorer les dieux de la peste de nous donner un remède contre la peste. À qui appartient tout le gâteau ? À qui de décider ? Voilà sur quoi il faut se battre.

Oui aux droits syndicaux ! Non au droit de monopole !

(Traduction : LML)

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