Mouvement
ouvrier
Les agents de bord d'Air Canada:
un «Non!» retentissant aux
concessions
- Éditorial, Nouveaux Horizons, le
28 août 2011 -
Le 27 août, la
composante d'Air Canada du Syndicat
canadien de la fonction publique (SCFP) a publié les
résultats du
scrutin de ratification portant sur l'entente de principe, cette
même entente que le comité de négociation avait
signée avec la
compagnie et qu'il avait recommandée à
l'unanimité. La
participation au vote (78,6 % des membres) représente le
plus haut taux de participation jamais vu. En dépit d'une
campagne alarmiste, un étonnant 87,8 % des syndiqués
ont
rejeté l'entente de principe. D'ailleurs, il est clair que
même
les membres qui ont voté en faveur de l'entente l'ont fait sans
conviction, sous l'effet de la propagande assourdissante que non
seulement il était impossible d'obtenir davantage, mais que nous
risquions de nous retrouver dans une situation encore plus
désavantageuse.
Suite à cette décision des agents de bord
exprimant leur refus
de plier aux pressions qui pesaient sur eux au nom du
« contexte politique actuel » et exercées
au moyen
d'une campagne alarmiste, nous assistons à un mouvement
d'unité
sans précédent, des nouveaux aux plus anciens, ainsi que
de tous
les groupes qui constituent aujourd'hui la composante d'Air
Canada.
Nouveaux Horizons salue les agents de bord
pour leur
courageuse décision et c'est avec enthousiasme que nous comptons
continuer de participer aux discussions sur ce qu'il faut faire
maintenant.
Une situation nouvelle qui nécessite
des solutions
nouvelles
- Nouveaux Horizons, le 28 août
2011 -
Ce qui devient de plus en
plus clair depuis les récentes
rondes de négociation, tant pour le service de bord que pour
d'autres départements de la compagnie, et à la
lumière de la
situation économique générale au Canada, c'est que
la situation a
définitivement changé pour ce qui est du contrat social
établi au
lendemain de la Deuxième Guerre mondiale pour assurer la paix
sociale. Il est révolu le temps où les deux partis –
l'employeur
et les travailleurs représentés par leur syndicat –
s'assoyaient
à la table pour négocier des conditions de travail et une
compensation avantageuses pour les deux partis.
Aujourd'hui la compagnie se livre à toute fin
pratique à
l'extorsion, bien appuyée par la menace de désastre
imminent ou
par l'intervention de l'État – ou les deux. Et pourtant, on nous
dit que nous n'avons d'autre choix que de
« négocier »
à l'ancienne. Cette situation est intenable et c'est à
cause de
cela que nous nous retrouvons au point où nous en sommes dans
les
négociations.
La compagnie nous a longtemps accusés de mettre
en péril les
intérêts de ses actionnaires en exigeant une
continuité pour les
pensions, telles que convenues lorsque nous avons été
embauchés,
ainsi que pour les salaires et les conditions de travail établis
selon un standard canadien et conformément au rôle
important que
nous jouons en tant que professionnels de la sécurité et
des
services. Aujourd'hui, le gouvernement prétend que la
défense de
nos intérêts menace l'économie canadienne et
qu'elle ne mérite
que d'être écrasée.
À qui appartient cette économie que le
gouvernement Harper
affirme défendre ? C'est notre économie et nous
devons
décider de sa direction. Le gouvernement doit assumer sa
responsabilité envers les travailleurs de ce pays et non envers
une poignée d'ultra riches dont le but est de s'accaparer de
tout
ce que nous produisons en valeur ajoutée.
Plus près de nous, nous devons examiner comment
les
négociations se déroulent dans les conditions nouvelles
et
comment nous pouvons renverser la vapeur pour qu'elles servent
nos intérêts. Nous devons dire à la compagnie que,
nous aussi,
nous constatons que la situation n'est plus la même, et que nous
avons la ferme intention de faire désormais partie du
processus.
Ces questions méritent d'être
discutées. Nous devons tenir des
assemblées publiques, à l'image des réunions pour
discuter de
« l'entente de principe », mais pour discuter de
la
voie vers l'avant. Ces assemblées sont nécessaires dans
chaque
base et dans chaque ville où il y a un grand nombre de
navetteurs. Un programme interminable et bureaucratique portant
les étiquettes « les affaires repartent à
zéro » ou
« pour le bien du syndicat » n'est pas propice au
genre
de discussion qui nous permettra de trouver des réponses. En
fait, un tel programme est un obstacle à cette discussion.
Ensemble, nous pouvons et devons mettre fin à
notre
marginalisation. Nous avons fait un premier pas en nous tenant
debout et en déclarant que nous n'accepterons pas ce qui est
inacceptable. Participons massivement à la discussion sur
comment
mener ce processus à terme.
Que faire maintenant?
Il faut un nouveau mécanisme
- Nouveaux Horizons, 28 août 2011 -
Les employés du personnel navigant d'Air Canada
ont fait un pas décisif
pour mettre fin à notre marginalisation en votant à la
vaste majorité le rejet de l'entente de principe signée
et recommandée par le comité de
négociation du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP).
En
refusant de nous soumettre aux menaces et à la pression, nous
avons traduit
nos paroles en acte – nous avons affirmé notre dignité en
insistant
sur le fait que l'important travail que nous faisons, à nous
occuper de la
sécurité et du bien-être des passagers, nous donne
le droit d'avoir notre mot
à dire sur nos conditions de travail et nos salaires et nous
donne le droit à la
sécurité durant la vie active et à la retraite.
Beaucoup se demandent comment nous nous sommes
retrouvés dans
cette situation, mais la question qui est sur toutes les lèvres
en ce moment et
qui doit être répondue est : « Que faire
maintenant ? » Nos lecteurs ont fait plusieurs
suggestions. Nous
devons prendre le temps de les revoir toutes pour en arriver à
des
conclusions satisfaisantes qui nous permettront de nous fixer un ordre
du
jour indépendant et de consolider cette force que nous venons
d'acquérir.
Le processus de conciliation ayant été
précipité, puisqu'on nous disait
jusqu'à la dernière minute que tout allait bien, le
Comité de négociation
demande maintenant un vote de grève. La compagnie sait
maintenant que
nous attendons quelque chose de mieux, étant donné le
vote massif contre
l'entente de principe. Ce qu'il nous faut, c'est de prendre le temps de
déterminer une nouvelle direction à donner à la
négociation.
Un des aspects les plus importants ressortis des
discussions des dernières
semaines est notre désir de mettre un terme à l'isolement
que nous impose le
processus de négociation. Le rejet de l'entente de principe
illustre bien que
nous devons être au centre du processus. Nous n'avons pas besoin
d'être
« représentés » par des experts,
des conseillers, des avocats
dispendieux ou autres intermédiaires. Personne ne peut mieux
nous
représenter que nous-mêmes. Il est temps d'amorcer la
discussion sur
comment nous placer au centre du processus et mettre en place les
mécanismes nécessaires.
Comme nous le soulignons dans l'éditorial, la
situation n'est plus ce
qu'elle était il y a quelques années. La compagnie a
changé de stratégie,
mais nous continuons d'agir comme avant. La seule façon de
garantir tout
processus est de prendre acte des nouvelles conditions et du nouveau
contexte et de travailler ensemble à nous assurer que notre voix
continuera
d'être entendue.
Allons-nous avoir une meilleure convention collective si
nous ne faisons
que renvoyer les mêmes personnes à la table de
négociation pour dire à la
compagnie que nous pensons que sa « meilleure
offre » est
inacceptable ? Si la compagnie est convaincue qu'elle peut se
passer
de la négociation, allons-nous faire mieux en changeant le
comité de
négociation ? Si on nous dit que la compagnie ou le
gouvernement ne
nous laisseront pas faire la grève, à quoi sert le vote
de grève ? Nous
devons ajouter néanmoins que, puisqu'il y aura un vote de
grève, il faut une
participation à 100 % et que tout le monde, y compris ceux
qui ont
voté à contrecoeur en faveur de l'entente de principe,
exprime la
détermination de continuer de tenir ferme quand il s'agit de nos
droits, de
nos intérêts et de notre dignité et de voter
« oui » pour dire
clairement à la compagnie et au gouvernement Harper que nous
n'avons pas
l'intention de les laisser faire.
Bien qu'il semble que tout le processus de
« conciliation »
ait été précipité en faveur d'une date
« favorable » de grève ,
cela aussi a changé. L'important est que nous devons dire
à la compagnie
que nous aussi reconnaissons maintenant que la situation n'est plus ce
qu'elle était il y a 10 ans et que dorénavant nous
voulons être inclus dans le
processus. Nous nous attendons à ce que les négociations
se fassent dans le
sérieux et le respect et nous demandons qu'elles ne se tiennent
plus derrière
des portes closes.
Cela ne veut pas dire que nous demandons que les
négociations se
tiennent dans la rue et que tout le monde puisse intervenir et dire
n'importe
quoi. Non, mais nous voulons savoir ce qui se passe à chaque
étape et pour
cela il y a plusieurs moyens technologiques à notre disposition,
sécuritaires
et pratiques. Cela veut dire également que nous voulons que le
comité de
négociation nous amène avec lui à chaque
étape, qu'il demande et accepte
nos opinions et réactions. Comme l'écrit un lecteur,
« nous voulons
reprendre le contrôle du volant de NOTRE
véhicule ».
Si nous travaillons ensemble comme un collectif, avec la
même
détermination que nous avons démontrée durant la
campagne contre
l'entente de principe, nous pourrons créer les nouveaux
mécanismes dont
nous avons besoin pour changer la situation à notre avantage.
Nous n'avons
pas le choix.
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