Mouvement ouvrier


Les agents de bord d'Air Canada:
un «Non!» retentissant aux concessions

Le 27 août, la composante d'Air Canada du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) a publié les résultats du scrutin de ratification portant sur l'entente de principe, cette même entente que le comité de négociation avait signée avec la compagnie et qu'il avait recommandée à l'unanimité. La participation au vote (78,6 % des membres) représente le plus haut taux de participation jamais vu. En dépit d'une campagne alarmiste, un étonnant 87,8 % des syndiqués ont rejeté l'entente de principe. D'ailleurs, il est clair que même les membres qui ont voté en faveur de l'entente l'ont fait sans conviction, sous l'effet de la propagande assourdissante que non seulement il était impossible d'obtenir davantage, mais que nous risquions de nous retrouver dans une situation encore plus désavantageuse.

Suite à cette décision des agents de bord exprimant leur refus de plier aux pressions qui pesaient sur eux au nom du « contexte politique actuel » et exercées au moyen d'une campagne alarmiste, nous assistons à un mouvement d'unité sans précédent, des nouveaux aux plus anciens, ainsi que de tous les groupes qui constituent aujourd'hui la composante d'Air Canada.

Nouveaux Horizons salue les agents de bord pour leur courageuse décision et c'est avec enthousiasme que nous comptons continuer de participer aux discussions sur ce qu'il faut faire maintenant.

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Une situation nouvelle qui nécessite
des solutions nouvelles

Ce qui devient de plus en plus clair depuis les récentes rondes de négociation, tant pour le service de bord que pour d'autres départements de la compagnie, et à la lumière de la situation économique générale au Canada, c'est que la situation a définitivement changé pour ce qui est du contrat social établi au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale pour assurer la paix sociale. Il est révolu le temps où les deux partis – l'employeur et les travailleurs représentés par leur syndicat – s'assoyaient à la table pour négocier des conditions de travail et une compensation avantageuses pour les deux partis.

Aujourd'hui la compagnie se livre à toute fin pratique à l'extorsion, bien appuyée par la menace de désastre imminent ou par l'intervention de l'État – ou les deux. Et pourtant, on nous dit que nous n'avons d'autre choix que de « négocier » à l'ancienne. Cette situation est intenable et c'est à cause de cela que nous nous retrouvons au point où nous en sommes dans les négociations.

La compagnie nous a longtemps accusés de mettre en péril les intérêts de ses actionnaires en exigeant une continuité pour les pensions, telles que convenues lorsque nous avons été embauchés, ainsi que pour les salaires et les conditions de travail établis selon un standard canadien et conformément au rôle important que nous jouons en tant que professionnels de la sécurité et des services. Aujourd'hui, le gouvernement prétend que la défense de nos intérêts menace l'économie canadienne et qu'elle ne mérite que d'être écrasée.

À qui appartient cette économie que le gouvernement Harper affirme défendre ? C'est notre économie et nous devons décider de sa direction. Le gouvernement doit assumer sa responsabilité envers les travailleurs de ce pays et non envers une poignée d'ultra riches dont le but est de s'accaparer de tout ce que nous produisons en valeur ajoutée.

Plus près de nous, nous devons examiner comment les négociations se déroulent dans les conditions nouvelles et comment nous pouvons renverser la vapeur pour qu'elles servent nos intérêts. Nous devons dire à la compagnie que, nous aussi, nous constatons que la situation n'est plus la même, et que nous avons la ferme intention de faire désormais partie du processus.

Ces questions méritent d'être discutées. Nous devons tenir des assemblées publiques, à l'image des réunions pour discuter de « l'entente de principe », mais pour discuter de la voie vers l'avant. Ces assemblées sont nécessaires dans chaque base et dans chaque ville où il y a un grand nombre de navetteurs. Un programme interminable et bureaucratique portant les étiquettes « les affaires repartent à zéro » ou « pour le bien du syndicat » n'est pas propice au genre de discussion qui nous permettra de trouver des réponses. En fait, un tel programme est un obstacle à cette discussion.

Ensemble, nous pouvons et devons mettre fin à notre marginalisation. Nous avons fait un premier pas en nous tenant debout et en déclarant que nous n'accepterons pas ce qui est inacceptable. Participons massivement à la discussion sur comment mener ce processus à terme.

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Que faire maintenant?
Il faut un nouveau mécanisme

Les employés du personnel navigant d'Air Canada ont fait un pas décisif pour mettre fin à notre marginalisation en votant à la vaste majorité le rejet de l'entente de principe signée et recommandée par le comité de négociation du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP). En refusant de nous soumettre aux menaces et à la pression, nous avons traduit nos paroles en acte – nous avons affirmé notre dignité en insistant sur le fait que l'important travail que nous faisons, à nous occuper de la sécurité et du bien-être des passagers, nous donne le droit d'avoir notre mot à dire sur nos conditions de travail et nos salaires et nous donne le droit à la sécurité durant la vie active et à la retraite.

Beaucoup se demandent comment nous nous sommes retrouvés dans cette situation, mais la question qui est sur toutes les lèvres en ce moment et qui doit être répondue est : « Que faire maintenant ? » Nos lecteurs ont fait plusieurs suggestions. Nous devons prendre le temps de les revoir toutes pour en arriver à des conclusions satisfaisantes qui nous permettront de nous fixer un ordre du jour indépendant et de consolider cette force que nous venons d'acquérir.

Le processus de conciliation ayant été précipité, puisqu'on nous disait jusqu'à la dernière minute que tout allait bien, le Comité de négociation demande maintenant un vote de grève. La compagnie sait maintenant que nous attendons quelque chose de mieux, étant donné le vote massif contre l'entente de principe. Ce qu'il nous faut, c'est de prendre le temps de déterminer une nouvelle direction à donner à la négociation.

Un des aspects les plus importants ressortis des discussions des dernières semaines est notre désir de mettre un terme à l'isolement que nous impose le processus de négociation. Le rejet de l'entente de principe illustre bien que nous devons être au centre du processus. Nous n'avons pas besoin d'être « représentés » par des experts, des conseillers, des avocats dispendieux ou autres intermédiaires. Personne ne peut mieux nous représenter que nous-mêmes. Il est temps d'amorcer la discussion sur comment nous placer au centre du processus et mettre en place les mécanismes nécessaires.

Comme nous le soulignons dans l'éditorial, la situation n'est plus ce qu'elle était il y a quelques années. La compagnie a changé de stratégie, mais nous continuons d'agir comme avant. La seule façon de garantir tout processus est de prendre acte des nouvelles conditions et du nouveau contexte et de travailler ensemble à nous assurer que notre voix continuera d'être entendue.

Allons-nous avoir une meilleure convention collective si nous ne faisons que renvoyer les mêmes personnes à la table de négociation pour dire à la compagnie que nous pensons que sa « meilleure offre » est inacceptable ? Si la compagnie est convaincue qu'elle peut se passer de la négociation, allons-nous faire mieux en changeant le comité de négociation ? Si on nous dit que la compagnie ou le gouvernement ne nous laisseront pas faire la grève, à quoi sert le vote de grève ? Nous devons ajouter néanmoins que, puisqu'il y aura un vote de grève, il faut une participation à 100 % et que tout le monde, y compris ceux qui ont voté à contrecoeur en faveur de l'entente de principe, exprime la détermination de continuer de tenir ferme quand il s'agit de nos droits, de nos intérêts et de notre dignité et de voter « oui » pour dire clairement à la compagnie et au gouvernement Harper que nous n'avons pas l'intention de les laisser faire.

Bien qu'il semble que tout le processus de « conciliation » ait été précipité en faveur d'une date « favorable » de grève , cela aussi a changé. L'important est que nous devons dire à la compagnie que nous aussi reconnaissons maintenant que la situation n'est plus ce qu'elle était il y a 10 ans et que dorénavant nous voulons être inclus dans le processus. Nous nous attendons à ce que les négociations se fassent dans le sérieux et le respect et nous demandons qu'elles ne se tiennent plus derrière des portes closes.

Cela ne veut pas dire que nous demandons que les négociations se tiennent dans la rue et que tout le monde puisse intervenir et dire n'importe quoi. Non, mais nous voulons savoir ce qui se passe à chaque étape et pour cela il y a plusieurs moyens technologiques à notre disposition, sécuritaires et pratiques. Cela veut dire également que nous voulons que le comité de négociation nous amène avec lui à chaque étape, qu'il demande et accepte nos opinions et réactions. Comme l'écrit un lecteur, « nous voulons reprendre le contrôle du volant de NOTRE véhicule ».

Si nous travaillons ensemble comme un collectif, avec la même détermination que nous avons démontrée durant la campagne contre l'entente de principe, nous pourrons créer les nouveaux mécanismes dont nous avons besoin pour changer la situation à notre avantage. Nous n'avons pas le choix.

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Bulletin du 5 septembre 2011 • Retour à l'index • Écrivez à: redaction@cpcml.ca