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La collusion monopoliste pour le contrôle du
marché n'apporte aucun «avantage net» au Canada
La collusion monopoliste pour contrôler le
marché et les prix est très dommageable et c'est aussi un
crime, ou du moins ce l'était. La manipulation des lois
canadiennes, ou leur omission « pour des
considérations pratiques », pour servir
l'intérêt du moment est un des traits de la mondialisation
néolibérale.
US Steel dit qu'il a brisé son engagement
solennel pris envers les Canadiens au nom d'une noble cause, soit la
manipulation des prix de l'acier en sa faveur pour aider les deux
autres monopoles étrangers qui contrôlent le secteur
canadien de l'acier et pour ne pas « briser ses obligations
de remboursement
de sa dette » envers les propriétaires
américains du capital. C'est ce qu'il a le front d'appeler un
« avantage net » pour le Canada !
Pour les monopoles, les ententes signées ou
solennelles et les principes, c'est pour les imbéciles et les
crédules ; dans ce monde de l'impérialisme, la vraie
victoire est aux pragmatiques froidement calculateurs. Les porte-parole
de US Steel affirment sans rire que la fermeture des usines de Stelco
et le reniement
de ses engagements solennels sur la question des pensions sont un
avantage net pour le Canada ! Puisque « la force fait
le droit » dans le monde néolibéral, ça
doit être vrai.
Les travailleurs sont déterminés à
ne pas tolérer la destruction nationale, la violation sans
principe des droits souverains du Canada et l'écrasement de la
dignité des Canadiens par la régression
néolibérale. Ils essaient de créer une alternative
de principe qui respecte le facteur humain, donne sa place d'honneur
à la conscience sociale, défend les droits de tous et
bâtit une économie qui n'est pas basée sur les
exportations et le contrôle étranger mais sur l'appui sur
ses propres forces, sur une base manufacturière, sur la
sécurité et la stabilité assurées par le
contrôle de l'économie canadienne par les Canadiens.
Grande préoccupation pour les
propriétaires
américains de la dette, zéro
préoccupation
pour les Canadiens
US Steel admet que la raison pour laquelle il a rompu
ses engagements aux termes de la Loi sur Investissement Canada
en fermant ses deux aciéries canadiennes était de retirer
4,3 millions de tonnes d'acier du marché pour faire monter
le prix de l'acier en Amérique du Nord. Il avoue l'avoir
fait pour renflouer ses coffres afin de rencontrer ses paiements
d'intérêt sur sa dette.
John Goodish, vice-président de US Steel et chef
des opérations, écrit dans un affidavit à la Cour
fédérale : « Déjà à
l'automne 2009 il y avait une inquiétude réelle que
US Steel soit forcé de faillir à ses engagements de
dette. »
La direction de US Steel était
« réellement préoccupée »
pour les propriétaires américains de la dette, mais pas
le moindrement inquiète pour ses engagements pris aux termes de
la loi et pas un soupçon d'angoisse pour les métallos
actifs et à la retraite, leurs communautés, les
fournisseurs locaux
et l'économie canadienne. Il importe de savoir que US Steel n'a
jamais manqué un seul paiement d'intérêts ou le
principal aux propriétaires de sa dette durant cette
période, qu'il a versé des millions de dollars chaque
année à un groupe sélect de gestionnaires
américains et qu'il a continué de verser des dividendes
trimestriels aux actionnaires de US Steel, bien qu'il ne cesse de
dire que le monopole « perd de l'argent ».
Compétition et collusion entre monopoles
- K.C. Adams -
US Steel affirme qu'il a aidé ses
concurrents mondiaux ArcelorMittal et Essar
en fermant ses
aciéries canadiennes Stelco. La concurrence et la collusion
entre
monopoles reflètent une interpénétration des
contraires ; dans ce cas, les deux font du tort ;
la
dialectique elle-même doit être résolue avec
une alternative souveraine pro-sociale.
Avec toutes les acquisitions étrangères,
les Canadiens auraient raison de se demander ce qui est advenu du
slogan néolibéral : rendre
« nos » monopoles concurrentiels sur les
marchés mondiaux. Le Canada est devenu submergé dans le
système impérialiste d'États où nos
ressources, les actifs
productifs, le marché et la classe ouvrière sont
considérés comme « ouverts à
tous » par les plus puissants de l'oligarchie
financière internationale. Rien n'est considéré
comme « nôtre », car
« notre » économie n'existe même
pas, elle est simplement un complément à
l'économie
mondiale, du moins selon les néolibéraux de Harper et ses
mentors à Washington, Londres et Tokyo.
Dans cette situation, les monopoles mondiaux se font
à la fois concurrence et sont de connivence pour servir leurs
intérêts étroits et s'assurer que le Canada et ses
ressources humaines et naturelles soient encore plus sous leur
contrôle. La concurrence et la collusion entre les monopoles
représentent une interpénétration
des contraires au sein d'une économie néolibérale
mondialisée. La concurrence et la collusion entre monopoles
neutralisent le rapport harmonieux entre les éléments
particuliers d'une économie nationale et son ensemble
intégré, et nuisent aux intérêts des
véritables producteurs au Canada et de leur
société. Cela est
tout à fait évident avec la fermeture
répétée des usines de Stelco
contrôlées par US Steel et le lock-out actuel de Stelco
à Hamilton.
Parmi les documents judiciaires déposés
à la défense de son bris d'engagements en vertu de la Loi
sur
les
Investissement
au Canada, US Steel affirme avoir
sacrifié les métallos canadiens, leurs usines, les
communautés et l'économie du Canada sur l'autel de la
collusion avec ses concurrents. Grâce
aux fermetures d'usines et à la manipulation du marché et
des prix, US Steel affirme qu'il a pu maintenir les prix de l'acier
élevés, ce qui a aidé le secteur de l'acier sous
contrôle étranger à survivre à la crise.
Quel geste noble ! Selon US Steel, les Canadiens et leur
économie ont été réduits à servir et
à renforcer
les monopoles étrangers, dont la base et les opérations
principales peuvent être aux États-Unis, en Europe ou en
Inde. Et devant quoi se retrouvent les Canadiens, notre économie
et nos besoins ? Lorsqu'il y a fermeture d'usine ou un lock-out,
est-ce que ce sont les monopoles étrangers qui vont payer nos
prêts
hypothécaires et les factures d'épicerie et financer nos
programmes sociaux ? Bien sûr que non, ils ne veulent
même pas payer les impôts des sociétés !
US Steel a organisé ses activités
canadiennes de manière qu'aucun profit d'entreprise n'apparaisse
dans ses livres comptables. Les profits sont alors acheminés au
sud à titre d'intérêts lucratifs pour les
propriétaires de la dette et pour payer les cadres dirigeants,
comme les 11 millions $ réclamés en
2008 par le p.-d.g. John Surma. Aucun bénéfice
d'entreprise – aucun impôt sur les sociétés. Pas de
production dans les usines de Stelco – sans valeur ajoutée
réclamée par les travailleurs, pas de transfert de valeur
achetée auprès de fournisseurs locaux, presque pas
d'impôts réclamés par les gouvernements
mais encore plus de réclamations sociales faites aux
gouvernements par des personnes sans emploi, plus de pression sur les
fonds de retraite de Stelco et sur les métallos pour faire des
concessions sur les retraites. En somme : pas d'avantage net pour
le Canada !
Il est temps de renverser la vapeur et de faire pression
politique sur les gouvernements pour restreindre le contrôle des
monopoles sur l'économie canadienne.
LML : Pouvez-vous nous dire si M.
Sweet était au fait de votre situation à US Steel ?
Rolf Gerstenberger : Il n'avait pas l'air de
l'être, mais nous sommes habitués de voir des politiciens
qui ne sont pas informés des choses qui concernent les
travailleurs, surtout de notre point de vue. Alors nous avons
commencé par lui brosser un tableau de ce qui se passe : la
fermeture
des hauts fourneaux le 4 octobre puis l'annonce par la compagnie
qu'elle avait ouvert deux hauts fourneaux aux États-Unis et
qu'elle remplissait ses commandes du Canada là-bas. Et cela
s'est produit durant les trois années où elle
s'était engagée à maintenir les niveaux d'emploi
et de production aux termes
de l'entente sur l'acquisition de Stelco. Nous lui avons
expliqué que US Steel se sert de la situation pour tenter de
nous imposer une convention collective qui plante un poignard dans le
dos des 9 000 retraités de Stelco et qui attaque et
détruit
progressivement notre régime de retraite. Nous lui avons
expliqué
que ces monopoles mondiaux font la pluie et le beau temps et que le
gouvernement a la responsabilité de restreindre leur
capacité de le faire et de défendre les Canadiens.
LML : Vous avez parlé de
l'aveu de Ernst & Young à l'effet que US Steel
s'était livré à une manoeuvre de manipulation des
prix et du marché ?
RG : Oui, mais il n'était pas au
courant de l'affidavit de la firme comptable Ernst & Young.
LML : Pourquoi, pensez-vous ?
Est-ce parce que la poursuite du gouvernement du Canada pour reniement
des obligations légales place maintenant l'affaire dans le camp
du procureur général et que M. Sweet croit que ça
ne le concerne pas ? Après tout, il est un
député
de Hamilton, ça le concerne.
RG : Nos membres sont toujours surpris
qu'ils en savent plus que tous les politiciens mis ensemble. Il faut
comprendre que dans notre système de gouvernement en fin de
compte personne n'a de responsabilité envers quoi que ce soit,
sauf peut-être quand les élections arrivent et qu'on peut
montrer
la porte au gouvernement. Mais même cela ne veut plus dire
grand-chose parce que sur les questions de fond, il n'y a plus vraiment
de distinction entre les partis. De plus, les politiciens sont chacun
liés à des dossiers spécifiques et ne sont
censés s'occuper que de ces dossiers-là. Et même
souvent dans ces dossiers,
ils sont souvent très ignorants.
LML : Ne savent-ils pas lire ?
Ou est-ce parce qu'ils participent seulement à la politique
partisane et ne défendent pas l'intérêt
public ?
RG : Je crois que c'est un peu les deux.
Certains politiciens se tiennent informés et certains sont des
experts dans différents dossiers. Mais cela n'a pas beaucoup
d'impact parce que c'est l'intérêt partisan qui
décide. Mais nous trouvons qu'en général beaucoup
de politiciens ne lisent rien. Ils lisent
des résumés de dossiers qui sont préparés
par leur personnel ou par des avocats ou des experts, mais sur les
questions de base c'est étonnant à quel point ils ne sont
pas informés. C'est sans doute à cause de leur politique
partisane ; ils n'ont pas besoin d'aller au fond des choses, ils
n'ont qu'à donner la ligne
de parti. Ils ont des préposés qui leur disent ce qu'ils
doivent dire. Nous n'avons rien contre le travail d'équipe, mais
quand vous vous fiez sur l'opinion d'un conseiller ou d'un avocat, vous
ferez mieux d'être capable de prendre la responsabilité
pour ce que vous dites !
LML : M. Sweet est président
du Caucus de l'acier formé de tous les partis. Que fait ce
comité ?
RG : Ce n'est pas très clair. Nous
avons essayé de le savoir au fil des années et de porter
nos problèmes à son attention, mais rien à faire.
Nous avons quitté le bureau du ministre avec l'impression que ce
caucus n'a rien à avoir avec nos problèmes. Il n'est pas
au fait de la situation en ce qui concerne
les agissements de US Steel.
LML : Qu'est-il sorti de bon de
cette rencontre alors ?
RG : Pas grand-chose, mais nous avons la
responsabilité d'informer le ministre responsable de notre
situation, surtout qu'il est député de Hamilton, qu'il a
des responsabilités concernant l'industrie et que nous, le
public, le payons pour ce travail. Il va sans dire qu'il devrait
travailler avec nous,
le public canadien, et pas seulement avec les grandes entreprises.
Sur cette question d'être bien informé,
nous aimerions que les politiciens soient mieux au fait de la situation
mais le fait qu'ils ne le soient pas ne nous surprend pas. Cela
confirme notre impression que lorsqu'il s'agit de
l'intérêt public, ces gens-là ne sont vraiment pas
intéressés à trouver des solutions aux
problèmes
que vivent les Canadiens. La dernière fois qu'un
député de Hamilton a demandé au premier ministre
à la période de question ce qu'il faisait au sujet de la
situation des métallos de Hamilton, le premier ministre a
renvoyé la question à Tony Clement, le ministre de
l'Industrie, qui a répondu avec désinvolture que le
« plan d'action » de Harper sur l'économie
va apporter la prospérité à tout le monde. Et
c'était tout. Cette façon de parler pour ne rien dire,
c'est ce que les gens détestent le plus et c'est une des raisons
pour lesquelles les partis politiques au parlement ont une si mauvaise
réputation.
LML : Qu'a-t-il dit à propos
de la manipulation du marché et des prix ?
RG : Concernant la manipulation du
marché et des prix qui, selon Ernst & Young, est ce qui a
motivé US Steel à renier ses engagements aux termes de la
loi, M. Sweet a dit que la Loi sur la concurrence est un
processus de plainte et que si nous avons des questions, de lui laisser
savoir.
LML : C'est tout ?
RG : Presque. Nous avons noté que la
fixation des prix par US Steel s'est produite à un moment
où le coeur industriel de l'Ontario, y compris le secteur de la
construction que M. Sweet représente en partie, connaissait sa
pire crise en plusieurs décennies. En ne « partageant
pas la douleur »
de cette crise et en la transmettant plutôt aux consommateurs de
l'acier par la fixation des prix, US Steel a aggravé la
situation, ou du moins il a contribué à l'effondrement de
nombreuses petites entreprises qui ne pouvaient plus payer l'acier
aussi cher mais étaient prises avec des contrats à long
terme et incapables
de passer la hausse à leurs clients. Cette fixation des prix
signifie également que les projets de construction dans le
programme de stimulation de l'économie du gouvernement
fédéral coûteraient plus cher pour moins de travail
et moins d'emplois. C'est en plus des torts directs dont US Steel est
responsable pour avoir
retiré près de deux milliards de dollars aux fournisseurs
locaux, en plus des pertes en impôt et des pertes durant les
fermetures de 2009/2010 à Hamilton et Nanticoke. Certains de ces
bénéfices sont allés aux États-Unis. On
peut dire d'une certaine façon que dans le passé, Stelco,
pendant la centaine d'années qu'elle
était de propriété canadienne, a permis à
la région de survivre durant des temps beaucoup plus difficiles
en ne fermant pas ses opérations.
Nous avons dit que si le gouvernement
fédéral n'intervient pas et ne restreint pas l'action de
ces monopoles, ou s'il ne fait rien pour les ramener sous
contrôle, surtout les monopoles étrangers qui
s'intéressent davantage à leurs empires, ils vont
détruire l'économie.
Là-dessus il faut dire que les monopoles servent
leurs propres intérêts étroits et pourtant ils
viennent nous dire, comme l'a fait US Steel par le biais la firme EY,
que leurs victoires privées, gagnées aux dépens du
reste de l'économie, sont en quelque sorte un avantage net pour
le Canada.
Le Canada doit éviter à tout prix de se
laisser entraîner dans les plans des monopoles mondiaux qui, sous
prétexte que nous avons une petite population et seulement une
abondance de ressources naturelles, veulent détruire notre
secteur manufacturier et nous transformer en une espèce de
colonie d'approvisionnement
en marchandises de base, un marché captif pour les produits
finis provenant des États-Unis et d'ailleurs, et une destination
touristique, un pays incapable de fabriquer des biens sur une grande
échelle pour que nous puissions suffire à nos besoins,
être prospères et capables de faire concurrence dans le
monde. Comme
nous l'avons dit à M. Sweet, nous avons besoin d'un secteur
manufacturier comme base solide pour la concurrence à
l'étranger, pas l'inverse, c'est-à-dire certains
monopoles qui n'ont pratiquement aucun lien avec le Canada qui
détruisent notre secteur manufacturier, nous affaiblissent et
nous laissent en proie aux
géants mondiaux. Il faut une action décisive pour
restreindre le droit de monopole et défendre nos droits en tant
que Canadiens.
LML : Quoi d'autre ?
RG : Nous lui avons dit que le gouvernement
aurait pu acheter et posséder Stelco pour la somme de 150
millions $ lors de la mise en faillite, ce qui est
l'équivalent de la somme que les deux paliers de gouvernement
ont remise aux propriétaires de Stelco à titre
d'intérêt à faible taux et
remboursable sous condition.
Mais ce qui s'est plutôt produit, c'est que ceux
qui contrôlaient Stelco à l'issue de la faillite ont
reçu cette somme du gouvernement et l'ont investie dans la
compagnie, puis environ un an plus tard ils l'ont vendue à US
Steel et ont empoché des milliards de dollars. Les
métallos et les gens de Hamilton ne l'ont
pas digéré celle-là. Pour nous, c'est rien de
moins qu'un crime imputable devant la loi.
LML : Qu'a répondu M.
Sweet ?
RG : Il n'était pas d'accord !
Sur la possibilité que Stelco devienne une entreprise publique
sans argent additionnel au moment de la faillite, il a dit que le
gouvernement conservateur ne songerait jamais à une chose
pareille.
LML : Que concluez-vous de votre
visite ?
RG : Nous avons adopté le
slogan : « À qui l'économie ? Notre
économie ! Base manufacturière oui, destruction
nationale non ! » Nous pensons que c'est dans ce
sens-là qu'il faut aller. Nous devons continuer de nous informer
et d'informer les autres travailleurs
au sujet des problèmes auxquels nous faisons face au Canada et
des problèmes auxquels les travailleurs font face dans d'autres
pays. Nous devons en discuter et leur trouver des solutions. Si nous ne
faisons rien, l'avenir n'est pas très reluisant. Il est urgent
que quelqu'un se lève au Canada et défende
l'intérêt public,
pas le droit de monopole. Tout tourne finalement autour de la question
du contrôle. Qui contrôle l'économie ? Nous
croyons que ce sont les vrais producteurs qui doivent contrôler
l'économie, comme les métallos, et que le public canadien
doit contrôler l'économie. Il faut commencer par
restreindre les monopoles
mondiaux.
LML : Est-ce que vous allez
déposer une plainte pour manipulation du marché et des
prix ?
RG : Il va bien falloir ! Nous avons
donné la chance à M. Sweet de le faire mais il a
refusé l'honneur.
LML : Nous vous souhaitons du
succès dans vos efforts pour exiger des comptes de US Steel et
des gouvernements.
RG : Merci.
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