Le Marxiste-Léniniste

Numéro 151 - 29 septembre 2010

Le Canadien National

Le CN se prépare une fois de plus à changer unilatéralement les conditions de travail

Le Canadien National
Le CN se prépare une fois de plus à changer unilatéralement les conditions de travail
Le CN est en train de forcer ses travailleurs à déclencher la grève - La Conférence ferroviaire de Teamsters Canada

Foresterie
Au sujet du vol légalisé des pensions des travailleurs de Papiers Fraser - Entrevue avec Gaétan Ménard, secrétaire-trésorier du SCEP
Kelowna, Colombie-Britannique: Les travailleurs accusent leur entreprise de «fausse représentation par négligence» dans un changement de fonds de pension

Honduras
Honte et espoir au Honduras - Manuel E. Yepe

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Le Canadien National

Le CN se prépare une fois de plus à changer unilatéralement les conditions de travail

Le CN doit reculer ! Non à la criminalisation des travailleurs
qui défendent la santé et la sécurité de tous !


28 novembre 2009: Grévistes du CN
à Prince-George (Opinion250)

LML dénonce la tentative de la direction américaine du CN de changer unilatéralement une fois de plus les conditions de travail. Elle a essayé de le faire pour les conducteurs de locomotive en décembre 2009 mais l'opposition des travailleurs l'a forcée à retraiter. Cette fois-ci, le CN vise les 2 700 chefs de train, agents de triage et coordonnateurs de la circulation.

La convention collective s'est terminée le 22 juillet 2010. Les travailleurs ont présenté leurs demandes qui mettent l'accent sur leur santé et leur sécurité comme condition de la santé et de la sécurité du public et surtout des gens qui vivent à proximité des voies ferrées. Ils demandent entre autres une amélioration des horaires de travail. Plutôt que d'être sur appel 24 heures sur 24 et 7 jours semaine, comme c'est le cas présentement, ils proposent d'être divisés en blocs de travailleurs qui sont sur appel pour des périodes de 8, 10 ou 12 heures. Le but est de se donner une plus grande stabilité de vie pour être mieux reposés physiquement et mentalement quand ils travaillent.

La direction du CN a répondu qu'elle est prête à accepter cette proposition si les travailleurs renoncent à leurs périodes de repos prescrites dans la convention collective. Seules s'appliqueraient alors les périodes de repos prescrites dans la loi, lesquelles sont bien inférieures à celles que les travailleurs ont fait inscrire dans la convention collective au fil des années, dans leurs luttes pour leur santé et leur sécurité et celles du public. Les travailleurs du CN ont rejeté avec raison cette proposition scandaleuse du transporteur.

Selon le CN, le Code du travail fédéral lui donne le droit de changer unilatéralement les conditions de travail si la négociation ne produit pas d'entente à l'intérieur d'une période de temps donnée. Les travailleurs n'accepteront jamais qu'il soit légal que leurs conditions de travail soient décidées sans qu'ils aient leur mot à dire. Ils n'accepteront jamais non plus que quelqu'un d'autre leur impose des conditions de travail qui mettent en danger leur bien-être physique et mental. Est-ce que le CN prétend ne pas savoir que le nombre de travailleurs à son emploi a été réduit drastiquement, que les travailleurs sont épuisés et que des déraillements se produisent partout, parfois avec déversement de produits toxiques dans les communautés? Le Code du travail fédéral dit effectivement que les employeurs peuvent changer unilatéralement les conditions de travail s'il n'y a pas d'entente après un certain temps. Mais le Code dit aussi que les négociations doivent être menées de bonne foi et que des efforts raisonnables doivent être faits pour en arriver à une entente. Est-ce que c'est un effort raisonnable que de demander l'élimination des périodes de repos prévues dans la convention collective et de déclarer que c'est cette demande qui doit être le sujet des discussions sinon « les négociations sont un échec » ?

Dans le scénario qui se joue sous nos yeux, le CN pousse les travailleurs à la grève, ce qui amènera le gouvernement fédéral à intervenir et à endosser le « droit » du CN d'agir comme il le fait en passant une loi de retour au travail qui criminalise l'opposition.

Les travailleurs du CN ont alerté le public au sujet des plans du transporteur. Tous les travailleurs doivent exiger que le CN renonce à ses plans et doivent avertir le gouvernement Harper qu'il ne doit pas intervenir pour criminaliser ceux qui se battent pour la santé et la sécurité de tous.

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Le CN est en train de forcer ses travailleurs
à déclencher la grève

« L'enjeu principal des négociations est la santé et la sécurité des travailleurs et de la population qui vit à proximité des voies ferrées. »

Après quelques jours de négociations seulement, il semble que la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) soit en train de forcer ses travailleurs à déclencher une grève malgré l'insistance du syndicat à poursuivre les discussions. Les pourparlers ont pris fin vendredi dernier et la compagnie refuse de présenter ses offres au Comité de négociations des travailleurs. De plus, aucune date de discussions n'a été planifiée et le CN refuse d'allonger le mandat du conciliateur assigné au dossier.

En effet, le CN veut utiliser le Code du travail pour imposer un règlement aux parties plutôt que négocier de gré à gré avec le syndicat des quelque 2 700 chefs de train, agents de triage et coordinateurs de la circulation. Ces travailleurs sont représentés par la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada (CFTC).

Le syndicat croit que le Canadien National veut imposer rapidement un arbitre au dossier, invalidant de ce fait le processus normal de négociation. Ces pourparlers ont cours depuis le mois de mai dernier puisque le contrat de travail prenait fin en juillet. « Nous avons à peine commencé les discussions que l'employeur veut y mettre fin, explique Bryan Boechler, porte-parole de la CFTC dans ce dossier. Pour danser, il faut être deux. »

La santé et la sécurité des travailleurs et de la population sont en jeu. Le transporteur ferroviaire propose des modifications pour éliminer toutes les dispositions relatives au repos en arguant qu'elles sont désuètes. Les travailleurs seraient donc contraints de travailler 24 sur 32 heures, puis recommencer ce cycle 8 heures plus tard. Le syndicat croit que cette demande aura pour conséquence d'augmenter les risques d'accident.

« Soyons clairs : l'enjeu principal des négociations est la santé et la sécurité des travailleurs et de la population qui vit à proximité des voies ferrées, explique Bryan Boechler, porte-parole de la Conférence ferroviaire dans ce dossier. Notre inquiétude est fondée sur le travail de terrain, pas sur une théorie bidon mise de l'avant par les dirigeants de la compagnie. »

Le conflit qui se dessine à l'horizon ressemble donc étrangement à la situation qui prévalait entre les ingénieurs de locomotives et la compagnie en décembre 2009. On se rappellera que le CN avait voulu changer unilatéralement les conditions de travail des ingénieurs de locomotive, ce qui provoqua une grève. La santé et la sécurité des travailleurs et du public étaient également au coeur du litige.

Le syndicat n'a eu d'autre choix que de faire parvenir par la poste un vote de grève à ses membres. Les résultats sont attendus d'ici la fin septembre. Un débrayage ou un lockout pourrait donc avoir lieu au courant de l'automne. « Nous avons l'impression que la compagnie tente de nous inciter à déclencher une grève ou de décréter un lock-out dans le but que le gouvernement enclenche le processus d'arbitrage, ajoute Boechler. Nous invitons plutôt la compagnie à revenir à la table des négociations avec une attitude d'ouverture. »

En terminant, le CN rapportait des profits de 1.26 G $ en 2009. Cette société exploite un réseau transcontinental de 28 200 km qui dessert plusieurs provinces canadiennes et États américains. Il traverse l'ensemble du Canada d'est en ouest entre la Nouvelle-Écosse et la Colombie-Britannique et dispose d'un axe nord-sud qui traverse les États-Unis entre la région des Grands Lacs et le golfe du Mexique.

Le syndicat des Teamsters représente 125 000 membres au Canada dans tous les corps de métiers. La Fraternité internationale des Teamsters, à laquelle Teamsters Canada est affiliée, compte 1,4 million de membres en Amérique du Nord. La Conférence ferroviaire de Teamsters Canada représente plus de 12 000 travailleurs dans tous les corps de métiers de l'industrie ferroviaire au pays.

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Foresterie

Au sujet du vol légalisé des pensions
des travailleurs de Papiers Fraser

Plus de 1 000 pensionnés des usines de papier ayant appartenu à Papiers Fraser au Québec, en Ontario et au Nouveau-Brunswick ont récemment été informés que leurs chèques de pension sont coupés de 40 % et que la coupure s'applique de manière rétroactive au 1er avril. C'est en juin 2009 que Papiers Fraser s'est placé sous la loi de la protection de la faillite au Canada et aux États-Unis. Brookfield Asset Management, l'actionnaire qui a le contrôle de Papiers Fraser, a utilisé la procédure de faillite pour se vendre l'entreprise à lui-même et la réorganiser. Par le biais de cette manoeuvre, il s'est déchargé de ses responsabilités envers les pensionnés et les primes de séparation et les autres obligations envers les travailleurs qui ont perdu leur emploi. La nouvelle entreprise, toujours contrôlée par Brookfield, a redémarré ses opérations au Nouveau-Brunswick sous le nom de Twin Rivers.

Gaétan Ménard, le secrétaire-trésorier du SCEP, nous présente une mise à jour sur la situation des pensionnés et anciens employés de Papiers Fraser.

* * *

LML : Quels sont les derniers développements relatifs aux pensionnés et anciens employés de Papiers Fraser ?

Gaétan Ménard : Les pensionnés ont reçu récemment une lettre de leur ancien employeur leur disant que leurs chèques de pension étaient coupés de 40 % et que les actuaires sont en train d'établir le montant exact de la coupure. L'employeur a ajouté l'insulte à l'outrage en écrivant que la coupure s'applique à partir du 1er avril. Les pensionnés, qui jusqu'à maintenant ont reçu le plein montant de leurs pensions, doivent maintenant rembourser le soi-disant excédent de 40 % qu'ils ont reçu depuis le 1er avril.


Manifestation contre les coupures dans les pensions en janvier 2010 à Edmunston, au Nouveau-Brunswick,
Toronto, Ontario et Gatineau (CEP)

Au Québec, c'est la Régie des rentes (RRQ) qui a ordonné que le fonds de pension soit liquidé. Normalement, un fonds de pension est liquidé si l'entreprise qui s'est mise sous la protection de la loi de la faillite est déclarée en faillite. Mais Papiers Fraser n'a pas été mis en faillite ; l'entreprise a été réorganisée financièrement. Pourquoi alors la RRQ a-t-elle liquidé le fonds de pension ? Les seules réponses que nous avons obtenues jusqu'à maintenant sont venues de fonctionnaires qui nous ont dit que l'entreprise a été déclarée en état de « faillite technique ».

Nous sommes en discussion avec la RRQ et nous avons également contacté les politiciens parce que tout cela n'a aucun sens.

La coupure dans les chèques de pensions varie entre 500 $ et 1000 $ par mois. En Ontario, le Fonds de .... va garantir le premier mille dollars sur le chèque mais ce fonds n'existe pas au Québec ou au Nouveau-Brunswick. Ces travailleurs perdent 40 % du montant des pensions qu'ils ont chèrement gagné.

La situation est tout aussi injuste en ce qui concerne les travailleurs qui ne sont pas encore à la retraite. Avec cette réorganisation, Papiers Fraser, qui en réalité est contrôlé depuis le début de toute cette fraude par Brookfield Asset Management, a repris ses opérations au Nouveau-Brunswick sous le nouveau nom de Twin Rivers. L'entreprise y opère une usine de pâte et une scierie. Les travailleurs actifs ont dû repartir à zéro. Ceux qui étaient auparavant à l'emploi de Papiers Fraser verront eux aussi leur pension réduite de 40 % et ils ont perdu les avantages sociaux qu'ils avaient accumulés tout comme s'ils n'avaient jamais travaillé pour Fraser.

Pendant tout ce temps c'est la même gang, Brookfield, qui est restée propriétaire de l'entreprise. Brookfield a utilisé la procédure de faillite pour se débarrasser des pensionnés et des primes de séparation qui vont aux travailleurs qui ont perdu leur emploi.

Le SCEP réclame plus que jamais des modifications aux lois de la faillite pour que les réclamations des travailleurs aient la priorité quand les entreprises se placent sous la protection de la faillite. Cela montre bien la raison d'être du thème de notre Congrès : « Priorité aux travailleurs et travailleuses ! Défions les règles ! »

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Kelowna, Colombie-Britannique

Les travailleurs accusent leur entreprise
de «fausse représentation par négligence»
dans un changement de fonds de pension

Extraits d'un article du 7 septembre du Globe and Mail avec commentaires entre parenthèses. Les citations du Globe and Mail sont traduites de l'anglais.

* * *

(Les travailleurs apprennent une amère leçon sur les fonds de pension à cotisations déterminées.)

L'entente semblait avantageuse. En 1997, les employés de ce qui était alors Riverside Forest Products Ltd. à Kelowna en Colombie-Britannique avaient reçu une offre valable une seule fois : demeurer avec leur fonds de pension (à prestations déterminées) ou le changer pour un nouveau fonds de pension à « cotisations déterminées ». « Que ce soit pour un nouveau manteau ou une nouvelle voiture, nous faisons notre choix uniquement sur la base de nos besoins personnels », avait alors affirmé l'entreprise dans un bulletin distribué aux plus de 200 employés. « Quand il s'agit de planifier notre retraite, chacun l'imagine différemment. D'où l'importance d'avoir un choix dans la planification de notre avenir. »

(Le mot « choix » est devenu un thème central des politiques antisociales ; on parle par exemple de « choix » individuels pour remplacer et détruire le système public d'éducation et de santé. Dans le langage des propriétaires du capital, plus de choix veut dire plus de moyens pour plumer le poulet. Le seul choix véritable pour la classe ouvrière c'est ce qui sert ses intérêts contre les intérêts des propriétaires du capital et de leurs monopoles.)

L'entreprise admettait que le nouveau fonds de pension (à cotisations déterminées) ne garantirait plus combien le travailleur toucherait à sa retraite. Chaque employé a alors reçu une trousse personnalisée avec graphiques et chartes qui estimaient combien il recevrait avec le nouveau fonds. Plusieurs employés ont accepté de faire le saut.

(C'est un signe de détresse et du besoin de nouveaux arrangements quand ceux qui contrôlent le pouvoir économique et politique n'ont pas d'autre recours que la magie des mots pour imposer leur choix.)

En 2004, Vernon Tolko Industries Ltd, qui est basé en Colombie-Britannique, a pris le contrôle de l'entreprise. Un employé qui avait opté pour le nouveau fonds de pension (à cotisations déterminées) a décidé, soucieux de son avenir, d'examiner son fonds de pension avec l'aide d'un conseiller financier. Les chiffres ne concordaient plus avec ce qui avait été promis, et l'affaire fait présentement l'objet d'une requête en justice devant la Cour Supérieure de la province. Selon cette requête déposée par un groupe d'employés qui demandent maintenant réparations, Tolko s'est rendu coupable de fausse représentation par négligence en sous-estimant la valeur de l'ancien fonds de pension et en surestimant la valeur du nouveau fonds. Les projections de revenus, a dit en cour l'avocat Irwin Nathanson, « étaient de la pure fiction ».

(Cet article du Globe and Mail absout les gouvernements. C'est la responsabilité sociale d'un gouvernement de défendre ses citoyens. Les travailleurs sont victimes de ce genre de fraude dans les pensions partout au Canada. Les fonds de pension à prestations déterminées sont attaqués et non seulement les gouvernements fédéral et provinciaux refusent-ils d'intervenir à la défense des travailleurs, mais ils bloquent les propositions de réformer le Régime de pensions du Canada pour en faire un fonds de pension universel à prestations déterminées à un standard canadien pour tous les gens âgés.

En Ontario, le monopole de l'acier US Steel, après avoir réussi à imposer cette concession aux métallos de Lake Erie Works suite à un lock-out brutal de neuf mois, cherche maintenant à forcer les nouveaux engagés à Hamilton Works à se placer sous un fonds à cotisations déterminées. Qu'est-ce que le gouvernement a fait pour défendre les Canadiens dans ce cas et contre les attaques sur les pensions en général ?

Le gouvernement sait très bien que la prise de contrôle de Stelco par US Steel n'a pas apporté un avantage net au Canada et pourtant il permet que ces attaques continuent. Bien que les gouvernements aient plein d'experts financiers et en matière de pensions, ils ont refusé d'intervenir en 1997 au moment de la fraude à Riverside Forest Products et ils refusent toujours de se tenir debout face à US Steel, Nortel et tous les autres monopoles qui attaquent ouvertement les pensions des Canadiens. Les gouvernements qui refusent de défendre leurs citoyens ne méritent pas d'être au pouvoir.)

Un fonds de pension traditionnel à prestations déterminées (PD) garantit aux employés un montant de pension prévisible. Dans les fonds de pension à cotisations déterminées (CD), les employeurs et les employés cotisent mais le montant des pensions peut fluctuer. Ces dernières années, plusieurs entreprises canadiennes ont troqué le coûteux fonds de pension PD pour un fonds CD, lequel transfère les risques d'investissements de l'employeur – qui n'est plus obligé de combler le déficit du fonds – à l'employé. Des avocats spécialisés en matière de pensions prédisent que des conflits du genre vont se multiplier à mesure que les employés qui sont allés vers les fonds CD ces vingt dernières années vont s'approcher de la retraite et ne pas aimer ce qui les attend. Murray Gold, qui a représenté des syndicats, des employés et des retraités dans des litiges concernant les pensions, prédit que d'autres poursuites en justice comme celle en Colombie-Britannique vont vraisemblablement se produire. « Il faut se demander, a dit Gold, si une entreprise qui change son fonds de pension le fait pour s'avantager elle-même en tant qu'employeur ou en tant qu'administrateur de fonds de pension qui veille au bien-être des membres. » Il ajoute que la question soulève un problème plus vaste.

« Est-ce que c'est votre devoir d'expliquer à vos employés que même si vous prédisez des rendements de 5, 6 ou 7 %, les résultats peuvent être bien moindres ? Ou alors est-ce juste une question de malchance ? » Les employés ont fait valoir que Tolko et ses actionnaires ont mal calculé les montants que les employés transféraient de leur ancien fonds de pension dans leur nouveau fonds. Ils accusent également Tolko d'avoir fait une prédiction « déraisonnable » des revenus que le nouveau plan apporterait aux pensionnés. Tolko et son conseiller ont rejeté les accusations et ont fait remarquer que le fonds a été approuvé par le surintendant des pensions de Colombie-Britannique.

(Cela n'absout pas Tolko mais prouve tout simplement une fois de plus que les gouvernements fédéral et provinciaux et leurs institutions sont en collusion avec les monopoles pour nier les droits des travailleurs. Les travailleurs et leurs alliés doivent exposer au grand jour ces fraudes contre les pensions, défendre vigoureusement les pensions qu'ils ont et demander des pensions à prestations déterminées à un standard canadien pour tous.)

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Honduras

Honte et espoir au Honduras

Chaque fois que je lis ou que j'entends des nouvelles sur le Honduras, je me souviens toujours avec admiration d'un Mexicain d'origine hondurienne, le plus jeune des 81 hommes qui accompagnaient Fidel Castro lors de son retour à Cuba, amerrissant à proximité des contreforts de la Sierra Maestra le 2 décembre 1956, pour commencer la guerre de libération qui a mis fin à la tyrannie de Fulgencio Batista.

Son nom est Alfonso Zelaya et il a servi la révolution cubaine avec courage et fidélité jusqu'à sa mort des suites d'une crise cardiaque en 1994, alors qu'il visitait sa ville natale de Coahuila. Il y était né en 1936, le fils d'un exilé du Honduras qui avait été forcé de quitter sa patrie à cause de sa participation aux luttes sociales. Alfonso était le neveu du poète national hondurien Zelaya Alfonso Guillén et a choisi son nom de guerre « Guillén » en son honneur.

Le lien héréditaire militant existant entre lui et le président hondurien Manuel Zelaya est évident, comme en témoigne l'esprit rebelle rempli d'honneur que Zelaya a affiché avant, pendant et après le coup d'État du 28 juin 2009.

Avec ce coup d'État, les forces néo-conservatrices des États-Unis et l'oligarchie locale corrompue ont écrasé une administration qui, même si elle avait été élue dans des conditions difficiles qu'imposent les systèmes démocratiques bourgeois, avait mené honnêtement les affaires publiques et entrepris des mesures en faveur du peuple – que la bourgeoisie a jugées inacceptables.

Surtout, Washington a cherché à attaquer l'Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA), l'association de solidarité des pays les plus progressistes de la région, afin de commencer une contre-offensive en Amérique centrale et du Sud contre les avances faites par les forces anti-impérialistes et de gauche, cherchant à rétablir les anciens rapports de domination et d'assujettissement.

Il n'y a rien de nouveau en ce qui a trait à la répression brutale existant aujourd'hui au Honduras. Les citoyens de cette nation d'Amérique centrale sont très familiers avec les méthodes que l'oligarchie asservie aux visées des États-Unis a employées pour exercer le pouvoir pendant de nombreuses années, ce qui a entraîné de la pauvreté et l'injustice.

Ce qui est nouveau, c'est la force de la résistance du peuple hondurien – non pas parce que le Honduras n'avait pas de leaders patriotiques durant sa lutte pour l'indépendance politique de l'Espagne, puis, après avoir obtenu l'indépendance politique il y a 189 années, durant la lutte pour la deuxième indépendance définitive. Ce sont des hommes qui ont risqué leur vie avec leurs frères d'Amérique latine et des Caraïbes. Non, ce qui est nouveau, c'est l'éveil des masses suite à la léthargie créée par les illusions néolibérales.

Cherchant à légitimer la dictature qui est arrivée au pouvoir par un coup militaire, les États-Unis ont « recommandé » au gouvernement de facto qu'il tienne une élection – qui a placé au pouvoir Porfirio Lobo – tout comme il avait instamment prié le dictateur Batista, à Cuba, de tenir une élection frauduleuse qui l'a confirmé en tant que président. Derrière les farces électorales en Irak et en Afghanistan il y a le même but : « légitimer » les marionnettes de Washington.

Sous l'administration progressiste de Manuel Zelaya, le peuple hondurien a joui d'avantages notables ; maintenant, toutes ces réalisations ont été effacées en peu de temps. Les auteurs du coup d'État ont restauré les privilèges des puissantes compagnies pétrolières étasuniennes que l'administration du pouvoir civique de Zelaya leur avait retirés après avoir surmonté d'énormes obstacles.

L'adhésion du Honduras à l'ALBA, un projet de solidarité qui a été très utile pour ce pays d'Amérique centrale, a été annulée, laissant le pays à la merci des politiques monétaires des grandes banques étasuniennes et du système financier international qu'elles défendent.

La situation actuelle au Honduras est éminemment pré-révolutionnaire. D'une part, la répression sélective et générale, les disparitions, les meurtres, les violations des droits civils, les tortures de prisonniers, la censure, les menaces et les enlèvements de journalistes. D'autre part, les progrès de la résistance du peuple, parce que les gens ont perdu leur crainte de l'armée et de la police et la fusion des mouvements populaires en un Front national de la résistance populaire (FNRP) avec l'incorporation croissante dans la lutte des individus et des organisations sociales et professionnelles.

La victoire du peuple cubain le 1er janvier 1959 n'aurait pas été possible sans le coup d'État de Batista, le 10 mars 1952.

Cela a été la contribution contradictoire de l'oligarchie cubaine – qui a été honteusement dépendante de l'impérialisme étasunien – pour les réalisations actuelles de Cuba et, par extension, à l'avenir de l'Amérique latine et les Caraïbes.

Le fait que les Cubains – même s'ils font l'objet de la plus longue campagne de diffamation dans l'histoire du monde et le plus important blocus économique, commercial et financier auquel une nation ait jamais été soumise – ont sauvé leur révolution et ils jouissent maintenant d'un des niveaux de vie parmi les plus élevés du Tiers-monde, démontre que les rêves que chérissaient les pères fondateurs des nations latino-américaines peuvent devenir réalité.

Sans la résistance des Cubains contre l'impérialisme étasunien durant plus d'un demi-siècle, les perspectives actuelles de l'Amérique latine seraient impensables.

Le peuple hondurien résiste résolument depuis le coup d'État honteux de juin 2009 contre le Honduras, qui vise l'Amérique latine. L'avenir est rempli d'espoir.

(Traduit de l'anglais par le Maxiste-léniniste)

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