Le Marxiste-Léniniste

Numéro 66 - 15 avril 2010

Le budget du Québec expose un gouvernement
en contradiction avec le peuple et la société

Manifestation en Front commun
à l'ouverture du Conseil général du Parti libéral
Vendredi le 16 avril à 16h30

St-Hyacinthe
Départ : 7500 Chemin Chambly) à St-Hubert
Pour information: www.syndic-champlain.qc.ca

Jean Charest va voir les patrons...
Il se fout du reste de la population!

Jeudi le 22 avril à 11h
Montréal
Devant le Centre Mont-Royal (2220, rue Mansfield - métro Peel)
Organisée par la Coalition opposé à la tarification et à la privatisation

Le budget du Québec expose un gouvernement en contradiction avec le peuple et la société
Réactions au budget 2010-2011

Accueil | Archives | English

Le budget du Québec expose un gouvernement
en contradiction avec le peuple et la société

Le 31 mars dernier le Parti libéral au pouvoir à l'Assemblée nationale du Québec a déposé son budget 2010-2011. Ce budget contient différentes initiatives regroupées dans quatre catégories :

1. une hausse généralisée de l'imposition des particuliers, notamment par la taxe de vente et les frais d'usager pour les programmes sociaux et les services publics ;

2. une déclaration d'intention de réduire les programmes sociaux et les services publics ;

3. une affirmation à l'effet que le gouvernement refuse de négocier avec les travailleurs du secteur public et qu'il dictera les conditions, y compris concernant les salaires et les avantages sociaux ;

4. une offensive idéologique et politique contre ce qui est généralement considéré comme le tissu social du Québec.

Absentes de ce budget sont les initiatives pour que le gouvernement s'acquitte de ses responsabilités sociales envers la population et envers la société québécoise. Il n'identifie pas les principaux problèmes et les principales contradictions de la société québécoise et n'a donc aucune proposition à faire quant à leur résolution. On ne sent pas à la lecture du budget que le gouvernement connaît vraiment les problèmes de la population et de la société. Il y a une absence marquée de toute discussion ou proposition sur comment le gouvernement va renforcer l'économie socialisée, qui est en crise. L'économie socialisée est la seule source de produit social pour répondre aux besoins de la population, satisfaire l'intérêt général de la société et spécifiquement financer les programmes sociaux et les services publics.

Les programmes sociaux, les services publics et l'entreprise publique et l'élévation du niveau de vie sont les points d'appui de l'économie et du tissu social du Québec. Ils sont les plus grands antidotes au cycle destructeur de l'économie capitaliste privée. Le budget du 31 mars voit les choses à l'envers et attaque la base de l'économie, ses programmes sociaux, services publics, l'entreprise publique et le niveau de vie de la population. La proposition de hausser la taxation des particuliers et les frais d'usager pour les programmes sociaux et les services publics auront pour conséquence de transférer de la valeur de la classe ouvrière et des couches moyennes hors de l'économie et dans les mains de l'oligarchie financière internationale, ce qui entraînera une baisse du niveau de vie et un affaiblissement de l'économie, qui sera davantage en proie à la crise.

Les propositions concernant la taxation et les frais d'usager sont régressives. Elles vont à contre-courant de la tendance progressiste de l'histoire : que les gouvernements, pour répondre aux besoins de la population et satisfaire l'intérêt général de la société, perçoivent les revenus dont ils ont besoin directement auprès des entreprises publiques et privées et non pas indirectement auprès des particuliers.

Les propositions contenues dans le budget concernant la taxation sont les suivantes :

Taxes de vente du Québec (TVQ)

* Hausse de 1 % le 1er janvier 2011, portant la TVQ à 8,5 %
* Hausse de 1 % le 1er janvier 2012, portant la TVQ à 9,5 %
* La taxe de vente combinée du Québec et du fédéral sur les biens et services sera tout juste inférieure à 15 % en 2012.

La hausse de cette taxe, qui est payée en majeure partie par les particuliers, représente un montant additionnel de 400 millions $ en 2010-2011, de 1,9 milliard $ en 2011-2012 et de 3,1 milliards $ en 2012-2013. Les revenus de la TVQ seront de 14,92 milliards $ en 2012-13, sans compter la TPS et les autres taxes à la consommation.

Note : Le montant total de l'impôt des sociétés au Québec en 2011 sera de 4,05 milliards $. C'est moins que la somme perçue auprès de trois grandes sociétés d'État : Hydro-Québec, Loto-Québec et la Société des alcools du Québec, qui ensemble paieront 4,59 milliards $. Imaginez le revenu public qu'on pourrait générer s'il y avait des entreprises publiques vibrantes et diversifiées dans la foresterie, les mines, la sidérurgie, la métallurgie, l'alimentation, les produits pharmaceutiques, les fournitures d'hôpitaux, les autres secteurs manufacturiers et le secteur de la vente du gros et des magasins-entrepôts.

Hausse de la taxe sur le carburant

* Une hausse de 1 cent le litre d'essence à compter du 1er avril et des hausses annuelles de 1 cent le litre les trois années suivantes.

Total prévu des revenus de la taxe sur le carburant pour 2010-2011 : 1,84 milliards $

Le gouvernement permettra également à la Ville de Québec et à la Ville de Montréal de percevoir une taxe additionnelle de 0,015 $ sur le litre pour « générer le financement pour le transport en commun et les infrastructures ».

Note : Les dépenses totales pour le transport en 2010-2011 (qui comprend les routes et le transport urbain) sont de 2,79 milliards $. Dans la comptabilité centrée sur le capital, l'investissement pour le transport est considéré comme une dépense de capital mais contrairement aux dépenses de capital d'une usine, par exemple, la valeur publique investie dans le transport est considérée comme une perte ou une valeur non remboursable pour l'économie à titre de valeur transférée dans l'usage ou l'amortissement des équipements ou infrastructures. Ce qui est impossible. Pour être plus exact, c'est de la désinformation. La somme investie dans les infrastructures publiques retourne à l'économie socialisée mais elle est en majeure partie accaparée en cachette par les monopoles et les autres entreprises exploitant au Québec. Un certain pourcentage de la valeur transférée des infrastructures publiques (y compris l'éducation) devrait apparaître dans le bilan financier des monopoles comme partie du revenu brut. Cette valeur transférée des infrastructures publiques devrait être retournée au trésor public pour être réinvestie mais cela ne se fait pas. Le déplacement de la valeur dans l'économie socialisée est obscurci pour cacher le fait que l'État donne aux riches et à leurs monopoles les moyens de protéger et d'accroître leurs empires et à la classe privilégiée les moyens de s'enrichir aux dépens de la classe ouvrière, des couches moyennes et de la société.

La franchise santé

* Le gouvernement propose que chaque adulte verse annuellement une contribution générale pour les services de santé. Elle sera de 25 $ par adulte en 2010, de 100 $ en 2011 et de 200 $ en 2010.

En plus de la taxe sur la santé, le Parti libéral au pouvoir fait circuler l'idée d'une franchise à payer de 25 $ par visite médicale.

La taxe à la santé et la franchise font partie d'une vaste campagne de désinformation sur la nature des problèmes dans le système de santé public. Le système de santé public n'a jamais été véritablement public, dans le sens qu'il a toujours été lié au profit privé. Il est une source d'immenses profits privés pour les monopoles des produits pharmaceutiques et de l'approvisionnement médical et d'autres comme les agences de travail à contrat. Le drainage de la valeur par les monopoles représente la plus importante des contradictions à résoudre dans le domaine de la santé, mais le gouvernement ne la reconnaît même pas. Il introduit une taxe à la santé qui a pour effet de soutirer encore plus de valeur à l'économie au profit des monopoles privés de la santé.

Le gouvernement vante les mérites de ses dépenses pour « les infrastructures technologiques et informatiques, de même que l'implantation de nouvelles technologies porteuses ». La pression sur le système de santé provient du fait qu'il n'est pas réellement public et affranchi du profit privé, de la production des matériaux, dont la construction et le financement, les produits pharmaceutiques et les approvisionnements médicaux, jusqu'à la livraison des services. Le budget ne dit rien concernant ce problème très réel et cette contradiction entre le public et le privé et choisit plutôt de lancer une diversion en faveur d'une taxe à la santé et d'une nouvelle franchise pour les consultations. Sa campagne de désinformation obscurcit le fait que les investissements dans la santé sont positifs pour la société et la population. Le gouvernement répète sans cesse que les services de santé sont « un coût » et omet de préciser que ces « coûts » sont en majeure partie attribuables à la valeur que les entreprises privées retirent du système et que c'est l'entreprise privée qui est responsable de l'augmentation des coûts.

Les tarifs

Les tarifs seront indexés annuellement au coût de la vie pour tous les services publics à l'exception des services de garderie, suivant ce que le gouvernement considère comme « juste » et comme correspondant « aux coûts des produits et services ». Le Parti libéral au pouvoir parle de « tarifs équitables » et d'une « révolution culturelle » au Québec. Par exemple, à la Société des établissements de plein air du Québec le tarif d'accès quotidien aux parcs nationaux pour un adulte passera de 3,50 $ à 5,50 $. Cette « révolution culturelle » est en fait une contre-révolution et un recul par rapport au principe de l'universalité d'accès aux institutions et services publics sans égard à la capacité de payer.

Frais de scolarité

* Le budget annonce que « le gouvernement haussera les frais de scolarité universitaire à compter de l'automne 2012 ».

Cette proposition s'inscrit dans la mentalité de « l'utilisateur payeur » que répand le parti au pouvoir dans sa contre-révolution culturelle. L'idée que l'éducation est un droit est depuis longtemps inscrite dans le tissu social du Québec, pas dans le sens qu'il a été réalisé mais dans le sens que si la société veut progresser, elle doit garantir ce droit, ce qui veut dire une éducation publique gratuite et universelle de la première année jusqu'à l'université sans restriction relative à la capacité de payer. La proposition d'augmenter les frais de scolarité cache le fait que les monopoles bénéficient de l'éducation de la jeunesse dans leur construction d'empires, mais refusent de l'admettre et de consacrer une partie du produit social réalisé par les travailleurs québécois dans leurs entreprises à l'investissement dans le réseau d'éducation public. Ce refus des monopoles et des gouvernements d'admettre que les investissements dans l'éducation et la santé et les autres programmes sociaux sont nécessaires au fonctionnement d'une économie moderne et à l'épanouissement de la société, fait de l'élite dominante un obstacle au progrès du Québec. Les riches et leurs monopoles se prétendent des îlots indépendants dans un marché mondial chaotique, qui ne peut pas et ne doit pas être dompté par le facteur humain/conscience sociale. Officiellement, ils ne reconnaissent même pas l'existence de la société québécoise comme telle, ils ne reconnaissent que le marché québécois, mais ils savent au fond qu'ils ne pourraient subsister un seul jour sans la protection de la machine d'État capitaliste monopoliste organisée à outrance et sans les biens matériels produits par l'ensemble de la classe ouvrière, pas seulement « leurs » employés.

La proposition de hausser les frais de scolarité fait partie d'un plan pour détruire l'éducation publique et la livrer à l'entreprise privée du primaire jusqu'à l'université. Cette campagne en faveur de la privatisation de l'éducation est en contradiction directe avec la réalité d'un Québec moderne en tant qu'économie socialisée et en tant que nation ayant besoin d'institutions et d'entreprises publiques modernes sous le contrôle conscient des véritables producteurs, la classe ouvrière et les couches moyennes, pour progresser dans le XXIe siècle.

Augmentation des tarifs de l'électricité

* Le budget propose une augmentation annuelle de 3,7 % des tarifs d'électricité pour les particuliers et les petites et moyennes entreprises à compter de 2014-2015 et des hausses subséquentes liées au coût de la vie. Les grands consommateurs industriels sont spécifiquement exemptés.

La partie du budget qui porte sur le prix de l'électricité trahit la conception du monde capitaliste monopoliste du Parti libéral et son mépris pour le peuple. Les monopoles sont considérés comme la source de la richesse, pas la classe ouvrière qui transforme les matières premières par son travail. Le peuple est réduit à un simple consommateur anticonscient à qui il faut rappeler, en haussant les tarifs, de faire un effort pour conserver ce que les monopoles produisent. Selon le gouvernement libéral, « le bas tarif entraîne chez le consommateur québécois une perception sous-évaluée de cette ressource précieuse. Les Québécois ont peu d'incitation à améliorer leur efficacité énergétique. »

Mais il chante un tout autre refrain quand il s'agit des monopoles : « La clientèle industrielle du tarif L, c'est-à-dire le tarif de grande puissance, sera exonérée de la hausse du prix de l'électricité patrimoniale. [...] Pour cette clientèle, qui regroupe 150 grandes entreprises industrielles, l'électricité est une composante importante des coûts de production. »

Les particuliers et les petites et moyennes entreprises « sous-évaluent cette précieuse ressource » et ont « peu d'incitation à améliorer leur efficacité énergétique », mais les 150 plus grands monopoles pour qui l'électricité « est une composante importante des coûts de production » n'ont pas besoin d'incitation pour être des citoyens exemplaires et consciencieux et peuvent jouir de tarifs réduits parce qu'ils ont la conscience sociale de conduire le Québec vers un brillant avenir vert ! C'est la mentalité qui dit que toutes les ressources humaines et matérielles de la nation doivent être mises à la disposition des monopoles pour les rendre concurrentiels sur les marchés mondiaux parce que cela a des « retombées » pour les simples gens qui pourront grâce à eux rêver d'un avenir prospère et de jours meilleurs. C'est à croire que ce gouvernement vit sur une autre planète. Ne connaît-il pas ces 150 plus grands monopoles ? Ne sait-il pas ce qu'ils ont fait à l'économie et à la société québécoises lors de la dernière crise économique ? En ce moment-même les Montréalais s'organisent pour contester le droit d'un de ces monopoles appelé Shell de fermer ses raffineries. Et que dire des monopoles forestiers ? Veillent-ils eux aussi à notre avenir et à notre bien-être ? Le Parti libéral au pouvoir affirme que « ces entreprises sont en bonne partie situées dans les régions, où leur contribution à l'économie et à l'emploi est vitale. Une hausse des coûts de l'électricité diminuerait de façon importante leur rentabilité et pourrait même entraîner la fermeture de certaines entreprises. »

Nous prend-il pour des valises ? Bien sûr que ces « entreprises situées dans les régions » font « une contribution vitale à l'économie et à l'emploi », elles sont les seuls employeurs ! C'est d'ailleurs une autre raison pour laquelle il faut restreindre les monopoles dans leur activité destructrice et les placer sous le contrôle d'un gouvernement socialement responsable. La restriction du droit de monopole comprend transformer « les 150 plus grandes entreprises industrielles » en entreprises publiques si c'est ce qu'il faut pour forcer les entreprises à servir les régions et l'économie socialisée du Québec plutôt que l'intérêt étroit de l'empire privé.

En somme, on estime que les taxes et tarifs proposés par le budget représentent 10 milliards $ annuellement pour les particuliers. La Presse canadienne calcule qu'« une famille de quatre gagnant 70 000 $ payera 650 $ de plus en 2011 et 1 250 $ de plus en 2012. Une personne seule gagnant 40 000 $ payera 365 $ de plus en 2011 et 1 250 $ de plus en 2012. »

Ces mesures fiscales régressives constituent un transfert direct de richesse de la classe ouvrière et des couches moyennes aux propriétaires du capital. Le produit social annuel du Québec est réclamé principalement par trois groupes : les réclamations des travailleurs et des couches moyennes, les réclamations des gouvernements et les réclamations des propriétaires du capital. Ce transfert du produit social des réclamations des travailleurs et des couches moyennes a pour effet de réduire directement leur niveau de vie, parce que la différence va se retrouver tôt ou tard dans la catégorie des réclamations des propriétaires du capital, surtout dans ce climat de dévalorisation des programmes sociaux et des services publics. Les mesures fiscales proposées par le gouvernement sont régressives. Elles vont à contre-courant de la tendance historique qui veut que les gouvernements, pour satisfaire les besoins de la population et l'intérêt général de la société, doivent percevoir les revenus nécessaires directement auprès des entreprises privées et publiques et non pas indirectement auprès des particuliers.

Ce budget est une expression de la lutte entre le peuple et les propriétaires du capital monopoliste pour les réclamations au produit social réalisé par les travailleurs québécois. Le capital financier international cherche à réduire les réclamations des travailleurs et des couches moyennes, à abaisser leur niveau de vie et à fracturer le tissu social de la nation avec une contre-révolution culturelle. Cette attaque contre les réclamations des travailleurs et des couches moyennes se mène partout dans le monde, comme en Grèce où l'oligarchie internationale exerce une pression immense sur le peuple. À chaque fois, le faux prétexte donné est qu'il faut payer la dette et réduire les déficits, dette et déficits qui sont créés par le capital monopoliste et desquels ils tirent un profit toujours plus grands, peu importe qu'il y ait hausse ou diminution de la dette et des déficits. Le budget du Québec est une attaque contre le peuple et la société. Il expose un gouvernement en contradiction avec le peuple et la société.

À suivre : Discussion sur les trois autres initiatives du gouvernement : une déclaration d'intention de réduire les programmes sociaux et les services publics ; une affirmation à l'effet que le gouvernement refuse de négocier avec les travailleurs du secteur public et qu'il dictera les termes, y compris concernant les salaires et les avantages sociaux ; une offensive idéologique et politique contre ce qui est généralement considéré comme le tissu social du Québec. Nous aborderons ensuite ce qui manque dans le budget et les déclarations du Parti libéral au pouvoir, comme les initiatives pour que le gouvernement s'acquitte de ses responsabilités sociales envers la population et la société québécoises et pour mener à la résolution des contradictions surgies spontanément dans le développement d'un Québec moderne.

(Source : Plan budgétaire 2010 et Discours sur le budget)

Haut de page


Réactions au budget 2010-2011
du gouvernement libéral du Québec

Montréal le 20 mars 2010: manifestation de plus de 75 000 travailleurs du secteur public du Québec

Ce qu'ont dit les centrales syndicales

Fédération des travailleurs du Québec (FTQ)

« On a beaucoup de mal à comprendre l'acharnement de ce gouvernement à ne mettre à contribution que les particuliers, par la hausse des tarifs et l'instauration d'une contribution individuelle pour le système de santé », a fait valoir le président de la FTQ, Michel Arsenault. On demande aux particuliers de fournir 31 % de l'effort pour atteindre l'équilibre budgétaire et 7 % seulement aux entreprises. La balance, ce sont essentiellement les travailleurs et les travailleuses des secteurs public et parapublic qui l'assumeront ».

Ces derniers sont particulièrement touchés et la FTQ craint que la diminution de la croissance des dépenses de 3,2 % à 2,9 % puis à 2,2 % par la suite n'ait une incidence directe sur les négociations en cours. Déjà présente dans la fonction publique, l'introduction de la règle du remplacement d'un départ sur deux pour le personnel administratif de la santé et de l'éducation ouvre grande la porte à la sous-traitance et à une privatisation accrue. « J'ose espérer que cette mesure ne s'appliquera pas au personnel syndiqué parce qu'il n'y a plus de marge de manoeuvre. »

« Par ailleurs, en sabrant dans la Commission de l'équité salariale et dans le Conseil consultatif sur le travail et la main-d'oeuvre, par exemple, le gouvernement attaque de front les derniers lieux du paritarisme. La création de la Commission nationale sur la participation au marché du travail, qui exclut les représentants syndicaux, en est une manifestation criante. C'est le modèle québécois sous plusieurs de ses aspects que ce budget remet en question », a déclaré le président de la FTQ.

Pour ce qui est du secteur de la forêt, qui est toujours en crise, le budget ne fait qu'annoncer la poursuite des mesures déjà engagées auxquelles on ajoute la maigre somme de 50,5 millions de dollars pour 2010-2011. « Compte tenu de l'ampleur des difficultés, c'est de beaucoup plus qu'ont besoin les travailleurs et les chômeurs de la forêt », a ajouté le secrétaire général de la FTQ, René Roy.

La confédération des syndicats nationaux (CSN)

Pour la CSN, il est faux d'affirmer que 60 % des efforts viennent du gouvernement puisque ce sont les services à la population qui vont être diminués. Le budget consacre une réduction considérable de l'État avec des compressions massives de dépenses qui vont au-delà du 3,2 % annoncé dans le dernier budget et une politique de non-remplacement d'un départ à la retraite sur deux, qui touche le personnel administratif des secteurs de la santé et des services sociaux et de l'éducation. « Tout cela alors qu'on fait appel de plus en plus aux personnels des agences privées, aux sous-traitants et aux PPP qui coûtent les yeux de la tête ! », critique la dirigeante syndicale. « ...c'est la majorité des contribuables qui risque de crouler sous des mesures hautement régressives, comme la hausse de tarif du bloc patrimonial d'électricité, l'introduction d'une contribution santé et d'un ticket modérateur et l'augmentation des droits de scolarité universitaire. C'est un lourd prix à payer pour le refus entêté du gouvernement à revoir la progressivité du système fiscal. Ce ne sont pas les 174 $ en moyenne que recevront les ménages moins nantis en crédit supplémentaire d'impôt qui feront une différence dans leurs poches. Ce budget constitue une brutale remise en cause de nos valeurs. »

Le syndicat intersyndical des services publics (SISP)

La porte-parole du Secrétariat intersyndical des services publics (SISP), Mme Dominique Verreault, soutient que limiter l'augmentation moyenne des dépenses à 3,2 % pour cette année et à 2,2 % d'ici 2013-2014 portera un dur coup aux services publics. En effet, depuis 2003, l'augmentation des dépenses a été maintenue à une moyenne annuelle de 4,8 % et c'était déjà nettement insuffisant. « Dans les faits, cette compression viendra accentuer dangereusement la pression sur l'ensemble des services publics ».

Mme Verreault déplore qu'en santé et en éducation, où les besoins de ressources supplémentaires font consensus, le gouvernement n'injecte pas de budget supplémentaire, se contentant à peine de couvrir l'augmentation normale des coûts de système. Pire encore, il va même jusqu'à étendre au personnel administratif des réseaux de la santé et de l'éducation sa politique du non-remplacement d'un départ sur deux à la retraite. Une politique qui se poursuit pour les fonctionnaires et les professionnels du gouvernement. « Ces départs ne se feront pas sans conséquence sur la qualité des services, car ces employés offrent un soutien essentiel aux employés de première ligne comme les enseignants, les professionnels, les techniciens et les infirmières », précise Mme Verreault.

La Fédération autonome de l'enseignement (FAE)

Selon La Fédération autonome de l'enseignement : le gouvernement poursuit-il lentement le démantèlement des services publics ? Il semble donner la réponse en annonçant la fusion ou l'abolition d'une trentaine d'organismes ou de fonds publics. En même temps, il gèle la masse salariale de la fonction publique jusqu'en 2014. Il faudra s'attendre à payer la facture : hausse moyenne des tarifs d'électricité, hausse des droits de scolarité, instauration d'une taxe sur la santé qui atteindra 200 $ par adulte en 2012 et augmentation de la taxe de vente (...) et si on nous rétorque que s'attaquer aux bénéfices des grandes sociétés c'est compromettre la création de la richesse, faut-il rappeler que l'éducation est un levier économique incontournable pour assurer l'avenir d'une nation. Limiter l'accès aux connaissances et à la formation adéquate, c'est aussi compromettre le développement social et économique. En négligeant l'éducation, on destine une part importante des élèves, particulièrement ceux qui éprouvent des difficultés, vers des métiers mal rémunérés, contribuant ainsi à maintenir ces individus dans le cycle infernal de la pauvreté.

Ce qu'ont dit les associations étudiantes

La Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ)

« Bien que nous réclamions depuis longtemps une consultation sur l'éducation, nous déplorons que le gouvernement écrive une partie de la conclusion en avance en parlant déjà de hausse des frais supplémentaire à compter de septembre 2012, ce à quoi la FEUQ ne peut adhérer », souligne Jean Grégoire, président de la Fédération étudiante universitaire du Québec. Rappelons que les étudiants universitaires subissent déjà une hausse des frais de scolarité de 6 % par année depuis 2007. La FEUQ doute particulièrement que le gouvernement puisse maintenir la couverture de la croissance des coûts de systèmes des universités à 2,7 %, alors que l'an dernier, cette hausse était de 4,7 %. « Comment le gouvernement en est-il arrivé à ce chiffre ? Qui aura à couvrir la différence si la prévision s'avère erronée ? », se demande M. Grégoire.


La FEUQ est particulièrement atterrée de constater que le gouvernement a retiré de son budget les montants provenant du Transfert canadien en matière de programmes sociaux et qui représentent environ 800 millions de dollars. Autre sujet d'insatisfaction pour la Fédération est l'absence de bonification du programme de l'Aide financière aux études (AFE) à la suite du transfert de 115 millions du programme canadien de bourses aux étudiants. « La bonification des bourses est absente du budget. L'aide financière aux études est déjà mal adaptée : il serait inacceptable qu'on n'utilise pas l'argent neuf reçu d'Ottawa pour d'autres fins que ce programme ! »

La Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ)

« On annonce un forum pour consulter la population sur les frais, mais on nous annonce à l'avance la conclusion. C'est comme nous demander : vous la voulez où, votre claque sur la gueule ? », a illustré Xavier Lefebvre Boucher, président de la Fédération étudiante collégiale du Québec. Pour la Fédération, toute nouvelle hausse des droits de scolarité risquerait de restreindre sérieusement l'accessibilité financière aux études. Les étudiants de cégeps sont également mécontents de ne toujours pas voir la couleur de leurs 35 M $. Rappelons qu'un transfert de 115 M $ de bourses d'études a été annoncé par le gouvernement fédéral le 3 février dernier et que de ces sommes, 35 M $ représentent de l'argent frais, ce que refuse de reconnaître la ministre de l'Éducation, des Loisirs et du Sports.

L'Association pour une solidarité syndicale (ASSÉ)

« Ce budget constitue un des pires de toute l'histoire du Québec, qui aura des impacts irréversibles pour l'accessibilité et la qualité des services publics », s'indigne Christian Pépin, porte-parole de l'ASSÉ.

Parmi les nombreuses mesures régressives proposées dans le budget, le gouvernement prévoit une nouvelle hausse des frais de scolarité en 2012, sans toutefois clarifier la nature de cette hausse. Un dégel des frais sévit déjà depuis 2007 et portera à terme en 2012 le coût d'un baccalauréat à 1500 $ supplémentaires. « Comment encore prétendre qu'une hausse des frais de scolarité n'aura aucun impact significatif sur le droit à l'éducation alors qu'une étude gouvernementale prévoyait déjà que le dégel actuel privera de 6000 à 13 000 étudiant-es des bancs des universités d'ici 2012 ? En persistant dans cette voie, il semble clair que la position du gouvernement relève de l'aveuglement idéologique pur et simple », lance Christian Pépin.

Pour « déterminer les modalités de cette hausse », le Parti libéral du Québec prévoit organiser une rencontre des partenaires de l'éducation dès l'automne prochain. « Il est hors de question pour les étudiant-es de participer à une consultation dont les orientations sont déjà imposées unilatéralement par le gouvernement. Encore une fois, les libéraux souhaitent mettre en place un exercice de relation publique pour faire passer la pilule du dégel des frais de scolarité et de la marchandisation de l'éducation... »

Le Conseil national des cycles supérieurs de la Fédération étudiante universitaire du Québec (CNCS-FEUQ)

C'est avec vigueur que le Conseil national des cycles supérieurs de la Fédération étudiante universitaire du Québec (CNCS-FEUQ) déplore la coupe de 33,9 M $ dans les organismes dédiés à la recherche et à l'innovation. « Cette coupe drastique marque un net recul pour les fonds subventionnaires québécois, qui avaient déjà besoin de 15 M $ supplémentaires en 2009-2010. Ce n'est pas en sabrant davantage que nous réussirons à maintenir et développer la recherche et l'innovation au Québec ! », s'exclame Olivier Beaulieu-Mathurin, président du CNCS-FEUQ.

Ce qu'ont dit d'autres associations de défense des droits collectifs

L'Association des centres jeunesse du Québec (ACJQ)

L'Association des centres jeunesse du Québec demeure inquiète pour les enfants, les jeunes en difficulté et leur famille à la lecture du budget provincial 2010-2011. La croissance limitée du budget représente un défi exigeant pour les centres jeunesse. Il faudra maintenir l'accessibilité et la qualité des services dans un contexte économique difficile.

L'ACJQ rappelle le lien direct entre la situation économique fragile et l'augmentation de signalements d'enfants aux directeurs de la protection de la jeunesse. Ce contexte exerce une pression supplémentaire sur les services des centres jeunesse qui voient malheureusement leur clientèle augmenter d'année en année.

La Fédération des associations de familles monoparentales et recomposées du Québec (FAFMRQ)

La Fédération des associations de familles monoparentales et recomposées du Québec est très déçue du budget déposé aujourd'hui par le ministre des Finances du Québec. En effet, bien peu de mesures viendront soulager les familles en situation de pauvreté, particulièrement les familles monoparentales. Ce n'est certainement pas avec le maigre 10,00 $ de plus dont les familles monoparentales vont bénéficier, avec l'instauration du nouveau crédit d'impôt remboursable pour la solidarité, qu'ils vont sortir de la pauvreté. « Cette mesure ne leur permettra pas de compenser pour les hausses de tarifs à venir. Ce que le gouvernement donne d'un côté il le reprend de l'autre : quel choix responsable ! », dénonce Sylvie Lévesque, directrice de la FAFMRQ. Nous sommes aussi très inquiètes par l'annonce de l'abolition du Conseil de la famille et de l'enfance et de son intégration au ministère de la Famille et des Aînés. Son indépendance ainsi que sa distance critique face aux orientations du ministère risquent d'être sérieusement compromises. Plus de 28 organismes et fonds seront également abolis ou fusionnés.

L'Association des retraités et retraitées de l'éducation du Québec (AREQ)

« En même temps qu'il annonce une rationalisation des dépenses, le gouvernement implante le concept d'utilisateur payeur pour des services déjà financés par le biais des impôts. Il vient donc piger dans nos deux poches en même temps. Les personnes aînées ont vécu l'époque où l'épaisseur du portefeuille déterminait l'accès aux soins de santé et à l'éducation. Elles se sont battues pour la création de services publics universels et gratuits et y ont contribué durant plusieurs décennies. Déjà affaiblies par la perte constante de leur pouvoir d'achat, elles ne veulent pas retourner 40 ans en arrière ! », a déclaré la présidente de l'Association des retraités et retraitées de l'éducation du Québec, Mariette Gélinas.

Malgré la contribution accrue des particuliers pour financer le système de santé, l'AREQ craint d'éventuelles coupures qui affecteront la qualité des services publics. La bonification de 5 M $ et l'assouplissement du crédit d'impôt pour maintien à domicile sont bien accueillis, mais demeurent nettement insuffisants en regard des 500 M $ de besoins évalués par le coprésident de la Consultation Blais sur les conditions de vie des aînés.

L'AREQ s'interroge enfin sur les raisons qui motivent l'abolition prochaine du Conseil des aînés. Doté de ressources très limitées (un million de dollars) cet organisme avait tout de même un mandat utile de réflexion et de conseil auprès du gouvernement, en plus de jouer un rôle de concertation entre les différentes organisations de personnes aînées. Cette décision envoie un message pour le moins ambigu au moment où le gouvernement dit vouloir reconnaître et valoriser la contribution des personnes aînées à la société.

Le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)

Le FRAPRU considère que les 3000 nouveaux logements sociaux ne font pas le poids face aux problèmes de logement. Selon une évaluation faite par l'organisme, il manque toujours 10 500 logements, dont près de 9000 logements familiaux, pour sortir de la pénurie de logements locatifs qui frappe le Québec pour une dixième année consécutive. Le FRAPRU ajoute que la crise économique a par ailleurs aggravé le problème d'incapacité de payer qui, au moment du recensement de 2006, obligeait déjà 203 000 ménages locataires à consacrer plus de la moitié de leur revenu en loyer, ce qui a entre autres fait augmenter considérablement le nombre de causes de non-paiement de loyer à la Régie du logement, lequel atteignait 46 818 en 2008-2009. Enfin, 111 710 logements locatifs ont besoin de réparations majeures.

Quant au nouveau crédit d'impôt pour la solidarité, Marie-José Corriveau, organisatrice au FRAPRU considère qu'il servira d'abord et avant tout à compenser pour les hausses de la TVQ et la contribution santé. « Le gain réel pour les familles monoparentales considérées aptes au travail ne sera que de 10 $ par mois, alors qu'il atteindra 17 $ pour les personnes seules dans la même situation. Pendant ce temps, les prestations d'aide sociale demeureront à leur ridicule niveau de 567 $ par mois. »

Le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ)

Le RCLALQ constate avec consternation qu'il n'y a encore rien pour les locataires dans le budget. Le RCLALQ rappelle que les délais moyens d'audience pour des causes générales devant le Tribunal de la Régie du logement sont de 16 mois. De tels délais constituent un déni de justice. « Quand les délais d'audience sont supérieurs à la durée d'un bail, cela équivaut à nier aux locataires le droit à un logement sécuritaire et en bon état d'habitabilité », s'indigne France Emond, porte-parole de l'organisme.

Option consommateurs

Option consommateurs estime que les ménages québécois ont été grandement affectés par les hausses de tarifs au cours des six dernières années, et que la récession a accéléré la précarité de leurs finances. Selon une étude comparative menée par l'organisme de 2004 à 2010, dans quatre municipalités du Québec (Montréal, Québec, Sherbrooke et Trois-Rivières), le logement a augmenté en moyenne de près de 10 %, le transport en commun de 16,3 %, et le prix des denrées alimentaires de base de 28 %. Ces hausses ont contribué à l'augmentation du taux d'endettement à la consommation des Québécois qui se situait à 38 % en 2008.

L'R des centres de femmes du Québec

Les femmes constituent la grande majorité des personnes au bas de l'échelle socio-économique. « Les femmes qui fréquentent les centres de femmes seront outrées des pertes énormes qui s'annoncent dans tous les programmes gouvernementaux [...]. On se dirige carrément vers une philosophie de l'utilisateur-payeur, en contradiction avec la philosophie à l'origine de nos politiques sociales », a déclaré Josette Catellier de L'R des centres de femmes du Québec. Parmi les mesures du budget on y apprend l'abolition de la Commission de l'équité salariale et le transfert de ses activités à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse. Qu'est-ce que cela veut dire dans les faits ? Vers quels méandres administratifs se dirige l'équité salariale ? Qu'adviendra-t-il de nos droits collectifs chèrement acquis ?

La Coalition des tables régionales d'organismes communautaires (CTROC) et la Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles (TRPOCB)

La Coalition des tables régionales d'organismes communautaires (CTROC) et la Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles (TRPOCB) dénonce ce budget du gouvernement du Québec qui s'attaque de plein fouet au droit à la santé et n'accorde pas le financement nécessaire aux organismes communautaires en santé et services sociaux. « En plus de réduire l'accès aux soins, le ticket modérateur et la contribution santé abaissent les soins de santé au rang de biens marchands alors qu'il s'agit d'un service public. La population se retrouve ainsi à financer les « bonnes performances » comptables des établissements de santé en fonction de leur rentabilité », a précisé Mercédez Roberge, coordonnatrice de la Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles.

Haut de page


Lisez Le Marxiste-Léniniste
Site web:  www.pccml.ca   Courriel: redaction@cpcml.ca