Les travailleurs doivent rejeter cette fraude avec tout
le mépris qu'elle mérite. C'est la classe ouvrière
du Québec qui produit toute la richesse sociale de la nation et
cette richesse est plus que suffisante pour financer les services
publics au niveau objectivement requis par la société.
Mais qui contrôle cette richesse est comment elle est
utilisée -
voilà le problème. Qui plus est, quand les travailleurs
font des réclamations légitimes à cette richesse
qu'ils produisent, les gouvernements et les médias de masse
poussent l'injure jusqu'à prétendre qu'ils sont la cause
de la dette croissante et des déficits. Pour qui nous
prennent-ils ? Le gouvernement dilapide la richesse sociale puis
il attaque
les travailleurs qui essaient de la protéger et de l'utiliser au
service de la nation !
Au coeur de la lutte des travailleurs du Front commun
est la question du genre de société que nous voulons. Les
travailleurs du Front commun veulent une société humaine,
moderne et avancée tandis que les forces antinationales et
antisociales tentent de ramener la société en
arrière et voient le Québec comme un territoire
annexé que les
monopoles américains et européens peuvent piller à
loisir.
Appuyons tous la lutte des travailleurs du Front commun
en forçant le gouvernement à satisfaire leurs demandes
par une entente négociée qui contribue à bloquer
la destruction des services publics ! Les travailleurs doivent
avoir les conditions de travail nécessaires pour dispenser les
services publics nécessaires au bien-être de tous.
Les revendications du Front commun
Nous reproduisons ci-contre les revendications du Front
commun présentées à la table centrale de
négociation. Il y a en plus 42 tables sectorielles où
les travailleurs amènent leurs revendications sur d'autres
conditions de travail comme celles par exemple qui s'opposent aux
emplois précaires et demandent la création
de postes stables à temps plein.
Stopper l'appauvrissement
Nos salaires ont augmenté moins rapidement que
l'inflation ces dernières années du fait des conditions
de travail décrétées par la loi spéciale en
décembre 2005. Notre pouvoir d'achat s'est
détérioré. Il faut stopper l'appauvrissement.
Protéger notre pouvoir d'achat
Les grandes institutions envisagent des taux d'inflation
de l'ordre de 2 % pour les trois prochaines années et c'est
également la cible de la Banque du Canada. Nous revendiquons
donc des hausses de salaires de 2 % par année, de 2010
à 2012, à titre de
protection de notre pouvoir d'achat. Cela totalise 6 % sur trois
ans.
Effectuer un rattrapage
Les pénuries se font déjà sentir
dans toutes les catégories d'emploi des secteurs public et
parapublic. Le renouvellement de la main-d'oeuvre pose des défis
particuliers. Il faut que les jeunes aient envie de prendre la
relève et cela commence par des salaires comparables à
ceux
versés dans le secteur privé. Rappelons que, pour des
emplois COMPARABLES, les personnes salariées de l'État
affichent un retard salarial de 8,7 % par rapport à tous
les autres travailleurs du Québec. Si on les compare aux
travailleuses et travailleurs du secteur privé qui sont
syndiqués, ce retard est de l'ordre
de 12,4 %.
Le renouvellement et le maintien des compétences
dans les secteurs public et parapublic passent en partie par un
rehaussement des salaires. Le Front commun propose d'amorcer un
rattrapage par rapport au secteur privé en demandant pour chaque
année, en moyenne, 49 cents l'heure, ce qui représente
1,75 %
du salaire moyen, soit 5,25 % pour la durée de la
convention.
Le contrat de travail souhaité couvre la
période allant du 1er avril 2010 au 31 décembre 2012.
Enrichissement
Une augmentation significative du PIB traduit un
accroissement de la richesse collective. Nous croyons que toutes les
personnes salariées ont droit à leur part de la richesse
que leur activité économique génère. Notre
demande prévoit donc une reprise des négociations afin de
déterminer
un montant additionnel à ajouter aux salaires, dans la mesure
où la croissance du produit intérieur brut
québécois, telle que mesurée par Statistique
Canada, excéderait 3,75 % pour une année
donnée.
Ouvriers spécialisés
Le Front commun revendique la constitution d'un
comité de travail patronal–syndical pour étudier les
problèmes des conditions de travail chez les ouvriers
spécialisés et pour formuler des recommandations aux
parties visant à favoriser l'attraction d'une relève et
la rétention
de la main-d'oeuvre expérimentée.
Retraite
Malgré les turbulences qui ont
défrayé les manchettes ces derniers mois, notre caisse de
retraite n'est pas en péril et la sécurité des
avantages à long terme est assurée. Par ailleurs, nous
estimons pertinent de profiter de cette négociation afin
d'apporter des ajustements visant notamment à
encore mieux assurer la stabilité du régime. À
cette fin, nous proposons de :
1. Revoir la méthode de financement afin de mieux
refléter la réalité de notre régime de
retraite. Ainsi, nous souhaitons rendre les modifications au taux de
cotisation, à la hausse comme à la baisse, plus
prévisibles et plus stables, tout en assurant la
viabilité à long terme du régime.
2. Assurer une plus grande équité entre
les cotisants. Nous souhaitons que l'exemption de cotisation s'applique
dorénavant à hauteur de 25 % du maximum des gains
assurables au lieu de 35 % actuellement. Une telle modification
s'accompagnerait d'une mesure assurant aux bas salariés qu'ils
n'auront
pas à débourser davantage.
3. Prévoir l'indexation pour les années
1982 à 1999 en leur appliquant la même méthode
d'indexation en vigueur depuis 2000. Cette mesure entrerait en vigueur
dès que le régime enregistrerait un excédent
supérieur à 20 %.
4. Abolir le plafond des 35 années de service
reconnues. Cette mesure s'autofinancerait en permettant aux personnes
en fin de carrière, et qui le souhaitent, de cotiser quelques
années de plus. C'est de plus un incitatif pour garder un peu
plus longtemps la main-d'oeuvre expérimentée et nous
aider à affronter les
défis que comporte un tel renouvellement de la main-d'oeuvre.
Droits parentaux
Les lois et leur interprétation évoluent
constamment. Certaines dispositions de nos conventions collectives
doivent être réexaminées pour nous assurer qu'elles
sont en phase avec les lois et règlements en vigueur.
Conciliation famille–travail
Pour mieux répondre aux enjeux du renouvellement
de la main-d'oeuvre et aux nouvelles réalités du
marché du travail, nous revendiquons l'adoption d'une loi-cadre
favorisant la conciliation famille-travail dans les milieux de travail.
Cette approche dans la négociation
est inédite puisque cette mesure s'appliquerait à
l'ensemble de la main-d'oeuvre du Québec.
Pour améliorer les services publics,
il faut y améliorer les conditions de travail!
- Donald Rheault, président du
Conseil central de la Confédération des syndicats
nationaux (CSN) en Abitibi-Témiscamingue-Nord du Québec -
LML : Quels sont les principaux
problèmes auxquels les travailleurs du Front commun font face en
ce moment ?
Donald Rheault : Le
problème majeur que nous avons dans le secteur public, que ce
soit la santé ou l'éducation, c'est la pénurie de
main-d'oeuvre. Dans le secteur des commissions scolaires, on a beaucoup
de difficulté à attirer et à garder le personnel
qualifié ouvrier d'entretien comme
les électriciens, les plombiers et les menuisiers compte tenu de
la différence salariale qu'il y a entre le réseau public
et le réseau de la construction. Il y a un écart
très important qui se situe en moyenne autour de 30 % dans
les salaires et les conditions de travail. C'est certain qu'un
travailleur qui travaille dans
le réseau de la construction n'est pas trop
intéressé à aller dans les commissions scolaires
ou les établissements de santé considérant
l'écart important dans les salaires et conditions de travail.
Cette pénurie, nous la vivons dans l'ensemble du réseau
de la santé et de l'éducation. Nos demandes visent
à combler cette
différence dans les conditions de travail. Nous demandons par
exemple la mise en place d'un comité de travail avec le
gouvernement pour regarder cette problématique et voir comment
on peut corriger le problème. Il faut absolument réduire
l'écart entre le salaire des ouvriers du secteur public et celui
des travailleurs
du réseau de la construction.
Dans le réseau de la santé nous vivons ce
problème dans les corps de métiers et les professions.
Compte tenu qu'il manque du personnel, alors on va vers la
sous-traitance ou bien on doit demander à notre monde de faire
plus d'heures supplémentaires, comme des quarts de travail
doubles. On le vit également
au niveau des préposés aux bénéficiaires et
à l'entretien ménager dans le réseau de la
santé.
Juste dans ma commission scolaire, ce sont 99,8 %
des métiers spécialisés et des travailleurs
d'entretien qui sont engagés par la sous-traitance. Nous sommes
seulement deux concierges qui appartiennent à l'unité de
négociation sur l'ensemble de tout le personnel de concierges
dans ma commission scolaire
qui comprend plus de 30 écoles. Les employeurs invoquent que la
main- d'oeuvre obtenue en sous-traitance coûte un peu moins cher.
En plus, la prestation de travail ne peut pas être la même
parce que l'objectif de l'entreprise qui a le contrat c'est de faire du
profit et non de se soucier de la santé ou de
l'éducation.
Nous avions par exemple deux postes, un poste temps plein à 38
heures et un poste à temps partiel à 20 heures semaine et
le tout a été comblé par un sous-traitant qui
avait 40 heures pour faire l'ensemble de la tâche. Il y avait un
18 heures qui était complètement absent alors c'est
certain que l'entretien n'était pas
le même.
Tout cela est intimement relié. Si tu ne donnes
pas de bonnes conditions, les gens ne sont pas trop attirés pour
venir travailler dans le réseau public. C'est un mythe de dire
que les conditions de travail dans le secteur public sont bonnes. Si
elles sont si bonnes, alors comment se fait-il que nous vivons une
pénurie
de main-d'oeuvre, que les gens n'appliquent pas pour les postes dans le
secteur public comme les postes d'employés de bureau. L'Institut
de la statistique du Québec a publié des données
avant la négo qui montrent que nous avons 7 %
d'écart avec les salaires du secteur privé quand tu
compares l'ensemble.
Nous avons élaboré nos demandes salariales sur la base
d'études comparatives et ces études n'ont pas
été faites par nous.
Nous avons des demandes au sujet du travail
précaire surtout dans le réseau de la santé. Il y
a tellement de postes à temps partiel et sur appel dans la
réseau de la santé. Nous voulons stabiliser la
main-d'oeuvre en créant des postes à temps plein. Je
trouve cela abominable que des établissements de santé
créent
tant de postes à temps partiel et sur appel au lieu de postes
stables à temps plein. On ne peut pas maintenir un service de
cette façon. Les gens s'empilent sur les listes de rappel pour
des postes temporaires, puis quand ils travaillent ils se
déplacent vers les postes qui se libèrent et alors les
employeurs se plaignent
qu'il n'y a pas de stabilité mais c'est normal que les
travailleurs cherchent à améliorer leur sort. S'ils sont
sur un poste de 4 heures et un poste de 6 heures se libère,
alors
ils vont postuler pour le poste de 6 heures. Il y a tellement de
mouvement de personnel qu'il y a des personnes qui sont engagées
à 40 heures par
semaine pour gérer la liste de rappels.
Nous vivons le même genre de problèmes dans
le réseau de l'éducation. Il y a de plus en plus
d'emplois précaires parmi les enseignants. Dans les commissions
scolaires, on ne crée pas des postes à temps plein mais
des fractions de postes et on maintient les gens dans des emplois
précaires. Ce sont des emplois
avec moins de conditions de travail et moins de protection, où
on peut mettre fin à l'emploi du jour au lendemain.
Tout cela est fait très consciemment. C'est tout
juste si les employeurs ne se couchent pas avec les conventions
collectives pour voir comment les éplucher et aller chercher
tout ce qu'ils peuvent, voir où est la faille. Nous nous
attaquons à cela dans nos demandes en réclamant des
postes à temps plein au lieu de
fractions de postes. L'employeur lui aussi dit qu'il en a assez de
l'instabilité mais il ne veut pas dire la même chose que
nous. Selon les employeurs, la stabilité c'est que si tu es
engagé sur un poste de 4 heures, alors tu dois y rester
même s'il y a un poste de 6 heures qui se libère. Mais nos
gens cherchent à améliorer
leur situation et c'est normal .
LML : Comment le budget Charest
va-t-il affecter les services publics ?
DR : C'est un budget
régressif de droite où les « lucides » comme
Castonguay
et Lucien Bouchard sont omniprésents. Nous nous opposons
totalement au
concept de l'utilisateur-payeur. On veut nous ramener aux années
50.
Les gens vont s'empêcher d'aller à l'hôpital parce
qu'ils n'ont pas les
moyens de se le payer. C'est dramatique pour une société.
Il faut se
rappeler d'où on vient. Je suis né et j'ai
été élevé dans un petit
village de la région et dans mon village il y avait des usuriers
qui
prêtaient de l'argent pour permettre aux gens d'aller se faire
soigner.
Ou bien le fermier payait le docteur avec une poule. Une fois que
l'usurier avait prêté de l'argent pour que la personne se
fasse soigner
il prenait contrôle de la vie de la personne. Les shylocks
chargeaient
des intérêts élevés ou bien ils demandaient
à la personne de faire des
travaux pour eux. Les gens se demandaient pourquoi une personne allait
faire des travaux pour ce monsieur mais il ne fallait pas parler de
ça.
Cela se passait dans les années 50 et les gens d'ici s'en
souviennent
très bien. Nous ne voulons pas retourner à cette
époque.
En conclusion, je veux dire que nous cherchons à
améliorer les conditions de travail afin d'améliorer le
service. L'un ne va pas sans l'autre. Nous voulons réduire les
problèmes de pénurie de main-d'oeuvre qui sont
utilisés comme prétexte pour privatiser les services.
Un exemple de demandes de concessions
qui sont faites aux tables sectorielles
Le syndicat des employés et employées du
Centre hospitalier universitaire de Québec (CHUQ), la section
locale 1108 du SCFP, siège sur une des tables sectorielles de
négociations du Front commun. Le syndicat a soumis ses demandes
le 30 octobre 2009 et la partie patronale a répliqué avec
ses offres le 18 décembre.
Sur son site web, le syndicat dénonce le fait que non seulement
le gouvernement du Québec n'offre rien du point de vue salarial
pour les cinq prochaines années, mais qu'il veut aussi imposer
des concessions dans les autres conditions de travail. Voici une liste
de certaines de ces concessions :
- Remettre en question l'ancienneté pour
l'attribution des quarts de travail (jour, soir, nuit)
- Revoir la notion de statut (temps complet, temps
partiel régulier, temps partiel occasionnel) afin de permettre
à l'employeur d'avoir de la flexibilité au moment de la
confection des horaires
- Revoir le mode d'attribution des
bénéfices (vacances, fériés, maladies) afin
d'accroître la disponibilité du personnel
- Permettre d'augmenter le nombre d'heures de travail
par jour sans temps supplémentaire
- Permettre d'augmenter le nombre de jours de travail
dans une semaine sans temps supplémentaire
- Réduire le taux de prestation versée en
assurance salaire
- Réduire le quantum de jours à la banque
de congés maladie
- Revoir la définition d'invalidité
- Élargir la notion de « qui perd
paye » au congédiement et à l'arbitrage
médical
- Réduire le quantum de libérations
syndicales
- Augmenter le prix des repas pour les travailleurs
Le syndicat conclut en disant que les travailleurs
n'accepteront pas de telles concessions.
Détérioration des conditions de travail
des professionnelles en soins du réseau public
- Fédération
interprofessionelle de la santé du Québec (FIQ),
le 1er
avril 2010 -
La Fédération interprofessionnelle de la
santé du Québec – FIQ et ses affiliés du CHUQ, du
CHA universitaire de Québec et de l'Institut universitaire de
cardiologie et de pneumologie de Québec IUCPQ (Hôpital
Laval) ont organisé aujourd'hui un rassemblement devant
l'Hôpital Saint-François d'Assise
afin de dénoncer les conditions de travail déplorables
des professionnelles en soins y travaillant.
« Les professionnelles en soins du
réseau public sont au bout du rouleau, épuisées et
contraintes souvent contre leur gré d'effectuer des heures
supplémentaires. Malgré toutes les mesures mises en place
par l'employeur pour éviter le recours aux heures
supplémentaires, rien ne fonctionne. Les
solutions apportées sont manifestement insuffisantes et c'est
pourquoi des mesures beaucoup plus structurantes doivent être
mises en place dans l'ensemble du réseau public afin que nos
professionnelles puissent enfin oeuvrer dans des conditions
acceptables. Cessons de prendre nos professionnelles en otage et
agissons ! », de déclarer Nancy Bédard,
présidente de l'Alliance des syndiquées
interprofessionnelles du CHUQ (ASIQ).
Pour Joëlle Thiébaut,
vice-présidente du Syndicat des professionnelles en soins
infirmiers et cardiorespiratoires (SPSIC) du Centre hospitalier
affilié (CHA) universitaire de Québec, « les
conditions d'exercice avec lesquelles doivent composer les
professionnelles en soins sont très alarmantes et
ne font que contribuer à l'exode de nos professionnelles vers le
secteur privé. Avec des conditions de travail qui, au lieu de
s'améliorer, ne font que se dégrader, il n'est pas
étonnant que plusieurs professionnelles en soins quittent le
réseau public pour se faire recruter par des entreprises
privées de placement en soins
ou encore réorientent tout simplement leur
carrière ».
« Dans une situation prévisible de
manque de ressources, c'est totalement inconcevable que la direction
utilise les codes de déontologie pour forcer les
professionnelles à faire des heures
supplémentaires ! La solution passe par de meilleures
conditions de travail et, par conséquent, par un
réaménagement du temps de travail. L'inaction du
gouvernement et du ministre de la Santé a assez duré et
c'est pourquoi nous prenons les moyens pour nous faire
entendre ! », de dire Jérôme Rousseau,
président du Syndicat des professionnelles en soins infirmiers
et cardiorespiratoires (SPSIC) de l'hôpital
Laval (IUCPQ).
Pour la Fédération, le ministre de la
Santé, M. Bolduc, ne peut plus faire la sourde oreille aux
besoins criants du réseau de la santé public et aux
effets néfastes de la présence des entreprises
privées de placement en soins dans le système de la
santé. « Le ministre Bolduc doit démontrer sa
volonté
d'améliorer les conditions de travail des professionnelles. Les
infirmières, les infirmières auxiliaires, les
inhalothérapeutes et les perfusionnistes membres de la FIQ
proposent au gouvernement des solutions permettant d'agir directement
sur l'attraction et la rétention du personnel infirmier et
cardiorespiratoire en plus
d'améliorer la qualité des services offerts à la
population québécoise. Les usagers du système de
santé public méritent de côtoyer des
professionnelles en soins en santé, motivées et en nombre
suffisant », de déclarer Régine Laurent,
présidente de la FIQ.
Pour contrer les entreprises privées
de placement en soins
- Fédération
interprofessionnelle de la santé du Québec,
mars 2010
(extraits) -
Le réseau public de santé a de plus en
plus recours à des entreprises privées de placement en
soins pour se doter d'effectifs. La pénurie de professionnelles
n'est pas réglée pour autant. Le secteur public, qui
souffre déjà de sous-financement, ne fait que subir
davantage la concurrence du privé.
Qui profite de la privatisation des soins au
Québec ? Les patient-e-s ? Le réseau
public ? Non. Ce sont plutôt les entreprises privées
de placement en soins puisque les deniers publics destinés
à la santé se retrouvent dans les poches des
actionnaires. La FIQ dénonce cette tendance
lourde qui pèse sur la santé.
Une entreprise privée de placement en soins est
une entreprise à but lucratif dont le seul objectif est de
réaliser le maximum de
profit en recrutant du personnel en soins de différentes
catégories d'emplois afin de louer ses services aux
établissements de santé.
Au 12 novembre 2009, 145 entreprises privées de
placement en soins étaient répertoriées. La
plupart d'entre elles peuvent être qualifiées de petites
et moyennes entreprises (PME). Il importe toutefois de souligner la
présence de grandes entreprises, certaines multinationales,
comptant des milliers d'employé-e-s.
La majorité des entreprises privées sont de
création récente, c'est-à-dire après l'an
2000.
Depuis une dizaine d'années, l'offre de services
des entreprises privées s'est diversifiée : au
placement de personnel dans les établissements de santé
se sont ajoutés notamment les soins à domicile
subventionnés ou non, l'imagerie médicale, les cliniques
de santé voyage et de vaccination ainsi
que la formation de personnel.
Avec les années, l'éventail des
catégories d'emplois visées s'est élargi :
infirmières, infirmières auxiliaires,
préposé-e-s aux bénéficiaires,
inhalothérapeutes, physiothérapeutes,
ergothérapeutes, orthophonistes, voire même des cadres
(infirmières-chefs).
...Compte tenu du roulement élevé, le
personnel provenant des entreprises privées peine à
tisser des liens avec les patient-e-s et
à évaluer adéquatement leurs besoins. De plus, il
connait peu l'environnement de travail, les procédures et
les protocoles de l'établissement où il est placé.
Recourir aux entreprises privées de placement en
soins menace la qualité, la continuité et la
sécurité des soins.
...Puisque l'entreprise privée doit y trouver
son compte et que les professionnelles en soins doivent
également voir un avantage pécuniaire à leur
entrée dans le secteur privé, il en coûte donc plus
cher aux établissements pour recourir à leurs services.
Le recours aux entreprises privées de placement en
soins permet une gestion à court terme, sans planification. De
plus, les employeurs se dégagent ainsi de leurs
responsabilités envers les employées et n'ont plus
à respecter la convention collective.
...Selon l'information publiée dans
différents journaux, en 2008-2009, près de 60 % des
établissements publics auraient fait appel a des
entreprises privées de placement en soins. Dans certains
établissements, il semble que le
personnel provenant de ces entreprises ait exécuté
jusqu'à 40 % des heures totales travaillées.
Comme il a été mentionné
précédemment, la plupart des entreprises privées
de placement en soins sont des PME, mais certaines d'entre elles sont
des multinationales. La possibilité d'achats de petites
entreprises privées par de plus grandes entreprises est bien
réelle. Ce genre de situations pourrait mener,
à plus ou moins longue échéance, à la
formation d'un monopole ou d'un quasi-monopole pour l'offre de services
de professionnelles en soins du secteur privé au réseau
public. La formation d'un monopole ou d'un quasi-monopole aurait des
conséquences réelles sur les coûts exigés
par le secteur privé, puisque la
concurrence deviendrait une pure fiction.
L'utilisation croissante par le réseau public de
personnel provenant des entreprises privées exacerbe les
problèmes d'exode et de pénurie et génère
d'autres problèmes néfastes pour les professionnelles en
soins. Elles constatent notamment une absence d'entraide, surtout
lorsque la situation se corse et
demande un engagement supplémentaire. Malgré la
présence du personnel des entreprises privées, les
professionnelles en soins vivent les effets négatifs
suivants :
- Elles assument les cas les plus lourds et les plus
complexes ;
- Elles doivent orienter le personnel d'entreprises
privées sans avoir l'assurance que ces personnes reviendront
travailler sur leur unité de soins ;
- Elles doivent effectuer des heures
supplémentaires obligatoires afin d'assurer la continuité
des soins ;
- Elles doivent superviser et soutenir le personnel des
entreprises privées pour qu'il puisse donner les soins dans leur
unité.
Il est donc faux de penser, contrairement a ce que font
miroiter les entreprises privées de placement en soins, que le
personnel du secteur privé va « sauver »
le réseau public de santé et donner de l'oxygène
aux professionnelles en soins sans cesse confrontées a une
surcharge de travail.
...Les employeurs du réseau public
négocient avec les représentants des entreprises
privées des conditions de travail différentes de celles
prévues au décret tenant lieu de convention collective
que le gouvernement Charest a imposé en 2005 aux
syndiquées du réseau. Pourtant, ce même
gouvernement
prévoyait à l'Annexe I du décret FIIQ une clause
interdisant aux employeurs toute dérogation à la
nomenclature des titres d'emplois, des libellés ainsi que des
taux et échelles de salaire.
Les gestionnaires du réseau public qui
favorisent le recours au personnel des entreprises privées sont
responsables de la
détérioration des conditions et du climat de travail dans
leurs établissements. La multiplication des
iniquités de traitement pour un même groupe de
professionnelles en soins, qu'elles soient du privé ou du
public, entraine des conflits, des tensions et brise la
solidarité.
...Par le recours aux entreprises privées, le
gouvernement contribue à affaiblir le mouvement syndical en plus
de se délester des charges sociales destinées à la
qualité de vie de ses salariées.
...L'enjeu du recours aux entreprises privées de
placement en soins revêt une importance capitale pour la FIQ. En
fait, cet enjeu va au-delà d'une simple question
d'accréditation syndicale. Il en va de la qualité des
soins et des services professionnels, de la sécurité des
patient-e-s et de la protection du public contre les
abus potentiels du secteur privé qui, à bien des
égards, n'est pas soumis à la même
règlementation que le secteur public.
La lutte contre la présence des entreprises
privées de placement en soins dans les établissements
publics s'inscrit aussi dans la lutte visant à éviter
que, dans un avenir plus ou moins lointain, les professionnelles en
soins deviennent une main-d'oeuvre à louer, comme le serait
n'importe quelle pièce de matériel
médical. La sensibilisation de la population du Québec et
des membres de la FIQ s'avère primordiale.
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