Le Marxiste-Léniniste

Numéro 61 - 8 avril 2010

Négociations 2010 dans les secteurs public et parapublic du Québec
Tous en appui à la lutte des travailleurs du Front commun contre la destruction nationale!

Tous en appui à la lutte des travailleurs du Front commun contre la destruction nationale!
Les revendications du Front commun
Pour améliorer les services publics, il faut y améliorer les conditions de travail! - Donald Rheault, président du Conseil central de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) en Abitibi- Témiscamingue-Nord du Québec
Un exemple de demandes de concessions qui sont faites aux tables sectorielles
Détérioration des conditions de travail des professionnelles en soins du réseau public - Fédération interprofessionelle de la santé du Québec
Pour contrer les entreprises privées de placement en soins - Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec

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Négociations 2010 dans les secteurs public et parapublic du Québec
Tous en appui à la lutte des travailleurs du Front commun contre la destruction nationale!

Le 31 mars marquait la fin du décret de cinq ans imposé par le gouvernement Charest le 16 décembre 2005 aux travailleuses et travailleurs des secteurs public et parapublic du Québec. Cet acte lâche a criminalisé leur juste lutte pour des conditions de travail qui correspondent aux services inestimables qu'ils dispensent. Le décret a imposé des conventions collectives qui ont considérablement réduit le niveau de vie des travailleurs et rendu les services publics encore plus vulnérables à la privatisation. Les travailleurs du Front commun ont marqué la fin du décret par des actions de masse à l'échelle de tout le Québec où ils ont exigé que le gouvernement satisfasse leurs demandes au moyen d'un accord négocié.

Le Front commun représente environ 475 000 employés de l'État qui défendent les services publics en tant qu'épine dorsale d'une société moderne qui reconnaît et garantit les droits de tous.




Manifestation du Front commun des travailleuses et travailleurs des secteurs public et parapublic le 31 mars 2010 à Montréal à l'occasion de la fin du décret imposé par le gouvernement Charest en 2005. Les travailleurs venus de partout au Québec ont réaffirmé leurs justes revendications. Ci-dessus de gauche à droite, de haut en bas: Buanderie centrale de l'Hôpital Sainte-Justine de Montréal; Hôpital Sacré-coeur de Montréal; Cégep de Sept-Iles; Centre de santé et de services sociaux de Manicouagan. (Photos: CSN)

Les travailleurs du Front commun ont mis de l'avant des demandes salariales et normatives qui s'attaquent entre autres à la précarisation des emplois, à la sous-traitance et à l'envahissante privatisation qui prend plusieurs formes, dont les partenariats public-privé et la prolifération des agences privées de placement dans le système de santé. Ils ont exposé la destruction des services publics qui se fait notamment par la détérioration des conditions de travail et ils ont montré comment le chaos qui est créé est utilisé comme prétexte pour pousser encore plus la privatisation comme « solution », ce qui aggrave encore tous les problèmes. Le gouvernement retire d'énormes quantités de richesse sociale des programmes sociaux et les met à la disposition des monopoles et ouvre de plus en plus de secteurs dans les services publics à l'investissement et à l'expansion du capital privé. Les travailleurs du secteur public au Québec luttent avec courage contre ce programme antisocial et pour des services publics qui sont au service du bien-être de tous.

La lutte des travailleurs du Front commun prend une importance particulière à la lumière du budget antinational et antisocial que le gouvernement Charest a déposé le 30 mars dernier. Ce qui est mis en lumière, c'est que cette lutte est la lutte de tous les travailleurs contre la destruction nationale. Le Marxiste-Léniniste appelle tous les travailleurs à faire tout en leur pouvoir pour que cette lutte réussisse.

Le Marxiste-Léniniste dénonce avec véhémence les monopoles, le gouvernement Charest, les médias de masse et les soi-disant experts qui tentent d'imposer leur vision défaitiste et morbide aux travailleurs et les menacent du plein poids de l'État s'ils ne sont pas « raisonnables ». C'est dans cette veine que les monopoles et le gouvernement Charest essaient d'embourber les travailleurs dans leur fraude à l'effet que les ressources et la marge de manoeuvre sont limitées, dans un effort pour bloquer la demande des travailleurs pour que la santé, l'éducation et les services sociaux soient reconnus comme des droits inaliénables qui doivent être garantis et donc financés adéquatement. Ils lancent des chiffres arbitraires à la tête des travailleurs du Front commun et de la population québécoise en disant que c'est le maximum d'argent qui peut être utilisés pour les services publics dans la situation actuelle sinon le Québec va faire faillite et les travailleurs n'auront qu'eux-mêmes à blâmer pour la détérioration de toutes les conditions de travail et de vie qui s'ensuivra.


Grande manifestation de 75 000 travailleuses et travailleurs du secteur public du Québec à Montréal le 20 mars 2010.

Les travailleurs doivent rejeter cette fraude avec tout le mépris qu'elle mérite. C'est la classe ouvrière du Québec qui produit toute la richesse sociale de la nation et cette richesse est plus que suffisante pour financer les services publics au niveau objectivement requis par la société. Mais qui contrôle cette richesse est comment elle est utilisée - voilà le problème. Qui plus est, quand les travailleurs font des réclamations légitimes à cette richesse qu'ils produisent, les gouvernements et les médias de masse poussent l'injure jusqu'à prétendre qu'ils sont la cause de la dette croissante et des déficits. Pour qui nous prennent-ils ? Le gouvernement dilapide la richesse sociale puis il attaque les travailleurs qui essaient de la protéger et de l'utiliser au service de la nation !

Au coeur de la lutte des travailleurs du Front commun est la question du genre de société que nous voulons. Les travailleurs du Front commun veulent une société humaine, moderne et avancée tandis que les forces antinationales et antisociales tentent de ramener la société en arrière et voient le Québec comme un territoire annexé que les monopoles américains et européens peuvent piller à loisir.

Appuyons tous la lutte des travailleurs du Front commun en forçant le gouvernement à satisfaire leurs demandes par une entente négociée qui contribue à bloquer la destruction des services publics ! Les travailleurs doivent avoir les conditions de travail nécessaires pour dispenser les services publics nécessaires au bien-être de tous.

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Les revendications du Front commun

Nous reproduisons ci-contre les revendications du Front commun présentées à la table centrale de négociation. Il y a en plus 42 tables sectorielles où les travailleurs amènent leurs revendications sur d'autres conditions de travail comme celles par exemple qui s'opposent aux emplois précaires et demandent la création de postes stables à temps plein.

Stopper l'appauvrissement

Nos salaires ont augmenté moins rapidement que l'inflation ces dernières années du fait des conditions de travail décrétées par la loi spéciale en décembre 2005. Notre pouvoir d'achat s'est détérioré. Il faut stopper l'appauvrissement.

Protéger notre pouvoir d'achat

Les grandes institutions envisagent des taux d'inflation de l'ordre de 2 % pour les trois prochaines années et c'est également la cible de la Banque du Canada. Nous revendiquons donc des hausses de salaires de 2 % par année, de 2010 à 2012, à titre de protection de notre pouvoir d'achat. Cela totalise 6 % sur trois ans.

Effectuer un rattrapage

Les pénuries se font déjà sentir dans toutes les catégories d'emploi des secteurs public et parapublic. Le renouvellement de la main-d'oeuvre pose des défis particuliers. Il faut que les jeunes aient envie de prendre la relève et cela commence par des salaires comparables à ceux versés dans le secteur privé. Rappelons que, pour des emplois COMPARABLES, les personnes salariées de l'État affichent un retard salarial de 8,7 % par rapport à tous les autres travailleurs du Québec. Si on les compare aux travailleuses et travailleurs du secteur privé qui sont syndiqués, ce retard est de l'ordre de 12,4 %.

Le renouvellement et le maintien des compétences dans les secteurs public et parapublic passent en partie par un rehaussement des salaires. Le Front commun propose d'amorcer un rattrapage par rapport au secteur privé en demandant pour chaque année, en moyenne, 49 cents l'heure, ce qui représente 1,75 % du salaire moyen, soit 5,25 % pour la durée de la convention.

Le contrat de travail souhaité couvre la période allant du 1er avril 2010 au 31 décembre 2012.

Enrichissement

Une augmentation significative du PIB traduit un accroissement de la richesse collective. Nous croyons que toutes les personnes salariées ont droit à leur part de la richesse que leur activité économique génère. Notre demande prévoit donc une reprise des négociations afin de déterminer un montant additionnel à ajouter aux salaires, dans la mesure où la croissance du produit intérieur brut québécois, telle que mesurée par Statistique Canada, excéderait 3,75 % pour une année donnée.

Ouvriers spécialisés

Le Front commun revendique la constitution d'un comité de travail patronal–syndical pour étudier les problèmes des conditions de travail chez les ouvriers spécialisés et pour formuler des recommandations aux parties visant à favoriser l'attraction d'une relève et la rétention de la main-d'oeuvre expérimentée.

Retraite

Malgré les turbulences qui ont défrayé les manchettes ces derniers mois, notre caisse de retraite n'est pas en péril et la sécurité des avantages à long terme est assurée. Par ailleurs, nous estimons pertinent de profiter de cette négociation afin d'apporter des ajustements visant notamment à encore mieux assurer la stabilité du régime. À cette fin, nous proposons de :

1. Revoir la méthode de financement afin de mieux refléter la réalité de notre régime de retraite. Ainsi, nous souhaitons rendre les modifications au taux de cotisation, à la hausse comme à la baisse, plus prévisibles et plus stables, tout en assurant la viabilité à long terme du régime.

2. Assurer une plus grande équité entre les cotisants. Nous souhaitons que l'exemption de cotisation s'applique dorénavant à hauteur de 25 % du maximum des gains assurables au lieu de 35 % actuellement. Une telle modification s'accompagnerait d'une mesure assurant aux bas salariés qu'ils n'auront pas à débourser davantage.

3. Prévoir l'indexation pour les années 1982 à 1999 en leur appliquant la même méthode d'indexation en vigueur depuis 2000. Cette mesure entrerait en vigueur dès que le régime enregistrerait un excédent supérieur à 20 %.

4. Abolir le plafond des 35 années de service reconnues. Cette mesure s'autofinancerait en permettant aux personnes en fin de carrière, et qui le souhaitent, de cotiser quelques années de plus. C'est de plus un incitatif pour garder un peu plus longtemps la main-d'oeuvre expérimentée et nous aider à affronter les défis que comporte un tel renouvellement de la main-d'oeuvre.

Droits parentaux

Les lois et leur interprétation évoluent constamment. Certaines dispositions de nos conventions collectives doivent être réexaminées pour nous assurer qu'elles sont en phase avec les lois et règlements en vigueur.

Conciliation famille–travail

Pour mieux répondre aux enjeux du renouvellement de la main-d'oeuvre et aux nouvelles réalités du marché du travail, nous revendiquons l'adoption d'une loi-cadre favorisant la conciliation famille-travail dans les milieux de travail. Cette approche dans la négociation est inédite puisque cette mesure s'appliquerait à l'ensemble de la main-d'oeuvre du Québec.

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Pour améliorer les services publics,
il faut y améliorer les conditions de travail!

LML : Quels sont les principaux problèmes auxquels les travailleurs du Front commun font face en ce moment ?

Donald Rheault : Le problème majeur que nous avons dans le secteur public, que ce soit la santé ou l'éducation, c'est la pénurie de main-d'oeuvre. Dans le secteur des commissions scolaires, on a beaucoup de difficulté à attirer et à garder le personnel qualifié ouvrier d'entretien comme les électriciens, les plombiers et les menuisiers compte tenu de la différence salariale qu'il y a entre le réseau public et le réseau de la construction. Il y a un écart très important qui se situe en moyenne autour de 30 % dans les salaires et les conditions de travail. C'est certain qu'un travailleur qui travaille dans le réseau de la construction n'est pas trop intéressé à aller dans les commissions scolaires ou les établissements de santé considérant l'écart important dans les salaires et conditions de travail. Cette pénurie, nous la vivons dans l'ensemble du réseau de la santé et de l'éducation. Nos demandes visent à combler cette différence dans les conditions de travail. Nous demandons par exemple la mise en place d'un comité de travail avec le gouvernement pour regarder cette problématique et voir comment on peut corriger le problème. Il faut absolument réduire l'écart entre le salaire des ouvriers du secteur public et celui des travailleurs du réseau de la construction.

Dans le réseau de la santé nous vivons ce problème dans les corps de métiers et les professions. Compte tenu qu'il manque du personnel, alors on va vers la sous-traitance ou bien on doit demander à notre monde de faire plus d'heures supplémentaires, comme des quarts de travail doubles. On le vit également au niveau des préposés aux bénéficiaires et à l'entretien ménager dans le réseau de la santé.

Juste dans ma commission scolaire, ce sont 99,8 % des métiers spécialisés et des travailleurs d'entretien qui sont engagés par la sous-traitance. Nous sommes seulement deux concierges qui appartiennent à l'unité de négociation sur l'ensemble de tout le personnel de concierges dans ma commission scolaire qui comprend plus de 30 écoles. Les employeurs invoquent que la main- d'oeuvre obtenue en sous-traitance coûte un peu moins cher. En plus, la prestation de travail ne peut pas être la même parce que l'objectif de l'entreprise qui a le contrat c'est de faire du profit et non de se soucier de la santé ou de l'éducation. Nous avions par exemple deux postes, un poste temps plein à 38 heures et un poste à temps partiel à 20 heures semaine et le tout a été comblé par un sous-traitant qui avait 40 heures pour faire l'ensemble de la tâche. Il y avait un 18 heures qui était complètement absent alors c'est certain que l'entretien n'était pas le même.

Tout cela est intimement relié. Si tu ne donnes pas de bonnes conditions, les gens ne sont pas trop attirés pour venir travailler dans le réseau public. C'est un mythe de dire que les conditions de travail dans le secteur public sont bonnes. Si elles sont si bonnes, alors comment se fait-il que nous vivons une pénurie de main-d'oeuvre, que les gens n'appliquent pas pour les postes dans le secteur public comme les postes d'employés de bureau. L'Institut de la statistique du Québec a publié des données avant la négo qui montrent que nous avons 7 % d'écart avec les salaires du secteur privé quand tu compares l'ensemble. Nous avons élaboré nos demandes salariales sur la base d'études comparatives et ces études n'ont pas été faites par nous.

Nous avons des demandes au sujet du travail précaire surtout dans le réseau de la santé. Il y a tellement de postes à temps partiel et sur appel dans la réseau de la santé. Nous voulons stabiliser la main-d'oeuvre en créant des postes à temps plein. Je trouve cela abominable que des établissements de santé créent tant de postes à temps partiel et sur appel au lieu de postes stables à temps plein. On ne peut pas maintenir un service de cette façon. Les gens s'empilent sur les listes de rappel pour des postes temporaires, puis quand ils travaillent ils se déplacent vers les postes qui se libèrent et alors les employeurs se plaignent qu'il n'y a pas de stabilité mais c'est normal que les travailleurs cherchent à améliorer leur sort. S'ils sont sur un poste de 4 heures et un poste de 6 heures se libère, alors ils vont postuler pour le poste de 6 heures. Il y a tellement de mouvement de personnel qu'il y a des personnes qui sont engagées à 40 heures par semaine pour gérer la liste de rappels.

Nous vivons le même genre de problèmes dans le réseau de l'éducation. Il y a de plus en plus d'emplois précaires parmi les enseignants. Dans les commissions scolaires, on ne crée pas des postes à temps plein mais des fractions de postes et on maintient les gens dans des emplois précaires. Ce sont des emplois avec moins de conditions de travail et moins de protection, où on peut mettre fin à l'emploi du jour au lendemain.

Tout cela est fait très consciemment. C'est tout juste si les employeurs ne se couchent pas avec les conventions collectives pour voir comment les éplucher et aller chercher tout ce qu'ils peuvent, voir où est la faille. Nous nous attaquons à cela dans nos demandes en réclamant des postes à temps plein au lieu de fractions de postes. L'employeur lui aussi dit qu'il en a assez de l'instabilité mais il ne veut pas dire la même chose que nous. Selon les employeurs, la stabilité c'est que si tu es engagé sur un poste de 4 heures, alors tu dois y rester même s'il y a un poste de 6 heures qui se libère. Mais nos gens cherchent à améliorer leur situation et c'est normal .

LML : Comment le budget Charest va-t-il affecter les services publics ?

DR : C'est un budget régressif de droite où les « lucides » comme Castonguay et Lucien Bouchard sont omniprésents. Nous nous opposons totalement au concept de l'utilisateur-payeur. On veut nous ramener aux années 50. Les gens vont s'empêcher d'aller à l'hôpital parce qu'ils n'ont pas les moyens de se le payer. C'est dramatique pour une société. Il faut se rappeler d'où on vient. Je suis né et j'ai été élevé dans un petit village de la région et dans mon village il y avait des usuriers qui prêtaient de l'argent pour permettre aux gens d'aller se faire soigner. Ou bien le fermier payait le docteur avec une poule. Une fois que l'usurier avait prêté de l'argent pour que la personne se fasse soigner il prenait contrôle de la vie de la personne. Les shylocks chargeaient des intérêts élevés ou bien ils demandaient à la personne de faire des travaux pour eux. Les gens se demandaient pourquoi une personne allait faire des travaux pour ce monsieur mais il ne fallait pas parler de ça. Cela se passait dans les années 50 et les gens d'ici s'en souviennent très bien. Nous ne voulons pas retourner à cette époque.

En conclusion, je veux dire que nous cherchons à améliorer les conditions de travail afin d'améliorer le service. L'un ne va pas sans l'autre. Nous voulons réduire les problèmes de pénurie de main-d'oeuvre qui sont utilisés comme prétexte pour privatiser les services.

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Un exemple de demandes de concessions
qui sont faites aux tables sectorielles

Le syndicat des employés et employées du Centre hospitalier universitaire de Québec (CHUQ), la section locale 1108 du SCFP, siège sur une des tables sectorielles de négociations du Front commun. Le syndicat a soumis ses demandes le 30 octobre 2009 et la partie patronale a répliqué avec ses offres le 18 décembre. Sur son site web, le syndicat dénonce le fait que non seulement le gouvernement du Québec n'offre rien du point de vue salarial pour les cinq prochaines années, mais qu'il veut aussi imposer des concessions dans les autres conditions de travail. Voici une liste de certaines de ces concessions :

- Remettre en question l'ancienneté pour l'attribution des quarts de travail (jour, soir, nuit)

- Revoir la notion de statut (temps complet, temps partiel régulier, temps partiel occasionnel) afin de permettre à l'employeur d'avoir de la flexibilité au moment de la confection des horaires

- Revoir le mode d'attribution des bénéfices (vacances, fériés, maladies) afin d'accroître la disponibilité du personnel

- Permettre d'augmenter le nombre d'heures de travail par jour sans temps supplémentaire

- Permettre d'augmenter le nombre de jours de travail dans une semaine sans temps supplémentaire

- Réduire le taux de prestation versée en assurance salaire

- Réduire le quantum de jours à la banque de congés maladie

- Revoir la définition d'invalidité

- Élargir la notion de « qui perd paye » au congédiement et à l'arbitrage médical

- Réduire le quantum de libérations syndicales

- Augmenter le prix des repas pour les travailleurs

Le syndicat conclut en disant que les travailleurs n'accepteront pas de telles concessions.

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Détérioration des conditions de travail des professionnelles en soins du réseau public

La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec – FIQ et ses affiliés du CHUQ, du CHA universitaire de Québec et de l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec IUCPQ (Hôpital Laval) ont organisé aujourd'hui un rassemblement devant l'Hôpital Saint-François d'Assise afin de dénoncer les conditions de travail déplorables des professionnelles en soins y travaillant.

« Les professionnelles en soins du réseau public sont au bout du rouleau, épuisées et contraintes souvent contre leur gré d'effectuer des heures supplémentaires. Malgré toutes les mesures mises en place par l'employeur pour éviter le recours aux heures supplémentaires, rien ne fonctionne. Les solutions apportées sont manifestement insuffisantes et c'est pourquoi des mesures beaucoup plus structurantes doivent être mises en place dans l'ensemble du réseau public afin que nos professionnelles puissent enfin oeuvrer dans des conditions acceptables. Cessons de prendre nos professionnelles en otage et agissons ! », de déclarer Nancy Bédard, présidente de l'Alliance des syndiquées interprofessionnelles du CHUQ (ASIQ).

Pour Joëlle Thiébaut, vice-présidente du Syndicat des professionnelles en soins infirmiers et cardiorespiratoires (SPSIC) du Centre hospitalier affilié (CHA) universitaire de Québec, « les conditions d'exercice avec lesquelles doivent composer les professionnelles en soins sont très alarmantes et ne font que contribuer à l'exode de nos professionnelles vers le secteur privé. Avec des conditions de travail qui, au lieu de s'améliorer, ne font que se dégrader, il n'est pas étonnant que plusieurs professionnelles en soins quittent le réseau public pour se faire recruter par des entreprises privées de placement en soins ou encore réorientent tout simplement leur carrière ».

« Dans une situation prévisible de manque de ressources, c'est totalement inconcevable que la direction utilise les codes de déontologie pour forcer les professionnelles à faire des heures supplémentaires ! La solution passe par de meilleures conditions de travail et, par conséquent, par un réaménagement du temps de travail. L'inaction du gouvernement et du ministre de la Santé a assez duré et c'est pourquoi nous prenons les moyens pour nous faire entendre ! », de dire Jérôme Rousseau, président du Syndicat des professionnelles en soins infirmiers et cardiorespiratoires (SPSIC) de l'hôpital Laval (IUCPQ).

Pour la Fédération, le ministre de la Santé, M. Bolduc, ne peut plus faire la sourde oreille aux besoins criants du réseau de la santé public et aux effets néfastes de la présence des entreprises privées de placement en soins dans le système de la santé. « Le ministre Bolduc doit démontrer sa volonté d'améliorer les conditions de travail des professionnelles. Les infirmières, les infirmières auxiliaires, les inhalothérapeutes et les perfusionnistes membres de la FIQ proposent au gouvernement des solutions permettant d'agir directement sur l'attraction et la rétention du personnel infirmier et cardiorespiratoire en plus d'améliorer la qualité des services offerts à la population québécoise. Les usagers du système de santé public méritent de côtoyer des professionnelles en soins en santé, motivées et en nombre suffisant », de déclarer Régine Laurent, présidente de la FIQ.

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Pour contrer les entreprises privées
de placement en soins

Le réseau public de santé a de plus en plus recours à des entreprises privées de placement en soins pour se doter d'effectifs. La pénurie de professionnelles n'est pas réglée pour autant. Le secteur public, qui souffre déjà de sous-financement, ne fait que subir davantage la concurrence du privé.

Qui profite de la privatisation des soins au Québec ? Les patient-e-s ? Le réseau public ? Non. Ce sont plutôt les entreprises privées de placement en soins puisque les deniers publics destinés à la santé se retrouvent dans les poches des actionnaires. La FIQ dénonce cette tendance lourde qui pèse sur la santé.

Une entreprise privée de placement en soins est une entreprise à but lucratif dont le seul objectif est de réaliser le maximum de profit en recrutant du personnel en soins de différentes catégories d'emplois afin de louer ses services aux établissements de santé.

Au 12 novembre 2009, 145 entreprises privées de placement en soins étaient répertoriées. La plupart d'entre elles peuvent être qualifiées de petites et moyennes entreprises (PME). Il importe toutefois de souligner la présence de grandes entreprises, certaines multinationales, comptant des milliers d'employé-e-s. La majorité des entreprises privées sont de création récente, c'est-à-dire après l'an 2000.

Depuis une dizaine d'années, l'offre de services des entreprises privées s'est diversifiée : au placement de personnel dans les établissements de santé se sont ajoutés notamment les soins à domicile subventionnés ou non, l'imagerie médicale, les cliniques de santé voyage et de vaccination ainsi que la formation de personnel.

Avec les années, l'éventail des catégories d'emplois visées s'est élargi : infirmières, infirmières auxiliaires, préposé-e-s aux bénéficiaires, inhalothérapeutes, physiothérapeutes, ergothérapeutes, orthophonistes, voire même des cadres (infirmières-chefs).

...Compte tenu du roulement élevé, le personnel provenant des entreprises privées peine à tisser des liens avec les patient-e-s et à évaluer adéquatement leurs besoins. De plus, il connait peu l'environnement de travail, les procédures et les protocoles de l'établissement où il est placé.

Recourir aux entreprises privées de placement en soins menace la qualité, la continuité et la sécurité des soins.

...Puisque l'entreprise privée doit y trouver son compte et que les professionnelles en soins doivent également voir un avantage pécuniaire à leur entrée dans le secteur privé, il en coûte donc plus cher aux établissements pour recourir à leurs services. Le recours aux entreprises privées de placement en soins permet une gestion à court terme, sans planification. De plus, les employeurs se dégagent ainsi de leurs responsabilités envers les employées et n'ont plus à respecter la convention collective.

...Selon l'information publiée dans différents journaux, en 2008-2009, près de 60 % des
établissements publics auraient fait appel a des entreprises privées de placement en soins. Dans certains établissements, il semble que le personnel provenant de ces entreprises ait exécuté jusqu'à 40 % des heures totales travaillées.

Comme il a été mentionné précédemment, la plupart des entreprises privées de placement en soins sont des PME, mais certaines d'entre elles sont des multinationales. La possibilité d'achats de petites entreprises privées par de plus grandes entreprises est bien réelle. Ce genre de situations pourrait mener, à plus ou moins longue échéance, à la formation d'un monopole ou d'un quasi-monopole pour l'offre de services de professionnelles en soins du secteur privé au réseau public. La formation d'un monopole ou d'un quasi-monopole aurait des conséquences réelles sur les coûts exigés par le secteur privé, puisque la concurrence deviendrait une pure fiction.

L'utilisation croissante par le réseau public de personnel provenant des entreprises privées exacerbe les problèmes d'exode et de pénurie et génère d'autres problèmes néfastes pour les professionnelles en soins. Elles constatent notamment une absence d'entraide, surtout lorsque la situation se corse et demande un engagement supplémentaire. Malgré la présence du personnel des entreprises privées, les professionnelles en soins vivent les effets négatifs suivants :

- Elles assument les cas les plus lourds et les plus complexes ;

- Elles doivent orienter le personnel d'entreprises privées sans avoir l'assurance que ces personnes reviendront travailler sur leur unité de soins ;

- Elles doivent effectuer des heures supplémentaires obligatoires afin d'assurer la continuité des soins ;

- Elles doivent superviser et soutenir le personnel des entreprises privées pour qu'il puisse donner les soins dans leur unité.

Il est donc faux de penser, contrairement a ce que font miroiter les entreprises privées de placement en soins, que le personnel du secteur privé va « sauver » le réseau public de santé et donner de l'oxygène aux professionnelles en soins sans cesse confrontées a une surcharge de travail.

...Les employeurs du réseau public négocient avec les représentants des entreprises privées des conditions de travail différentes de celles prévues au décret tenant lieu de convention collective que le gouvernement Charest a imposé en 2005 aux syndiquées du réseau. Pourtant, ce même gouvernement prévoyait à l'Annexe I du décret FIIQ une clause interdisant aux employeurs toute dérogation à la nomenclature des titres d'emplois, des libellés ainsi que des taux et échelles de salaire.

Les gestionnaires du réseau public qui favorisent le recours au personnel des entreprises privées sont responsables de la détérioration des conditions et du climat de travail dans leurs établissements. La multiplication des iniquités de traitement pour un même groupe de professionnelles en soins, qu'elles soient du privé ou du public, entraine des conflits, des tensions et brise la solidarité.

...Par le recours aux entreprises privées, le gouvernement contribue à affaiblir le mouvement syndical en plus de se délester des charges sociales destinées à la qualité de vie de ses salariées.

...L'enjeu du recours aux entreprises privées de placement en soins revêt une importance capitale pour la FIQ. En fait, cet enjeu va au-delà d'une simple question d'accréditation syndicale. Il en va de la qualité des soins et des services professionnels, de la sécurité des patient-e-s et de la protection du public contre les abus potentiels du secteur privé qui, à bien des égards, n'est pas soumis à la même règlementation que le secteur public.

La lutte contre la présence des entreprises privées de placement en soins dans les établissements publics s'inscrit aussi dans la lutte visant à éviter que, dans un avenir plus ou moins lointain, les professionnelles en soins deviennent une main-d'oeuvre à louer, comme le serait n'importe quelle pièce de matériel médical. La sensibilisation de la population du Québec et des membres de la FIQ s'avère primordiale.

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