Samedi le 20 mars à Montréal, plus de 75
000 travailleuses et travailleurs du secteur public du Québec
ont manifesté dans les rues du centre-ville de Montréal
sous la bannière : « Ensemble pour les services
publics ». Face à l'offensive qui se mène
contre eux, ils ont exprimé leur détermination à
trouver des solutions aux
problèmes de la société suivant le principe que la
santé et l'éducation et l'accès à tous les
services sociaux sont un droit.
À l'appel du Front commun, des contingents sont
venus d'Abitibi-Témiscamingue, de Québec, de
Trois-Rivières, de l'Outaouais, du Saguenay-Lac-St-Jean, des
Laurentides, de Lanaudière, des Iles-de-la-Madeleine, du Nord du
Québec et d'ailleurs. C'était une véritable
marée humaine formée de drapeaux verts arborant le mot
d'ordre :
« Ensemble pour les services publics. »
Après avoir
marché sur les rues Peel et
Ste-Catherine pour se rendre devant les bureaux du premier ministre
Jean Charest, les manifestants ont présenté un message au
gouvernement à dix jours de l'échéance des
conventions collectives des employés des secteurs public et
parapublic : le gouvernement doit cesser la destruction des
services
publics, prendre ses responsabilités envers la
société et garantir des services publics de
qualité pour tous. C'était le message principal des
représentants syndicaux du Front commun, Michel Arsenault (FTQ),
Claudette Carbonneau (CSN) et Dominique Verreault (SISP), qui ont pris
la parole, illustrant tour à tour combien la lutte des
travailleurs du
secteur public est une lutte cruciale qui bénéficie
à l'ensemble de la société. Le président de
la FTQ a bien exprimé l'état d'esprit de tous les
marcheurs en commençant son discours en disant :
« Comme cela termine bien la semaine ! »,
faisant allusion à la campagne de mensonges menée durant
la semaine par le
gouvernement Charest contre les travailleurs, en particulier contre
ceux de
la FTQ. Il a dénoncé la désinformation que
répandent les médias à savoir que les services
publics sont un coût pour la société.
« Il n'y a rien de plus faux », a-t-il dit. Au
contraire, les services publics sont des investissements pour les
générations futures et c'est la
responsabilité du gouvernement de les garantir.
Les travailleurs du secteur
public ont exprimé leur détermination à ne pas
abandonner leurs revendications et à ne pas se
réconcilier avec les politiques néolibérales,
conscients qu'en insistant sur des investissements dans la
santé, l'éducation et les programmes sociaux, ils
assument la responsabilité d'un projet d'édification
nationale que le
gouvernement du Québec a de toute évidence
abandonné.
« La garantie des droits de tous les membres
de la société nous définit comme
nation », a dit Geneviève Royer, enseignante et
candidate du Parti marxiste-léniniste du Québec.
Elle a ajouté : « Les
travailleuses et travailleurs des services publics formulent leurs
revendications selon les besoins de ceux dont ils ont la
responsabilité. »
Jean Charest se sert du pouvoir de l'État et des
médias pour bloquer toute discussion sur la voie vers l'avant
pour le Québec. La grande manifestation des travailleurs du
secteur public pour briser le mur du silence érigé autour
de
leurs revendications fut une vigoureuse expression de leur
opposition à la campagne de désinformation du
gouvernement, aux tentatives de criminaliser les syndicats et de
répandre le défaitisme. Elle a rappelé que les
représentants des grands partis politiques et les médias
de masse essaient de faire peur avec leur « capacité
de convaincre » mais qu'au bout du compte ce sont ceux qui
recherchent des solutions réelles aux problèmes de la
société qui vont gagner cette bataille, pas ceux qui
veulent imposer les fausses solutions aux problèmes de la
minorité riche.
L'hypocrisie sans borne de ce gouvernement
- Pierre Soublière -
La grande manifestation des travailleurs et
travailleuses du secteur public à Montréal était
la réponse méritée à l'arrogance et
à l'hypocrisie de ce gouvernement.
À la veille de la manifestation, la
présidente du Conseil du trésor et ministre responsable
de l'Administration gouvernementale, Monique Gagnon-Tremblay, a
déclaré qu'il était important pour les deux
parties « de négocier de façon continue en vue
d'en arriver à une entente d'ici le 31 mars
prochain ». Elle a rajouté :
« Manifester c'est bien, mais négocier c'est encore
mieux. » On peut vraiment se demander si Mme Gagnon-Tremblay
arrive d'une autre planète, puisque c'est son gouvernement qui a
donné une fin de non-recevoir aux demandes mises de l'avant par
les travailleuses et les travailleurs du secteur public et a soumis une
liste de
concessions accrues qu'il désirait imposer au-delà de
toutes les pertes salariales et de conditions de travail
déjà subies dans ce secteur.
Elle ose, par exemple, déclarer que les
employés de l'État n'ont subi « aucune mise
à pied », alors que le problème dans la
santé et l'éducation est précisément qu'il
est de plus en plus difficile de recruter des gens qualifiés
pour travailler dans ces domaines puisque les conditions y sont de
moins en moins vivables. Aussi, dans le
cas des fonctionnaires, par exemple, le problème est
précisément la sécurité d'emploi alors que
la tendance est vers les emplois à statut occasionnel. Il va
sans dire que cette crise qui sévit dans la santé et dans
l'éducation se manifeste par tout ce qu'on connaît,
c'est-à-dire, une négligence criminelle envers les
besoins de la population.
Cette manifestation est comme un vent de fraîcheur
après plusieurs années de silence collectif imposé
par le Décret du gouvernement Charest qui doit se terminer le 31
mars. Elle fait aussi partie d'un ensemble de mesures qui incluent dans
certains cas une journée de grève, des manifestations
locales à l'occasion de la fin officielle du Décret et
l'application à la lettre, entre autres, de la convention
collective dans les endroits de travail. Les travailleurs et les
travailleuses du secteur public sont fidèles à la
tradition de toute la classe ouvrière québécoise
de se défendre et de mettre de l'avant des conditions de travail
et de vie qui sont favorables à eux et à toute la
société.
Dans un contexte d'offensive antisociale et dans tous
les secteurs – privés et publics – les travailleurs ne sont pas
intéressés à s'asseoir avec un gouvernement et des
monopoles qui veulent imposer des concessions et des reculs
inacceptables. Ils sont résolus à trouver une
alternative. La manifestation du 20 mars a été un coup
porté aux
tentatives d'imposer le désespoir et le pessimisme. Nous sommes
résolus à trouver de nouvelles solutions au cul-de-sac
actuel, lequel cul-de-sac bloque l'avancement de la
société toute entière.
Base manufacturière oui!
Destruction nationale non!
Militant rassemblement en appui
aux grévistes de Vale Inco!
Lundi le 22 mars, il y a un militant rassemblement en
appui aux grévistes de Vale Inco à Sudbury avec la
participation de travailleurs venus de tous les coins de l'Ontario et
du Canada. La grève à Vale Inco est la plus longue de
toute l'histoire de l'industrie minière de Sudbury, qui remonte
à 124 ans. Elle dépasse les huit mois et demi de la
grève de 1978-79, qui était la plus longue de l'histoire
du Canada si l'on compte le nombre de jours-travailleurs de production
perdue.
Les travailleurs de Vale Inco sont plus unis et
déterminés que jamais, après avoir fermement
rejeté l'« offre finale » de la compagnie
à 88,7 % à Sudbury et à 98,1 % à
Port Colborne. Il est maintenant temps que Vale Inco renonce à
ses demandes de concessions et en vienne à une entente
équitable !
La grève à Vale Inco est significative
pour l'ensemble de la classe ouvrière canadienne. Le grand
rassemblement de lundi a montré non seulement que toute la
communauté de Sudbury et de la région appuie les
grévistes, mais qu'ils ont aussi l'appui de travailleurs partout
au Canada qui sont eux-mêmes engagés dans des luttes et
une résistance au
« droit » des monopoles de détruire
l'édifice national.
Vale Inco veut que les grévistes acceptent un
règlement qui ne prévoit pas de protocole de retour au
travail. Le président de la compagnie, Tito Martins,
déclare qu'il ne réembauchera jamais les dix travailleurs
congédiés depuis le début de la grève. Vale
Inco réclame l'impunité pour l'utilisation de
briseurs de grève. Il licencie des
travailleurs à la production sans égard à ses
obligations en vertu des lois canadiennes. Il prétend avoir le
droit de contrôler et d'utiliser nos ressources naturelles et de
choisir les meilleurs sites, comme le fait Xstrata. C'est inacceptable
et ça ne doit pas passer !
Au lieu d'en venir à une entente avec ses
employés, Tito Martins affirme que la grève persiste
parce que les travailleurs s'« accrochent au
passé » et qu'ils font preuve de
« xénophobie » à son endroit. Il
prétend leur offrir un « avenir durable »
dans la mesure où c'est Vale Inco qui décide de leur sort
et du
sort de nos ressources naturelles et de nos avoirs productifs, à
titre de droit de monopole. Il cite les dictionnaires sur le mot
« xénophobie » pour faire des remontrances
aux travailleurs. Mais il devrait plutôt regarder la
définition du mot « non ». Non, c'est non.
Les travailleurs produisent la richesse de la société qui
ont le
droit de première réclamation à ce qu'ils
produisent, ils ont droit à une vie de dignité, y compris
à la retraite.
Dès le début, cette grève
était une résistance aux demandes de concessions de Vale
Inco et un refus de laisser les monopoles mondiaux contrôler nos
ressources et nos avoirs productifs et d'être les seuls
décideurs en cette matière à partir de leurs
considérations très étroites. Mais c'est aussi une
résistance à un gouvernement qui n'est pas
représentatif des travailleurs et des communautés et qui
donne préséance au droit de monopole sur le droit public
et l'intérêt public.
Vale sait à quoi s'attendre de nous:
va-t-il enfin revenir à la raison?
Après le rejet
écrasant de l'offre de contrat pitoyable de Vale la semaine
dernière, il est temps pour l'entreprise de se replier, de se
regrouper et revenir à la table avec une nouvelle attitude -
celle de s'engager à résoudre l'impasse d'une
manière qui assure le retour au travail de l'ensemble de ses
employés d'expérience afin que les activités
puissent reprendre et être en mesure de faire à nouveau
des bénéfices.
La menace téméraire de Steve Ball, le
week-end dernier, d'accélérer la production en utilisant
des briseurs de grève ne fera que retarder l'inévitable -
une résolution finale qui vient lorsqu'une nouvelle convention
collective est ratifiée. Vale serait sage de ne pas appliquer sa
stratégie. Des briseurs de grève sont
généralement payés des salaires plus
élevés que les employés permanents, mais n'ont
jamais les compétences ou l'expérience nécessaires
équivalentes aux personnes remplacées. C'est un
énorme gaspillage d'argent qui pourrait être
utilisé pour aider à défrayer en faveur d'un
règlement.
Il est maintenant temps pour Vale d'accepter l'offre du
syndicat d'arbitrage exécutoire. L'offre de retour au travail
selon les termes de la convention collective précédente a
été faite au cours des négociations et a
été rejetée. C'était avant qu'ait lieu le
vote écrasant au scrutin secret par les membres de rejet
l'offre misérable de Vale. La société
minière doit comprendre que, après huit mois, les membres
s'en tiennent à leurs demandes. Des membres fiers d'un syndicat
canadien n'abandonneront jamais ce que des
générations ont mis à construire.
Vale dit qu'elle n'aura pas un règlement
dicté par une tierce partie. Les travailleurs disent qu'ils
n'accepteront pas une convention collective qui sera dictée par
Vale. Les paramètres de l'arbitrage peuvent être
élaborés à la table. Des arbitres impartiaux ont
été utilisés avec succès en Amérique
du Nord depuis des décennies pour résoudre les
divergences entre la direction et les travailleurs. Vale doit s'en
tenir aux normes établies des relations de travail en ce qui a
trait aux traditions et à la culture canadiennes.
Il est temps que les usines reviennent à la
pleine production. Vale veut des bénéfices. Les
travailleurs veulent se remettre au travail. Le syndicat veut que Vale
rappelle au travail tous les membres syndiqués, SANS EN
ABANDONNER UN, pendant qu'un arbitre impartial entendra la cause et
rendra une décision. Si Vale est d'accord pour
l'arbitrage exécutoire et pour que toutes les questions
soulevées par le syndicat soient adressées, la
grève prendra fin. Mais d'abord, l'entreprise doit accepter de
rappeler au travail tous les syndiqués à leur poste qui
leur revient de droit, y compris ceux qui ont été
renvoyés.
Si Vale veut un règlement équitable avec
ses employés au Canada, ils y parviendront en suivant ce plan
simple.
Un tribunal du travail brésilien impose
à Vale une amende de 300 millions$
La première instance
du Tribunal du travail de Parauapebas au Brésil a ordonné
à Vale (PA) de payer 100 millions $ en dommages punitifs et
200 millions $ pour ce qu'il appelle le « dumping
social », dans une affaire mettant en cause la
manière dont certains employés sous contrat se sont vus
nier leur rémunération
alors qu'ils transitaient vers des sites de travail.
Le tribunal a estimé que Vale a
empêché les sous-traitants d'enregistrer les travailleurs
sur des feuilles de calcul pour le paiement d'heures que les
travailleurs passaient à être transportés vers
leurs
lieux d'affectation.
Conformément à la décision du juge
Jonathan Andrade, plus de 30 entreprises fournissant des services
à Vale ont reçu l'ordre de calculer la durée et la
rémunération dues aux travailleurs qui ont passé
jusqu'à 99 heures par mois en transport pour se rendre au lieu
de travail.
Il a décrit le « dumping social » en tant
que pratique de la
« réduction des coûts de production par
l'élimination des droits des travailleurs ».
Les 100 millions $ que Vale est condamné
à payer en dommages-intérêts seront versés
aux collectivités lésées, « par des
projets découlant de la politique publique pour défendre
et promouvoir les droits fondamentaux des travailleurs »,
selon le jugement. Selon le juge, les 200 millions $ pour le
« dumping
social » seront versés au Fonds de soutien des
travailleurs (FAT).
Siemens
Non à la fermeture de l'usine de turbines de
Siemens! Maintenez Siemens-Hamilton en production!