Le Marxiste-Léniniste

Numéro 56 - 23 mars 2010

Secteur public au Québec

Impressionnante expression de la volonté populaire


Montréal le 20 mars 2010: manifestation de plus de 75 000 travailleurs du secteur public du Québec

Impressionnante expression de la volonté populaire
L'hypocrisie sans borne de ce gouvernement - Pierre Soublière

Base manufacturière oui! Destruction nationale non!
Militant rassemblement en appui aux grévistes de Vale Inco!
Vale sait à quoi s'attendre de nous: va-t-il enfin revenir à la raison?
Un tribunal du travail brésilien impose à Vale une amende de 300 millions $

Siemens
Non à la fermeture de l'usine de turbines de Siemens! Maintenez Siemens-Hamilton en production!

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Secteur public au Québec

Impressionnante expression de la volonté populaire

Samedi le 20 mars à Montréal, plus de 75 000 travailleuses et travailleurs du secteur public du Québec ont manifesté dans les rues du centre-ville de Montréal sous la bannière : « Ensemble pour les services publics ». Face à l'offensive qui se mène contre eux, ils ont exprimé leur détermination à trouver des solutions aux problèmes de la société suivant le principe que la santé et l'éducation et l'accès à tous les services sociaux sont un droit.

À l'appel du Front commun, des contingents sont venus d'Abitibi-Témiscamingue, de Québec, de Trois-Rivières, de l'Outaouais, du Saguenay-Lac-St-Jean, des Laurentides, de Lanaudière, des Iles-de-la-Madeleine, du Nord du Québec et d'ailleurs. C'était une véritable marée humaine formée de drapeaux verts arborant le mot d'ordre : « Ensemble pour les services publics. »

Après avoir marché sur les rues Peel et Ste-Catherine pour se rendre devant les bureaux du premier ministre Jean Charest, les manifestants ont présenté un message au gouvernement à dix jours de l'échéance des conventions collectives des employés des secteurs public et parapublic : le gouvernement doit cesser la destruction des services publics, prendre ses responsabilités envers la société et garantir des services publics de qualité pour tous. C'était le message principal des représentants syndicaux du Front commun, Michel Arsenault (FTQ), Claudette Carbonneau (CSN) et Dominique Verreault (SISP), qui ont pris la parole, illustrant tour à tour combien la lutte des travailleurs du secteur public est une lutte cruciale qui bénéficie à l'ensemble de la société. Le président de la FTQ a bien exprimé l'état d'esprit de tous les marcheurs en commençant son discours en disant : « Comme cela termine bien la semaine ! », faisant allusion à la campagne de mensonges menée durant la semaine par le gouvernement Charest contre les travailleurs, en particulier contre ceux de la FTQ. Il a dénoncé la désinformation que répandent les médias à savoir que les services publics sont un coût pour la société. « Il n'y a rien de plus faux », a-t-il dit. Au contraire, les services publics sont des investissements pour les générations futures et c'est la responsabilité du gouvernement de les garantir.

Les travailleurs du secteur public ont exprimé leur détermination à ne pas abandonner leurs revendications et à ne pas se réconcilier avec les politiques néolibérales, conscients qu'en insistant sur des investissements dans la santé, l'éducation et les programmes sociaux, ils assument la responsabilité d'un projet d'édification nationale que le gouvernement du Québec a de toute évidence abandonné.

« La garantie des droits de tous les membres de la société nous définit comme nation », a dit Geneviève Royer, enseignante et candidate du Parti marxiste-léniniste du Québec.

Elle a ajouté : « Les travailleuses et travailleurs des services publics formulent leurs revendications selon les besoins de ceux dont ils ont la responsabilité. »

Jean Charest se sert du pouvoir de l'État et des médias pour bloquer toute discussion sur la voie vers l'avant pour le Québec. La grande manifestation des travailleurs du secteur public pour briser le mur du silence érigé autour de leurs revendications fut une vigoureuse expression de leur opposition à la campagne de désinformation du gouvernement, aux tentatives de criminaliser les syndicats et de répandre le défaitisme. Elle a rappelé que les représentants des grands partis politiques et les médias de masse essaient de faire peur avec leur « capacité de convaincre » mais qu'au bout du compte ce sont ceux qui recherchent des solutions réelles aux problèmes de la société qui vont gagner cette bataille, pas ceux qui veulent imposer les fausses solutions aux problèmes de la minorité riche.

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L'hypocrisie sans borne de ce gouvernement

La grande manifestation des travailleurs et travailleuses du secteur public à Montréal était la réponse méritée à l'arrogance et à l'hypocrisie de ce gouvernement.

À la veille de la manifestation, la présidente du Conseil du trésor et ministre responsable de l'Administration gouvernementale, Monique Gagnon-Tremblay, a déclaré qu'il était important pour les deux parties « de négocier de façon continue en vue d'en arriver à une entente d'ici le 31 mars prochain ». Elle a rajouté : « Manifester c'est bien, mais négocier c'est encore mieux. » On peut vraiment se demander si Mme Gagnon-Tremblay arrive d'une autre planète, puisque c'est son gouvernement qui a donné une fin de non-recevoir aux demandes mises de l'avant par les travailleuses et les travailleurs du secteur public et a soumis une liste de concessions accrues qu'il désirait imposer au-delà de toutes les pertes salariales et de conditions de travail déjà subies dans ce secteur.

Elle ose, par exemple, déclarer que les employés de l'État n'ont subi « aucune mise à pied », alors que le problème dans la santé et l'éducation est précisément qu'il est de plus en plus difficile de recruter des gens qualifiés pour travailler dans ces domaines puisque les conditions y sont de moins en moins vivables. Aussi, dans le cas des fonctionnaires, par exemple, le problème est précisément la sécurité d'emploi alors que la tendance est vers les emplois à statut occasionnel. Il va sans dire que cette crise qui sévit dans la santé et dans l'éducation se manifeste par tout ce qu'on connaît, c'est-à-dire, une négligence criminelle envers les besoins de la population.

Cette manifestation est comme un vent de fraîcheur après plusieurs années de silence collectif imposé par le Décret du gouvernement Charest qui doit se terminer le 31 mars. Elle fait aussi partie d'un ensemble de mesures qui incluent dans certains cas une journée de grève, des manifestations locales à l'occasion de la fin officielle du Décret et l'application à la lettre, entre autres, de la convention collective dans les endroits de travail. Les travailleurs et les travailleuses du secteur public sont fidèles à la tradition de toute la classe ouvrière québécoise de se défendre et de mettre de l'avant des conditions de travail et de vie qui sont favorables à eux et à toute la société.

Dans un contexte d'offensive antisociale et dans tous les secteurs – privés et publics – les travailleurs ne sont pas intéressés à s'asseoir avec un gouvernement et des monopoles qui veulent imposer des concessions et des reculs inacceptables. Ils sont résolus à trouver une alternative. La manifestation du 20 mars a été un coup porté aux tentatives d'imposer le désespoir et le pessimisme. Nous sommes résolus à trouver de nouvelles solutions au cul-de-sac actuel, lequel cul-de-sac bloque l'avancement de la société toute entière.

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Base manufacturière oui! Destruction nationale non!

Militant rassemblement en appui
aux grévistes de Vale Inco!


Lundi le 22 mars, il y a un militant rassemblement en appui aux grévistes de Vale Inco à Sudbury avec la participation de travailleurs venus de tous les coins de l'Ontario et du Canada. La grève à Vale Inco est la plus longue de toute l'histoire de l'industrie minière de Sudbury, qui remonte à 124 ans. Elle dépasse les huit mois et demi de la grève de 1978-79, qui était la plus longue de l'histoire du Canada si l'on compte le nombre de jours-travailleurs de production perdue.

Les travailleurs de Vale Inco sont plus unis et déterminés que jamais, après avoir fermement rejeté l'« offre finale » de la compagnie à 88,7 % à Sudbury et à 98,1 % à Port Colborne. Il est maintenant temps que Vale Inco renonce à ses demandes de concessions et en vienne à une entente équitable !

La grève à Vale Inco est significative pour l'ensemble de la classe ouvrière canadienne. Le grand rassemblement de lundi a montré non seulement que toute la communauté de Sudbury et de la région appuie les grévistes, mais qu'ils ont aussi l'appui de travailleurs partout au Canada qui sont eux-mêmes engagés dans des luttes et une résistance au « droit » des monopoles de détruire l'édifice national.

Vale Inco veut que les grévistes acceptent un règlement qui ne prévoit pas de protocole de retour au travail. Le président de la compagnie, Tito Martins, déclare qu'il ne réembauchera jamais les dix travailleurs congédiés depuis le début de la grève. Vale Inco réclame l'impunité pour l'utilisation de briseurs de grève. Il licencie des travailleurs à la production sans égard à ses obligations en vertu des lois canadiennes. Il prétend avoir le droit de contrôler et d'utiliser nos ressources naturelles et de choisir les meilleurs sites, comme le fait Xstrata. C'est inacceptable et ça ne doit pas passer !

Au lieu d'en venir à une entente avec ses employés, Tito Martins affirme que la grève persiste parce que les travailleurs s'« accrochent au passé » et qu'ils font preuve de « xénophobie » à son endroit. Il prétend leur offrir un « avenir durable » dans la mesure où c'est Vale Inco qui décide de leur sort et du sort de nos ressources naturelles et de nos avoirs productifs, à titre de droit de monopole. Il cite les dictionnaires sur le mot « xénophobie » pour faire des remontrances aux travailleurs. Mais il devrait plutôt regarder la définition du mot « non ». Non, c'est non. Les travailleurs produisent la richesse de la société qui ont le droit de première réclamation à ce qu'ils produisent, ils ont droit à une vie de dignité, y compris à la retraite.

Dès le début, cette grève était une résistance aux demandes de concessions de Vale Inco et un refus de laisser les monopoles mondiaux contrôler nos ressources et nos avoirs productifs et d'être les seuls décideurs en cette matière à partir de leurs considérations très étroites. Mais c'est aussi une résistance à un gouvernement qui n'est pas représentatif des travailleurs et des communautés et qui donne préséance au droit de monopole sur le droit public et l'intérêt public.

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Vale sait à quoi s'attendre de nous:
va-t-il enfin revenir à la raison?

Après le rejet écrasant de l'offre de contrat pitoyable de Vale la semaine dernière, il est temps pour l'entreprise de se replier, de se regrouper et revenir à la table avec une nouvelle attitude - celle de s'engager à résoudre l'impasse d'une manière qui assure le retour au travail de l'ensemble de ses employés d'expérience afin que les activités puissent reprendre et être en mesure de faire à nouveau des bénéfices.

La menace téméraire de Steve Ball, le week-end dernier, d'accélérer la production en utilisant des briseurs de grève ne fera que retarder l'inévitable - une résolution finale qui vient lorsqu'une nouvelle convention collective est ratifiée. Vale serait sage de ne pas appliquer sa stratégie. Des briseurs de grève sont généralement payés des salaires plus élevés que les employés permanents, mais n'ont jamais les compétences ou l'expérience nécessaires équivalentes aux personnes remplacées. C'est un énorme gaspillage d'argent qui pourrait être utilisé pour aider à défrayer en faveur d'un règlement.

Il est maintenant temps pour Vale d'accepter l'offre du syndicat d'arbitrage exécutoire. L'offre de retour au travail selon les termes de la convention collective précédente a été faite au cours des négociations et a été rejetée. C'était avant qu'ait lieu le vote écrasant au scrutin secret par les membres de rejet l'offre misérable de Vale. La société minière doit comprendre que, après huit mois, les membres s'en tiennent à leurs demandes. Des membres fiers d'un syndicat canadien n'abandonneront jamais ce que des générations ont mis à construire.

Vale dit qu'elle n'aura pas un règlement dicté par une tierce partie. Les travailleurs disent qu'ils n'accepteront pas une convention collective qui sera dictée par Vale. Les paramètres de l'arbitrage peuvent être élaborés à la table. Des arbitres impartiaux ont été utilisés avec succès en Amérique du Nord depuis des décennies pour résoudre les divergences entre la direction et les travailleurs. Vale doit s'en tenir aux normes établies des relations de travail en ce qui a trait aux traditions et à la culture canadiennes.

Il est temps que les usines reviennent à la pleine production. Vale veut des bénéfices. Les travailleurs veulent se remettre au travail. Le syndicat veut que Vale rappelle au travail tous les membres syndiqués, SANS EN ABANDONNER UN, pendant qu'un arbitre impartial entendra la cause et rendra une décision. Si Vale est d'accord pour l'arbitrage exécutoire et pour que toutes les questions soulevées par le syndicat soient adressées, la grève prendra fin. Mais d'abord, l'entreprise doit accepter de rappeler au travail tous les syndiqués à leur poste qui leur revient de droit, y compris ceux qui ont été renvoyés.

Si Vale veut un règlement équitable avec ses employés au Canada, ils y parviendront en suivant ce plan simple.

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Un tribunal du travail brésilien impose
à Vale une amende de 300 millions$

La première instance du Tribunal du travail de Parauapebas au Brésil a ordonné à Vale (PA) de payer 100 millions $ en dommages punitifs et 200 millions $ pour ce qu'il appelle le « dumping social », dans une affaire mettant en cause la manière dont certains employés sous contrat se sont vus nier leur rémunération alors qu'ils transitaient vers des sites de travail.

Le tribunal a estimé que Vale a empêché les sous-traitants d'enregistrer les travailleurs sur des feuilles de calcul pour le paiement d'heures que les travailleurs passaient à être transportés vers leurs lieux d'affectation.

Conformément à la décision du juge Jonathan Andrade, plus de 30 entreprises fournissant des services à Vale ont reçu l'ordre de calculer la durée et la rémunération dues aux travailleurs qui ont passé jusqu'à 99 heures par mois en transport pour se rendre au lieu de travail. Il a décrit le « dumping social » en tant que pratique de la « réduction des coûts de production par l'élimination des droits des travailleurs ».

Les 100 millions $ que Vale est condamné à payer en dommages-intérêts seront versés aux collectivités lésées, « par des projets découlant de la politique publique pour défendre et promouvoir les droits fondamentaux des travailleurs », selon le jugement. Selon le juge, les 200 millions $ pour le « dumping social » seront versés au Fonds de soutien des travailleurs (FAT).

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Siemens

Non à la fermeture de l'usine de turbines de Siemens! Maintenez Siemens-Hamilton en production!

Le 18 mars, près de 300 travailleurs se sont rassemblés devant l'entrée principale de Siemens Power Generation à Hamilton pour protester contre la décision du monopole allemand de fermer en juillet 2011 l'usine de turbines et de transférer la production à Charlotte, en Caroline du Nord. La fermeture signifierait la perte de plus de 550 emplois directs à l'usine et d'environ 3 000 parmi les entreprises fournissant des équipements et des services à l'usine. Les travailleurs de Siemens, membres de la section locale 504 des Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA), ont été rejoints par les travailleurs des autres sections locales des TCA, de Guelph, Oakville, Thorold et d'autres villes, ainsi que par un important contingent de la section locale 1005 des Métallos, qui représente les travailleurs de Hamilton Works US Steel. D'une seule voix, les participants ont dénoncé la décision de Siemens en tant qu'attaque contre les travailleurs et la nation. Ils ont exigé que les gouvernements fédéral et ontarien interviennent pour forcer Siemens à revenir sur sa décision. Les intervenants à cette occasion étaient le président de la section locale 504 des TCA, Randy Smith, le conseiller municipal de Hamilton, Scott Duvall, la présidente du Conseil du travail et du district de Hamilton, Mary Long, ainsi que le président national des TCA, Ken Lewenza. Au nom des TCA, Lewenza s'est engagé à mettre tout le poids du syndicat en appui à la lutte pour maintenir Siemens-Hamilton en production et à s'opposer à la destruction de la base manufacturière au Canada.

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