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Le 19 février se tenait une grande manifestation à La Paz, Baja California, organisée par le mouvement Paredones Amarillos No ! Les manifestants marchaient en scandant « Non à la mine qui contamine ! », « L'eau vaut plus que l'or ! », « Le peuple uni ne sera jamais vaincu ! » La manifestation avait pour but le lancement d'une campagne d'information et de mobilisation contre le projet Paredones Amarillos. Ce projet dirigé par la compagnie minière canadienne Vista Gold, vise l'exploitation d'une mine d'or à ciel ouvert dans la région sud-est de La Paz, principale ville de l'État de Baja California. Le mouvement d'opposition regroupant des citoyens, spécialistes et organisations civiles exige l'annulation du projet car celui-ci sera développé dans la zone d'amortissement de la Réserve de la biosphère Sierra La Lagua. Cette réserve constitue le seul parc protégé d'envergure de la péninsule de Baja California qui est connu pour son climat et son environnement aride et son manque flagrant de ressource en eau. Suite à la mobilisation populaire, le 21 février, le secrétariat de l'Environnement et des Ressources naturelles (connu sous le nom de Semarnat) a repoussé la demande de changement d'usage de sol au projet Paredones Amarillos. Dans sa décision, le secrétariat mentionne que l'entreprise, Vista Gold, n'a pas réuni l'information suffisante pour accréditer la prétention que la mine ne causerait pas d'érosion et d'impact à la biodiversité de cette région. Bien que réjouie par la décision du Semarnat, l'organisation civile Niparajá, qui oeuvre au programme d'eau de la région, a émis l'opinion qu'il fallait poursuivre la lutte car la victoire « ne signifie pas la fin du projet. L'entreprise continuera de chercher à obtenir le changement d'usage de sol. » En novembre dernier, c'est la compagnie minière canadienne New Gold-Minera San Xavier qui essuyait un revers juridique. En effet, le 13 novembre 2009, le Semarnat confirmait la décision du Tribunal fédéral de justice fiscale et administrative (TFJFA) et invalidait le permis d'impact environnemental qui avait été octroyé par le même Semarnat, le 10 avril 2006. Il s'agit d'une victoire importante pour la population de Cerro de San Pedro, qui lutte depuis plus de dix ans pour faire cesser les activités de la New-Gold-Minera San Xavier en raison de la destruction environnementale, de la contamination des nappes d'eau et des problèmes majeurs de santé que ces activités causent à la population de la région. Cette révocation de permis signifie que les activités de la New Gold et de son projet minier San Xavier à Cerro de San Pedro, Mexique devront complètement cesser. Toutefois, cette victoire fut contestée par la New Gold, qui, déterminée à maintenir son exploitation dévastatrice, a soumis une nouvelle demande d'autorisation environnementale auprès du Semarnat. Fin février, celui-ci a refusé cette nouvelle demande et décidé de maintenir la décision de fermer la mine de New Gold. À ce sujet, le Frente Amplio (Front large) opposé (FAO) à la New Gold-Minera San Xavier note dans son dernier bulletin que « la New Gold-Minera Sain Xavier continue de tenter, par divers moyens, d'empêcher sa fermeture définitive, tout comme la réparation des dommages et les vérifications devant permettre de fixer ses responsabilités pénales dans l'affaire. La stratégie de l'entreprise est de discréditer les facultés par lesquelles les autorités de l'environnement ont suspendu ses activités. En plus de cela, elle nourrit aussi la tension contre ses adversaires et continuent d'exciter les travailleurs pour engendrer une violence dans la Vallée de Luis Sain alors que pendant ce temps les autorités étatiques restent impassibles. Il existe des dommages sociaux très sévères causés par l'activité de la New Gold et aucune attention sérieuse n'y est accordée par les autorités. » Et de conclure : « Finalement, nous informons que le FAO suivra de très près les événements, en plus de continuer les actions légales jusqu'à obtenir le châtiment des responsables et de leurs complices pour les dommages patrimoniaux et sociaux engendrés par l'activité délictueuse de l'entreprise canadienne New Gold Minera San Xavier et de ses partenaires mexicains. » Notons que selon les données de 2008 du secrétariat de l'Économie du Mexique, les compagnies minières canadiennes occupaient 78 % de ce champ d'activité au Mexique et cela principalement pour le zinc, le cuivre, l'argent et l'or.
Les entreprises minières canadiennes au Mexique: violence made in CanadaL'exploitation minière au Mexique possède une longue histoire. Les richesses du sous-sol mexicain furent un des motifs de la conquête au XVIe siècle et l'industrie minière est indiquée comme l'une des causes qui a mené à la révolution mexicaine en 1910. La répression sanglante de la grève minière en 1906 des mains de l'entreprise Cananean Consolidated Copper, d'origine américaine, est considérée comme l'un des antécédents aux conflits dans le monde du travail qui persistent encore aujourd'hui au Mexique. Les principaux acteurs de la révolution mexicaine ont lutté pour faire de leur rêve de répartir le contrôle de la terre à ceux qui la travaillent une réalité. Pour protéger la terre des intérêts étrangers, l'article 27 de la Constitution de 1917 proclame que la terre, le sous-sol et ses richesses appartiennent à l'État mexicain. Plus important encore, l'article 27 reconnaît le droit collectif à la terre des communautés au travers de la reconnaissance des « ejidos » et de terres communales, et la restriction de la propriété privée. De même que sur des terres indigènes sous d'autres latitudes, l'exploitation minière revêtait une grande importance pour les forces colonisatrices mais, pour les communautés autochtones, elle représenta blessures, morts, destruction de l'environnement et appauvrissement. De nos jours cette injustice historique persiste encore. Aujourd'hui ce sont les entreprises minières canadiennes qui sont en première ligne des forces colonisatrices au Mexique, grâce aux richesses créées par le vol et l'exploitation – historique et constante – des territoires autochtones au Canada. Les changements qui ont bouleversé la Constitution mexicaine en 1992, en vue de l'entrée en vigueur de l'Accord de libre échange nord américain (ALENA), ont également facilité la privatisation de la terre et l'ingérence des corporations étrangères. L'un des changements dans l'article 27 a permis la vente de terres communales à des particuliers, qu'ils soient des personnes physiques ou juridiques (entreprises transnationales) ou même le gouvernement. Une autre transformation a eu lieu au travers de la Loi Minière de 1992 qui, conjointement avec la Loi d'Investissements Étrangers, a permis que des entités étrangères contrôlent 100 % des activités d'exploitation et de production. L'article 6 de la Loi Minière établit que l'exploration et l'exploitation de minéraux aura la priorité sur toute autre utilisation de la terre, y compris l'agriculture ou le logement. Ces modifications ont permis la participation du secteur privé dans l'exploitation de minéraux qui, comme le charbon ou le fer, étaient autrefois réservés au gouvernement. Même si les corporations canadiennes veulent souvent répandre une image de « moindre mal » face à l'expansion agressive des entreprises américaines, la réalité est tout autre dans l'industrie minière. Sans aller plus loin, un des meilleurs exemples se trouve dans le Mexique actuel. Les portées de l'industrie minière canadienneEn effet, les entreprises canadiennes sont à la pointe de l'industrie minière dans le monde. L'industrie canadienne est la première dans l'exploitation de zinc, d'uranium, de nickel et de potassium ; elle est la deuxième pour le soufre, l'amiante, l'aluminium et le cadmium ; troisième pour le cuivre et le platine ; quatrième pour l'or et cinquième pour le plomb. Les transnationales canadiennes ont des intérêts dans 8300 propriétés dans le monde, desquelles 3400 se trouvent dans 100 pays. En Amérique latine et aux Caraïbes, zones prioritaires pour l'exploitation de minéraux, les entreprises minières canadiennes possèdent la majeure partie de toutes les activités minières étrangères, détenant ainsi plus de 1 200 propriétés. En 1998, les entreprises minières canadiennes ont présenté des projets d'exploitation évalués à 4 500 millions de dollars, c'est-à-dire, 51 % de tout le capital minier au monde. Les intérêts des entreprises minières canadiennes au MexiqueLes politiques néolibérales mises en valeur au Mexique depuis la moitié des années 80 et stimulées avec plus grande énergie à partir de l'entrée en vigueur de l'ALENA ont eu une énorme importance pour les activités des entreprises minières canadiennes au Mexique. Depuis le début de l' ALENA, le commerce bilatéral entre les deux pays a augmenté de 300 %. Selon le rapport intitulé « En ouvrant les portes du monde : les priorités du Canada dans le marché international », « plus de 1 500 entreprises canadiennes ont une présence au Mexique et quelques 3 100 autres sont en train de faire un pas pour réaliser sous peu leur première transaction dans le pays ». Les entreprises canadiennes au Mexique occupent la cinquième place quant au montant total de leurs investissements. Parmi les corporations canadiennes les plus grandes au Mexique se détachent les noms de Scotiabank, TransAlta, Transcontinental, Magna International, Palliser, Presion Drilling, Fairmount et Four Seasons Hotels. Dans un discours prononcé en 2005, l'ambassadeur canadien au Mexique, Gaétan Lavertu, a indiqué que « plus de la moitié des concessions minières octroyées au Mexique à des entreprises étrangères appartient à des entreprises canadiennes. La majeure partie de ces investissements provient de la province de Colombie-Britannique... Le Mexique reconnaît le leadership et les avantages technologiques du Canada sur des sujets de minéraux et d'équipements miniers ». L'importance du Mexique pour l'industrie minière canadienne a été confirmée dans un rapport intitulé "Les relations mexico-canadiennes dans le secteur minier" de Cecilia Costero, publié en 2004. Ce rapport indique que le Mexique est un pays presque totalement « minéralisé », mais que 85 % des réserves minérales reste non exploitées, malgré le fait que 10380 mines ont été ouvertes. Seul le secteur de la manufacture est plus important que le secteur minier pour les entreprises canadiennes. En l'an 2000, les entreprises canadiennes ont investi plus de 150 millions de dollars US. En décembre 2001, 225 entreprises minières canadiennes opéraient au Mexique (ce qui représente 40 % des investissements étrangers dans ce secteur), parmi lesquelles 209 entreprises possédaient plus de 50 % des capitaux dans leurs projets. En 2001, les entreprises du Canada ont plus investi dans le secteur minier au Mexique que les entreprises de n'importe quel autre pays. De plus, le Mexique importe du Canada 75 % de sa machinerie minière et 4,4 % des besoins totaux de son marché. Made in Canada : violences et déplacement de populationsLes dévastations et les violences perpétrées par les entreprises minières canadiennes ont été largement documentées et liées à des violations des droits de l'homme au Guatemala, au Pérou, en Roumanie, aux Philippines, au Honduras, en Équateur, en Bolivie, au Ghana, au Surinam, en République démocratique du Congo, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, en Tanzanie, en Inde, en Indonésie, en Zambie et au Soudan. De nombreuses critiques ont été réitérées envers les entreprises minières canadiennes pour être en train de profiter du peu de protection des droits humains dans le sud, mais les destructions et les déplacements de populations de communautés autochtones au Canada par ces mêmes entreprises reçoivent encore moins d'attention. Dans la province de Saskatchewan, par exemple, sur le territoire Deline Dene, ont été versées plus de 1,7 millions de tonnes de déchets et de résidus radioactifs autour du Great Bear Lake pendant les années 40 et 50, contaminant toutes les sources de nourriture du peuple Dene. Cinquante hommes sont morts dus aux effets des radiations. Depuis 1927, 27 % des 609 réserves de populations autochtones du Canada ont soufferts d'une activité d'exploration de minéraux non métalliques. En Colombie-Britannique, où 97 % des terres sont encore des territoires autochtones qui n'ont jamais été cédés en accord avec la loi canadienne et internationale, le plan minier de Colombie-Britannique de 2005 a classé plus de 85 % des terres comme « ouvertes à l'exploration », et a même ouvert un système sur Internet pour enregistrer les droits d'exploitation minière. Dans cette province, l'activité minière apporte 5 millions de dollars à l'économie et beaucoup de corporations minières canadiennes siègent à Vancouver. Dans une enquête préliminaire sur les entreprises minières canadiennes au Mexique, il fut déterminé que plus de 60 d'entre elles ont leur siège à Vancouver. La vente de projets miniersSur la page Internet de l'entreprise Endeavour Silver, qui est basée à Vancouver, on peut trouver un article intitulé « Pourquoi le Mexique ? ». Cet article nous informe que « le Mexique est un des principaux pays pour l'exploration et l'exploitation d'argent dans le monde pour diverses raisons (...) l'exploitation minière fait partie intégrale de l'économie aux niveaux national et local (...) cette situation a une importance croissante dans un contexte où les phénomènes migratoires des zones rurales vers les villes augmentent en raison du manque d'emplois: les mines créent une ancre économique où qu'elles soient, ce qui atténue les effets localement et permet que les résidents ruraux conservent des emplois bien payés, dignes et productifs. » En réalité, les analyses faites de la politique néolibérale au Mexique depuis la moitié des années 80, incluant la période de mise en vigueur de l'ALENA, ont démontré que la privatisation de la terre pour un usage industriel, y compris les projets miniers, a provoqué une augmentation exponentielle des migrations et des déplacements de population. Depuis que l'ALENA est entré en vigueur en 1994, plus de 15 millions de Mexicains ont été déplacés de leurs terres. Mais le mythe qui consiste à faire croire que l'exploitation minière est une activité fondamentale pour le développement économique fut crucial pour l'industrie. La plupart des emplois créés pour la population locale sont à court terme et de bas salaires. De plus, les entreprises minières reçoivent de fortes aides du gouvernement dans la majorité des pays, produisent des villages fantômes quand les projets se terminent et laissent aux gouvernements locaux le problème de la gestion de déchets. Le coût environnemental à long terme pour les communautés locales n'est jamais calculé. L'article cité antérieurement ose dire que « le Mexique possède des lois environnementales fortes et s'engage à les faire respecter, mais il existe peu d'organisations environnementales obstructionnistes efficaces. » Comme il est démontré dans la communauté de Cerro de San Pedro au Mexique, qui lutte depuis plus de 10 ans contre l'entreprise Metallica Resources de Toronto, le prix à payer pour les communautés est la perte de terres, de maisons, de santé et de vies humaines. « Culturellement, » écrit l'auteur, « les Mexicains maintiennent une relation amicale avec l'exploitation minière à tous les niveaux. Ceci signifie - que les entreprises seront les bienvenues lorsqu'elles s'installeront dans une région - contrairement à l'accueil qui leur sera fait dans d'autres régions du monde. » Il n'existe pas actuellement au Mexique de lois qui exige qu'une audience publique soit réalisée avant l'attribution d'une concession minière. Les communautés locales sont souvent les dernières à être mises au courant des projets miniers et elles n'obtiennent presque jamais les informations sur les effets prévus des opérations minières sur leurs terres et leur santé. Ce phénomène n'apparaît pas seulement au Mexique. Malgré le soi-disant respect pour le processus de consultation au Canada, les communautés affectées par l'exploitation minière dans ce pays ont souvent rapporté l'existence de processus de consultation truqués ou d'accords avec de supposés leaders de communautés dans leur propre dos. Ce fut le cas de l'entreprise Niocan de Montréal qui, sans posséder de concession, a tenté d'ouvrir une mine de niobium sur les terres du peuple Mohawk à proximité de la communauté de Kanehsatake. Les habitants de Kanehsatake ont été prévenus de la consultation seulement quelques jours avant qu'elle ne se réalise ; de plus, lorsque les négociations commencèrent entre Niocan et un leader indigène soutenu par le gouvernement, que la communauté avait essayé de chasser plusieurs fois, les portes leur ont été fermées. Les mythes qui entourent les entreprises minières ne sont pas portés seulement par ces mêmes compagnies. Le gouvernement canadien a joué un rôle primordial dans la promotion des intérêts des entreprises minières à l'étranger et au Mexique à travers ses ambassades et ses chambres de commerce. Le gouvernement canadien continue à faire pression même lorsque les projets miniers provoquent l'assassinat d'opposants locaux, comme ce fut le cas au Guatemala face au rejet populaire pour la présence de l'entreprise Glamis Gold dans la mine de Marlin. Dans un exemple récent, l'ambassadeur du Canada au Guatemala, Kenneth Cook, a été dénoncé pour la campagne de désinformation qu'il a réalisée pour minimiser l'importance d'un vidéo qui rend compte de l'expulsion violente de communautés indigènes Maya Q'eqchi' de El Estor, à la demande d'une autre entreprise basée a Vancouver, Skye Resources. De la Colombie Britannique à OaxacaL'entreprise Endeavour affirme sur sa page Internet que le Mexique est un lieu idéal pour l'exploitation d'argent car « le Mexique est le pays le plus stable en Amérique latine. » Un rapport de l'industrie minière insiste sur le fait que « la stabilité politique et financière, la sécurité légale pour les investisseurs - sont tous des facteurs qui ont aujourd'hui des répercussions positives sur l'industrie minière au Mexique. Cependant, il faut considérer le fait que les travailleurs miniers et métallurgiques possèdent un fort taux de syndicalisation et que les problèmes socio-économiques que produisent les bas salaires et le sous-emploi représentent des obstacles pour que l'industrie continue à prospérer. » L'affaiblissement des droits du travail et la mise sous silence des mouvements sociaux sont des pré-requis pour que les projets miniers prospèrent au Mexique et ailleurs. Les rapports de l'industrie minière, comme celui cité précédemment, ne laissent pas de place au moindre doute. La « stabilité politique » à laquelle font référence les rapports des entreprises et le gouvernement canadiens n'est pas une stabilité sociale mais un contrôle des mouvements avec une main de fer, une militarisation de la campagne et un déplacement des populations locales qui se réalisent actuellement au Mexique et qui permettent la mise en place et la protection des investissements corporatifs. Le monde a récemment été témoin du mouvement social à Oaxaca où l'on lutte pour que s'arrête l'appauvrissement provoqué depuis des années par les politiques néolibérales, le déplacement des populations autochtones et la violence officielle. La violence de l'État contre ce mouvement a atteint des niveaux sans précédent. Comme tout le sud du Mexique, l'État de Oaxaca possède des ressources naturelles abondantes qui ont attiré le regard des entreprises étrangères depuis de nombreuses années. La compagnie Continuum Resources de Vancouver possède dix projets à Oaxaca à différentes étapes d'avancement, ceux-ci couvrent plus de 70 000 hectares et l'entreprise « continue à consolider sa domination sur des terres plus vastes encore. » Fin septembre [2006], l'entreprise Chesapeake Gold Corp de Vancouver a annoncé qu'elle avait cédé 70 % de deux de ses projets à Oaxaca à l'entreprise Pinnacle Mines, également de Vancouver. La compagnie Horseshoe Gold Mining, toujours de Vancouver, a acquis 60 % des actions de Almaden's Fuego, une exploitation minière à Oaxaca. La compagnie Linear Gold Corp de Halifax est également propriétaire d'un projet minier en cours à Oaxaca. L'État voisin du Chiapas, un autre des États les plus pauvres et les plus militarisés du Mexique, est également la cible des entreprises minières canadiennes. Entre 2003 et 2006, le gouvernement fédéral a autorisé 72 concessions minières au Chiapas qui couvrent 727 435 hectares. Plus de la moitié de ces terres (419 337 hectares) appartiennent à deux entreprises canadiennes, Linear Gold et Fronteer Development Group, mais il n'y a pas eu d'information ni de consultation pour les communautés locales. Les entreprises minières à Oaxaca et au Chiapas ne sont pas de simples observateurs passifs face à la violence qui entoure cette situation mais comptent sur celle-ci pour protéger leur profits. Les entreprises et le gouvernement annoncent que l'une des limites de l'ALENA est que « ses bénéfices » n'arriveront pas aux États du sud du Mexique, alors qu'en réalité l'augmentation de la pauvreté et de l'inégalité est due à l'ALENA. Dans les rapports les plus récents des entreprises et dans les dialogues entre gouvernements canadien, mexicain et américain, le principal thème fut l'Alliance pour la Sécurité et la Prospérité de l'Amérique du Nord (ASPAN), l'accès aux sources d'énergie du Mexique, en particulier pour les corporations canadiennes, a été d'une importance primordiale (tout comme le futur développement des sources d'énergie canadiennes). Selon le Groupe Consultant Indépendant sur le Futur de l'Amérique du Nord, un centre d'analyses et de recherche dans le secteur privé et promoteur de l'ASPAN, « l'amélioration du capital humain et de l'infrastructure physique au Mexique, et en particulier dans le centre et le sud du pays, provoquera une meilleure intégration de ces régions dans l'économie de l'Amérique du Nord, ceci représente un intérêt pour les trois pays pour des raisons économiques et sécuritaires. » Il n'est pas surprenant d'entendre que les mêmes corporations et gouvernements appellent à l'expansion du programme canadien exploiteur des « travailleurs agriculturels temporaux qu'ils citent comme un exemple de succès bilatéral. Pour les gouvernements canadien et mexicain ainsi que pour le business, un tel programme de « travailleurs invités » est une situation « gagnant gagnant » car il fournit les moyens de contrôler une migration forcée engendrée par les corporations et les déplacements de populations militarisés pendant qu'ils peuvent récolter les profits économiques d'une main-d'oeuvre manipulable et exploitable au Canada ainsi qu'à travers les devises envoyées au Mexique. Selon les dires d'un fonctionnaire du gouvernement mexicain qui fut responsable de ce programme pendant deux ans dans l'un des États du sud du Mexique, ces programmes permettent au gouvernement mexicain d'affaiblir les mouvements sociaux et de faciliter de façon périodique l'exode de milliers de citoyens qui vivent dans des conditions marginales. Nous pouvons donc nous attendre à ce que le gouvernement canadien soit complice dans l'augmentation de ces déplacements de populations tant au Canada qu'au Mexique. La perception que le Canada n'est qu'un partenaire junior des États-Unis cache souvent la responsabilité du Canada dans l'histoire des violences et des déplacements de populations à l'intérieur ainsi qu'à l'extérieur de ses propres frontières. Le travail de solidarité réalisé par des canadien(ne)s en soutien aux mouvements des communautés autochtones, de paysans et de travailleurs au Mexique permet parfois de médiatiser la responsabilité qu'ont le gouvernement et les entreprises canadiennes dans la violence exercée contre de tels mouvements. Les entreprises minières canadiennes sont un exemple de plus de la complicité des Canadien(ne)s, non seulement pour leur silence face à ces problèmes mais aussi pour leur complicité active. L'exploitation minière offre cependant les motifs d'une solidarité entre ceux qui sont déplacés dans le sud et les communautés autochtones au Canada. Les activistes au Canada ne peuvent pas seulement pointer du doigt le « gouvernement mexicain corrompu » ou l'attitude impérialiste américaine. Pour comprendre ce qui provoque les déplacements de populations, il faut tout d'abord regarder ce qui a été perpétré contre les populations autochtones au Canada et comprendre que les auteurs de cette violence sont également derrière les crimes commis contre les peuples de Oaxaca, du Chiapas et d'autres régions du Mexique. Sur les terres côtières occupées du Salish, à Vancouver, ces relations deviennent visiblement un cercle qui se referme. Les premières constructions pour les Jeux Olympiques de 2010 provoquent la destruction des terres indigènes, l'embourgeoisement des anciens quartiers populaires et la répression contre les populations autochtones à l'intérieur comme à l'extérieur de la ville. Beaucoup d'emplois dans la construction, dangereux et mal payés, sont occupés par des Mexicains qui proviennent de communautés appauvries qui, comme au Canada, ont été réprimés au nom du « développement ». En fond apparaissent les gratte-ciels de l'ouest de Vancouver, siège de la plupart des entreprises minières et des conglomérats du « développement ». Suit une liste non exhaustive des entreprises minières canadiennes qui opèrent actuellement au Mexique (beaucoup opèrent au travers de filiales).
Écrit avec l'aide de : Antoine Libert Amico. Traduction au français : Grégoire Valadié. Lisez Le
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