Le Marxiste-Léniniste

Numéro 132 - 14 juillet 2009

Appuyons la juste grève des travailleurs de Vale Inco!


Sudbury, 13 juillet 2009

Appuyons la juste grève des travailleurs de Vale Inco!
Les travailleurs de Vale Inco rejettent les concessions et déclenchent la grève à la défense de leurs emplois et de leur communauté
Sudbury est soutenable, mais le droit de monopole ne l'est pas! - David Starbuck
Nouvelle pression en faveur de la monopolisation mondiale de l'industrie minière

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Appuyons la juste grève des travailleurs de Vale Inco!

Les mineurs et raffineurs prennent une position ferme contre les concessions.

Plus de 4 000 mineurs et raffineurs de Vale Inco à Sudbury et Port Colborne, en Ontario, et à Voisey's Bay au Labrador ont voté à l'écrasante majorité en faveur de la grève contre les concessions. Le monopole minier international invoque à son tour la crise économique comme raison pour obliger ses employés à renoncer aux primes reliées à la production de nickel et exclure les nouveaux venus du régime de pension à prestation déterminée, entre autres concessions.

Les travailleurs ont participé en grand nombre aux assemblées générales et en Ontario ils ont voté à 85 % contre les concessions tandis qu'au Labrador c'est à 99 % qu'ils ont voté contre le diktat de la compagnie sur les concessions. Les tentatives de la compagnie de saper l'autorité de la direction du syndicat en faisant appel directement aux travailleurs par son site web n'ont pas réussi à décourager la participation massive aux discussions et au vote. Et en Ontario les travailleurs l'ont fait en dépit du fait que les mines et raffineries sont fermées pendant huit semaines.

Le Marxiste-Léniniste salue les mineurs et raffineurs de Vale Inco et leur solidarité sociale et détermination à défendre les droits de tous, y compris des nouveaux embauchés, et à défaire l'offensive du monopole pour leur soutirer des concessions. Leur grève réfute en pratique le mensonge qui dit que le travail pour extraire et raffiner les richesses naturelles du Canada est « un coût » que doit défrayer le richissime propriétaire des actions et de la dette de Vale Inco. Les travailleurs produisent la valeur ajoutée et ont le premier droit de réclamation à cette valeur. La société a le deuxième droit, par les taxes et impôts, pour pourvoir s'acquitter de sa responsabilité de répondre aux besoins de la population et de bâtir la nation en opposition au droit de monopole et à l'oligarchie financière qui a prouvé par son avidité insouciante qu'elle fait partie du problème. Les réclamations désuètes sous forme d'intérêts, de frais et de dividendes sont un poids et une ingérence dans l'économie socialisée du Canada et sont aussi à l'origine de la crise. La vieille rengaine qui dit qu'il faut la participation de riches investisseurs étrangers ou du pays pour que les mineurs et raffineurs puissent travailler est dépassée. Les revenus créés par le travail de production sont plus que suffisants pour assurer la reproduction élargie et l'investissement public dans le secteur manufacturier et celui des services dans la région. La vérité est que lorsque les monopoles empochent la richesse créée, privant les régions-ressources des moyens de se bâtir, cela contribue à maintenir la dépendance du Canada par rapport aux marchés internationaux et à l'empire américain et cela prive les Canadiens d'une économie qui suffit à ses besoins et qui se développe dans tous les secteurs et toutes les régions. Plus les propriétaires des actions et de la dette de Vale Inco retirent de la valeur ajoutée de l'économie des régions avec les concessions, plus l'économie locale et nationale est mal en point. Les concessions sont une manoeuvre des riches pour appauvrir la classe ouvrière et saper le tissu social du pays. Les concessions ne doivent pas passer !

Le Marxiste-Léniniste lance l'appel à tous de faire tout en leur pouvoir pour soutenir les travailleurs de Vale Inco dans leur juste lutte contre les concessions ! Cette grève est une grande contribution à la résistance à l'offensive antisociale que mènent les capitalistes monopolistes partout au pays et qui sape l'économie. Montrons à la minorité riche que les travailleurs canadiens et leurs alliés sont unis et résolus à défaire le diktat sur les concessions et à bâtir une alternative centrée sur l'être humain !

Les concessions ne sont pas une solution !

Arrêtez de payer les riches ! Ne les laissons pas détruire l'économie !

Bâtissons le mouvement de résistance contre les concessions et pour une alternative pro-sociale ! Victoire aux travailleurs de Vale Inco !

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Les travailleurs de Vale Inco rejettent
les concessions et déclenchent la grève à la défense
de leurs emplois et de leur communauté

À 00h01 lundi matin le 13 juillet, 3 300 travailleurs de la production et de l'entretien des opérations de nickel à Sudbury et Port Colborne, en Ontario, ayant rejeté les demandes de concessions de Vale Inco sur les pensions, les primes et plusieurs autres aspects, ont déclenché la grève à la défense de leurs moyens de subsistance. La grève a été ratifiée par 85 % des 2 600 travailleurs de Sudbury qui ont pris part au vote lors d'assemblées générales les 9 et 10 juillet.

La convention collective qui régit les relations entre Vale Inco et les sections locales 6500 (Sudbury) et 6200 (Port Colborne) du syndicat des Métallos est échue le 31 mai mais elle a été prolongée jusqu'au 12 juillet. Les opérations de la compagnie en Ontario devaient reprendre le 27 juillet s'il y avait entente. Les travailleurs doivent être en poste pendant deux semaines pour réchauffer les fournaises et préparer les autres sites à la reprise des opérations. La compagnie a refusé une offre de la section locale 6500 de prolonger la convention collective d'une année.

À Terre-Neuve, 450 travailleurs de la mine et du concentrateur de nickel de Voisey's Bay, propriété de Vale Inco, ont voté contre l'offre de la compagnie à 99 %. Ce sont les mêmes enjeux dans les deux cas : l'élimination de la prime liée au prix du nickel et le remplacement du régime de pension à prestations déterminées par un régime à contributions déterminées pour les nouveaux emplois. À Voisey's Bay, la convention collective arrive à échéance le 1er août.

Jeudi le 8 juillet, Vale Inco a annoncé qu'elle mettait à pied 140 employés administratifs dans ses opérations à l'échelle mondiale (54 à Sudbury) dans le cadre la restructuration qui est en marche depuis huit ou dix mois. Cory McPhee, porte-parole de la compagnie, a dit que la perte de 54 emplois à Sudbury représente « une simple réduction, pas un déplacement de postes ». Cela porte à 400 le nombre de postes de superviseurs et autres postes administratifs abolis en un an. La restructuration n'a pas entraîné jusqu'à présent de perte d'emplois dans la production et l'entretien mais des rumeurs circulent à l'effet que des centaines et même des milliers d'emplois pourraient être éliminés une fois la nouvelle convention signée pendant que la compagnie écoule son inventaire.

En 2006, Vale SA, la deuxième plus grande entreprise minière diversifiée au monde, a accepté d'acheter Inco, ancien propriétaire des opérations de Sudbury. L'acquisition a été complétée en 2007 au coût de 20 milliards $ et Vale SA est devenu le deuxième plus grand producteur de nickel au monde, après la minière russe OAO GMK Norilsk Nickel. Durant les deux années et demi écoulées depuis l'acquisition, Vale aurait réalisé un profit de 4,5 milliards $ sur la vente de 10 milliards $ de nickel, de cuivre et d'une dizaines d'autres métaux des opérations de Sudbury.

De Rio de Janeiro, au Brésil, où se trouve le siège social de Vale, le PDG de l'entreprise Roger Agnelli a fustigé les mineurs de Sudbury, disant qu'ils représentent un coût que la compagnie doit réduire. « Les opérations de Sudbury sont les opérations les plus coûteuses de Vale et elles ne sont pas soutenables », a-t-il dit. Le 2 juillet Vale Inco a lancé un nouveau site web pour les négociations en cours (www.valeinconegotiations.com) et les employés en ont été informés par courriel. C'est là qu'elle a présenté son offre finale le 7 juillet. Le communiqué se lit comme suit :

« Au cours du dernier mois de négociations, Vale Inco a été au coeur d'une restructuration mondiale qui a pour but de faire en sorte que chaque opération, y compris celles de Sudbury et de Port Colborne, dispose de liquidités et puisse être financièrement autonome à travers tous les cycles d'affaires. Comme partie de cette initiative, il y a eu des changements importants au niveau de la structure de gestion et au niveau des fonctions de soutien, comme les services de Ressources humaines.

« Une des conditions pour être financièrement autonome est d'être en mesure d'absorber tous les coûts relatifs à l'environnement et aux programmes hérités, comme les pensions et le déficit actuel de solvabilité du régime de pension de l'Ontario, qui était d'environ 725 millions $ en date du 31 décembre 2008. »

Vale exige plusieurs concessions précises des travailleurs de Sudbury, dont les suivantes :

- Pas d'augmentation de salaire. Maintien de la clause actuelle sur l'augmentation du coût de la vie.

- Le régime de retraite sera dorénavant à contribution déterminée plutôt qu'à prestation déterminée. C'est l'employé qui absorbe tous les risques de variation.

- Les primes seront limitées à 15 % du salaire de base de l'employé et seront sujettes à d'autres limites.

- Une prime spéciale de retraite de 20 000 $ pour les employés qui ont 27 années d'ancienneté ou plus qui prendront leur retraite avant la fin de l'année.

- Les travailleurs ont droit à un seul transfert à tous les trois ans (la limite est présentement de six mois).

- Une nouvelle classification pour les étudiants embauchés durant l'été. Ils auront un taux de rémunération inférieur et ne seront plus admissibles à la prime.

« Malheureusement [...] ils n'ont pas changé leur position depuis avril », a dit John Fera, président de la section locale 6500 des Métallos. « Nous allons en faire rapport à nos membres. Ils prendront leur décision », a dit pour sa part Wayne Fraser, directeur du district 6 du syndicat des Métallos. « Nous avons une assez bonne idée de ce qui va se produire. C'est malheureux qu'ils [Vale] recourent au chantage contre ceux qui leur ont fait faire tant d'argent. Ils font chanter la communauté parce que ces primes liées au prix du nickel n'appartiennent pas seulement aux membres du syndicat [...] elles appartiennent en fait à toute la communauté. C'est l'ensemble de l'économie du nord-est ontarien qui bénéficie de ces primes. »

Leo Gerard, président international du syndicat des Métallos et membre de la section locale 6500, a ajouté : « Cette bataille porte sur la dignité des travailleurs et sur la dignité de nos communautés ».

Le Comité de négociation du 6500 recommande le rejet de l'offre

Dans un communiqué, le comité de négociation de la section locale 6500 des Métallos dénonce l'offre finale de Vale en soulignant qu'elle est pratiquement inchangée par rapport aux importantes concessions demandées le mois dernier. Il recommande le rejet unanime. Le communiqué continue :

« À ce jour, Vale est une compagnie brésilienne extrêmement profitable qui a fait un profit net de plus de 13 milliards $ l'année dernière et qui dispose de liquidités dépassant les 22 milliards $. Mais elle se sert de la situation économique générale comme faux prétexte pour exiger des concessions importantes dans notre convention collective. Malheureusement, elle le fait sans songer à l'impact que cela a pour vous, pour vos familles et pour votre communauté.

« Vale a soutiré deux fois plus de profits en Ontario en tant que propriétaire de Inco au cours des deux dernières années que durant les 10 années précédentes prises ensemble. Et pourtant elle insiste pour dire qu'elle doit imposer ces concessions radicales à ses travailleurs canadiens. [...] »

Le Comité conclut que :

« - La destruction du système de prime reliée au prix du nickel et d'indemnisation sur la base du revenu est inacceptable.
« - Les concessions sur les droits d'ancienneté sont inacceptables.
« - La sous-traitance de nos emplois est inacceptable.
« - Toutes les concessions sus-mentionnées sont inacceptables. »

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Sudbury est soutenable,
mais le droit de monopole ne l'est pas!

« Les opérations de Sudbury sont les opérations les plus coûteuses de Vale et elles ne sont pas soutenables [...] Si nous n'avions pas acheté Inco, peut-être qu'elle n'existerait même pas en ce moment », a dit Roger Agnelli, pdg de Vale SA, quelques jours avant le 12 juillet, date d'échéance pour la négociation d'une nouvelle convention collective des 3 300 travailleurs à la production et à l'entretien. « Nous avons déjà vu plusieurs compagnies sombrer à cause de manques à gagner à cause des fonds de pension. [...] Nous voulons ce qui est dans le meilleur intérêt de la compagnie et des employés. La compagnie doit être en santé financièrement. »

Quelle arrogance ! Comme l'histoire est déformée quand on la regarde par la lunette du droit de monopole ! Selon M. Agnelli, ce sont les pensions et les primes des travailleurs qui sont la cause de la crise financière de Vale et des grandes minières dans le monde. Les travailleurs de Inco devraient donc renoncer à leurs réclamations à la richesse qu'ils produisent pour sauver les opérations de Vale Inco à Sudbury.

Sudbury est un des plus grands chantiers miniers du monde. Au cours des plus de 125 dernières années, des centaines de milliards de dollars du produit social ont été extraits des entrailles de la terre, fondus, usinés et raffinés en métaux finis : nickel, cuivre, cobalt, or, argent et platine. Le nickel de Sudbury, ce métal stratégique, a fait la fortune de milliardaires à Pittsburg, New York, Londres et Toronto et permis à des dizaines de milliers de mineurs de Sudbury de se bâtir des maisons et d'élever des familles. Les réserves prouvées de minerai à Sudbury peuvent alimenter un autre siècle au niveau de production actuel. Alors comment, M. Agnelli, Sudbury n'est-elle pas soutenable ? Le minerai est à des milliers de mètres de profondeur. Il n'ira nulle part tant que les mineurs de Sudbury ne l'auront pas extrait par leur travail, quoi que vous disiez à la presse brésilienne. En tant que producteurs de la richesse dans les mines de Sudbury, les réclamations des travailleurs à cette richesse ont préséance.

Selon Vale et Agnelli, le fonds de pension des mineurs de Sudbury a un manque à gagner de 725 millions $ et il faut donc changer le régime de régime à prestations déterminées à régime à contributions déterminées, pour que ce soit les travailleurs qui assument tous les risques. Vale SA a acheté Inco il y a à peine trois ans, pour 19 milliards $, alors que le prix du métal avait atteint un niveau record. Dans des acquisitions comme celle-là, l'acheteur fait preuve de diligence. Il examine les actifs et les passifs. Vale était parfaitement au courant des obligations envers la caisse de retraite de Inco lorsqu'elle a décidé de l'acheter. Elle s'est engagée à les respecter et maintenant elle n'a plus aucune raison de s'y soustraire.

La prime liée au prix du nickel est un autre exemple de déformation des faits par Vale et Agnelli. Lorsqu'elle a été établie, en 1985, il s'agissait en fait d'une concession parce que la compagnie s'était auparavant engagée à verser un paiement variable au lieu d'un paiement déterminé. Dans les années 1980 et 1990, la prime du nickel ne rapportait que quelques centaines de dollars aux travailleurs mais plus tard le prix du nickel s'est mis à grimper. Puis il s'est mis à chuter l'année dernière et les primes sont revenues à leur niveau antérieur. Vale SA veut réduire au minimum la réclamation des travailleurs à la valeur ajoutée qu'ils produisent et s'assurer que les propriétaires du capital récoltent l'entière augmentation des revenus attribuable à l'augmentation du prix du nickel.

Vale SA et Roger Agnelli, Xstrata et Mick Davis et les autres monopoles miniers en train de se constituer en « supermajors » (BHP Bulliton, Rio Tinto et Anglo American) sont en crise. La conjoncture favorable ne pouvait durer pour toujours. La capitalisation boursière des quarante plus grands monopoles miniers du monde a baissé de 62 % en 2008 et Vale et Xstrata se sont retrouvées avec une énorme dette après avoir acheté Inco et Falconbridge alors que le marché était à la hausse. En cinquante ans, les initiés comme chez Brascan, les fonds spéculatifs, les banquiers, les avocats, les comptables et les spéculateurs ont transformé comme par magie des entreprises valant 2 milliards $ en entreprises valant 20 milliards $. La bulle a éclaté et les groupes monopolistes Vale et Xstrata vivent dans un monde où chacun est à la fois prédateur et proie. Ils cherchent à survivre par tous les moyens, quoi qu'il en coûte aux travailleurs, aux communautés et à l'économie canadienne. C'est ce système du droit monopoliste qui n'est pas soutenable. La résistance au droit de monopole sans restriction est juste !

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Nouvelle pression en faveur de la monopolisation mondiale de l'industrie minière

Le mois de juin a été témoin de nouvelles mesures pour accroître la monopolisation mondiale de l'industrie minière et créer de soi-disant « supermajors ».

BHP et Rio Tinto en coentreprise

Le 4 juin, le groupe Rio Tinto, le plus grand monopole minier du monde, a abruptement fait déraillé les négociations sur une entente avec Aluminum Corporation of China (Chinalco) en vertu de laquelle cette dernière s'engageait, en février dernier, à venir à la rescousse de Rio Tinto qui croulait sous le poids de la dette. Rio élimine des emplois et vent des avoirs pour rembourser une dette de 10 milliards $ cette année. Sa dette totale est de 38,9 milliards $ et elle a été encourue principalement pour l'achat de Alcan en 2007.

Chinalco devait investir 19,5 milliards $ dans Rio Tinto, soit 7,2 milliards $ pour l'achat d'une dette convertible et 12,3 milliards $ pour un investissement conjoint dans des projets de production d'aluminium et d'extraction de cuivre et de minerai de fer. En échange, Chinalco obtenait 18,5 % des actions de Rio (elle en détenait 9,3 %). Rio dit qu'elle va verser à Chinalco une prime de rupture d'entente de 195 millions $.

Or, Rio Tinto a annoncé qu'elle formait une coentreprise avec son rival BHP Bulliton, la plus grande entreprise minière au monde qui avait renoncé à une acquisition hostile de Rio Tinto l'automne dernier. BHP a accepté de verser 5,8 milliards $ à Rio pour la création d'une entreprise à participation 50-50. Les deux compagnies pourraient épargner plus de 10 milliards $ en combinant leurs avoirs dans l'industrie du minerai de fer dans la région de Pilbara, dans l'ouest de l'Australie, selon un communiqué du groupe. Les deux monopoles vont continuer de vendre leurs minerais séparément par l'entremise de leurs groupes de mise en marché mais ensemble ils pourraient approvisionner 75 % des importations de minerai de fer de la Chine cette année, selon Goldman Sachs JBWere Pty.

La création de la coentreprise BHP-Rio donne à deux groupes monopolistes (BHP-Rio Tinto et Vale de la Rio Doce du Brésil, connue sous le nom de Vale) le contrôle de 70 % du marché mondial du minerai de fer.

La coentreprise doit obtenir l'aval de la Commission européenne de la réglementation. En maintenant les opérations de vente et de marketing séparées, l'entente est moins « onéreuse » qu'une acquisition, dit le président de BHP Marius Kloppers, qui ajoute : « Nous sommes confiants que l'entente est réalisable. »

L'entente devrait être bloquée parce qu'elle n'est pas dans l'intérêt du public, dit la World Steel Association dans un communiqué. L'entente n'élimine pas « les enjeux supérieurs de la concurrence qui nous préoccupent », dit son directeur général Ian Chistmas.

Xstrata propose une « fusion d'égaux » avec Anglo American

Le 22 juin, Xstrata, dont le siège social se trouve à Zug, en Suisse, et qui croule également sous le poids de la dette depuis l'acquisition de la minière canadienne Falconbridge pour la somme de 22 milliards $ en 2006, a fait parvenir une lettre à la compagnie Anglo American lui offrant 68 milliards $US pour une « fusion d'égaux ». Ces deux compagnies auraient des ventes combinées valant plus de 54 milliards $ selon les données de 2008, ce qui en ferait le quatrième plus grand monopole minier diversifié au monde, producteur de cuivre, de charbon, de minerai de fer, de nickel et de zinc.

Xstrata et Anglo sont les deux derniers groupes miniers diversifiés pouvant permettre à un acquéreur de faire concurrence à BHP, Rio et Vale par une seule acquisition. Les directeurs et investisseurs du secteur minier s'intéressent à la concentration plus poussée de l'industrie, à la création de conglomérats avec des économies d'échelle pouvant mieux influencer le prix des marchandises. « Il reste relativement peu de pièces sur l'échiquier », dit Nick Hatch, analyste au groupe ING de Londres.

Fondée en 1999 et présidée par Mick Davis depuis 2001, Xstrata a fait des acquisitions d'une valeur totale de 33 milliards $ en six ans, ajoutant à ses opérations la production de cuivre au Chili, l'extraction du nickel au Canada et du charbon et du platine en Afrique du Sud. Sa filière, Xstrata Nickel, opère des mines, des usines et une fonderie dans la région de Sudbury. Plus tôt cette année, cette filière a éliminé plus de 600 emplois et fermé plusieurs opérations en invoquant comme raison la baisse du prix et de la demande du nickel. Xstrata possède également des mines, usines et fonderies qui appartenaient autrefois aux groupes Noranda et Falconbridge que contrôlait Brascan à Timmins, à Noranda et ailleurs.

Fondée par Ernest Oppenheimer en 1917 à Johannesbourg, Anglo est devenue la plus grande entreprise d'Afrique du Sud durant l'époque de l'apartheid, puisque les sanctions lui coupaient les possibilités d'expansion à l'extérieur du pays. Elle représente aujourd'hui 3 % du PIB de l'Afrique du Sud. Anglo a déménagé son siège social à Londres en 1999. Elle extrait le cuivre, le charbon et le zinc dans des pays comme le Brésil, le Venezuela et l'Australie et contrôle Anglo Platinum Ltd., le plus grand producteur de métal au monde, et possède 45 % des actions de De Beers, la plus grande compagnie de diamant.

Une fusion Anglo-Xstrata créerait le plus grand producteur de charbon thermique, de zinc et de platine au monde. Ce serait également le deuxième plus grand producteur de cuivre après Codelco, la société d'État chilienne. Les ventes combinées de Xstrata et Anglo seraient presque l'équivalent de celles de Rio Tinto de Londres, qui est la troisième plus grande minière au monde.

Les grandes aciéries s'opposeraient sans doute à la fusion, à cause de l'utilisation du charbon dans la fabrication de l'acier, selon les analystes. Toutefois, selon le Sunday Telegraph les analystes financiers croient qu'une fusion des deux géants permettraient des économies importantes.

Au Canada, les gouvernements, les partis politiques et les médias ont fait peu de cas de cette affaire, mais en Afrique du Sud, où Anglo emploie 110 000 travailleurs et Xstrata 25 000, cela soulève un tollé. La ministre sud-africaine des Mines Susan Shabangu a dit que son gouvernement était contre la fusion de Xstrata et Anglo American : « Sur le plans des normes internationales et des principes, c'est tout simplement inacceptable. On ne peut définitivement pas encourager la formation de monopoles en Afrique du Sud. »

L'Union nationale des mineurs (NUM) d'Afrique du Sud, qui regroupe 317 000 travailleurs, s'est objectée à la fusion en disant que toute entente « entraînera des pertes d'emplois inacceptables » chez Anglo. Le syndicat dit ne pas croire aux promesses faites par le directeur de Xstrata Mick Davis la semaine dernière que la compagnie n'avait pas l'intention d'atteindre ses objectifs de réduction de coûts de 1 milliards $ par l'élimination d'un grand nombre d'emplois.

Selon le porte-parole du NUM : « Nous avons déjà entendu cela. Deux compagnies s'unissent et promettent qu'il n'y aura pas de pertes d'emplois, mais elles restructurent toujours leurs opérations de manière à mener à des mises à pied. » Le PDG de la compagnie a répondu : « Les synergies que nous avons réalisées dans des transactions antérieures n'ont pas été le produit de mises à pied, mais d'une augmentation de la productivité et de l'efficacité qu'amènent les économies d'échelle. »

Rejet rapide de l'offre par Anglo

Le conseil d'administration de Anglo American a vite fait de rejeter la proposition de « fusion d'égaux » de Xstrata. Il fait valoir dans un communiqué que ses actifs miniers sont plus attrayants que ceux de Xstrata et que la fusion réduirait son exposition aux marchés « structurellement attrayants » du platine, du minerai de fer et du diamant tout en augmentant son exposition aux marchés moins désirables du zinc et du nickel.

Le Congrès des syndicats sud-africains a accueilli favorablement le rejet des propositions de Xstrata par Anglo. La fusion aurait un impact sur les prix du zinc, du cuivre, du charbon et du platine, « qui ont tous une importance critique pour l'industrie manufacturière », de dire Patrick Craven dans un communiqué électronique.

Prédateurs ou proies, ils doivent tous payer !

Le rejet de la proposition de fusion par Anglo American n'a pas pour autant fait cesser les spéculations sur les fusions et acquisitions dans l'industrie minière. Xstrata a déclaré sa détermination à poursuivre l'acquisition même si cela devait prendre deux ans, tandis que Vale et Chinalco pourraient être les « sauveurs » de Anglo.

Vale, qui a abandonné les pourparlers sur l'acquisition de Xstrata en avril de l'année dernière, demeure un acheteur possible pour Anglo, selon Alexander Hacking, analyste à la firme newyorkaise Citigroup. « Vale n'a pas nécessairement besoin de faire quelque chose, mais si elle veut se libérer du poids du gouvernement brésilien et être véritablement mondiale, elle pourrait être obligée d'agir. » Une tentative d'acquisition de Anglo ou Xstrata par Vale serait risquée à cause de la baisse de la demande du minerai de fer dans le sillon du ralentissement économique, dit Will Landers, gestionnaire de portefeuilles pour l'Amérique latine chez Blackrock. « Nous ne sommes pas complètement sortis du bois, et une transaction de cette envergure amènerait plusieurs complications », dit-il. Blackrock est le plus grand détenteur d'actions privilégiées de Bradespar qui, par l'entremise de Valepar, est un des actionnaires dominants de Vale.

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