Le Marxiste-Léniniste

Numéro 111 - 8 juin 2009

L'OÉA doit être démantelée!
Le blocus de Cuba doit être levé!

L'histoire a donné raison à Cuba


L'OÉA doit être démantelée! Le blocus de Cuba doit être levé!
L'histoire a donné raison à Cuba
Décision unanime de l'OÉA de renverser la résolution anti-cubaine
Non à la promotion de la «démocratie» impérialiste par le Canada dans les Amériques!
Déclaration du gouvernement révolutionnaire
Réflexions du camarade Fidel Castro: Le cheval de Troie

À titre d'information
Résolution de l'Assemblée générale de l'OÉA sur Cuba

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L'OÉA doit être démantelée! Le blocus de Cuba doit être levé!

L'histoire a donné raison à Cuba

Le 3 juin, la résolution de 1962 expulsant Cuba de l'Organisation des États américains (OÉA) a été renversée à l'unanimité et sans condition. C'est une défaite cinglante pour les États-Unis et leurs tentatives d'isoler Cuba, surtout des efforts récents de la secrétaire d'État Hillary Clinton. Le Marxiste-Léniniste transmet ses salutations révolutionnaires les plus chaleureuses au peuple cubain et à ses dirigeants et les félicite pour le redressement historique et décisif qu'ils ont obtenu à la 39e Assemblée générale de l'OÉA. Nous saluons également les forces progressistes et anti-impérialistes des Amériques qui n'ont pas permis que Cuba soit isolée.

La raison d'être de l'OÉA a été de servir la stratégie du « refoulement du communisme » des États-Unis dans les Amériques. Elle a commis à cette fin des ingérences et des crimes de toutes sortes contre les peuples des Amériques et des Caraïbes en invoquant l'idéal supérieur de la « démocratie ». Au Sommet des Amériques en avril, l'isolement des États-Unis a commencé à se faire sentir quand les gouvernements progressistes d'Amérique latine ont demandé que le gouvernement étasunien cesse ses tentatives d'isoler Cuba. Et maintenant, avec l'annulation de la résolution de 1962, la question qui se pose n'est pas de savoir si l'OÉA doit continuer d'exister mais bien combien de temps encore subsistera-t-elle. L'OÉA doit être démantelée et le blocus des États-Unis contre Cuba doit être levé !

La victoire de Cuba à l'OÉA est une défaite retentissante pour les impérialistes américains. La petite nation insulaire qu'est Cuba, qui n'est même pas présente à l'OÉA, est parvenue à renverser les rôles et c'est la superpuissance américaine qui a fini par être isolée. La secrétaire d'État Hillary Clinton a dû quitter l'assemblée en guise de frustration. Les récents développements mettent en relief l'opposition entre les principes socialistes du peuple cubain, forgés dans la lutte révolutionnaire, et le pragmatisme, la rétrogression et la conception étroite des droits et de la démocratie des impérialistes américains. De retour à Washington, Mme Clinton déclare maintenant que la révocation de la résolution de 1962 est une victoire des États-Unis puisque, selon elle, Cuba ne peut pas adhérer à l'OÉA à moins de satisfaire les conditions de la « charte démocratique » de l'organisation.

La marque de commerce de l'administration Obama est de prétendre mener au changement sans rien changer au statu quo, et cela comprend le refus de redresser les torts historiques, qu'il s'agisse de l'esclavage, de la torture, des crimes de guerre ou autres. L'administration Obama a donc apporté des changements cosmétiques à la réglementation sur les voyages et les renvois d'argent des Cubano-Américains non pas par souci de justice et d'humanisme mais comme une tactique pour duper les crédules et dissiper les critiques concernant le maintien du blocus injustifiable et brutal et l'objectif ultime, qui est de renverser la Révolution cubaine. Or, comme le montrent les événements à l'Assemblée générale de l'OÉA, Obama, Clinton et compagnie, qui voudraient transcender l'histoire, se retrouvent piégés par l'histoire, incapables d'y faire face et de créer les conditions d'un changement réel et du progrès. Parlant à la télévision cubaine après le Sommet des Amériques en avril, le président du Nicaragua Daniel Ortega a souligné à quel point les impérialistes américains sont incapables d'échapper à l'histoire :

« Voilà un président des États-Unis qui vous dit qu'il faut oublier le passé, alors justement qu'il est coincé par le passé ! Cinquante ans de blocus à Cuba. En 2004, quand il briguait un siège de sénateur, il affirmait que le blocus est une horreur, qu'il fallait le suspendre. On lui a posé la question à la conférence de presse et il a répondu que 2004, ça fait une éternité ! Il nous dit là qu'il ment, c'est là la réponse de quelqu'un qui ment.

« Il affirme qu'on ne peut pas lever le blocus de Cuba, Que Cuba devait lui savoir gré des concessions qu'il venait de faire. Ils veulent nous faire passer ça pour un changement, alors que ça ne s'approche même pas des mesures qu'avait prises Carter voilà trente ans. C'est même plutôt un recul. Ils veulent que nous oublions l'histoire.

« L'OÉA est morte. C'est un cadavre privé de sépulture. »

Le Marxiste-Léniniste appelle la classe ouvrière et le peuple du Canada à profiter de la victoire à l'OÉA pour multiplier les efforts pour bâtir des relations respectueuses fondées sur l'avantage réciproque entre les peuples canadien et cubain et entre tous les peuples des Amériques. Cela comprend sortir le Canada de l'OÉA, changer la politique extérieure du Canada envers Cuba qui est fondée sur la volonté de renverser la révolution cubaine et bâtir le mouvement pour mettre fin au blocus de Cuba par les États-Unis et libérer les cinq héros cubains.

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Décision unanime de l'OÉA de renverser
la résolution anti-cubaine


La ministre des Affaires étrangères du Honduras Patricia Rodas lit la résolution historique le 3 juin 2009.

Le 3 juin, à San Pedro Sula, au Honduras, la 39e Assemblée générale de l'Organisation des États américains (OÉA) a résolu à l'unanimité de révoquer sa résolution de 1962 excluant Cuba. La ministre des Affaires étrangères du Honduras, Patricia Rodas, au nom du pays hôte, a lu la nouvelle résolution et a qualifié la décision d'historique.

Dans son allocution à l'assemblée après la lecture de la résolution, le président du Honduras José Manuel Zelaya a dit : « Nous sommes tous complètement en accord. La guerre froid s'est terminée ici à San Pedro Sula. » La décision de l'assemblée réalise son voeu exprimé le 2 juin : « Nous ne devons pas clore cette Assemblée sans avoir dérogé le décret de la Huitième Réunion qui avait puni tout un peuple pour avoir proclamé des idées et des principes socialistes, précisément des principes appliqués aujourd'hui partout dans le monde. »

Tout en réitérant sa position de ne jamais adhérer à l'OÉA, le gouvernement cubain a accueilli comme positif le redressement décisif de Cuba à l'Assemblée générale dans un communiqué qui se lit entre autres : « Cuba ne désire pas et n'a pas demandé à retourner à l'OÉA. Elle reconnaît la valeur politique, le symbolisme et l'esprit rebelle de cette décision menée à bien par l'effort des gouvernements populaires d'Amérique latine. [...] L'extraordinaire force qui est en train de naître en Amérique latine a rendu possibles le remords, le redressement historique et la condamnation implicite de ce passé honteux. »

Les États-Unis avaient auparavant empêché la réalisation du consensus en exigeant que la révocation de la résolution de 1962 s'accompagne de conditions à satisfaire de la part de Cuba. L'Associated Press rapporte que la secrétaire d'État Hillary Clinton « a admis que les États-Unis se retrouvent passablement seuls » à exiger des conditions pour la levée de la suspension de Cuba, mais prétend quand même avoir « réussi à convaincre certains pays de se ranger du côté des États-Unis », sans dire de quels pays il s'agissait.

La ministre des Affaires étrangères du Honduras a rejeté cette position sans principe en disant : « La situation doit être résolue en faveur du peuple et du gouvernement cubains, et sans imposer de conditions à Cuba. Cuba est un pays souverain qui a le droit à l'autodétermination, comme tous les pays de la région. »

Le 2 juin, se heurtant à l'opposition, Clinton s'est envolée vers l'Égypte avant qu'une décision ne soit prise. Son adjoint Thomas A. Shannon a plus tard approuvé la résolution telle quelle tout en déclarant : « Nous avons éliminé un obstacle à la réintégration de Cuba à l'OÉA et nous avons établi un compromis avec Cuba, ouvert une voie vers l'avenir sur la base des principes, des valeurs et des pratiques de l'OÉA. »

Au contraire, comme le déclarait le président du Nicaragua Daniel Ortega le 3 juin après l'adoption de la résolution, le prochain pas doit être la levée du blocus que les États-Unis ont imposé Cuba il y a un demi-siècle. L'agence vénézuélienne ABN rapporte : « Daniel Ortega a noté qu'il a été possible de gagner cette bataille, de laver cette tâche, uniquement parce que Cuba n'a pas capitulé, n'a pas succombé aux multiples agressions qu'elle a subies sur tous les fronts. »

Il a également souligné qu'après 50 ans de blocus, Cuba demeure résolue et continue de développer et de promouvoir ses valeurs de solidarité.

Il a ajouté que les pays de l'ALBA (Alternative bolivarienne pour les Amériques) « ont contribué à la victoire de cette résolution, qu'il considère comme une autre victoire pour le peuple cubain, pour le peuple de Martí, pour le peuple de Fidel ».

Le président du Venezuela Hugo Chavez a déclaré qu'avec cette résolution, les pays d'Amérique latine « ont démontré que nous ne sommes plus des colonies des États-Unis. Nous ne sommes plus ces peuples qui ont été entraînés et détruits par l'empire nord-américain. Nous avons de la dignité. » Le ministre vénézuélien des Affaires étrangères Nicolas Madura a quant à lui affirmé que la révocation de l'exclusion représente « une affirmation de Cuba, de son peuple, du commandant Fidel Castro et de la direction historique de la Révolution ».

En Argentine, la présidente Cristina Fernandez a dit que la décision de l'OÉA d'annuler « cette sanction promulguée contre Cuba il y a de nombreuses années de cela est un événement historique ».

Le ministre des Affaires étrangères de l'Équateur Fander Falconi a dit à l'Assemblée que Cuba avait été isolée à cause des pressions des États-Unis, en violation du droit international, durant la réunion de 1962 qui a expulsé Cuba. « Nous avons corrigé l'histoire à la satisfaction de tous les Latino-Américains. »

« Il est temps que toutes les nations des Amériques vivent dans le respect et l'égalité, que nous respections nos différences et que nous cherchions à nous compléter les uns les autres, à corriger nos erreurs et à bâtir les nouvelles institutions que demande notre rêve d'intégration », a dit M. Falconi.

Le ministre chilien des Affaires étrangères Mariano Fernandez a déclaré : « C'est un moment véritablement historique pour l'OÉA. Comme on le sait, le Chili n'a pas approuvé la sanction de 1962 et en ce sens notre pays célèbre sa révocation. »

Le secrétaire général de l'OÉA José Miguel Insulza a dit que la révocation de la résolution de 1962 contre Cuba « ouvre une meilleure voie vers l'avenir, mais nous ne devons pas réagir à l'excès. L'embargo est toujours là. »

Parlant du blocus à la troisième plénière, Insulza a déclaré : « Je l'ai dis plusieurs fois, l'embargo est une erreur. [...] L'embargo fait du tort aux Cubains. J'aimerais que nous puissions célébrer la fin de l'embargo durant les années qui viennent. Je ne crois pas et je n'ai jamais cru aux sanctions [...] ni au blocus pour la réalisation de politiques démocratiques. »

Le Canada était représenté par le ministre d'État Peter Kent (récemment interdit de séjour à Cuba suite à un bris de protocole avec ses remontrances publiques concernant les droits humains et la démocratie). Il a émis un communiqué concernant la résolution dans lequel il dit :

« Il me fait grand plaisir de me joindre à mes collègues des autres États membres de l'Organisation des États américains pour appuyer une décision historique qui revêt une grande importance à la fois pour l'avenir de l'OEA et pour la représentativité de cette instance interaméricaine. » Comme Hillary Clinton, il a cependant tenu à dire que Cuba doit satisfaire à « certaines conditions » pour être réadmise. « Cette résolution historique a pour effet de lever la suspension décidée en 1962 et d'établir un processus qui devrait permettre à Cuba de participer de nouveau aux activités de l'OEA dans le respect des principes, objectifs et pratiques de l'organisation », écrit-il.

Le président du Paraguay Fernando Lugo, prenant la parole à l'Assemblée générale le 2 juin, a demandé l'abolition des mesures injustifiables contre Cuba et parlé de la nécessité d'unir le continent. Durant une visite d'État à Cuba le 3 juin, après l'adoption de la résolution, il a réitéré sa condamnation du blocus américain. « Quoi que nous fassions à l'OÉA, cela ne suffira pas à redresser tous les torts infligés à Cuba au cours des cinquante dernières années. » Lors d'une visite à l'École de Médecine d'Amérique latine, il a dit avoir beaucoup appris concernant la dignité du peuple cubain et sa capacité de résister au blocus. En restant en vie et par sa solidarité, Cuba est devenue un exemple pour l'Amérique latine et les Caraïbes, a-t-il dit.

(Sources : Agencia Cubana de Noticias, Granma, Prensa Latina, Agencia Bolivariana de Noticias, Agence France Presse, Xinhua, Associated Press)

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Non à la promotion de la «démocratie» impérialiste par le Canada dans les Amériques!

Le rôle honteux que joue le Canada au service des visées impérialistes des États-Unis dans le monde, dont la promotion de la conception impérialiste de la « démocratie », se voit par ses agissements au sein de l'OÉA. Un rapport de 2007 du Comité permanent de la Chambre des communes sur les Affaires étrangères et le développement international intitulé Renforcer le rôle du Canada dans le soutien international au développement démocratique, on lit à ce sujet :

« Après s'être joint à l'Organisation des États américains (OEA) en 1990, le Canada a joué un rôle clé dans la création de l'Unité pour la promotion de la démocratie en 1991. Il a ensuite parrainé le Fonds spécial pour le renforcement de la démocratie et la Charte démocratique adoptée en 2001. [...] Le Comité a également rencontré des cadres supérieurs de l'OEA à Washington, D.C., le 6 février 2007. Elizabeth Spehar, une Canadienne, dirige l'Unité, maintenant le Département de la promotion de la démocratie, depuis 1995. Le Canada verse à l'OEA la deuxième contribution en importance (9,2 millions de dollars américains en 2004-2005, plus une contribution volontaire additionnelle de 9 millions de dollars). Cependant, le budget que l'OEA consacre à la promotion de la démocratie est relativement modeste (3,5 millions de dollars en 2006 provenant de son propre budget et 10 à 15 millions de dollars qui viennent de l'extérieur). »

Plus récemment, à un point de presse au début du Sommet des Amériques en avril, le premier ministre Stephen Harper a carrément déclaré son intention d'aider au renversement de la Révolution cubaine à la manière dissimulée du Canada :

« Si l'on veut vaincre les politiques économiques nationalistes et socialistes d'État, je ne crois pas que l'embargo commercial soit la façon de le faire. Cela dit, nous ne pouvons fermer les yeux devant le fait que Cuba est un pays communiste et nous voulons voir des progrès concernant la liberté, la démocratie et les droits humains, autant que sur le plan économique. »

Dans une entrevue au réseau Fox durant le sommet, Harper a parlé des « antagonistes », du « socialisme de la guerre froide » et des « nations parias » en référence à des pays comme le Venezuela et Cuba. Il a dit être un « conservateur anticommuniste ».

Les propos du ministre d'État Ken suite à la révocation de la résolution de 1962 contre Cuba sont imprégnés du même esprit chauvin, notamment avec cette prétention que Cuba a besoin de l'OÉA : « Je tiens à réaffirmer que le Canada appuie vigoureusement les principes démocratiques que défend l'OEA, et nous espérons que Cuba donnera son adhésion à ces principes. [...] Cette résolution historique a pour effet de lever la suspension décidée en 1962 et d'établir un processus qui devrait permettre à Cuba de participer de nouveau aux activités de l'OEA dans le respect des principes, objectifs et pratiques de l'organisation. Les États membres ont réaffirmé que leurs efforts s'inspireraient de la Charte de l'OEA et des instruments fondamentaux relatifs à la démocratie, aux droits de la personne, à la sécurité, à la non-ingérence, à l'autodétermination et au développement. »

Le Marxiste-Léniniste dénonce le rôle que joue le Canada à l'OÉA, en particulier son attitude arrogante et condescendante envers les peuples d'Amérique latine et des Caraïbes, surtout Cuba, comme le montre son objectif déclaré de s'ingérer dans les affaires intérieures de Cuba en violation des principes du droit international. On n'a qu'à regarder l'activité criminelle du Canada en Haïti pour voir comment l'État canadien veut établir la « démocratie » dans les Amériques. Que des représentants du Canada parcourent le monde pour donner des leçons de « démocratie » aux autres relève de la pire hypocrisie quand on sait combien souvent les Canadiens de tous les milieux et les Premières Nations ont exprimé leur profond mécontentement envers ce système « démocratique » qui les prive de tout pouvoir politique et qui marginalise leurs préoccupations et viole leurs droits.

Bas les pattes de Cuba ! Canada, hors de l'OÉA !
Non à la « démocratie » impérialiste !

(Sources : CanWest News, Trinidad Express, Canadian Press)

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Déclaration du gouvernement révolutionnaire

Un acte de portée historique vient d'enterrer formellement la honteuse résolution qui exclut Cuba, en 1962, du Système interaméricain.

Cette décision était à la fois infâme et illégale, contraire aux objectifs et aux principes contenus dans la Charte de l'OEA. En même temps, elle était cohérente avec l'histoire de cette organisation et avec le motif pour lequel elle fut créée, soutenue et défendue par les États-Unis. Elle a joué à fond son rôle d'instrument de l'hégémonie étasunienne dans l'hémisphère, contribuant à ce que Washington impose sa volonté en Amérique latine au moment historique du triomphe de la Révolution cubaine.

Aujourd'hui, la région d'Amérique latine et des Caraïbes vit une autre réalité. La décision prise lors de la 39e Assemblée générale de l'OEA est le fruit de gouvernements plus engagés envers leurs peuples et envers les problèmes réels de la région, qui ont acquis une conception de l'indépendance faisant malheureusement défaut en 1962. Cuba reconnaît le mérite des gouvernements qui ont voulu effacer formellement cette résolution désignée lors de la réunion sous le terme de « cadavre sans sépulture ».

En prenant la décision de laisser sans effet la résolution IV de la 8e réunion consultative des ministres des Relations extérieures de l'OEA, cette organisation désavoue ouvertement la politique suivie par les États-Unis contre Cuba dès 1959. Elle n'a d'autre objectif que de réparer une injustice historique faite aux peuples de Cuba et d'Amérique.

Un consensus est intervenu à la dernière minute, mais la décision a été adoptée contre la volonté de Washington et malgré les interventions, ou plus exactement les pressions exercées sur les gouvernements de la région. Il s'agit donc d'une défaite de l'impérialisme qui lui est infligée par son propre instrument.

Cuba accueille avec satisfaction ce geste de souveraineté et de civisme, tout en remerciant les gouvernements qui, mus par la solidarité, l'indépendance et la justice, ont défendu le droit de Cuba à réintégrer l'organisation. Elle comprend parfaitement que l'OEA ait voulu se laver d'une tache qui était le symbole de sa servilité.

Cuba confirme cependant, une fois de plus, qu'elle ne réintégrera pas l'OEA.

Dès le triomphe de la Révolution, l'Organisation des États américains a joué un rôle actif en faveur de la politique d'hostilité de Washington contre Cuba. Elle a approuvé le blocus économique, elle a imposé un embargo sur les armes et les produits stratégiques, elle a obligé les pays membres à rompre les relations diplomatiques avec notre État révolutionnaire. Pendant des années elle a prétendu, malgré la fameuse exclusion, maintenir Cuba sous sa compétence et la soumettre à sa juridiction comme à celle de ses organes spécialisés. Le rôle et l'histoire de cette organisation ne peuvent qu'être condamnés par Cuba.

Le peuple cubain a su résister aux agressions et au blocus, rompre l'isolement diplomatique, politique et économique et affronter seul, sans jamais plier, l'agressivité constante de l'empire le plus puissant qu'ait jamais connu la planète.

Notre pays entretient aujourd'hui des relations diplomatiques avec tous les pays de l'hémisphère, sauf les États-Unis. Il a tissé avec la plupart d'entre eux des liens solides d'amitié et de coopération.

Cuba a conquis en outre sa pleine indépendance et avance résolument vers l'instauration d'une société plus juste, plus équitable et plus solidaire.

Elle l'a fait avec héroïsme, au prix de sacrifices et avec la solidarité des peuples d'Amérique. Elle partage des valeurs qui sont contraires à celles du capitalisme néolibéral et égoïste qui est si cher à l'OEA et estime avoir le droit de dire, en toute autorité, non à l'entrée dans un organisme au sein duquel les États-Unis exercent encore un contrôle oppresseur. Les peuples et les gouvernements de la région sauront comprendre la justesse de cette position.

On le voit mieux aujourd'hui qu'en 1962 : c'est l'OEA qui est incompatible avec les aspirations les plus chères des peuples d'Amérique latine et des Caraïbes, qui est incapable de représenter leurs valeurs, leurs intérêts et leur attachement véritable à la démocratie, qui n'a pas su résoudre les problèmes d'inégalité, de disparités dans la distribution des richesses, de corruption, d'ingérence étrangère et de lutte contre le pillage auquel se livre le grand capital transnational. C'est l'OEA qui s'est tue face aux crimes les plus atroces, qui se range du côté des intérêts de l'impérialisme, qui conspire et organise la subversion contre des gouvernements authentiques et légitimement constitués, bénéficiant d'un soutien populaire démontré.

Les discours et les positions défendues à San Pedro Sula sont éloquents. On ne saurait faire la sourde oreille aux critiques formulées contre l'anachronisme de l'organisation, son divorce de la réalité, son histoire infâme.

Beaucoup ont exigé la levée, une fois pour toutes, du criminel blocus économique imposé par les États-Unis à Cuba, ce qui traduit un sentiment croissant et irréversible qui se fait jour dans tout l'hémisphère. Bien des orateurs ont parlé dans un esprit d'indépendance auquel Cuba adhère totalement.

La volonté d'intégration et de concertation des pays d'Amérique latine et des Caraïbes est de plus en plus manifeste. Cuba participe activement, et continuera de le faire, aux mécanismes représentatifs de ce que José Marti a appelé « Notre Amérique », du Rio Bravo à la Patagonie en passant par les Caraïbes insulaires.

Renforcer, élargir et harmoniser ces organismes et ces groupes : tel est la voie choisie par Cuba. Nous n'entretenons pas l'illusion bizarre de réintégrer une organisation qui n'admet pas de réforme et que l'histoire a déjà condamnée.

Le 4 février 1962, plus d'un million de Cubains rassemblés sur la place de la Révolution en assemblée populaire répondaient à la réunion consultative ignominieuse des ministres des Relations extérieures de l'OEA par la Deuxième Déclaration de La Havane, où l'on peut lire, textuellement :

« Si l'épopée de l'indépendance de l'Amérique latine fut grandiose et la lutte, héroïque, les Latino-américains d'aujourd'hui ont devant eux une épopée encore plus décisive à écrire, pour toute l'humanité. Les combats d'autrefois furent livrés contre le pouvoir colonial d'une Espagne décadente, envahie par les armées de Napoléon. Aujourd'hui, il nous appartient de livrer notre lutte de libération contre la plus puissante métropole impériale du monde et la force la plus importante du système impérialiste mondial : il s'agit de rendre à l'humanité un service encore plus grand que celui de nos prédécesseurs.

« Parce que cette grande humanité a dit : « assez ! » et s'est mise en marche. Et sa marche de géants ne s'arrêtera pas avant la conquête de la véritable indépendance, pour laquelle beaucoup sont déjà morts inutilement. »

Nous resterons loyaux à ces idéaux qui ont permis à notre peuple de préserver la liberté, la souveraineté et l'indépendance de Cuba.

La Havane, le 8 juin 2009

(Source : Granma international)

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Réflexions du camarade Fidel Castro

Le cheval de Troie

Rafael Correa, le président équatorien, a affirmé en Honduras à la veille de la réunion de l'OEA : « Je crois que l'OEA a perdu sa raison d'être ; peut-être d'ailleurs n'en a-t-elle jamais eue. » La dépêche d'ANSA ajoute que Correa « a auguré "la mort" de cette organisation à cause de nombreuses erreurs qu'elle a commises. »

Selon lui, « les pays du continent, pour des conditions géographiques, ne peuvent pas être "tous mis dans le même sac", raison pour laquelle l'Équateur a proposé voilà plusieurs mois de créer l'Organisation des Etats latino-américains. »

« "Il n'est pas possible de discuter des problèmes de la région à Washington ; construisons quelque chose à nous, sans pays étrangers à notre culture, à nos valeurs, en incluant bien entendu les pays qui ont été séparés inexplicablement du système interaméricain, et je veux parler du cas concret de Cuba... qui a été une vraie honte et qui prouve le deux poids deux mesures régnant dans les relations internationales". A son arrivée au Honduras, aussi bien lui que le président Zelaya ont déclaré que "l'OEA doit être réformée et doit réintégrer Cuba ; sinon, elle devra disparaître". »

Une autre dépêche de l'agence DPA affirme :

« La réintégration de Cuba à l'Organisation des États américains (OEA) a cessé d'être un point en soi à l'ordre du jour de l'Assemblée générale de l'organisme qui se déroule à San Pedro Sula (Honduras) pour se convertir une fois de plus en prétexte d'une lutte d'intérêts qui dépasse les frontières de l'île caribéenne et pourrait remettre en cause (de nouveau) les relations continentales. »

« Le président vénézuélien Hugo Chávez l'a laissé clairement entendre quand il a qualifié la rencontre continentale qui débute ce mardi-ci au Honduras en termes quasi militaires »

« Ce sera, a-t-il dit, "une bataille intéressante" à l'issue de laquelle, s'il est prouvé que l'OEA "reste un ministère des colonies" qui ne se transforme pas pour "se subordonner à la volonté des gouvernements qui la constituent", il faudra dès lors envisager "d'en sortir" et créer une autre solution. »

« "L'Amérique latine fait de Cuba l'épreuve clef pour tester la sincérité de l'administration Obama quant à ses intentions de se rapprocher vraiment" de la région, a soutenu Julia Sweig, experte pour Cuba au Council of Foreign Relations de Washington, au journal The Washington Post à la veille de la rencontre au Honduras. »

En résistant aux agressions de l'Empire le plus puissant qui ait jamais existé, notre peuple a lutté pour les autres peuples frères de ce continent. L'OEA a été complice de tous les crimes commis contre Cuba.

Les pays latino-américains ont tous été, à un moment ou à un autre, victimes d'interventions et d'agressions politiques et économiques. Pas un seul ne peut le nier. Il serait naïf de croire que les bonnes intentions d'un président étasunien pourraient justifier l'existence de cette institution, qui a ouvert les portes au cheval de Troie qui a appuyé les sommets des Amériques, le néolibéralisme, le trafic de drogues, les bases militaires et les crises économiques. L'ignorance, le sous-développement, la dépendance économique, la pauvreté, l'émigration de ceux qui cherchent du travail et sont expulsés de force, le vol de cerveaux et même les armes perfectionnées de la criminalité organisée ont été les conséquences des interventions et du pillage en provenance du Nord. Cuba, un petit pays, a prouvé qu'on peut résister au blocus et progresser dans de nombreux domaines, voire coopérer avec d'autres pays.

Le discours prononcé aujourd'hui par le président hondurien, Manuel Zelaya, à l'Assemblée générale de l'OEA contient des principes qui pourraient passer à l'histoire. Il a dit des choses admirables de son pays. Je me bornerai à ce qu'il a dit de Cuba :

« A cet assemblée de l'Organisation des États américains qui s'ouvre aujourd'hui à San Pedro Sula (Honduras), nous devons commencer à rectifier sagement de vieilles erreurs. »

« Nous, Latino-Américains qui sommes ici, nous avons eu, voilà peu, voilà deux semaines ou deux mois, un grand sommet du Groupe de Rio, à Salvador de Bahia (Brésil). Là, nous avons pris un engagement. L'engagement que nous avons pris par écrit et à l'unanimité de toute l'Amérique latine, est que cette assemblée de San Pedro Sula devait, à la majorité ou par consensus, amender la vieille erreur faite en 1962 d'expulser le peuple cubain de cette organisation. »

« Nous ne devons pas clore cette Assemblée, chers présidents, sans avoir dérogé le décret de la Huitième Réunion qui avait puni tout un peuple pour avoir proclamé des idées et des principes socialistes, précisément des principes appliqués aujourd'hui partout dans le monde, y compris aux États-Unis et en Europe (applaudissements). Les principes de chercher de solutions de développement différentes sont aujourd'hui évidents dans le changement qu'il y a eu justement aux États-Unis qui ont élu le président Barack Obama... »

« Nous ne pouvons pas nous retirer de cette Assemblée sans avoir réparé cette erreur et cette infamie, parce que c'est en se fondant sur cette résolution de l'Organisation des États américains, qui remonte à plus de quatre décennies, qu'on a maintenu contre le peuple frère cubain un blocus injuste et inutile, justement parce qu'il n'a atteint aucun objectif. Tout ce qu'il a prouvé, c'est qu'à quelques kilomètres de notre pays, dans une petite île, il y a un peuple prêt à résister et à faire tous les sacrifices pour son indépendance et sa souveraineté. »

« ... ne pas le faire nous rendrait complices, nous, d'une résolution de 1962 en vertu de laquelle un pays a été expulsé de l'Organisation des États américains, simplement pour avoir d'autres idées, d'autres pensées, et avoir proclamé des principes d'une démocratie différente. Et nous n'allons pas en être complices. »

« Nous ne pouvons pas partir de cette Assemblée sans avoir dérogé ce qui a été fait à cette époque. »


De gauche à droite: le président du Honduras Manuel
Zelaya, le président du Nicaragua Daniel Ortega et le président du Paraguay Fernando Lugo à l'Assemblée
générale de l'OEA le 2 juin 2009.

« Un Hondurien exceptionnel, un de nos grands hommes, José Cecilio del Valle, nommé dans notre pays Valle le Sage, affirmait le 17 avril 1826, dans un article fameux : « Souveraineté et non-intervention », alors que nous venions de proclamer notre indépendance de la couronne espagnole : "Les nations du monde sont indépendantes et souveraines. Quelle que se soit son étendue territoriale ou sa quantité d'habitants, une nation doit traiter les autres comme elle voudrait être traitée par elles. Une nation n'a pas le droit d'intervenir dans les affaires intérieures d'une autre nation." »

C'est sur ces paroles de Cecilio del Valle et après avoir mentionné le Mahatma Gandhi, Jésus-Christ, Martin Luther King, Abraham Lincoln, Morazán, Martí, Sandino et Bolívar, qu'il a conclu son discours.

Quelques minutes après, à la conférence de presse ayant suivi l'ouverture de l'Assemblée, il a répondu à des questions et réitéré des principes. Il a ensuite cédé la parole à Daniel Ortega, qui a présenté l'une des communications les plus profondes et les mieux argumentés à l'Assemblée de l'OEA. Invités par Zelaya à prendre la parole à la conférence, Fernando Lugo, le président paraguayen, et Rigoberta Menchú se sont prononcés dans le même sens que le président hondurien et Daniel.

Voilà des heures que l'Assemblée discute. Alors que je conclus ces Réflexions, il fait presque nuit et nous n'avons aucune nouvelle de la décision. On sait que le discours de Zelaya a exercé une influence. Chávez converse avec Maduro et l'exhorte à maintenir fermement sa position : aucune résolution qui poserait des conditions à la dérogation de la sanction injuste contre Cuba n'est admissible. On n'a jamais vu une telle contestation. La bataille est rude, sans aucun doute. De nombreux pays dépendent de l'index du gouvernement étasunien pointé vers le Fonds monétaire, la Banque mondiale, la Banque interaméricaine de développement ou vers toute autre direction pour châtier des rébellions. L'avoir livrée est déjà un soi un exploit des plus rebelles. Le 2 juin 2009 sera rappelé par les générations futures.

Cuba n'est pas ennemie de la paix, ni rétive aux échanges ou à la coopération entre pays à systèmes politiques différents. Mais elle a défendu et elle défendra ses principes d'une manière intransigeante.

Fidel Castro Ruz
Le 2 juin 2009
18 h 56

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À titre d'information

Résolution de l'Assemblée
générale de l'OÉA sur Cuba

(Adoptée à la troisième session plénière le 3 juin 2009.)

L'ASSEMBLEE GENERALE :

RECONNAISSANT l'intérêt partagé dans la pleine participation de tous les Etats membres ;

GUIDEE par les objectifs et les principes établis de l'Organisation des Etats américains inscrits dans la Charte de l'Organisation et ses autres instruments fondamentaux concernant la sécurité, la démocratie, l'autodétermination, la non-intervention, les droits de l'Homme et le développement ;

CONSIDERANT l'ouverture qui a caractérisé le dialogue des chefs d'Etat et de gouvernement lors du 5e Sommet des Amériques à Port-d'Espagne, et que dans ce même esprit les Etats membres souhaitent établir un cadre vaste et revitalisé de coopération dans les relations hémisphériques ; et

COMPTE TENU, conformément à l'article 54 de la Charte de l'Organisation des Etats américains, que l'Assemblée générale est l'organe suprême de l'Organisation,

DECIDE :

1. Que la Résolution VI adoptée le 31 janvier 1962 lors de la 8e Réunion consultative des ministres des Relations extérieures, par laquelle a été exclu le gouvernement de Cuba de sa participation au Système interaméricain, reste sans effet dans l'Organisation des Etats américains.

Que la participation de Cuba à l'OEA sera le résultat d'un processus de dialogue entrepris à la demande du gouvernement de Cuba et conformément aux pratiques, aux objectifs et aux principes de l'OEA.

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