Le Marxiste-Léniniste

Numéro 24 - 3 février 2009

Crise dans les champs pétroliers

Crise dans les champs pétroliers - Peggy Morton
Accord sur les redevances avec Syncrude: Une autre combine pour payer le riches
Le Programme de captage et stockage du carbone de l'Alberta - Un éducateur en science de l'Alberta

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Crise dans les champs pétroliers

Face à la crise économique, les monopoles du pétrole et du gaz naturel révisent à la hâte leurs nouveaux projets en Alberta et demandent aux gouvernements d'intervenir pour protéger et élargir leur capital. Le prix du pétrole but est passé de 140 $ le baril à environ 40 $. Le prix du gaz naturel a également chuté à environ 5 $ le millier de pieds cubes, de son sommet de 11 $ il n'y a pas longtemps. La demande de pétrole a baissé à cause de la crise, avec comme conséquence de nombreuses mises à pied et une baisse de la production.

Voici les dernières nouvelles :

- seulement 36 % des 224 tours de forage de l'Alberta étaient en opération la première semaine de janvier, le plus bas niveau depuis 1993 et la moitié de ce qui était en opération en 2006 ;

- les grandes pétrolières ont réduit leurs budgets d'exploration de milliards de dollars ;

- les promoteurs des projets de sables bitumineux suspendent la construction des usines de valorisation ;

- le promoteur BA Energy Inc. annonce une faillite.

Le ralentissement soudain de l'industrie pétrolière apporte son lot de misère aux travailleurs avec la multiplication des mises à pied qu'il entraîne. Cela montre clairement le besoin d'une nouvelle direction pour l'économie en Alberta et au Canada. La dépendance par rapport à l'extraction primaire et à l'exportation du pétrole brut et du bitume est une catastrophe pour les travailleurs et la population de l'Alberta.

Statistique Canada rapportait le 9 janvier que le Canada a perdu 34 000 emplois en décembre. C'est en Alberta que les pertes sont les plus nombreuses, soit 16 000 emplois. Il y a à peine quelques mois, les pétrolières se plaignaient d'une pénurie de main-d'oeuvre et réclamaient l'élargissement du programme pour travailleurs étrangers temporaires. Ces derniers font face à la menace d'être renvoyés chez eux ou de rester comme travailleurs sans papier, sans défense face aux excès des employeurs. La semaine dernier, la compagnie Flint Energy Services annonçait des mises à pied. Schlumberger et Haliburton, deux géants de l'industrie des services pétroliers, licencient plus de 2 000 personnes. Des professionnels sont également victimes de licenciements partout dans l'industrie. Au moins 2 200 ingénieurs ont été remerciés de leurs services au cours des deux derniers mois. Les entreprises révisent leurs projections de demande de main-d'oeuvre. Par exemple, l'Association des propriétaires de la construction de l'Alberta a réduit de moitié ses prévisions d'octobre pour le nombre de travailleurs à embaucher pour des projets futurs. La mise à pied temporaire de 400 travailleurs à l'usine de Tenaris Prudential à Calgary, qui construit des conduites de pétrole, est annonciatrice des répercussions de la crise dans les industries manufacturières rattachées à l'industrie du pétrole.

Les demandes des magnats du pétrole

Les grandes pétrolières exigent une réduction importante des droits d'exploitation et des taxes et impôts et de plus grandes subventions de l'État. Elles disent aux travailleurs et à leurs alliés que si seulement les gouvernements cessaient d'« escroquer » les propriétaires du capital, les choses iraient beaucoup mieux dans les champs pétroliers. On cache le fait que le seul et unique intérêt des monopoles du pétrole et du gaz naturel est d'élargir et de protéger leur capital tandis que les médias monopolisés répandent carrément de la désinformation concernant la « hausse en spirale » des droits d'exploitation et des taxes et impôts et la réglementation environnementale.

La chronique de David Yager, directeur d'entreprise du secteur des services pétroliers à Calgary, dans le Calgary Herald le 1er février offre un exemple typique :

« Les entreprises pétrolières répètent depuis des années que si seulement les gouvernements les laissaient faire, elles se remettraient des aléas du marché. Mais nos gouvernements sont incapables de se retenir quand il s'agit des politiques fiscales, des redevances et des régles coûteuses de protection de l'environnement. Chacune de ces mesures instituées par des politiciens qui prétendent se soucier des emplois des simples Canadiens coûte des emplois. »

Les monopoles du pétrole en Alberta sont passés maîtres dans l'art d'utiliser l'État pour maintenir et augmenter leurs profits. Lorsque la spéculation fait grimper les prix, ils empochent des bénéfices énormes et lorsque les prix baissent ils réclament de l'argent du trésor public. Le premier ministre albertain Ed Stelmach ne s'est pas fait attendre. Le nouveau régime de redevances de l'Alberta devait entrer en vigueur le 1er janvier 2009, mais le gouvernement va maintenir offrir aux compagnies qui creusent des puits profonds après le 1er janvier 2009 la possibilité d'opter pour un taux transitoire de redevance inférieur au taux en vigueur. Elles pourront s'en prévaloir pendant cinq ans et le gouvernement prévoit que cela lui coûtera 1,8 milliards $ en revenus. Autre exemple : en juillet 2008, le gouvernement de l'Alberta a annoncé qu'il débloquait 2 milliards $ pour financer des projets de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le cadre du nouveau programme de Captage et stockage du carbone qui est présenté comme une façon de « nettoyer » le « pétrole sale » des sables bitumineux. Le premier ministre a également demandé au gouvernement Harper des fonds additionnels pour combattre le changement climatique.

Stelmach propose ce qui suit :

- Une réduction des barrières commerciales entre les provinces, notamment avec la signature de l'Accord sur le commerce, l'investissement et la mobilité de la main-d'oeuvre (TILMA) (voir à ce sujet LML du 26 janvier 2007)

- Un plan de stimulation de l'économie d'Ottawa pour les industries clé de l'Alberta, dont le pétrole et le gaz naturel, l'agriculture et les forêts

- La construction d'infrastructures provinciales avec l'argent du plan de relance fédéral

- Une révision de la réglementation de protection de l'environnement pour abolir les lois qui ralentissent les projets d'infrastructure.

La dépendance à long terme de l'économie de l'Alberta par rapport à l'extradiction primaire du pétrole, qui la place à la merci de l'exportation, signifie que la relance peut disparaître aussi vite qu'un revirement du chinook. L'économie de l'Alberta est depuis longtemps axée sur l'approvisionnement en pétrole du marché intégré de l'Amérique du Nord et dernièrement surtout sur la « sécurisation des sources de pétrole » des États-Unis. Le premier ministre albertain a déjà fait savoir à Obama que l'Alberta est le meilleur ami des États-Unis pour ce qui est de l'approvisionnement stable et sécuritaire en pétrole. Par contre, certains croient que les politiques environnementales d'Obama vont lui créer des problèmes. Durant la campagne électorale, Obama a promis de mettre un terme à la dépendance des États-Unis envers « le pétrole sale et dangereusement coûteux ». Il faisait spécifiquement référence au pétrole des sables bitumineux de l'Alberta, déclaré « pétrole sale » par les groupes environnementaux. Or, Stelmach reste convaincu que les États-Unis ont besoin d'« énergie abordable » plus que jamais pour se sortir du marasme économique et financier actuel. Le premier ministre albertain dit que son gouvernement veut dialoguer avec Washington et que l'Alberta prend l'environnement très au sérieux. Si Obama veut un pétrole plus propre, Stelmach sera heureux de dépenser des milliards de dollars des fonds publics pour le « nettoyer ».

Pour protéger les intérêts des monopoles du pétrole basés en Alberta, Stelmach a déjà demandé au premier ministre Stephen Harper de permettre à l'Alberta d'être représentée aux futurs pourparlers nord-américains sur le changement climatique. Mais Harper a refusé. Il a dit que le gouvernement fédéral se réserve la responsabilité de négocier un pacte nord-américain sur le changement climatique avec l'administration Obama.

Mais au cas où ça ne fonctionnerait pas avec Obama, Stelmach a laissé entendre qu'il avait une autre stratégie. S'inspirant sans doute du projet de pipeline d'accès d'Enbridge, il a dit en mai 2008 que si les États-Unis boycottaient les sables bitumineux de l'Alberta, celle-ci construirait un pipeline pouvant transporter le pétrole brut à la côte ouest pour le vendre à des pays comme la Chine. Il a dit : « Nous n'allons pas dépendre uniquement du marché américain, nous allons ouvrir nos marchés. Et si cela veut dire construire un pipeline vers la côte pacifique pour vendre le pétrole à d'autres pays, c'est ce que nous ferons. » Durant les élections fédérales, Harper a annoncé quand il était à Calgary qu'il pourrait restreindre l'exportation du bitume brut à des pays dont les lois sur l'environnement ne sont pas assez strictes, un signe que le gouvernement Harper avait déjà garanti à l'administration Bush un approvisionnement assuré de pétrole et qu'il est en conflit avec l'Alberta pour ce qui est des marchés asiatiques. D'ailleurs, le coût de construction du pipeline, le fait qu'il nécessite une participation importante des pays asiatiques et le manque d'intérêt du gouvernement Harper laissent planer des doutes sur la faisabilité du projet de Stelmach. Des joueurs non traditionnels de l'industrie des sables bitumineux comme la Chine, la Norvège et la France ont mis leurs plans en veilleuse.

Il y a une alternative. Discutons-en !

Ce que Stelmach propose comme solution aux problèmes de l'Alberta ne ferait qu'accentuer les problèmes pour les travailleurs et la population. Si Ed Stelmach aime dire à chaque fois qu'il en a l'occasion que les ressources pétrolières « appartiennent aux Albertains », en pratique les Albertains n'ont pas voix au chapitre sur les décisions prises et sur qui cela sert. Il faut une discussion sur ce que la classe ouvrière doit faire pour bâtir l'alternative, c'est-à-dire bâtir une économie souveraine et pro-sociale qui suffit à ses besoins et qui place les droits du peuple en premier.

La crise économique actuelle fait ressortir encore plus clairement la nécessité d'un contrôle et d'une propriété publics des ressources énergétiques. Le contrôle doit être entre les mains de la classe ouvrière et de ses alliés avec comme objectif d'humaniser l'environnement social et l'environnement naturel. Quiconque connaît la situation dans les champs pétroliers sait que ceux qui y travaillent possèdent une expertise sans limite. Le droit de monopole bloque le développement des ressources énergétiques dans l'intérêt de peuple et de mère la Terre, des travailleurs et des nations autochtones.

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Accord sur les redevances avec Syncrude:
Une autre combine pour payer le riches

En novembre 2008, le gouvernement de l'Alberta a conclu une entente avec Syncrude Canada sur les droits d'exploitation du pétrole. Le Edmonton Journal disait dans son articles annonçant la nouvelle que c'était une situation où tout le monde est gagnant. « Après près d'un an de négociation, le gouvernement provincial a conclu [le 17 novembre] une entente avec Syncrude sur les redevances en vertu de laquelle le géant des sables bitumineux versera au gouvernement une somme additionnelle de 975 millions $ d'ici 2015, écrivait le quotidien albertain.

« Pour Syncrude, l'entente signifie plus de certitude sur les coûts. Pour le gouvernement, elle retire un des derniers obstacles à l'implantation du nouveau régime de redevance, qui entre en vigueur le 1er janvier. » (Archie McLean, Edmonton Journal, 18 novembre 2008)

Dans des articles parus antérieurement dans la presse monopolisée il était question de « la position dure » de Syncrude. En mars 2008, le Financial Post publiait un article sous le titre : « Syncrude won't bite on Alberta's royalty deal : Imperial Oil says if shareholders given 'short shrift,' province can forget it. » (Syncrude tourne le dos à l'accord sur les redevances : Imperial Oil dit que la province peut oublier l'entente si elle ne ménage pas les actionnaires.) L'article citait Tim Hearn, directeur de Imperial Oil, actionnaire à 25 % de Syncrude, qui disait : « Nous avons été très clairs. Nous avons dit au gouvernement que nous étions prêts à changer le contrat en faveur des nouvelles conditions à la condition que le nouvel arrangement reconnaisse la valeur intrinsèque du contrat. »

En d'autres mots, Syncrude, qui a signé un contrat qui se termine en 2016, déclarait qu'il n'avait pas l'intention de payer un cent de plus. Mais maintenant, avec l'effondrement des projets de sables bitumineux, Syncrude vient de signer un entente aux termes de laquelle il s'engage à payer au gouvernement des milliards de dollars de plus. Comment expliquer cet improbable revirement ? La question n'a pas été posée dans la presse monopolisée. Mais à y regarder de plus près, on voit qu'il s'agit des tactiques de diversion habituelles. La réalité est que l'entente est extrêmement favorable à Syncrude mais la chose est passée sous silence.

L'accord conclu le 18 novembre comprend les conditions suivantes :

- Syncrude commencera à verser des redevances calculées en fonction du produit du bitume, moins les coûts de fonctionnement et les coûts d'immobilisation, plutôt que de payer des redevances calculées en fonction du pétrole brut synthétisé. On calcule que le bitume vaudra environ 50 % de la valeur du pétrole synthétisé (le bitume valorisé).

- Syncrude remettra les redevances qui avaient été déduites en fonction des coûts de construction des usines de valorisation, environ l'équivalent de 1,25 milliards $ plus les intérêts. Le paiement sera échelonné sur 25 ans.

- Syncrude continuera de verser des redevances au taux antérieur de 1 % du revenu brut et de 25 % du revenu net, mais sur le bitume plutôt que sur le pétrole synthétisé, et ce jusqu'en 2016. Les nouveaux taux sont de 1 % à 5 % du revenu brut et entre 25 % et 40 % du revenu net, suivant les variations du prix du pétrole. Syncrude s'engage à verser des redevances additionnelles à concurrence de 975 millions $ sur la production totale comme suit :

2010
2011
2012
2013
2014
2015
Total
75 millions $
75 millions $
100 millions $
150 millions $
225 millions $
350 millions $
975 millons $

- Tous les baux de Syncrude seront réunis en un seul. Cela veut dire que s'il y a des travaux d'expansion ou de construction sur le site, Syncrude peut revenir aux conditions antérieures au paiement intégral. C'est un gain important pour Syncrude puisque les redevances et impôts sur le pétrole des sables bitumineux sont calculés à partir des revenus et dépenses de chaque chantier et des réclamations des propriétaires des titres à la valeur ajoutée réalisée. Les coûts de production, notamment les coûts fixes de construction, peuvent être amortis à un rythme qui maintient le taux de redevances et d'impôts sur le profit à 1 % jusqu'au paiement total. Et même ce piètre 1 % n'est payable qu'à compter du montant où le bénéfice dépasse le taux à long terme des obligations du Canada.

- L'accord comprend également une entente sur la méthode de valorisation du bitume favorable à Syncrude et celui-ci se réserve le droit de substituer du bitume provenant d'autres sources.

Canadian Oil Sands Ltd. estime que l'accord signifie que la valeur ajoutée retenue par le monopole augmente d'environ 12 % et que la valeur ajoutée versée au gouvernement diminue d'environ 12 %. Et c'est cela que la presse monopolisée appelle « escroquer » les pétrolières !

En 2007, le gouvernement de Stelmach a institué une enquête sur le régime de redevances en disant que les propriétaires des ressources, la population de l'Alberta, devraient obtenir leur « juste part » de la valeur des ressources. Nous avons écrit à ce sujet ce qui suit :

« Le régime de redevances à payer à la Couronne pour l'exploitation des ressources naturelles vise surtout à étouffer la colère publique face au contrôle privé de l'exploitation de ressources qui sont du domaine public. L'établissement de redevances à payer en fonction du nombre de barils de pétrole extraits et de droits de coupe en fonction du nombre d'arbres abattus crée l'illusion que le public tire quelque chose de l'exploitation de ses ressources naturelles et que les intérêts privés sont forcés de payer une sorte de loyer. C'est jouer sur la conscience libérale des « pratiques équitables » dans la braderie des ressources naturelles, lesquelles sont d'ailleurs souvent situées sur des terres non cédées des Premières Nations. Tant qu'ils ne règlent pas les comptes avec cette conscience libérale, les Canadiens demeurent paralysés par les querelles insignifiantes à propos de la quantité de redevances et ne s'appuient pas sur le principe fondamental que les ressources naturelles appartiennent entièrement au peuple et doivent par conséquent servir le bien public. Il s'agit d'affirmer le droit public et non pas de négocier la cession de droits au nom de l'équité et de l'accommodement raisonnable d'intérêts contraires.

« Cette conception de l'exploitation des ressources naturelles centrée sur l'être humain n'a jamais eu beaucoup d'influence dans les cercles officiels du Canada. Elle a pour principe que les ressources naturelles sont publiques, qu'elles doivent le rester en toute circonstance et que le public doit tirer tous les avantages de la transformation des ressources naturelles en produits utilisables. Les intérêts privés y participent uniquement à titre d'entrepreneurs payés pour un travail réel ou à titre d'investisseurs tirant un rendement déterminé. Les intérêts privés ne peuvent jamais contrôler le produit social comme tel, que ce soit le pétrole ou le bois, le gaz naturel, le nickel, l'or, l'uranium, etc., et encore moins la distribution en gros et les prix. Les ressources naturelles sont une partie du fondement de la vie et de la société modernes, l'autre partie étant le facteur humain. Le facteur humain a pour l'essentiel été affranchi de la propriété privée, mais l'autre pilier de la vie et de la société, nos ressources naturelles, demeure assujetti au droit et à la propriété monopolistes. Le facteur humain ne peut progresser et s'épanouir, faire avancer la société et pleinement humaniser l'environnement social et l'environnement naturel à moins de former un tout avec les ressources naturelles de la planète, libérées de l'emprise de l'intérêt étroit et du droit de monopole. »

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Le Programme de captage et stockage
du carbone de l'Alberta

Le 8 juillet 2008, le gouvernement de l'Alberta annonçait l'allocation d'un fonds de départ de 2 milliards $ pour réduire les émissions de dioxyde de carbone grâce à un nouveau programme de captage et de stockage du carbone (CSC). Le CSC est un procédé qui capte et stocke les émissions de dioxyde de carbone avant qu'elles ne soient relâchées dans l'air, comme par une centrale électrique au charbon ou une raffinerie. Le dioxyde de carbone est séparé des autres émissions, déshydraté, comprimé et transporté par pipeline ou par d'autres moyens. Il est ensuite ou bien injecté dans des formations géologiques pour aider à augmenter la production des réservoirs de pétrole et de gaz naturel ou des couches de charbons, ou bien injecté à un ou deux kilomètres de profondeur dans les formations de roche poreuse où il est scellé et contrôlé. L'industrie de l'énergie de l'Alberta injecte du dioxyde de carbone dans des sols pétrolier épuisé pour améliorer la récupération du pétrole depuis plus de vingt ans.

Le 24 avril 2008 le gouvernement albertain avait d'abord annoncé la création du Conseil pour le développement du captage et stockage du carbone pour mettre au point un plan d'attaque. Le conseil est formé de 9 représentants de l'industrie des combustibles fossiles, un économiste, un ingénieur et 5 représentants du gouvernement provincial et du gouvernement fédéral. Le président du conseil est Jim Carter, ancien président du géant des sables bitumineux Syncrude Canada. Les autres représentants de l'industrie sont de Epcor, Nexen, Suncor, PennWest Energy, Shell, Petro-Canada, Enbridge et Encana. Seulement un des deux spécialistes a de l'expérience en recherche dans le CSC.

Beaucoup de gouvernements et d'entreprises ailleurs dans le monde vantent maintenant les mérites du CSC, une idée apparue dans les années 1970, comme meilleure stratégie pour réduire le niveau des émissions de dioxyde de carbone. Plusieurs projets importants ont été réalisés en général grâce à un financement gouvernement imposant, comme le projet norvégien Sleipner Oilfield lancé en 1996. La plupart des grandes compagnies de l'énergie restent craintives et plusieurs projets ont été mis en veilleuse « pour des raisons économiques », puisque la mise au point de la technologie du CSC exige « un financement gouvernement important ». D'autres refusent de se lancer dans cette technologie sans avoir l'assurance d'être protégées contre des poursuites dues aux effets du stockage permanent du dioxyde de carbone.

Dans son rapport intérimaire, le Conseil affirme que la technologie du CSC va réduire les émissions de l'Alberta de 70 %.

Les monopoles du secteur de l'énergie font depuis des décennies d'immenses profits par le pillage des ressources de l'Alberta et émettent dans l'air de grandes quantités de dioxyde de carbone, qu'on a identifié comme une des causes du réchauffement de la planète. Et voilà qu'on a inventé une combine pour encore une fois payer les riches sous prétexte de captage et de stockage du carbone. Ce n'est pas surprenant quand on sait que le Conseil est contrôlé par les monopoles du secteur. Les Albertains n'ont pas été consultés et pourtant le gouvernement provincial a déjà décidé d'investir 2 milliards $ dans cette aventure.

Comme le gouvernement albertain aime le répéter, les ressources appartiennent au peuple. Mais cela veut dire que c'est le peuple qui décide. Il faut une discussion publique sur le CSC pour évaluer ce qu'il vaut réellement. La recherche scientifique en est encore à ses débuts et on manque de données sur les conséquences du stockage à long terme. Il y a plusieurs aspects importants à enquêter, comme la possibilité de fuite du dioxyde de carbone stocké, les effets de la montée du dioxyde de carbone à la surface, le danger d'asphyxie par le déchargement rapide et la possibilité de contamination de l'eau potable par la fuite de produits toxiques de la couche rocheuse. C'est seulement quand le peuple prend le contrôle du processus qu'il est possible de mettre au point une nouvelle direction pour l'industrie de l'énergie — dans le sens de satisfaire les besoins de la population, y compris le besoin de vivre dans un environnement naturel sain.

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