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Le budget fédéral de 200 milliards $
Pendant que le public est bombardé d'annonces au
sujet du budget qui sera déposé aujourd'hui et des
dépenses qu'il contiendra, il est important de se rappeler
d'où viennent les revenus du gouvernement. Quel autre
repère les travailleurs ont-ils pour juger des chiffres qui sont
lancés ici et là ?
Le budget du gouvernement canadien est un aspect
important de l'économie socialisée. Le gouvernement
fédéral recueille et distribue environ 200
milliards $ par année. Ces revenus proviennent de la valeur
ajoutée collective produite par la classe ouvrière du
Canada et c'est une somme qui correspond à plus de 6 000 $
pour chacun
des 33 millions habitants du Canada.
Selon Statistique Canada, 17 110 000 travailleurs
canadiens participent directement à la production de la valeur
ajoutée, qui est transformée en revenus par
l'échange, ou contribuent à la distribution du produit
social et à l'apport de services nécessaires dans
différents domaines. La partie de la valeur ajoutée
réclamée à titre de revenus du
gouvernement fédéral correspond à environ 11 700
par travailleur employé.
Sur les 17 110 000 travailleurs canadiens, environ 5 000
000 participent à la production de la valeur ajoutée dans
les secteurs de production de biens, notamment l'agriculture, la
foresterie, les pêches, les mines, le pétrole et le gaz,
les services publics, la construction, la fabrication, et plusieurs
fonctions reliées au transport et aux services
professionnels, scientifiques et techniques. Les 200 milliards $
que le gouvernement réclame à titre de revenus
proviennent de la valeur ajoutée produite par les 5 millions de
travailleurs des industries de la production de biens matériels,
bien qu'en pratique le gouvernement l'obtient par la perception de
taxes et impôts dans ces secteurs et tous
les autres.
Ces 5 millions de travailleurs produisent
également le reste de la valeur ajoutée qui est
réclamée à titre de revenus pour tous les
travailleurs, les propriétaires du capital et les autres niveaux
de gouvernement. Sous le capitalisme, la valeur ajoutée doit
d'abord être transformée en revenus par la
réalisation (l'échange, la vente) avant d'être
réclamée et utilisée. Les 5 millions de
travailleurs des secteurs de production de biens contribuent chacun
environ 40 000 $ en valeur ajoutée réalisée
au budget du gouvernement fédéral.
Les revenus du gouvernement fédéral sont
constitués de valeur ajoutée produite par les
travailleurs, qui est d'abord réalisée (vendue) puis
réclamée par le gouvernement. La valeur ajoutée
est un produit social qui peut être utilisé comme moyens
de consommation, comme la nourriture, ou comme moyens de production,
comme les machines.
Quoi qu'il en soit, le budget fédéral et
les revenus et dépenses de 200 milliards $ qu'il contient
sont un aspect fondamental de l'économie socialisée du
Canada. La façon dont ces revenus sont perçus et
distribués est l'affaire de tous les Canadiens, pas seulement de
la poignée de privilégiés, comme les
propriétaires du capital et leurs
représentants politiques. La classe ouvrière ne doit pas
permettre aux propriétaires du capital et à leurs
représentants politiques d'éclipser le rôle
décisif et central que jouent les travailleurs dans la
production de tous les revenus fédéraux. Les travailleurs
sont en réalité les producteurs de tous les revenus du
gouvernement et du produit social
nécessaire dans la vente au détail, les finances, la
culture et les services sociaux.
En tant que facteur humain central et décisif
dans l'économie socialisée, les travailleurs ont raison
de demander pourquoi eux et leurs alliés ne sont pas
également au centre des prises de décision en ce qui
concerne la perception et la distribution des revenus
fédéraux. C'est évidement une question politique.
Cela veut donc dire que les
travailleurs doivent s'organiser et constituer une force politique
effective. Il est temps de créer des institutions publiques qui
donnent à chaque travailleur le temps et les moyens de
participer consciemment aux affaires économiques du pays en
raison du rôle central et décisif qu'il joue dans la
production de toute valeur ajoutée et dans l'apport des
services nécessaires dans la vente au détail, les
finances, la culture, l'administration et les services sociaux. La
classe ouvrière participe alors consciemment aux
décisions concernant la richesse collective de la nation et
s'assure que les revenus sont utilisés pour garantir le
bien-être et les droits de tous.
Pour combattre la crise économique
- K. C. Adams -
Les projets de sauvetage et de stimulation
centrés sur le capital partent de la demande des
propriétaires du capital les plus puissants qu'on protège
et élargisse leur capital durant la crise.
Les projets centrés sur l'être humain
partent de la nécessité de réaliser les droits de
tous en tant qu'êtres humains et de ce dont l'économie
socialisée a besoin pour se remettre de la crise et se
renouveler.
Avec la propagande incessante à propos des
projets d'infrastructure prêts pour la mise en chantier et autres
projets de stimulation de l'économie et de sauvetage des
banques, les cercles dominants espèrent créer
l'impression qu'on s'occupe de la crise économique et que les
actions du gouvernement sont au service du bien commun et dans
l'intérêt public.
On dit que l'argent que le gouvernement donne aux
banques est nécessaire pour dégeler le crédit et
permettre aux banques privées de prêter aux petites
entreprises et aux particuliers. Les projets d'infrastructure
prêts pour mettre en chantier sont toujours une bonne chose,
dit-on, parce qu'ils créent des emplois et améliorent les
structures.
L'utilisation de 32 milliards $ de fonds publics pour effacer la
dette du papier commercial adossé à des actifs des plus
grandes institutions financières permettraient de sauver les
caisses de retraite et les épargnes des particuliers. La
réduction de la contribution des monopoles aux régimes de
retraite enregistrés et le rallongement (à 10 ans) du
délais qu'ils ont pour assurer la solvabilité des
régimes de retraite seraient nécessaires pour permettre
aux monopoles d'éviter la faillite et d'investir la valeur
ajoutée dans l'expansion (plutôt que de la mettre de
côté pour garantir la sécurité des
retraités).
Il semblerait que cette même classe dominante qui
a plongé le pays dans la crise économique va
assurément combattre les problèmes qu'elle a
créés et toujours avec les plus nobles intentions. Les
politiciens ouvriers ne croient pas à ces contes de fée.
Le motif des riches n'est pas ce qu'on prétend. Objectivement,
le but des propriétaires du
capital est de protéger et d'élargir leur capital le plus
possible et le plus vite possible et c'est cela qui est à
l'origine de la crise économique. Maintenant qu'il est question
de plans de sauvetage des banques et de projets de stimulation de
l'économie et de construction d'infrastructures, le but peut-il
être différent ? Les propriétaires du capital
n'ont pas changé leur but et ne peuvent le changer même si
c'était une affaire de choix personnel. Leur motivation est
imposée par l'essence même du capital en tant que rapport
social inégal. Si certains propriétaires du capital,
agissant à contre-nature, décidaient que la valeur
accumulée qu'ils ont saisie à titre de
propriété privée, grâce au rapport
social inégal qu'est le capital, ne sera plus désormais
soumis aux caprices de l'expansion du capital par l'exploitation des
travailleurs et le vol de la valeur ajoutée qu'ils produisent,
leur capital cesserait d'exister et ils perdraient la position
privilégiée qu'ils ont à titre de
propriétaires du capital dans l'économie capitaliste.
D'ailleurs, d'autres
propriétaires du capital prendraient vite leur place et en
profiteraient pour élargir et consolider leurs empires aux
dépens de ceux qui, par altruisme et par miracle
interposé, auraient changé leur motif. Ça ne
changerait pas le but du système capitaliste et ça ne
mènerait pas à l'effondrement du système et
à son remplacement par une libre association
des travailleurs produisant pour le bien commun, le système
appelé socialisme. Jamais une classe dominante n'a
renoncé à son but et quitté la scène de
l'histoire par bonté de coeur. C'est aux opprimés et
à la classe plus moderne de s'organiser indépendamment de
la classe dominante et de réaliser la transformation à
l'encontre de la classe
dominante.
Lorsque, dans les années 1880, il était
devenu évident que la vie avait dépassé
l'esclavage comme tel pour le remplacer par l'esclavage salarié,
le marché des esclaves cédant la place au marché
du travail, les propriétaires d'esclaves africains aux
États-Unis refusèrent de céder leur
privilège raciste et les défendirent avec acharnement
dans une
guerre civile qui fut un véritable carnage.
Les plans de sauvetage et de stimulation de
l'économie centrés sur le capital partent de ce
qu'exigent les propriétaires du capital les plus
puissants : protéger et élargir leur capital durant
la crise. Le budget centré sur le capital ira donc dans le sens
de protéger et d'élargir le capital par l'exploitation du
travail.
Les projets centrés sur l'être humain
partent de ce qui est nécessaire pour réaliser les droits
de tous en tant qu'êtres humains et de ce dont l'économie
socialisée a besoin pour se remettre de la crise et se
renouveler. Le budget centré sur l'être humain irait donc
dans le sens de satisfaire les besoins et de garantir les droits de
tous et de renforcer
l'économie socialisée en retreignant le droit de monopole
et en élargissant l'espace de l'entreprise publique, sans le
fardeau et les exigences du capital.
Plutôt que de protéger et d'élargir
le capital, les projets centrés sur l'être humain
satisfont les besoins de la population et reproduisent les moyens de
subsistance modernes dans l'entreprise publique, qui est
l'opposé des plans de sauvetage et de relance des riches.
Les propriétaires du capital ne voient pas la
nécessité de projets centrés sur l'être
humain qui sortent les travailleurs, même s'ils sont sans
travail, de leur condition social de travail esclavagé dont le
but dans la vie est d'élargir le rapport social inégal
appelé capital. Les propriétaires du capital
s'inquiètent que les projets centrés sur l'être
humain
libèrent les travailleurs et leur permettent de reproduire leurs
propres moyens de subsistance modernes en dehors du contrôle du
capital, comme les programmes sociaux pour garantir les droits de tous
et l'entreprise publique qui garantir la durabilité de
l'économie socialisée et renforcer la
société en remettant la valeur ajoutée dans
l'économie et en
ne permettant pas qu'elle soit accaparée par les riches à
titre de capital. Les représentants des propriétaires du
capital qui prétendent que leurs demandes vont dans le sens de
protéger les plus vulnérables ne sont pas si
généreux quand ces demandes empiètent sur les
« droits » des propriétaires du capital.
La classe ouvrière ne peut pas croire aux
programmes formulés par le gouvernement pour combattre la crise
économique. Chaque plan de sauvetage, chaque projet
d'infrastructure prêt pour mettre en chantier et chaque projet de
simulation de l'économie doit être examiné à
fond et soumis à l'analyse critique. Il faut exposer leur nature
centrée
sur le capital. En cette période de crise, il faut organiser une
lutte résolue pour gagner l'espace pour les projets
centrés sur l'être humain, pour défendre les droits
de tous avec l'augmentation des investissements dans les programmes
sociaux et pour construire des moyens de subsistances modernes dans une
entreprise privée dégagée du fardeau et
des exigences du capital.
Lettre à la rédaction
La demande de consensus social
Les « dépenses pour stimuler
l'économie » et la « réapparition
des déficits budgétaires » font l'objet d'une
propagande assourdissante. On prétend que les dépenses
déficitaires et les dépenses de stimulation sont en soit
pro-sociaux ou pour le bien de tous, pour s'occuper des plus
vulnérables, etc.
Si vous prenez les dépenses pour payer les riches
en faveur des monopoles du pétrole, par exemple, Harper
prétend qu'il doit d'abord réussir à convaincre
Barack Obama d'acheter notre pétrole. Puis il dit : mais
« nous » n'avons pas été
très responsables en ce qui concerne l'environnement et
« nous » pouvons
faire mieux. Comment va-t-il convaincre Obama que le pétrole des
sables bitumineux n'est pas un pétrole
« sale » ? En remettant des milliards de
dollars à l'industrie pétrolière au nom de la
réduction des émissions de carbone. Autrement dit, le
gouvernement Harper va défendre les intérêts du
Canada, il va défendre les intérêts
de l'ouest canadien, il va faire quelque chose à propos de
l'environnement et faire son mea culpa.
En Alberta, les parasites de l'industrie du
pétrole réclament des deniers publics en invoquant les
plus grands idéaux. Ceux qui réalisent des profits
faramineux par la spéculation sur le prix du pétrole,
faisant monter les prix en flèche avec comme conséquence
d'accentuer la crise financière, ont maintenant mis au point de
nouvelles combines
pour voler des milliards de dollars au trésor public.
Naturellement, c'est avec les plus nobles intentions du monde.
Le gouvernement albertain a déjà promis 2
milliards $ pour le financement de technologies de
réduction du dioxyde de carbone.
L'industrie du pétrole et le gouvernement de
l'Alberta veulent d'autres incitatifs pour les technologies de stockage
et de captage du carbone dans le budget fédéral. Selon le
Globe and Mail, Harper proposera une initiative
conjointe à Obama sur ces technologies dites vertes.
Le député conservateur de Calgary, Lee
Richardson, a dit qu'il espère que le gouvernement
fédéral offrira un incitatif aux « compagnies
du pétrole et du gaz naturel qui éprouvent des
difficultés ». Greg Stringham, vice-président
de l'Association des producteurs de pétrole, a annoncé
que son organisation a soumis sa liste de
souhaits au gouvernement fédéral.
Le développement des projets de sables bitumineux
à une vitesse étourdissante est un élément
central de la politique énergétique continentale sous le
diktat des monopoles privés. Elle est basée sur
l'intérêt étroit des monopoles qui jouissent d'un
contrôle privé des ressources énergétiques
renouvelables et non renouvelables du Canada. Il fait
également partie de ce que les Américains appellent
sécurité énergétique, un fondement de la
politique étrangère des États-Unis. La garantie de
l'accès aux ressources énergétiques par
l'intervention militaire ou la menace d'intervention militaire demeure
l'élément central de la
« sécurité
énergétique » des États-Unis mais
dernièrement
ils parlent surtout d'éliminer leur dépendance par
rapport au pétrole du Moyen-Orient et du Venezuela.
Dans ce monde de fantaisie, le Canada n'est pas
subordonné à une politique énergétique
continentale dictée par les États-Unis suivant leur
besoin de garantir leur accès à des sources de
pétrole en Amérique du Nord, le Mexique et le Canada
étant essentiellement perçus comme des fournisseurs
intérieurs.
Dans ce monde de fantaisie, ce ne sont pas les monopoles
du pétrole, principalement ceux possédés et
contrôlés par les Américains, qui ravagent les
sables bitumineux et préparent des calamités naturelles,
et à qui le gouvernement donne des milliards de dollars.
Les monopoles réclament un consensus social pour
cacher le fait qu'ils n'ont jamais pu développer une
économie souveraine basée sur la satisfaction des besoins
de la population.
La classe ouvrière est censée se joindre
à un consensus social parce que si les États-Unis
n'achètent pas le pétrole des sables bitumineux,
l'économie de l'Alberta va s'effondrer et cela aura des
conséquences pour l'ensemble du Canada.
La discussion se limite au départ à
être pour ou contre l'exploitation des sables bitumineux. Puis on
entraîne tout le monde dans un débat à savoir
quelle est la meilleure façon d'exporter le pétrole aux
États-Unis. Puis on doit débattre du montant que le
gouvernement devrait remettre aux monopoles du pétrole pour
« sauver
l'environnement ». C'est une façon d'étouffer
l'effort pour organiser autour du vaste mécontentement public en
faveur de la propriété publique et du contrôle
public, d'une économie souveraine qui suffit à ses
besoins, un développement économique qui tient compte des
besoins de la terre, des nations autochtones, des travailleurs et de la
société.
Une lectrice en Alberta
À titre d'information
Les dépenses annoncées
Selon les bulletins de nouvelles, le budget du
gouvernement Harper prévoit un déficit de 64
milliards $ en deux ans, soit 34 milliards $ la
première année et 30 milliards $ la deuxième.
Parmi les autres annonces faites ces derniers jours il y
a :
- 1,5 milliard $ pour la formation de travailleurs
mis à pied, même s'ils ne sont pas admissibles à
l'assurance-emploi
- 500 millions $ en appui ciblé aux
travailleurs âgés
- 1 milliard $ pour la rénovation du
logement social
- 600 millions $ pour le logement pour les
autochtones qui vivent sur des réserves
- 400 millions $ pour le logement pour les
personnes âgées
- 75 millions pour le logement pour les personnes
handicapées
- 1 milliards $ en fonds d'ajustement pour les
communautés à industrie unique les plus touchées
par la crise économique (forêts, mines et agriculture). Ce
fonds aurait des critères flexibles pour permettre aux
communautés de s'ajuster au climat économique.
- 160 millions $ en nouveaux investissements dans
les arts et la culture
- 150 millions $ en aide à l'industrie
forestière, dont plus de 100 millions pour le
développement de nouvelles utilisations de produits forestiers
et 50 millions pour aider à la promotion de l'industrie à
l'étranger tout en étant responsable envers
l'environnement
- 550 millions pour les agriculteurs, dont un
demi-milliard pour les aider à s'ajuster au climat
économique et 50 millions $ pour l'expansion des abattoirs.
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